Mi-août, Samsung a dérogé à son sacro-saint calendrier : son second Unpacked n'a pas été organisé en marge du salon berlinois de l?électronique grand public (IFA), mais deux semaines en avance. À cette occasion, nous avons découvert deux phablettes très différentes : le Galaxy Note 5, un grand Galaxy S6 avec stylet intégré, et le Galaxy S6 Edge+, déclinaison grand format du S6 Edge, sans le stylet cette fois-ci.
Le Note qui ne voulait pas en être un
Nous aurions pu penser que le S6 Edge+ n?était finalement que le successeur d'un Note Edge surprenant. Mais la disparition du stylet (qui ne semble pas être simplement une contrainte ergonomique) indique clairement que Samsung souhaite positionner ce produit comme un smartphone et non comme une petite tablette. En clair, il s'agit d'un concurrent naturel du tout prochain iPhone 6S Plus (à l?heure où nous écrivons ces lignes, ce dernier n'est toujours pas officiel). Fiche technique à l'appui :
- dimensions : 154,4 x 75,8 x 6,9 mm
- poids : 153 grammes
- Protection en verre renforcé Gorilla 4 de Corning
- écran incurvé Super Amoled Quad HD de 5,7 pouces d'une résolution de 518 pixels par pouce
- rapport entre écran et taille du mobile : 75,6 %
- chipset Samsung Exynos 7 Octa 7420 composé de 4 coeurs Cortex-A57 cadencés à 2,1 GHz, 4 coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,5 GHz et un GPU ARM Mali T-760-MP8 cadencé à 772 MHz
- 4 Go de RAM LPDDR4
- 32 Go de stockage interne au format UFS 2.0 (non extensible)
- batterie 3000 mAh non amovible
- Coque compatible recharge sans fil Qi et paiement mobile Samsung Pay
- capteur photo 16 mégapixels, objectif ouvrant à f/1.9, flash LED simple, stabilisateur optique, balance des blancs par infrarouge, compatible 4K en vidéo (mode ralenti 120 images par seconde en 720p)
- webcam 5 mégapixels à l'avant, objectif ouvrant à f/1.9, compatible 1080p en vidéo
- capteur infrarouge logé dans le bouton central et cardiofréquencemètre à l'arrière
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.1, NFC, MHL 3.0, ANT+, infrarouge et GPS Glonass
- Android 5.1.1 Lollipop avec surcouche Touchwiz
De prime abord, nous avions tendance à prendre le Galaxy S6 Edge+ comme une variante du S6 Edge façon Samsung (avec quelques concessions). Cependant, nous avons constaté que le smartphone se dote d'une batterie plus puissante et d'une mémoire vive plus importante. Nous sommes également rassurés : le reste des éléments qui nous avaient charmés lors du test du S6 Edge, notamment l?Exynos 7420, le capteur 16 mégapixels et l?écran QHD, sont conservés. Vous découvrirez aussi, plus tard dans le test, qu?Etiquedge a été amélioré, apportant une utilité aux bords incurvés.
Le même en plus grand ?
Commençons d'abord par le design du smartphone. Nous retrouvons ici les lignes caractéristiques du Galaxy S6 Edge, à savoir ce bel écran incurvé protégé par un verre renforcé Gorilla 4 de Corning. Ici, la dalle est encore plus impressionnante grâce à des dimensions plus généreuses (mais une largeur toujours contenue). L?épaisseur est quasiment identique entre les versions smartphone et phablette.
Les bordures autour de l?écran ne sont en revanche pas plus grandes, ce qui explique pourquoi le ratio écran / taille dépasse les 75 %. Sous la dalle se trouve le bouton physique caractéristique de Samsung, flanqué de deux zones tactiles pour les touches de navigation d'Android multitâche et retour.
À l'arrière, nous retrouvons ici aussi une dalle de verre Gorilla 4 recouvrant un châssis que nous devinons en métal, compte tenu de la nature des tranches. Comme avec les S6 et S6 Edge, l'appareil photo est protubérant. À sa droite, le flash et le cardiofréquencemètre, qui sert aussi à mesurer la balance des blancs en photographie. Les tranches sont toujours très rondes et agréables à la prise en main. Elles sont évidemment plus fines sur les bords latéraux que sur ceux au-dessus et en dessous de l?écran, écran incurvé oblige.
La poche de jean n'est pas son amie
Les éléments mécaniques qui agrémentent les bords sont situés aux mêmes endroits que sur le S6 Edge : carte SIM en haut, jack 3,5 mm, microUSB et haut-parleur en bas, volume à gauche et mise en veille à droite. Aucune fantaisie ici. Mais y en avait-il vraiment besoin avec un tel design ? Non. La prise en main est d'ailleurs très bonne, même si elle est moins assurée que sur la version 5,1 pouces, compte tenu de la différence de taille. Il est également moins facile à entrer dans une poche...
Une fois allumé, l?écran du smartphone est évidemment un vrai régal. Comme sur ses flagships de mars dernier, Samsung démontre encore ici la pertinence du Super Amoled pour l'affichage d'un smartphone. La technologie est peut-être chère, mais elle est agréable à regarder, elle consomme moins d?énergie que l'IPS et elle est visible même en pleine lumière.
La pertinence de la définition QHD est ici plus probante que sur un écran de 5,1 pouces en comparaison du Full HD. Les couleurs pétillent (mais ne tirent plus vers le rouge). Le contraste est superbe. Et les angles de vision sont toujours bien ouverts. Une belle dalle comme nous aimerions en voir plus souvent.
Une interface tout en rondeur
Le Galaxy S6 Edge+ repose sur Android 5.1.1 Lollipop, habillé ici de la surcouche de Samsung, le célèbre Touchwiz. La version de Touchwiz est ici pratiquement identique à celle du Galaxy S6, avec quelques différences sur les optimisations et les améliorations offertes par les dernières mises à jour d'Android. Mais pas uniquement. Samsung a procédé à quelques modifications. D'abord, les icônes et les dossiers ont été revus : ils adoptent un design plus rond, moins obtus. Rappelons que Touchwiz intègre aussi désormais un gestionnaire de thème, si l?habillage de Touchwiz ne vous convient pas.
Ensuite, certains widgets ont été déplacés, notamment le widget publicitaire qui renvoie vers Samsung Apps qui a été déporté en seconde page. Les nouvelles applications apparaissent maintenant sous le widget météo, sur l?écran principal. Enfin, comme nous vous l'indiquions plus haut, Etiquedge, l'application qui tire parti des bordures incurvées a été mise à jour avec de nouvelles fonctions : des raccourcis vers des applications et des fils d'informations supplémentaires. Cela reste moins abouti que sur le Note Edge.
Etiquedge
Facebook et Microsoft sont ses amis (eux) !
Pour le reste, nous sommes en terrain connu. Le bureau est toujours constitué par défaut de trois panneaux : au centre, l'accueil avec la suite Google, des raccourcis vers les applications les plus importantes (Play Store, appareil photo) ; à gauche Flipboard (qui remplace Magazine UX) ; et à droite un écran secondaire plus axé sur les réseaux sociaux et la productivité.
Vous y trouvez le widget publicitaire Samsung, l'application S Planner et une brochette de logiciels additionnels : la collection Facebook (Instagram, Messenger, WhatsApp, Facebook) et la collection Microsoft (Skype, Onedrive, Excel, Powerpoint, OneNote et Word...). Rappelons qu'il est impossible de désinstaller ces applications, mais qu'il est possible de les désactiver (en d'autres termes, les cacher).
Applications Gear, S Planner et Galerie
Les menus n'ont que très peu bougé également, que ce soit celui des applications ou celui des paramétrages. Le premier conserve ses deux écrans (pas plus) où nous retrouvons quelques applications Samsung préinstallées (comme le contrôleur des Gear ou S Health) et un lien marketing vers Coyote Jump, une application de navigation créée par le spécialiste des modules d'assistance à la conduite laquelle est gratuite pour les tous les acheteurs d'un S6 Edge+ jusqu'en juin prochain. L'offre est intéressante, même si la mécanique marketing manque de subtilité. Le second dispose toujours d'une poignée de paramétrage rapide en haut de l?écran, suivi par une liste plus complète et découpée en rubrique.
Lien vers Coyote Jump et dossiers Microsoft et Facebook
Des performances de haute volée
À l'usage, le S6 Edge+ offre une interface extrêmement fluide, grâce à une plate-forme technique que nous avons appris à connaître et à apprécier au printemps. Le S6 Edge+ dispose du même octo-core Exynos 7420 que les deux autres membres de sa famille. Elle semble même être plus rapide ici encore, grâce à l'inclusion d'un quatrième gigaoctet de mémoire vive.
Tout va extrêmement vite avec ce smartphone. Et cela se traduit par des scores meilleurs encore que ceux du Galaxy S6 (qui était pourtant jusqu'ici techniquement le meilleur smartphone testé dans nos colonnes). Nous obtenons le score de 70 834 points sur AnTuTu, soit pratiquement 10 000 points de plus que le Galaxy S6 Edge. Sur Basemark OS II, il atteint le score dithyrambique de 1893 points.
Antutu à gauche et au centre, Basemark OS II à droite
Enfin, sur 3DMark, il obtient 24 532 points sur Icestorm Unlimited, 1246 points sur Slingshot ES 3.1 et 1544 points sur Slingshot ES 3.0. Pour rappel, Slingshot est le nouveau test de 3DMark beaucoup plus exigeants pour les smartphones haut de gamme. La version 3.0 est en 1080p et la version 3.1 est en 1440p (soit en Quad HD). Avec son score sur Icestorm Unlimited, le S6 Edge+ se positionne en seconde position, derrière le Nexus 9 de HTC (sous Tegra K1), mais devant les mobiles sous Snapdragon 810 et Adreno 430. Une performance pour un GPU ARM Mali. Imaginez si Samsung avait choisi un Power VR...
3DMark
Des courbes qui manquent d'usage
À l'usage, cette grande facilité et cette profusion de puissance se ressentent clairement, que ce soit avec des jeux vidéo ou des fichiers vidéos HD (avec une application vidéo qui conserve les qualités déjà connues chez Samsung). En lançant Dead Trigger 2, nous avons été étonnés de la vitesse à laquelle le jeu s'est chargé, puis par la fluidité des niveaux. Certes, ce titre est adapté aux smartphones et tournent même sur des configurations modestes. Mais, sur ce smartphone, contrairement au Sony Xperia Z3+ ou au HTC One M9 par exemple, Dead Trigger 2 a choisi d'emblée de se positionner sur les meilleurs graphismes. Et, même dans ces conditions, le jeu n'a jamais aussi bien tourné.
Dead Trigger 2
Nous sommes cependant, comme sur le S6 Edge (même si c'est ici moins prononcé), assez déçus par le mode plein écran du téléphone. Que ce soit en jeu vidéo, ou en visionnage de film, l'affichage couvre aussi les bordures, ce qui n'aide ni à la prise en main en position paysage, ni à la visibilité des informations sur les bordures de l?écran. Avec un film, la situation est même pire puisqu'une partie de l'image est déformée. Heureusement, ce n'est pas la plus importante. Mais Samsung aurait pu non seulement modifier le mode plein écran du lecteur vidéo de Touchwiz, mais aussi déporter certains contrôles sur ces bordures, comme cela a été fait avec le Note Edge.
Lecteur vidéo
Toujours au top en photo
En photo, rien à redire : le Galaxy S6 était déjà l'un des meilleurs capteurs photo du marché. Celui du S6 Edge+, qui est évidemment le même, conserve ses qualités. Il est clairement difficile de rater un cliché avec les paramètres du mode automatique. Les photos sont lumineuses, détaillées, contrastées et équilibrées. Même dans le ciel gris parisien, il est possible d'observer le contour des nuages, tout en ayant du détail sur la rue en contrebas. Remarquez dans la seconde photo le détail sur les toits parisiens alors que la scène est très lumineuse.
Photos prises avec le Galaxy S6 Edge+
L'interface photo est identique à celle du Galaxy S6 / S6 Edge. À gauche, les principaux réglages (retardateur, HDR, flash) et effets. À droite le déclencheur, l'accès à la webcam et le mode vidéo. Si vous tapotez sur « mode », vous accédez à d'autres modes de prise de vue pour des photos et des vidéos moins classiques. Comme l'application des Xperia de Sony, d'autres modules sont disponibles pour enrichir l'expérience. Chez Samsung, elles sont téléchargeables sur le Samsung Apps.
Sélecteur de modes dans l'application photo
Un plus comme dans iPhone 6S Plus ?
Le Galaxy S6 Edge+ est sans nul doute meilleur que le Galaxy S6 Edge, non pas parce que nous préférons les grands écrans, mais parce que les 4 Go de mémoire vive et l'augmentation de la batterie font une grande différence à l'usage. Bien sûr, cette grande dalle incurvée de 5,7 pouces est un régal et les quelques changements apportés à l'interface sont également des bons points. Mais ils ne le sont pas autant que l'autonomie et la fluidité, qui sont ici meilleures.
En usage multimédia, malgré l'augmentation de la RAM, nous continuons à lui préférer la version standard du Galaxy S6, parce que ce dernier est tout simplement droit (et parce que les bordures ne sont pas exploitées). Une tendance que nous confirmerons avec le Galaxy Note 5, si Samsung décide de le commercialiser en Europe. Or, à l?heure où nous écrivons ces lignes, ce n'est toujours pas le cas. Et sur le segment des smartphones à écran incurvé, nous lui préférons également le Galaxy Note Edge, qui se sert davantage de son design.
Reste une question : le Galaxy S6 Edge+ est-il une meilleure phablette que les modèles de la concurrence sur le haut de gamme ? Il est clairement sur le podium, cela ne fait aucun doute, car aucun adversaire n'est aujourd?hui de taille. Les raisons ? Les matériaux, le design, les performances, l'interface (laquelle n'est plus un point négatif). Son prix public conseillé, positionné à 799 euros hors subvention, soit 100 euros de plus que le S6 Edge à capacité de stockage égale, n'est évidemment pas un argument en sa faveur. Pour l'iPhone 6 Plus, son niveau de prix n?était pas non plus son meilleur atout. Cela ne l'a pas empêché de se vendre. Alors, pourquoi pas lui ?