Pour 2015, Sony a opéré quelques changements au sein de sa stratégie mobile mais pas partout. S'il a abandonné le renouvellement semestriel de son flagship, il garde la cadence sur l'entrée de gamme. Le Xperia E4, décliné en E4g pour certains marchés dont le nôtre, a été dévoilé à l'occasion du MWC 2015, soit très exactement six mois après l'annonce du Xperia E3 que nous avions d'ailleurs plutôt apprécié, et il est désormais disponible au prix public conseillé de 149 ?.
Vous remarquerez que le Xperia E4g est 20 ? moins cher que le Xperia E3 à son lancement. Pour autant, il n'est pas moins bien équipé. Bien au contraire. Sony est apparemment parvenu à réduire ses dépenses, sans doute aidé par la dépréciation de certains composants mais aussi en changeant de fournisseurs, tout en offrant à son entrée de gamme un écran plus grand et mieux défini, un chipset plus rapide, plus de mémoire ainsi qu'une webcam mieux définie.
Voici un rappel des principales caractéristiques techniques du Xperia E4g pour vous aider à y voir un peu plus clair :
- Android 4.4.4 KitKat + XperiaUI
- écran IPS qHD (960 x 540 pixels) de 4,7 pouces pour une résolution de 234 ppp
- processeur MT6732 quad-core Cortex-A53 cadencé à 1,5 GHz
- GPU Mali-T760MP2 cadencé à 500 MHz
- 1 Go de RAM
- 8 Go de mémoire interne (+ microSD jusqu'à 32 Go)
- connectivités 4G Cat.4 / Wi-Fi / NFC / Bluetooth 4.1 / aGPS
- appareil photo 5 mégapixels avec flash LED
- webcam 2 mégapixels
- batterie 2300 mAh
- dimensions : 133 x 71 x 10,8 mm
- poids : 135 grammes
Voilà une fiche technique assez bien fournie compte tenu du prix, d'autant que le segment des smartphones à moins de 150 ? a été quelque peu délaissé par les spécialistes du genre, comme Wiko ou Acer qui préfèrent monter en gamme. Sony a donc une carte à jouer mais, avant d'en arriver à découvrir comment se comportent ces composants, intéressons nous à leur enveloppe.
Le design n'est clairement pas son atout premier
Le design du Xperia E4g interpelle un peu au départ. Là où son prédécesseur marquait un rapprochement avec la série Z, lui s'en éloigne totalement avec un capot amovible fait d'une seule pièce en gomme qui remonte en arrondi jusqu'en haut des tranches et laisse dépasser le bloc écran, légèrement plus petit. Posé à l'envers, il ressemble un peu à un champignon, très court sur pied certes, mais un champignon tout de même. Un impression sans doute renforcé par l'épaisseur du mobile : 10,8 mm tout de même. Les tranches sont donc bien protégées derrière ce capot rebondi mais l'écran est directement exposé en cas de chute.
Passé cette impression globale, le Xperia E4g est néanmoins un smartphone assez classique. Nous retrouvons une surface entièrement vitrée à l'avant. Comme sur le Xperia C4, Sony a abandonné l'effet de symétrie et rapproché l'écran du bas plutôt que d'y laisser un large espace vide (les touches de navigation d'Android étant à l'écran) même s'il a tout de même décidé d'y reporter la grille du haut-parleur que l'on trouve en haut, à coté des capteurs de luminosité/proximité et de la webcam. Ne vous méprenez pas toutefois. Comme sur le Xperia E3, la grille du bas cache en réalité le micro pour les appels.
C'est à l'arrière que se trouve donc le haut-parleur, comme sur de nombreux smartphones encore aujourd'hui même si ce n'est pas forcément l'endroit le plus pratique puisque l'on a souvent la paume devant. Il est également obstrué lorsque le smartphone est posé sur le dos, parfaitement plat puisque l'appareil photo, en haut au centre, ne dépasse pas. La sonnerie d'appel risque alors d'être un peu étouffée. Sony aurait sans doute pu profiter de l'arrondi du capot pour créer une sortie qui permettrait une meilleure diffusion dans ce cas là au moins. Notez également que le capot est très salissant et difficile à nettoyer, principalement en noir. Rappelons qu'un coloris blanc est également proposé.
Puisque nous en sommes aux petites critiques, signalons également le bouton d'alimentation trop protubérant, justement à cause de l'arrondi du capot, à droite et juste au-dessus des boutons du volume. Il n'offre de plus pas une grande résistance. Résultat, nous nous sommes retrouvés, à plusieurs reprises, à appuyer dessus sans le vouloir. Simplement en bougeant un peu la main. A l'opposé se trouve, comme toujours chez Sony, la prise microUSB. Pas toujours pratique pour passer des appels pendant la charge. Aucun souci avec la prise jack en revanche. Elle est en haut. Pas de trappe ou de tiroir ici puisque le smartphone n'est pas étanche et que le capot est amovible. Il faudra le retirer, normalement assez facilement, pour accéder aux emplacements microSIM et microSD.
Le Xperia E4g offre une prise en main agréable grâce à ses tranches arrondies, le toucher doux de son capot et ses boutons bien placés (avec tout de même un petit bémol pour l'alimentation, donc). Il laissera néanmoins échapper quelques craquement si vous le tenez un peu trop fermement. Rien de réellement anormal sur un mobile entrée de gamme mais c'est tout de même dommage lorsque l'on se souvient des finitions exemplaire du Xperia E3. Sans parler de l'allure... Bref, le design du Xperia E4g n'est pas une franche réussite même s'il a le mérite d'être un peu plus original que d'autres.
S'il manque un peu de finesse, l'écran du Xperia E4g se rattrappe ailleurs
L'écran parvient néanmoins rapidement à faire oublier la mauvaise impression de départ avec ses couleurs vives et ses contrastes marqués, sans pour autant tomber dans l'excès. S'ajoutent à cela des angles de vision plutôt ouverts, surtout en paysage, pour en faire un bon support pour regarder et partager photos et vidéos, grâce aussi à un format 4,7 assez confortable. La définition de 960 x 540 pixels ne fera toutefois pas honneur aux pages web, dont les petits caractères seront difficiles à lire. Notez également que la vitre de protection, en « verre anti-rayures » est particulièrement salissante et rendra difficile la lecture en plein soleil malgré le rétroéclairage plutôt puissant de la dalle IPS. La glisse n'est pas réellement optimale non plus, ce qui peut s'avérer gênant en jeu.
Une surcouche agréable, mais elle l'aurait été plus encore sur Lollipop
Cela ne l'est en revanche pas réellement pour naviguer dans l'interface, qui est évidemment celle de Sony que nous retrouvons au-dessus d'Android 4.4.4 KitKat. Pas de Lollipop au sortir de la boîte donc. Et ensuite ? La mise à jour ne semble pas être à l'ordre du jour non plus. Dommage. Il faudra donc se contenter de KitKat, et oublier, notamment, les notifications sur l'écran de verrouillage ou encore l'architecture 64-bit couplée à Android RunTime pour l'exécution plus rapide des applications, alors que le chipset est compatible.
Cela n'enlève néanmoins rien à la surcouche de Sony que nous avons toujours trouvé assez réussie et simple d'utilisation puisque, son esthétique différente, elle reste assez fidèle à la version Vanilla de Google dans son fonctionnement. Notez qu'une interface simplifiée est également disponible pour ceux qui ne seraient pas du même avis. Le bureau se compose de plusieurs panneaux tous personnalisables avec des Widgets, dont certains ajoutés par Sony, et des raccourcis vers les applications rangées dans le Menu principal, tout de même enrichi d'un volet pour la recherche, la désinstallation, le tri et le téléchargement.
Le centre de notifications est à déployer depuis le bord supérieur et dispose d'un onglet pour les réglages rapides. Quant au gestionnaire de multitâche, c'est celui de Google enrichi du fameux système de micro-applis de Sony. Pour ceux qui ne connaissent pas, les micro-applis sont des applications à lancer dans des fenêtres, par-dessus l'application en cours pour faire plusieurs choses à la fois. Elles sont peu nombreuses mais Sony en proposent quelques unes à télécharger sur le Play Store, où vous trouverez également de quoi enrichir votre bibliothèque d'applications mais revenons déjà sur celles qui sont pré-installées.
Beaucoup d'applications, mais moins que d'habitude tout de même !
Il y a évidemment la suite de Google au complet, à laquelle Sony ajoute la sienne pour le multimédia (Musique, Album, Vidéo) en plus d'autres applications plus ou moins utiles. Playstation s'adresse aux possesseurs de la console éponyme, par exemple. Les autres s'adressent à tout le monde mais ne sont pas toujours bien faites, comme Socialife, un agrégateur de news surtout intéressant pour son widget. Sony crée même presque des doublons tout seul avec Sony Select et What's New, deux boutiques de contenus (applis et jeux seulement pour la première, films et jeux Playstation en plus pour la seconde).
Nous retiendrons finalement surtout TrackID, pour la reconnaissance musicale, Office Suite, pour la bureautique, et NAVIGON, solution GPS complète avec mode off-line mais malheureusement pas gratuite puisque ce n'est qu'une démo, comme AVG Antivirus PRO. Soulignons néanmoins que Sony a eu la main plus légère que d'habitude, sans doute pour éviter de surcharger les 8 Go de mémoire interne, dont il reste au final un peu plus de la moitié pour l'utilisateur. Rappelons qu'il est possible d'ajouter une carte mémoire pour gagner jusqu'à 32 Go d'espace.
Les performances : le plus du Xperia E4g
Du côté des performances, le Xperia E4g s'en tire plutôt bien avec le MT6732 de MediaTek et ses quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,5 GHz couplés au Mali-T760 MP2 d'ARM ainsi qu'à 1 Go de RAM. C'est pratiquement la même configuration que celle du Liquid Jade Z d'Acer, sauf que nous sommes 50 ? en-dessous en termes de prix... Et les quelques défauts relevés lors du test de ce dernier passent forcément un peu mieux ici. Cela ne concerne pas la réactivité du système, généralement bonne mais plutôt le multimédia, que nous aborderons après l'habituelle tournée des benchmarks.
Les scores sont très similaires à ceux obtenus avec le Liquid Jade Z, et même un peu meilleur sur AnTuTu grâce à la partie graphique où le smartphone de Sony est avantagé par sa définition d'écran moins élevée. Notons également une petite différence, à la faveur du smartphone Acer cette fois, à l'exécution des applications puisqu'il est avantagé par Lollipop. Néanmoins ces différences sont infimes et ne se ressentent guère à l'utilisation.
Nous retrouvons donc de bonnes performances en lecture vidéo, avec la prise en charge native de nombreux codecs et des résolutions jusqu'au Full HD, plutôt bonnes en audio, malgré une banque de codecs moins fournie, et plutôt bonne également en jeu compte tenu du positionnement du Xperia E4g. Nous avons en effet pu jouer à Modern Combat 5, certes avec des graphismes peu détaillés, mais sans ralentissements ainsi qu'à Dead Trigger 2 avec le profil graphique intermédiaire. Malheureusement, comme souvent chez Sony, l'expérience de jeu est un peu gâchée par l'écran.
L'affichage est de qualité mais la vitre qui le protège ne glisse pas très bien et, surtout, ne répond pas très bien. Pas évident face à une horde de zombies affamés... Cela ne devrait pas réellement gêner sur un jeu de reflexion ou plutôt calme mais cela peut mener à une certaine frustration sur des softs un peu plus nerveux. Nous n'avons pas encore évoqué le haut-parleur, si ce n'est pour son emplacement pas nécessairement judicieux. Il est plutôt puissant mais manque de finesse dans le rendu.
Il s'en sort en photo, mais sans les honneurs
Terminons ce test avec la photo, un domaine dans lequel Sony est généralement plutôt à l'aise. Il a ici opté pour un équipement plutôt modeste puisque le capteur du Xperia E4g n'atteint que 5 mégapixels. Cela signifie que les prises en 16:9 sont limitées à 3 mégapixels. La webcam atteint, elle, 2 mégapixels. L'application photo est en revanche la même que sur les modèles plus huppé de la marque, avec sa profusion de modes, à compléter au besoin, et sa batterie de réglages plutôt complète. Le tout servi avec une interface assez intuitive.
Malheureusement, certains modes sont un peu lents. D'autres sont même impossibles à utiliser, comme l'excellent Timeshift qui fait ici planter l'appareil photo au moment de l'enregistrement du meilleur cliché... Dommage. Il faut croire qu'on ne peut pas tout avoir pour 149 ? mais on a au moins un mode automatique qui, même s'il fonctionne un peu au ralenti pour le déclenchement, produit d'assez bons clichés, ce qui n'est déjà pas si mal.
En effet, nous avons été plutôt surpris par les résultats obtenus dans de bonnes conditions de luminosité. C'est peut-être aussi parce que nous n'attendions pas grand chose du Xperia E4g en photo mais il faut reconnaître que le niveau de détails n'est pas catastrophique pour un capteur si modeste. Une prouesse d'autant plus appréciable qu'elle n'entraîne pas l'apparition de bruit, pas plus dans les zones sombres que claires. Et, puisque nous parlons de luminosité, notons que celle-ci est généralement bien réglée. Nous avons relevé quelques cas de sousexposition mais rarement de surexposition. En revanche, les couleurs sont très ternes.
Quant aux prises en basse luminosité et généralement en intérieur, c'est presque une catastrophe mais c'est à attendre d'un mobile entrée de gamme. Les clichés sont sombres et la mise au point ne parvient plus à faire son travail, à moins d'activer le flash. Et encore. Sa faible portée limite son utilisation à des sujets proches.
Un entrée de gamme plutôt réussi
Le Xperia E4g offre de bonnes prestations pour le prix que réclame Sony même si nous n'avons pas franchement apprécié son design et que Lollipop manque à l'appel. L'affichage manque un peu de finesse mais permet généralement de profiter des bonnes performances offertes par le chipset de MediaTek en multimédia. S'ajoutent à cela un appareil photo qui ne s'en sort pas trop mal, une autonomie correcte et une connectivité complète avec la 4G et le NFC.
Avec l'envolée des spécialistes du low-cost vers le segment milieu de gamme, il ne reste finalement plus beaucoup d'alternatives sur celui des smartphones 4G à moins de 150 ?. Les meilleurs sont de plus généralement sous Snapdragon 400 ou 410, comme le Moto E 4G ou le Galaxy Core Prime, et le MT6732 de MediaTek l'écrase sans peine.