Tout savoir sur : L'Arcep va (re)vérifier le réseau de Free Mobile suite aux polémiques
Après deux semaines de polémiques, l'Autorité de régulation des télécoms réagit afin de faire toute la lumière sur la situation réselle du réseau de Free Mobile lancé le 10 janvier dernier. Ainsi, le communiqué de l'Arcep, précise que le lancement d'un nouveau réseau de téléphonie mobile représente une opération complexe qui peut nécessiter des réglages et des mises au point. L'Arcep rappelle au passage que l'obligation de couverture, dans les deux ans suivant la délivrance des autorisations, qui était prévue par les licences 3G attribuées en 2001 et 2002 respectivement à Orange France, SFR et Bouygues Telecom, n'a pas été respectée et que, si l'Arcep a alors toléré cet état de fait, c'était en raison des difficultés techniques et économiques invoquées par les opérateurs.Etape 1 : Free Mobile informe l'Arcep que ses engagements de couverture (27%) sont atteints
Dès le 10 novembre 2011, Free Mobile a informé l'Autorité avoir atteint ses engagements de couverture nationale d'au moins 27 % de la population via son réseau 3G (hors itinérance avec le réseau d'un autre opérateur mobile). C'était l'obligation imposée par l'Arcep pour que Free Mobile puisse être lancé.
L'Arcep a alors procédé à une vérification des informations transmises par Free Mobile en réalisant notamment une campagne de plus de 10 000 mesures sur le terrain menée en novembre et décembre 2011. Comme le communiqué publié par l'Arcep le 13 décembre 2011 l'indique, il ressort de la vérification faite par l'Autorité que la société Free Mobile respectait à cette date le niveau de déploiement 3G qu'elle devait atteindre à l'échéance du 12 janvier 2012.
Etape 2 : Free Mobile ouvre son réseau le 10 janvier
Lancé en grande pompe le 10 janvier par un Xavier Niel dans une forme olympique, Free Mobile va très vite séduire des centaines de milliers de clients. Les opérateurs déjà en place vont faire face à des départs massifs d'abonnés allant jusqu'à saturer le serveur qui assure la portabilité des numéros mobiles.
Les réunions de crise s'enchainent chez les opérateurs ainsi que chez les MVNO qui ne s'attendaient pas au lancement d'un forfait 1H + 60 SMS à 2 euros.
Le réseau de Free Mobile est disponible sur le territoire métropolitain au travers de son propre réseau 3G ainsi qu'à travers le réseau Orange via un accès en itinérance acheté par Free Mobile.
Etape 3 : Des rumeurs selon lesquelles Free Mobile n'aurait pas « allumé » complètement son réseau apparaissent
A la suite du lancement de Free Mobile, le 10 janvier, plusieurs articles de presse citant des opérateurs concurrents, sous couvert d'anonymat, avaient fait état de la possible désactivation par l'opérateur de certaines de ses antennes.
Des huissiers auraient notamment été envoyés par Bouygues Telecom afin de constater cette désactivation. Mais à ce jour, aucun opérateur n'a saisi l'Arcep et aucun élément concret n'a été porté à la connaissance de l'Autorité.
Etape 4 : les syndicats CFE-CGC et UNSA des opérateurs télécoms mobiles demandent une enquête sur Free Mobile
Après les articles de presse faisant état de la possible désactivation par l'opérateur de certaines de ses antennes, c'est au tour des syndicats de se manifester et de faire monter la pression d'un cran. Les syndicats CFE-CGC et UNSA des opérateurs télécoms mobiles ont ainsi saisi l'Arcep, par un courrier reçu le 26 janvier, d'une demande d'enquête concernant le respect par Free Mobile de l'obligation de déploiement d'un réseau 3G dans des conditions conformes à son autorisation.
Etape 5 : Le ministre Eric Besson s'en mêle
Le même jour, le ministre de l'Industrie Eric Besson demandait dans un courrier au président de l'Arcep de vérifier le réseau de Free au regard des « nombreuses interrogations » apparues depuis son lancement.
« Je vous serais reconnaissant de bien vouloir me confirmer le respect par l'opérateur Free Mobile de ses obligations en matière de couverture de la population et de la disponibilité du service résultant de son autorisation et permettant à cet opérateur de bénéficier d'un droit d'itinérance sur le réseau d'un opérateur mobile tiers (c'est à dire Orange, ndlr) afin de compléter sa couverture du territoire national. »
Etape 6 : L'Arcep va (re)vérifier le réseau de Free Mobile
L'Arcep a donc indiqué vendredi que « dans un souci de transparence et de sérénité », elle estimait « utile de demander à la société Free Mobile d'actualiser les informations relatives à l'état de son réseau ».
L'Autorité va notamment demander à Free Mobile « une liste des sites installés, des sites effectivement activés, et des motifs qui auraient pu la conduire, le cas échéant, à l'extinction de certaines stations de son réseau ».
Free Mobile plutôt satisfait
De son côté, Free Mobile s'est dit satisfait de cette décision. « C'est dommage que nous en soyons arrivés là après que certains de nos concurrents ont semé le doute sur notre réseau », a déclaré Maxime Lombardini, directeur général de la maison mère Iliad, à Reuters avant d'ajouter : « Mais c'est une bonne chose que le régulateur vienne inspecter nos installations afin d'apporter des éléments factuels pour mettre fin à la polémique ».
Rappelons enfin que le patron de Free Mobile, Xavier Niel, a indiqué lors de son audition à la commission des affaires économiques, mercredi dernier, qu'il disposait de 1000 antennes actives, et qu'il en a commandé 5000, qui permettront à Free Mobile d'être très en avance sur ses engagements de 90% de couverture en 2018.