Sans l'ombre d'un doute : Meizu est l'un des constructeurs chinois dont les smartphones sont dotés d'un très bon rapport qualité-prix. La gamme Pro n'a pas à rougir de la concurrence des marques internationales. La gamme M3 (M3 Note, M3s, M3e et M3x) offre des alternatives intéressantes aux marques plus connues (Wiko, Archos, Alcatel) sur les budgets plus serrés. Bien sûr, tout n'est pas parfait, d'autant que le prix en France est beaucoup plus important. Tant et si bien que le M5 est concurrencé par des produits à l'esthétique parfois plus travaillée. Même dans son propre catalogue : le M3s, avec une fiche technique presque identique et une coque en aluminium est vendu au même prix chez Darty. Aïe.
Un prix en hausse en arrivant en France
Le Meizu M5 est en effet proposé à partir de 169 euros (comptez 30 euros de plus pour doubler l'espace de stockage et ajouter 1 Go de RAM supplémentaire), un prix très proche des M3s et U10 de Meizu, des Galaxy Jx (2016) de Samsung, ou encore des P8 Lite et Honor 5C chez Huawei. Bref, beaucoup d'adversaires. Le M5 n'est cependant dénué d'intérêt, même face à cette concurrence. Voyons d'abord en détail sa fiche technique :
- dimensions : 147,3 x 72,8 x 8,2 mm
- poids : 138 grammes
- ratio écran / taille : 69,5 %
- écran IP LDC 720p de 5,2 pouces (résolution de 282 pixels par pouce)
- chipset MT6750 de MediaTek avec huit coeurs Cortex-A53 cadencés jusqu?à 1,5 GHz
- GPU ARM Mali-T860 MP2
- 2 ou 3 Go de mémoire vive
- 16 ou 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 128 Go supplémentaires)
- batterie de 3070 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 4 (même sur la bande des 800 MHz), WiFi ac dual band, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass)
- port microUSB 2.0
- lecteur d'empreinte digitale en façade mTouch 2.1
- capteur 13 mégapixels avec double flash LED, objectif à 5 éléments ouvrant à f/2.2 et autofocus à détection de phase
- webcam 5 mégapixels avec objectif à 4 éléments ouvrant à f/2.0
- deux ports nano SIM (dont un compatible microSDXC)
- FlymeOS 5.2 sur une base Android 6.0.1 Marshmallow
Cette fiche technique est plutôt équilibrée, même si elle n'offre rien de très surprenant, outre le lecteur d'empreinte digitale en façade, un équipement relativement rare sous la barre des 180 euros. Pour le reste, la comparaison avec le M3 montre que Meizu s'est simplement contenté de modifier la taille de l?écran, ce qui a eu pour conséquence d'améliorer la capacité de la batterie. Une évolutivité restreinte qui aurait été de très mauvais gout sur les segments premium, mais qui se remarque moins en low-cost. Pour les besoins de ce test, nous avons reçu à la rédaction a version 3 Go / 32 Go de stockage, laquelle est donc commercialisé 199 euros.
Un design qui n'évolue peu
Esthétiquement, le m5 ressemble à un Blue Charm, ni plus ni moins. À côté du M3, la ressemblance est frappante (outre les changements de dimensions). Leurs coques de polycarbonate sont toujours bien rondes et lisses (mais moins qu'un dos en verre minéral). Cette coque couvre le dos de l'appareil, mais aussi les tranches. Ce design offre une prise en main très agréable. Comme le M3, le M5 dispose d'une grande dalle tactile couverte d'un verre minéral 2.5D qui rehausse l'ensemble.
Autres points de ressemblance avec le reste de la gamme Blue Charm (hors M3x) : le capteur photo, bien rond et placé au milieu de la coque en polycarbonate, et le bouton mTouch, situé sous l?écran tactile. Ce dernier combine une surface sensitive et un bouton mécanique. La première remplace la commande « Retour » d'Android, tandis que le second sert à revenir à l?écran principal, comme pour tous les terminaux avec une touche similaire (chez Samsung par exemple).
Comme toujours, l'accès au gestionnaire du multitâche est confié à un menu logiciel et non à une touche tactile sous l?écran. Les deux emplacements autour du mTouch ne servent à rien. Notez également que ce bouton intègre le lecteur d'empreinte. C'est la première fois qu'un modèle « basique » de Meizu en propose un.
Sur les tranches, vous retrouvez le tiroir pour SIM et microSD à gauche, le volume et la mise en marche à droite (au niveau du pouce), le haut-parleur et les ports microUSB et jack 3,5 mm en bas. Il n'y a rien sur la tranche supérieure. Et nous n'avons pas décelé de micro secondaire pour la réduction active de bruit.
Le M5 est donc un produit élégant avec une prise en main classique, mais agréable. Les boutons sont bien positionnés (et nous ne pouvons que louer le choix de l'emplacement du lecteur d'empreinte). L?écran IPS, quant à lui, est qualitatif. La luminosité est correcte, sans être excellente (surtout en pleine lumière). Les contrastes sont bons, de même que la restitution des couleurs (même si celles-ci sont parfois un peu chaudes). Les angles de visions sont bien ouverts. La dalle de verre qui protège l?écran n'est certainement pas un produit de Corning, car la glisse n'est pas aussi sensible.
Quelques améliorations dans la localisation
Une fois allumé, le Meizu M5 démarre sur FlymeOS 5.2, laquelle est basée sur Android 6.0 Marshmallow. Le fait que ce mobile fonctionne sur Marshmallow et non Android n'est pas si important. D'abord, le patch de sécurité Android est tenu à jour, puisque, lors de nos tests, nous avons bénéficié de la version datée de décembre 2016. Ensuite le système Android est totalement caché derrière l'interface de Meizu. Que ce soit Marshmallow ou Nougat, nous n'y verrions pas la différence.
Théoriquement, le M5 fonctionne sur la même version de FlymeOS que le Pro 6. Toutefois, nous y avons vu quelques différences importantes. D'abord, le M5 n'est pas compatible Force Touch. Donc, pas de raccourcis en appuyant fort sur une icône. Esuite, nous voyons le retour de deux absents : la boutique de thème et la boutique d'applications, lesquels ont été supprimés parce qu'ils n?étaient pas traduits (en anglais ou en français).
C'est ici chose faite : les menus des deux boutiques (Themes et Hot Apps) sont en français (avec quelques approximations et un peu de Google Translate), tandis que les articles proposés sont pratiquement tous en anglais. Et pour contourner le problème des paiements, il n'y a aucun produit premium, uniquement freemium. Nous regrettons deux détails encore dans la boutique Hot Apps : il n'y a aucun menu pour naviguer facilement (et rapidement) vers une catégorie et il n'y a pas de moteur de recherche intégré. Et ça, c'est très frustrant. Et ce n'est pas le moteur de recherche globale de FlymeOS qui peut combler cela.
Autre changement, Meizu a supprimé le « Google Installer », c'est-à-dire l'application qui permet d'installer le Play Store et Google Maps. Il faut désormais aller le chercher dans la boutique Hot Apps (rubrique Google Apps Collection). Et à aucun moment c'est dit. Mauvais point. En outre, Facebook et Whatsapp ont également été supprimés (ce qui n'est pas une mauvaise idée) pour être remplacés par cinq jeux de Gameloft ! Pourquoi faire deux pas en avant pour faire cinq pas en arrière juste après ? C'est très curieux. Heureusement, vous pouvez les supprimer.
Pour le reste, nous retrouvons avec plaisir certaines des applications natives de FlymeOS, comme Securité, qui propose quelques réglages pour optimiser Android, File Explorer (« Fichiers ») et son accès aux serveurs du réseau local, le gestionnaire d'alimentation avec tous ses profils énergétiques personnalisables, ou encore le lecteur vidéo de Meizu, certainement l'un des meilleurs du marché avec celui de Samsung et celui d'Archos. Smart Touch, le bouton virtuel programmable est également de retour.
Un système plus nerveux qu'attendu
Le système d'exploitation pèse environ 4 Go dans la mémoire interne, hors applications promotionnelles. Si cela ne nous parait pas excessif sur un modèle avec 3 Go de mémoire vive et 32 Go de stockage, nous pensons que cela pèse significativement sur la version de base du M5 doté de 1 Go de RAM en moins et la moitié d'espace de stockage. Un poids qui aura une incidence sur les différents usages. Avant d?évoquer justement les performances techniques, un petit mot sur l'autonomie : le M5 offre une très bonne autonomie qui dépasse largement la journée d'utilisation. Attention cependant au multimédia : le jeu et la vidéo grèveront ce bon résultat. Également, le temps de charge est particulièrement lent.
Venons-en aux performances techniques. Le M5 est une petite surprise, car les performances du M6750 avec 3 Go de RAM et un écran 720p parviennent aux mêmes résultats qu'un smartphone avec un MT6753 ou un Snapdragon 615 avec 2 Go de RAM. Mieux encore, le M5 parvient à des résultats similaires à ceux du Galaxy A5 (2016), lequel est équipé d'un Exynos 7580 et de 2 Go de RAM. L'apport d'un troisième gigaoctet de mémoire vive, associé à un écran d'une plus faible définition, se ressent donc clairement ici.
Le score de Basemark OS II est ici une contre-performance due au moteur de rendu HTML du M5 qui ne semble pas être compatible avec l'outil. Nous avons déjà observé ce genre de résultat chez Acer ou chez Alcatel. Côté performances graphiques, le M5 égale dans certains benchmarks le Galaxy J7 (2016) avec son Exynos 7870, que ce soit avec 3D Mark ou Basemark X.L?Exynos 7580 est, quant à lui, un peu en retrait. Cela se justifie par l?écran Full HD du Galaxy A5 (2016) et des 2 Go de mémoire vive. Notez que le M5 en version 2 Go devrait être moins performant. Attention donc lors de votre achat.
Une bonne plate-forme multimédia
En jeu vidéo, les belles performances techniques du M5 dans les benchmarks se sont concrétisées dès le lancement de Dead Trigger 2, notre jeu étalon. Il s'est laissé séduire et s'est positionné de lui-même sur la meilleure qualité graphique possible. Mais c'est trompeur, car cela a occasionné quelques ralentissements, notamment lors des chargements et lors des phases de jeu où de nombreux ennemis sont à l?écran. Cependant, pour un smartphone à moins de 200 euros, la performance est bonne.
En vidéo, nous avons pris plaisir à retrouver le lecteur vidéo de Meizu : l'un des meilleurs lecteurs multimédias du marché, capable de tout décoder, capable d'offrir des options de sous-titrage que les autres n'ont pas. Avec Archos Video et l'application intégrée à Touchwiz de Samsung, le lecteur de Meizu est l'un des seuls qui ne vous forceront pas à vous rendre dès le départ sur le Play Store pour l?échanger contre un autre. Seul point négatif : s'il est possible de consulter des fichiers sur des serveurs locaux avec l'application « Fichiers », Meizu n'a pas intégré la même fonction à son lecteur (avec le protocole DLNA ou UPnP). Archos le fait.
En photo, ce smartphone propose une combinaison vue et revue depuis plusieurs années : un capteur 13 mégapixels avec un objectif ouvrant à f/2.2 et un flash dual tone. Seule amélioration vis-à-vis du passé : la présence d'un autofocus à détection de phase (lequel est un peu lent à faire la mise au point quand la luminosité est faible). Et nous nous attendions à un résultat plutôt moyen, sans charme ni vie, malgré la présence d'un mode expert dans l'application qui donne vie à cet ensemble photographique.
Et force est de constater que le résultat n'est pas mal du tout. La photo présentée ci-dessous a été prise avec le M5. Il y a de la lumière. Il y a de la couleur. Il y a de l?équilibre : le ciel est bien dessiné et aucune partie de la photo est plongée dans le noir (même si la ruelle en contrebas pourrait être plus visible). Ce n'est pas parfait. Cela manque un peu de contraste : les couleurs sont un peu faibles et il y a un voile qui ternit l'ensemble. Et cela manque aussi de finesse : les détails deviennent grossiers dès que vous zoomez. Mais, dans l'ensemble, les clichés sont exploitables.
Un tarif qui ne lui est pas favorable
En conclusion, le M5 est un smartphone plaisant. Il tient bien en main. Il profite d'une construction solide. Sa plate-forme est plutôt équilibrée (préférez la version 3 Go qui offre une fluidité plus soutenue). Le M5 offre une expérience que d'autres constructeurs proposent à des prix plus élevés. Bien sûr, il faut le côté plastique du téléphone. Mais à moins de 200 euros, nous ne sommes pas regardants sur la nature des matériaux.
Nous regrettons évidemment quelques petits points d'ombre observés tout au long de ce test, notamment sur l'interface : l'absence des applications Google au démarrage (parce qu'un smartphone Android sans Google, c'est comme des fraises sans crème chantilly, il y un liant qui manque), une traduction franco-anglophone parfois digne de Google Translate, un moteur de recherche absent de la boutique applicative de Meizu, etc.
Nous ne pouvons toutefois nous empêcher de penser que le M5 est moins la grande affaire en Europe qu'elle peut l?être en Chine. Ici, le M5 se fera concurrencer par l?U10 et le M3s, tous deux de Meizu, tous deux avec la même plate-forme, tous deux avec des châssis plus qualitatifs. Il est concurrencé aussi par des mobiles opportunistes, comme le Nokia 5, le Honor 5C (devenu encore moins cher), le P8 (Lite) de Huawei et même la gamme Galaxy J (2016) de Samsung.