Il y a deux semaines, juste avant l'ouverture de l'IFA de Berlin, HTC annonçait l'arrivée en France du Desire 626, un smartphone entrée de gamme qui reprend le flambeau du Desire 620. Le prix public annoncé est alors 299 euros. Nous avions alors deux remarques face à ce produit.
D'abord le délai entre la sortie asiatique et européenne : le mobile est proposé depuis le début de l'année à Taïwan, alors qu'il a fallu attendre la fin de l?été en Europe. Ensuite le prix. Pourquoi positionner un mobile entrée de gamme à ce prix, notamment quand la concurrence est aussi forte sur ce segment de prix (et même sur celui en dessous) ? Et pourquoi multiplier par deux le prix du Desire 626 entre l?Asie et la France. À Taïwan, il est positionné à 170 euros et à Beijing il est proposé à 180 euros.
Adaptation locale
À la première question, nous avons un semblant de réponse. Les plates-formes taïwanaise, chinoise, américaine et européenne ne sont pas les mêmes, d'où un certain temps de développement pour chacune. La version américaine repose sur un Snapdragon 210 et 1,5 Go de RAM. La version chinoise sur un MediaTek MT6752 et 2 Go de RAM. La version taïwanaise sur un Snapdragon 410 et 1 Go de RAM. Et chez nous ? Voyez donc la liste des caractéristiques techniques ci-dessous :
- dimensions : 146.9 x 70.9 x 8.2 mm
- poids : 140 grammes
- ratio écran / taille : 66,2 %
- écran SuperLCD 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce)
- chipset quad-core Qualcomm Snapdragon 410 cadencé à 1,2 GHz avec Adreno 306 pour la partie graphique
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- batterie 2000 mAh
- capteur photo principal 13 mégapixels compatible 1080p en vidéo
- webcam 5 mégapixels
- compatible LTE (catégorie 4), WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS, DLNA, NFC
- Android 5.1 Lollipop avec surcouche HTC Sense 7
Le Desire 626 français, compromis entre la version taïwanaise et chinoise, n'est pas un mauvais produit en soi, comme nous le verrons. La recette du Desire 620 se voit même améliorée en plusieurs points : plus de stockage, plus de RAM, des dimensions plus réduites et un meilleur capteur photo. Mais il est clairement trop cher, à l'image du Wiko Highway Pure, testé dans nos colonnes et disposant de caractéristiques techniques similaires. Le Moto G 3e gen est vendu 229 euros avec 16 Go de stockage et 2 Go de RAM également.
Un design soigné
Après cette présentation, faisons le tour du propriétaire. Le châssis du Desire 626, en polycarbonate mat assez élégant, s'appuie sur le langage ergonomique habituel de la marque taïwanaise (avec ces larges bordures autour de l?écran si caractéristiques). De face il reprend le design du Desire 620 avec les deux grilles de haut-parleur entourant la dalle tactile. Notez, en parlant de ces deux grilles qu'il ne s'agit pas ici d'un couple de haut-parleurs Boomsound, comme nous pourrions en trouver sur des modèles HTC plus haut de gamme. Seule la grille inférieure cache un haut-parleur, l'autre étant simplement l?écouteur téléphonique. Pas de son en stéréo ici. Notez une différence avec le Desire 620 : l'optique de la webcam semble plus large, alors que le capteur n'est pas meilleur. Un peu plus de lumière sera certainement bienvenue pour vos selfies.
De dos, le Desire 626 s'apparente davantage à son cousin milieu de gamme, le Desire 826. le capteur photo, entouré d'un large anneau (qui peut être d'une couleur différente de celle de la coque) et souligné par le flash, est coincé dans le coin supérieur gauche, contrairement au Desire 620 où il était au milieu du châssis. De même, la coque est plus rectiligne et semble moins bénéficier de quelques rondeurs pour offrir une prise en main plus naturelle. À bien regarder la gamme Desire de HTC, le Desire 626 pourrait presque être considéré comme la version « Lite » du Desire 820. Nous remarquons d'ailleurs que le Desire 626 est le dernier d'une lignée d'appareils, HTC s?étant ensuite écarté de ce design avec le Desire 826 et le Desire 728. De face, ce dernier ressemble d'ailleurs davantage à un Xperia qu?à un HTC...
Sur les côtés, vous retrouvez les deux seuls boutons matériels (mise en marche et contrôle du volume) sur la tranche de droite, le port jack 3,5 mm sur la tranche supérieure et le port microUSB sur la tranche inférieure. Seule excentricité : la tranche de gauche héberge un large cache derrière lequel se trouvent trois emplacements, deux pour carte SIM et un pour carte microSD. Notre modèle étant simple SIM, l'emplacement de gauche est obstrué et inaccessible. Petit détail amusant : en Europe, c'est le port de gauche qui est bloqué ; en Asie, c'est le port de droite. Ce cache aurait pu vous faire penser que le smartphone est étanche, mais il ne l'est pas.
Prise en main trompeuse
La prise en main du Desire 626 est très agréable, malgré son côté plastique. D'abord la construction est bonne, l'assemblage de qualité. Les matériaux utilisés ne sont pas premium, mais une fois dans la main, cela s'oublie assez rapidement. La dalle qui couvre l?écran tactile est en plastique. Elle est certainement un peu plus sensible aux rayures, mais cassera moins rapidement en cas de chute. Et contrairement à d'autres modèles low-cost, cette protection glisse agréablement sous les doigts. La position des boutons est classique, mais efficace. Le smartphone donne une bonne impression, malgré la plate-forme qui l'anime.
L?écran, quant à lui, repose sur une dalle Super LCD dotée d'une définition 720p. Pas particulièrement lumineuse, elle reste néanmoins visible, même en plein jour (où il faudra certainement pousser un peu plus le rétroéclairage). D'autant que la protection en plastique offre quelques reflets parfois gênants. Le contraste est cependant satisfaisant. Les couleurs respectées. Et les angles relativement bien ouverts. Bien sûr, cette dalle manque un peu de piqué, compte tenu de sa résolution inférieure à 300 pixels par pouce. Cependant, l'impression générale reste bonne, même en multimédia.
HTC Sense : le meilleur argument
Une fois l?écran allumé, nous sommes accueillis par Android 5.1 Lollipop avec HTC Sense 7 que nous avons découvert au printemps avec le One M9. Contrairement à la version taïwanaise, sortie sous KitKat, nous disposons ici de la dernière mouture d'Android de la surcouche maison du fabricant. Nous retrouvons avec plaisir cette interface simple et efficace, avec Blinkfeed sur le côté gauche, Sense Home pour afficher dynamiquement les raccourcis des applications en fonction de vos habitudes et de votre localisation, le sélecteur de thème pour personnaliser le mobile et toutes les applications maison de HTC.
HTC Sense Home
Parmi celles-ci, Zoe, Galerie (celle de HTC et non celle de Google), Cloudex (devenu One Galerie), Scribe, HTC Club ou encore le mode voiture, le mode simplifié et le mode enfant. Nous avons également remarqué Power to Give, une application apparue chez HTC il y a un an et demi qui permet de partager une partie de la puissance du mobile dans un réseau mutualisé afin de créer un supercalculateur dans le cloud. L'objectif est de faire avancer la science (et notamment la recherche contre les maladies comme le Sida ou le Cancer). Une bonne idée, même si le Snapdragon 410 n'a pas tant de ressources que ça à partager...
Nous remarquons que si HTC multiplie les applications additionnelles, la marque n'augmente parallèlement pas les partenariats commerciaux. Sont toujours présents Facebook et Polaris Office. Mais c'est bien là tout le bout du monde. Il faut dire que la ROM Lollipop de HTC, avec Sense 7, pèse déjà considérablement sur le système : 7,5 Go. Ce n'est pas rien. Heureusement, l'ensemble du système reste fluide, grâce à l'une des meilleures intégrations du Snadragon 410. En effet, les performances obtenues par le Desire 626 lors de nos tests techniques montrent de bonnes performances. Elles ne sont cependant pas comparables au Snapdragon 615 (sauf quand ce dernier est mal optimisé).
One Gallery, HTC Club et Power to Give
Des performances bonnes... pour un entrée de gamme
Sur AnTuTu, le mobile atteint 23397 points. Sur Basemark OS II, il obtient 516 points. Et sur 3DMark (Icestorm Unlimited), il s'offre une note très honorable, 4370 points. Des notes convenables obtenues certainement grâce aux 2 Go de mémoire vive. Nous avons pris le risque de faire passer le test Sling Shot de 3DMark, un benchmark que le Galaxy S6 Edge+ a passé non sans difficulté. Le Desire 626 est parvenu à le terminer, à bout de souffle avec 52 petits points au compteur... Tous les mobiles sous Snapdragon 410 ne sont pas capables d'arriver à son terme. C'est donc un exploit en soi.
Meilleures que celles du Highway Pure, les notes du Desire 626 sont proches de celles du Moto G 3e gen, mais ce dernier est vendu moins cher. Au même niveau de prix, nous retrouvons le OnePlus One ou le Xperia M4 Aqua, tous deux largement meilleurs. À la vue de ces scores et des comparatifs, nous nous demandons pourquoi HTC a décidé de conserver le Snapdragon 410 du Desire 620, alors qu'il aurait pu migrer toutes les déclinaisons internationales vers un seul et même chipset, le MT6753. L'octo-core de MediaTek est désormais compatible LTE worldmode et est cadencé plus rapidement que le SD210 ou le SD410.
Polyvalent malgré de petits défauts
En multimédia, le Desire 626 est une plate-forme équilibrée et fonctionnelle. Nous y avons naturellement installé Dead Trigger 2, lequel s'est automatiquement positionné sur la qualité graphique la moins bonne, compte tenu de la présence du Snapdragon 410. Nous avons forcé la meilleure qualité et, avouons-le, le jeu est resté fluide avec quelques petits ralentissements attendus au chargement. Le Desire 626 n'a pas flanché : encore une preuve de la bonne intégration des composants.
En vidéo, l'expérience nous laisse une impression mitigée. Côté positif, l?écran HD se révèle bien plus agréable à regarder avec des vidéos qu'avec des photos. Et le haut-parleur frontal, même s'il est seul, propose un son audible et clair. L'orientation du haut-parleur suffit à lui seul à offrir une qualité d?écoute meilleure que la plupart des modèles entrée de gamme. Côté négatif, malgré ce qu'il laisse penser, le Desire 626 n'a pas deux haut-parleurs Boomsound en façade, ce qui est déceptif. De plus, le lecteur vidéo par défaut du mobile s'appuie sur une liste restreinte de formats compatibles. Il vous faudra clairement en changer.
Des photos simplement correctes
La photographie n'est pas un domaine où ce smartphone HTC excèle, même si les clichés offerts par le capteur 13 mégapixels sont corrects. Là aussi, il y a du bon et du moins bon. Parmi les défauts du mobile, nous retrouvons une difficulté à équilibrer la luminosité des clichés. Dans l'exemple ci-dessous, le meilleur de notre fournée, nous voyons que la rue en contrebas est noyée dans l'ombre. Si nous voulions avoir plus de détails, nous aurions dû sacrifier la visibilité des éléments baignés dans le soleil et altérer les couleurs. Aussi, l'arrière-plan est flou. Il y a aussi du bon dans cette photo : les couleurs sont belles, les détails sont nombreux au premier plan et les aberrations sont limitées.
Photo réalisée avec le HTC Desire 626
L'application photo est aussi un bon point, car, malgré l'absence d'un mode manuel, elle propose l'accès à plusieurs paramètres, comme la balance des blancs et la sensibilité lumineuse. HTC privilégie clairement les modes automatiques avec des modes scènes spécifiques aux conditions les plus usuelles (nuit, sport, macro, HDR, paysage, portrait), mais l'ensemble est fonctionnel.
Un Desire surestimé
Le Desire 626 est un smartphone entrée de gamme qualitatif. Bonne construction. Bonne performance vis-à-vis des plates-formes similaires chez les concurrents. Appareil photo décent. Ecran HD. Interface complète et personnalisable. S'il avait été proposé à 200 euros, ce smartphone serait clairement une très bonne affaire, face à des Idol 3, Xperia E4g, Moto G (3e Gen.) ou Liquid Z.
Seulement, comme le Highway Pure, il est positionné à 300 euros, un segment redoutablement concurrentiel où les places sont chères et où la proposition doit être irréprochable. Rappelons qu'autour de 300 euros, il y a le OnePlus One, le Honor 6 (et maintenant le Honor 7), le Xperia M4 Aqua, le MX4, etc. Et nous ne parlons même pas du 50 Diamond d'Archos...
Si le Desire 626 l?était, cette stratégie visant à monter en gamme la marque se justifierait peut-être. Mais il n'en est rien... Malgré l'excellente intégration de son chipset et les 2 Go de RAM qui l'accompagnent, ce dernier reste un Snapdragon 410. Et des Snapdragon 410 avec des écrans 720p, il en existe une soixantaine. Et certains sont passés sous la barre des 150 euros. Pourquoi payer deux fois plus cher ? En voilà une bonne question...