L?équilibre économique d'un smartphone est loin d?être l?équation la plus évidente à résoudre. Il y a d'un côté la valeur des composants, de la main-d'oeuvre, des brevets technologiques, les coûts de structures, les commissions des différents intervenants dans la chaîne logistique (transport, grossiste, vendeur) et ce que l'entreprise considère être le bénéfice minimum. Et de l'autre côté, il y a les besoins et les envies des consommateurs, les nouveaux usages qui impliquent de nouveaux composants, sans oublier la concurrence qui influence évidemment le marché. Avec la gamme Galaxy A, Samsung a certainement créé, sans forcément le vouloir au départ, un nouveau segment : celui des beaux smartphones économiques
Syndrome Samsung Galaxy A
Depuis deux ans, chaque concurrent tente de trouver un moyen d'y répondre. Chez Alcatel, cela a commencé avec une vraie montée en gamme des Idol avec la quatrième génération. Cela a failli continuer avec le X1, un modèle calqué sur le Galaxy A3 / A3 (2016) finalement abandonné. C'est sur les cendres du X1 que la gamme Shine a été développé. Et le premier modèle, le Shine Lite, en reprend le positionnement : beau à l'extérieur, complet à première vue, mais plate-forme entrée de gamme pour contrebalancer le coût du verre et du métal. D'où cette fiche technique digne d'un Galaxy A3 de Samsung :
- dimensions : 141,5 x 71,2 x 7,5 mm
- poids : 156 grammes
- ratio écran / taille : 68,4 %
- écran IPS 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce) avec verre renforcé Dragontrail d'Asahi Glass
- chipset MT6737 de MediaTek avec quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,3 GHz
- GPU ARM Mali-T720 MP2
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 256 Go supplémentaires)
- batterie de 2460 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), radio FM
- lecteur d'empreinte digitale
- port microUSB et jack 3,5 mm
- capteur photo 13 mégapixels avec flash double LED, autofocus à mesure de contraste, compatibilité 720p en vidéo
- webcam 5 mégapixels avec flash frontal
- Android 6.0 avec interface Alcatel
Comme vous pouvez le constater, Alcatel a intégré dans ce mobile une configuration entrée de gamme type. Un quad-core MediaTek. Un écran 720p. 2 Go de mémoire vive. Des capteurs photo visiblement quelconques. Nous reparlerons de tout cela en temps voulu. Notez cependant que l?écran est protégé par un verre renforcé et qu'un lecteur d'empreinte est positionné au dos du mobile. C'est encore assez rare pour le noter.
Très beau à l'extérieur...
Cependant, visuellement, ce smartphone ne laisse pas croire au premier abord qu'il ne propose qu'une plate-forme entrée de gamme. Même s'il est un peu lourd, le téléphone est élégant et sa construction est soignée. Comme nous l'avons signalé au départ, le design du Shine Lite suit les traces de la gamme Galaxy A. Ce qui sous-entend l'intégration de matériaux premium. Du verre minéral à l'avant et à l'arrière (pour une prise en main toujours un peu plus glissante que les coques en aluminium ou en polycarbonate). De l'aluminium sur les tranches, avec des bordures biseautées. Les finitions de ces bordures et de la partie centrale des tranches sont différentes (l'une est mate et l'autre brillante).
Toujours du côté des détails, nous remarquons les séparations pour les antennes placées sur tranches inférieures et supérieures, laissant les tranches latérales dépouillées. Sur ces dernières se trouvent, à droite, les boutons mécaniques et, à gauche, le tiroir pour les deux SIM et la carte mémoire. Nous remarquons ici qu?Alcatel n'a pas opté pour le même niveau de détail que sur la gamme Idol. À l'arrière du téléphone, nous retrouvons le lecteur d'empreinte digitale (dommage que TCL n'ait pas conservé l'emplacement en façade du X1) et le capteur photo coincé dans un coin, avec son flash double LED.
... mais un peu fuyant
L'emplacement des différents éléments technique est très classique avec le port jack 3,5 mm sur la tranche du haut et le port microUSB sur la tranche du bas, flanqué du haut-parleur mono et du microphone. Sous l?écran se trouve un pavé tactile avec les trois touches de navigation d'Android. Ces touches sont rétroéclairées. Le flash frontal ne se trouve pas à côté de la webcam, mais de l'autre côté de l?écouteur téléphonique. La prise en main est qualitative, même si elle est un peu fuyante à cause du verre et même si le Shine Lite est très légèrement lourd.
L?écran du Shine Lite n'est pas forcément sa plus grande force, même si la dalle de verre Dragontrail assure une glisse plus que correcte. D'abord, les pixels se voient à l'oeil nu, ce qui provoque un effet légèrement « baveux ». Ensuite, le contraste manque de profondeur, ce qui tend à interférer sur l'affichage de certaines couleurs (notamment le blanc). La luminosité est cependant bonne, même en pleine lumière. Voilà un écran plutôt typique de l'entrée de gamme, même si, la présence du verre Dragontrail est à ranger du côté positif.
Interface riche...
Une fois l?écran allumé, nous retrouvons l'interface d'Alcatel basée ici sur la version 6.0.1 Marshmallow d'Android. Pas de surprise donc : il faudra encore plusieurs mois avant de voir débarquer Nougat dans l'entrée de gamme. Concernant la surcouche en elle-même, nous constatons qu'elle a été allégée de quelques fonctionnalités présentes dans l'Idol 4S, mais que l'essentiel a été conservé. C'est notamment le cas des téléchargements accélérés, des raccourcis sur l?écran de verrouillage, ou encore de « Booster » qui permet d'accélérer Android en plaçant et d'augmenter l'autonomie de la batterie en réglant le comportement de certaines applications.
Nous avons remarqué, comme sur les Idol et les Pop récents, que la phase de démarrage du téléphone comporte toujours une étape pour les applications marketing. Durant cette étape, le mobile vous propose de télécharger une poignée d'applications (très ?) facultatives que vous pourrez toujours vous procurer par la suite, que ce soit grâce au Play Store ou via l'application marketing d'Alcatel « Apps » ou le « Centre de jeux ».
... trop riche, même !
La présence de cette étape est plus préjudiciable que sur l'Idol 4S, par exemple. Pour une raison simple : l'espace de stockage est deux fois moindre alors que le nombre d'applications préinstallées n'est pas beaucoup plus faible. Ce qui veut dire que vous avez, dès le premier lancement du téléphone une place disponible beaucoup plus restreinte qu?habituellement. Parmi ces applications préinstallées, nous retrouvons, sans compter le pack Google, quelques standards (Facebook, Instagram, Facebook Messenger, Swiftkey, etc.), mais également une brochette hétéroclite de logiciels pas forcément utiles à tous, comme Uber, Deezer, Xender, WPS Office ou Shazam.
Environ 2,5 Go sont donc monopolisés par les applications préinstallées au lancement (l'ensemble de nos applications de test pèse 900 Mo environ), ce qui laisse environ 7 Go sur les 10 Go disponibles (car il faut compter aussi Android). Ce qui est évidemment peu. Sur l'Idol 4S, il en restait une vingtaine. De même, chaque application peut peser sur la RAM, et celle-ci est tout aussi ténue : 2 Go seulement. En moyenne, près de la moitié de la RAM est monopolisée par le système, ne laissant qu'un petit Go pour les applications (et les jeux...).
Une plate-forme qui souffre d'exiguïté
Ajoutez à cela un MT6737 de MediaTek et vous arrivez rapidement à une conclusion : le Shine Lite, sous ses beaux atours, ne peut rivaliser avec un Galaxy A3 (2016) et encore moins un Galaxy A5 (2016). Les chiffres obtenus sur les benchmarks le montrent : un peu moins de 28 000 points sur AnTuTu, 3571 points sur 3D Mark (Ice Storm Unlimited), 522 points sur Geekbench en single core et 1487 points en multi core. Les capacités du smartphone sont donc réduites. Nous passons sur le score de Basemark OS II, lequel est exagérément bas. L'outil de test pénalise le téléphone sur le rendu des pages web, lequel est anormalement bas, même pour le MT6737. Il devrait logiquement être au-dessus des 400 points, comme le MT6735.
Avec sa batterie de 2460 mAh, l'autonomie du téléphone est correcte, mais sans plus. Si vous jouez trop à Candy Crush Saga (ou, pire, à Pokemon Go), vous aurez vite la mauvaise surprise de voir apparaître la notification qui vous avertit que le téléphone va bientôt s?éteindre, faute d?énergie. Voilà qui est franchement dommage... La justesse de la plate-forme y ait certainement pour quelque chose.
Pas vraiment taillé pour le multimédia
Ce qui nous amène à l'expérience en jeu vidéo. Nous avons naturellement lancé Dead Trigger 2, lequel a eu quelques difficultés à se lancer. Cependant, contrairement à d'autres mobiles low-cost, le Shine Lite le fait tourner. Notez que, par défaut, le jeu adopte la qualité basse des graphismes, mais qu'il est possible de forcer le passage à la qualité intermédiaire, mais guère plus. Une sécurité qui n'est pas malvenue : le Shine Lite ne l'aurait peut-être pas supporté. Notez en revanche que les puzzles type Candy Crush fonctionnent mieux, avec quelques légers ralentissements au niveau de la carte générale.
En vidéo, le constat est le même : il est possible de lancer des films HD sur cette plate-forme. Encore faut-il les choisir avec soin. Les films d'animation passent mieux que les films avec de vrais acteurs. Le mobile utilise le moteur de rendu vidéo d'AOSP (celui de Galerie plus précisément). Un choix qui implique quelques concessions au niveau des codecs et des options de visualisation. Une fois encore, nous vous conseillons d'opter pour un lecteur tiers type VLC pour améliorer considérablement l'expérience audiovisuelle.
Mode HDR obligatoire ?
Finissons enfin avec la photo. Le Shine Lite est équipé d'un capteur 13 mégapixels avec autofocus à mesure de contraste assez classique et un flash double LED. L'ensemble est contrôlé par une application qui ressemble beaucoup à celle d'Android AOSP. Aucun changement apporté au niveau fonctionnel. Quelques modes de prise de vue automatique. Quelques options pour la taille des images. Mais rien qui n'arrivera à satisfaire les photographes éclairés. D'autant plus que le résultat offert par cette combinaison n'est pas satisfaisant.
Nous avons réalisé plusieurs clichés et vous présentons ici le meilleur. Il a été fait avec le mode HDR, ce qui explique pourquoi les voitures se dédoublent dans la rue : elles ont bougé entre la première et la seconde prise de vue. Avec le mode HDR activé, nous disposons d'un cliché assez lumineux et plutôt bien équilibré. Mais le résultat est flou et du grain apparaît dès que vous zoomez un tant soit peu. Sans le mode HDR, les photos gagnent en netteté. Mais c'est au détriment de la luminosité, du contraste et de l?équilibre : les photos sont très sombres et les zones illuminées brûlent la photo. Notez également des couleurs un peu fades. Peu mieux faire ici.
Pour ceux qui aiment le beau !
En conclusion, le Shine Lite n'est pas forcément une déception, mais il nous est compliqué de le conseiller avec enthousiasme. Pourquoi ? Parce que certains usages, notamment en multimédia, sont pénalisés. Les photos ne sont pas très bonnes. Le capteur ne filme pas en Full HD. Les jeux ont tendance à ralentir. Le baladeur vidéo est inexistant. Mais le téléphone est plutôt beau et la construction est très correcte. Bref, c'est un smartphone qui est davantage fait pour communiquer que pour s'amuser.
Parlons enfin de son prix. À 199 euros, le Shine Lite est un smartphone clivant. Soit vous aimez le design en verre et en métal, mais vous n'avez pas l'argent pour opter pour un Galaxy A5 (2016) et les performances vous importent finalement peu : alors ce mobile est fait pour vous. Soit vous préférez un modèle un peu plus musclé sans les atours en aluminium et en verre et vous vous dirigerez assez naturellement vers un Galaxy J5 par exemple, un Meizu m3 note ou encore un Honor 5X / 5C, trois plates-formes plus efficaces et proposées au même prix.