ZTE est un constructeur que certains pourraient considérer comme opportuniste. Prestataire des opérateurs en marque blanche (comme le SoshPhone 4G avec Orange), délaissant parfois sa propre marque et sa notoriété, il s'avère surtout être pragmatique. Le constructeur n'a aucune religion technologique : MediaTek, Intel ou Qualcomm, Windows Phone, Android ou Firefox OS, il touche à tout.
Partenaire de Mozilla depuis ses débuts en 2013, ZTE continue en 2014 à soutenir son initiative. Ce dernier a dévoilé en février dernier deux nouveaux smartphones sous cet OS alternatif : l?Open II et l?Open C. Destiné à l'origine aux marchés émergents comme l?Amérique du Sud, Firefox OS arrive cependant officiellement en France. L?Open C sera en effet vendu en open-market dès la fin du mois de juillet pour un prix modique. William Chhao, directeur général de ZTE Terminaux Mobiles France, revient sur ce lancement et ce qu'il en attend.
William Chhao, directeur général de ZTE Terminaux Mobiles France
Pouvez-vous rappeler quelles sont les caractéristiques générales de l?Open C ?
L?Open C a été présenté en février dernier, au Mobile World Congress de Barcelone. Il s'agit d'un smartphone offrant un écran de 4 pouces et animé par un processeur Qualcomm MSM8210 [un Snapdragon 200 dual-core Cortex-A7 cadencé à 1,2 GHz, N.D.L.R.], 512 Mo de mémoire vive et 4 Go de stockage interne. Cette plate-forme est largement suffisante pour Firefox OS qui demande moins de ressources pour fonctionner. Le design que nous avons choisi est attrayant, très différenciant sur le segment couvert par l?Open C. Il reprend le châssis d'un autre smartphone du catalogue Android de ZTE, le Kis 3.
Le Kis 3 et l'Open C, côte à côte
Pourquoi avoir choisi de travailler avec Qualcomm sur ce mobile et non MediaTek ?
Ce système d'exploitation demande un développement commun entre le fondeur et le fabricant du smartphone. Il est plus facile de travailler avec Qualcomm sur ce type de projet. De plus, intégrer un chipset Qualcomm nous offre un autre moyen de nous différencier vis-à-vis d'une compétition très forte sur l'entrée de gamme qui a tendance à tirer les prix vers le bas. Dans ce contexte, où il est toujours possible de trouver un concurrent moins cher, il faut s'appuyer sur sa marque ou son produit pour se démarquer. Nous pensons faire la différence en jouant sur l'originalité de l?OS et la bonne notoriété de Firefox en France.
Vous créez déjà des smartphones Android. Vous développez des Windows Phone. Pourquoi produire aussi des mobiles sous Firefox OS ?
ZTE n'est pas très connu en France, mais nous sommes un groupe d'envergure mondiale. Nous vendons des mobiles partout dans le monde, mais chaque zone géographique avance à une vitesse différente. Certains choisissent de s'adresser à tous les consommateurs avec un seul produit. Nous pensons qu'il est important d'adapter l'offre à chaque marché en développant de nombreux smartphones différents. En France, nous avons créé, par exemple, le SoshPhone 4G pour Orange et le Startrail 4 pour SFR. Nous complétons le catalogue avec un modèle qui intègre un système d'exploitation complémentaire.
En 2013, vous n'avez pas lancé de mobile sous Firefox OS en France. Pourquoi le faire cette année ?
L'initiative Firefox OS émane de Mozilla, mais a été très largement supportée par l'opérateur espagnol Telefonica, également présent en Amérique latine. Nous avons participé à son lancement et nous avons rencontré un très grand succès. C'est grâce à ce retour d'expérience positif que nous avons envisagé de lancer un smartphone sous Firefox OS en Europe, et donc en France. Plus encore qu'en 2013, l'impact des forfaits SIM only favorise l?émergence d'une offre open-market diversifiée. Nous pensons que l'originalité de l?OS peut jouer en notre faveur, même si le marché français, comme le marché chinois aujourd?hui, est très porté sur le haut de gamme.
À qui s'adresse ce smartphone ?
Nous ne ciblons pas les geeks et les bidouilleurs, mais les primo-accédants qui n'ont jamais eu de smartphone. En France, le marché de la téléphonie est composé à 80 % par les smartphones et 20 % par les feature phones. Ce sont ces 20 % qui nous intéressent. Ces consommateurs ne vont pas chercher à acheter un smartphone aux caractéristiques techniques surdimensionnées, mais un téléphone au design attrayant. Ils souhaitent peut-être un smartphone, mais n'en veulent pas les travers. Ils n'ont été touchés ni par Android, ni par iOS et n'auront donc aucun à priori vis-à-vis de Firefox OS.
Où l?Open C sera-t-il disponible et à quel prix ?
L?Open C sera proposé à 79,90 euros, un prix qui sera réduit de 10 euros grâce à une offre de remboursement différé. Ce qui ramène le smartphone à 69,90 euros. Il sera proposé dans un premier temps dans les magasins E.Leclerc avec qui nous avons signé un partenariat. Ils auront l'exclusivité temporaire du produit à partir de la fin du mois de juillet. Dans un deuxième temps, le mobile sera disponible dans d'autres enseignes physiques et sur Internet. Entre temps, l?Open C bénéficiera d'une campagne de promotion en magasin avec des démonstrateurs dont le but sera d'expliquer quels sont les avantages de cet OS. Nous pensons qu'il faut le montrer pour qu'il se vende.
Pensez-vous que ce produit aura un impact sur votre notoriété en France ?
L?Open C aura peut-être un impact substantiel sur notre image, mais ce n'est pas le type de produit conçu pour augmenter la notoriété d'une marque. Il va certainement contribuer à la visibilité de la marque auprès des consommateurs. Mais nous comptons sur d'autres produits pour améliorer notre image de marque, comme la gamme Nubia dont nous venons de présenter en Chine les trois nouveaux modèles [les Z7, Z7 Max et Z7 Mini, N.D.L.R.].