Avec le Speed 7 et le Speed 7 Plus, la marque Zopo souhaitait conquérir le monde avec une proposition correcte, mais où nous avons relevé quelques approximations. Face à une concurrence âpre, aussi bien en Chine qu'en France, menée tambour battant par un Huawei (et Honor) bataillant sur tous les fronts, et composée d'une belle brochette de compatriotes adaptes du rapport qualité-prix (Meizu, ZTE, OnePlus, Zuk, etc.), il était important que la structure, plus réservée jusqu?à présent, prenne la mesure du challenge. Car il y a du monde sur les étals des boutiques. Et finalement assez peu de place.
Enfin un peu plus d'ambition chez Zopo ?
Avec le Speed 8, nous constatons un mieux indéniable. Il symbolise une vraie prise de conscience que le milieu de gamme n'est pas un segment pour les « gagne-petit ». Il faut de l'ambition. Il faut du tonus. Il faut arriver avec une proposition forte. Sinon, comment se distinguer d'un Zuk Z2 à 300 dollars avec Snapdragon 820 et 6 Go de RAM ? Impossible, évidemment. Il y a donc du mieux dans la proposition. En voici un résumé :
- dimensions : 152,5 x 76,3 x 9,8 mm
- poids : 164 grammes
- écran IPS 1080p de 5,5 pouces (résolution de 403 pixels par pouce)
- chipset Helio X20 de MediaTek avec deux coeurs Cortex-A72 cadencé à 2,3 GHz et huit Cortex-A53 cadencés entre 1,4 GHz et 2 GHz
- GPU ARM Mali-T880 MP4
- 4 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (non extensible)
- batterie de 3600 mAh (non amovible), compatible Pump Express Plus
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), radio FM et NFC
- USB type-C
- dual SIM
- Lecteur dorsal d'empreinte digitale
- haut-parleur mono en façade
- capteur photo Sony Exmor RS IMX230 21 mégapixels, avec objectif à 6 éléments ouvrant à f/2.2, flash LED et autofocus à détection de phase, compatibilité Quad HD en vidéo
- webcam Omnivision OV8860 8 mégapixels, avec objectif à 4 éléments ouvrant à f/2.0flash LED, compatible Full HD en vidéo
- Android 6.0 Marshmallow sans surcouche
Dans cette fiche technique, vous pouvez constater de nombreuses améliorations face au Speed 7. Plus de RAM, plus de stockage interne (mais le lecteur de carte microSD disparait), batterie plus grande, meilleur équipement photographique, chipset plus puissant, connectivité mise à jour, etc. Il n'y a finalement que l?écran qui ne bénéficie pas d'une montée en gamme puisque la dalle du Speed 7, déjà Full HD, mesurait 5 pouces, contre 5,5 pouces ici. Soit une résolution en baisse. Mais ce n'est finalement qu'un détail. Dernier point qui nous servira de fil rouge lors de la partie technique : cette fiche technique ressemble beaucoup à celle du Pro 6 de Meizu, testé dans nos colonnes en mai dernier. Et cela n'est certainement pas un hasard.
Un look premium...
Commençons d'abord par l'aspect extérieur mobile. De face, le mobile ne ressemble pas beaucoup à son ainé. Le logo de la marque n'est pas présent. Et le haut-parleur mono dorsal a été déplacé à l'avant, sous l?écran. Visuellement, il se compare ainsi davantage à l'Idol 3 d'Alcatel, aux K4 Note et Vibe X3 de Lenovo, ou encore au Nexus 6 de Motorola. De belles références s'il en est. De dos la ressemblance est déjà plus flagrante avec le capteur photo rond sur la partie supérieure, souligné par le flash et le logo du constructeur. Différence de taille en revanche : entre la griffe de Zopo et la double LED s'insère un lecteur d'empreinte digitale.
Ce dernier est le premier point mitigé sur le Speed 8. C'est une excellente idée que d'intégrer un lecteur d'empreinte (même si nous ne sommes pas particulièrement fans du positionnement dorsal, car cela oblige à utiliser l'index plutôt que le pouce). Mais, même si l'initiative est bonne, elle le serait encore plus si l'intégration avait été à la hauteur. Or, dans le modèle que nous avons reçu en test, la plaque où il faut poser le doigt pour l'identification est très enfoncée dans la coque, ce qui complique la lecture de l'empreinte. De plus, il y a du jeu (un cliquetis se fait entendre), ce qui n'est pas très qualitatif. Heureusement, ce constat ne s'applique pas au reste du téléphone.
... mais une construction qui l'est moins
Ce qui nous ramène à l'aspect ostentatoire du téléphone : un haut-parleur frontal qui répond à l?écouteur téléphonique (en faisant croire qu'il s'agit d'un système stéréo), un capteur Sony 21 mégapixels, un chipset deca-core, un large écran Full HD, un lecteur d'empreinte digitale, le tout dans un châssis fermé (mais pas unibody) au « look métal », comme le site officiel l'explique. Comprenez que cela n'est qu'un artifice, puisque rien n'est vraiment « premium » : la coque et les tranches sont en polycarbonate et imitent l'aluminium (brossé à l'arrière et brillant sur les tranches). De même, l?écran n'est pas recouvert d'un verre de protection, mais d'un film posé astucieusement dessus (mais visible tout de même).
Ergonomiquement, le Speed 8 ne fait pas dans l'originalité, même si la marque le souhaitait. Sur la tranche de gauche, nous retrouvons le tiroir avec les deux SIM (incompatible avec les cartes microSD, dommage), tandis que les contrôles du volume et la mise en marche se trouvent à droite. Sur la tranche inférieure se trouve le micro et le port USB type C. A leur opposé, le jack 3,5 mm sans micro secondaire (lequel est situé à côté du bloc photo). L?écran du smartphone est plutôt de bonne qualité dans l'ensemble, avec des angles de vue ouverts, des couleurs respectées et des contrastes marqués. Même la luminosité est dans la bonne moyenne. Dommage qu'une dalle de verre n'ait pas été ajoutée pour améliorer la glisse sous les doigts (et réduire les traces).
Une version d'Android dépouillée
Une fois l?écran allumé, le Speed 8 nous réserve deux petites surprises. Et elles sont bonnes ! D'abord, la version d'Android installée est Marshmallow (6.0), ce qui n'est pas systématique chez aucune marque, même les plus connues. À l'allumage, une mise à jour doit d'ailleurs être installée. Elle pèse 300 Mo environ. La seconde bonne surprise est l'absence de surcouche depuis l'installation de la mise à jour. Le smartphone se dote même du Google Now Launcher (panneau dédié à l'assistant virtuel compris), comme pour un Nexus.
De fait, le smartphone n'inclut que les applications Google et quelques logiciels supplémentaires pour quelques fonctionnalités avancées : un gestionnaire de fichiers, une application pour la radio FM, ainsi qu'un lien vers le service client Zopo. Nous avons largement vu pire comme proposition. Avouons aussi que la proposition des Nexus n'est pas toujours la plus optimale : l'application photo est minimaliste, Galerie est un bien piètre lecteur vidéo, sans parler des quelques doublons préinstallés (client email AOSP et Gmail, Galerie et Google Photos, etc.).
Cela n'a pas empêché le constructeur de faire quelques modifications en arrière-plan. En vous rendant dans le menu des paramètres, vous y trouverez quelques fonctions additionnelles : HotKnot pour l?échange de fichiers sans contact (une application MediaTek), Gesture Sensing qui active certaines applications en fonction de vos gestes et Smart Wake pour débloquer le mobile sur écran éteint. Vous remarquerez que, comme d'autres acteurs chinois (nous pensons notamment à Meizu), la traduction française du menu de paramétrage, pourtant le plus important, n'est pas faite à 100 %.
Une interface austère, peut-être même trop
Dépourvue de surcouche, mais aussi de gestionnaire de thème, l'interface est ici assez peu « personnalisable », contrairement au HTC 10 par exemple et ses thèmes libres. Cependant, il y a un bon côté à cela : Android est fluide, à défaut d?être léger. Car, sur les 32 Go de stockage « promis », l'utilisateur n'a accès qu?à 25,5 Go environ, dont une bonne partie est due au stockage de la ROM (et une autre à l?écart de formatage). La fluidité est essentiellement due à la présence des 4 Go de mémoire vive, dont 40 % environ sont dédiés à Marshmallow. Ce qui laisse largement de quoi lancer un jeu ou une application gourmande.
En outre, l'autonomie du Speed 8 est bonne, puisque le téléphone est resté en veille plusieurs jours sans s?éteindre, certainement en partie grâce à Doze de Marshmallow, et a su rester éveillé durant tous nos tests techniques. C'est la grande force du Helio X20 : savoir gérer la consommation d?énergie en fonction des besoins. Car, pour la puissance, le deca-core n'est pas à la hauteur de la concurrence (Apple A9, Snapdragon 820, Exynos 8890 et même Kirin 955). Cela se vérifie avec les scores sur les benchmarks. Avec AnTuTu, le Speed 8 ne parvient pas à dépasser les 100 000 points. Si Zopo affirme avoir frôlé cette limite, nous n'avons jamais été plus loin que les 85 000 points.
Des performances simplement correctes
Sur Basemark OS II, il obtient une note supérieure à 1300 points, soit l?équivalent d'un Snapdragon 801. Sur Geekbench, il atteint 1633 points en single-core et 3805 points en multi-coe. Sur chacun de ses tests, le Helio X25 installé dans le Pro 6 réalise des scores évidemment meilleurs. Étonnamment, en consultant l?historique des tests effectués sur des smartphones de Meizu, nous constatons que le Speed 8 de Zopo parvient au même score que le Pro 5, sous Exynos 7520. Nous ne sommes donc pas à la hauteur des « flagships », comme la marque aimerait se positionner. D'autant que, durant ces tests, le chipset a clairement eu très chaud. Comme l?Helio X25, d'ailleurs.
Côté graphisme, 3DMark confirme l'impression que nous avait donnée le Meizu Pro 6 avec son GPU ARM Mali-T880 MP4. Les scores des deux terminaux sont dans la même fourchette (entre 10 000 et 15 000 points sur Ice Storm Unlimited). Pour la première fois avec le Speed 8, nous incluons les résultats de Basemark X, un test graphique dont les scores correspondent, respectivement à la qualité d'affichage moyenne et haute. Nos prochaines prises en main inclueront ce benchmark, plus lisible (mais moins complet) que GFXBench.
Un peu juste en multimédia
Les résultats de ces différents tests se reflètent naturellement en jeu. Avec Dead Trigger 2, nous avons bénéficié d'une expérience de jeu relativement correcte, même si nous avons rencontré quelques ralentissements et quelques lenteurs dans les chargements, que nous ne rencontrons habituellement pas dans le haut de gamme. Nous avons eu la bonne surprise de constater que notre application ludique étalon se positionne automatiquement sur les réglages graphiques les plus élevés. Ce qui, en théorie, devrait nous rassurer sur l?Helio X20. Mais, dans la pratique, ce n'est pas le cas.
En vidéo, aucune bonne surprise non plus, mais aucune mauvaise non plus. Le smartphone est capable de décoder sans peine une vidéo en Full HD, sans ralentissement. Et le bel écran de 5,5 pouces offre un très bon rendu. Bien sûr, l'absence d'une véritable application vidéo se fait sentir, Galerie d'AOSP étant à la hauteur de sa mauvaise réputation (manque de codecs, pas d'option avancée, etc.). Heureusement, un petit passage dans le Play Store corrige ce petit manque.
Mieux que le Speed 7 en photo
En photo, compte tenu des changements apportés aux composants, il y a évidemment du mieux, même si tout n'est pas encore parfait, loin de là. Premier problème : Google Camera. L'application a beau être développée par Google et proposée dans tous les mobiles Nexus, ce contrôleur d'appareil photo est particulièrement frustrant, surtout pour ceux qui aiment mettre les mains dans le cambouis et les réglages fins. Ici, un seul mode, des filtres et l'activation du HDR. Points. Google Now Launcher, c'est un choix qui a ses avantages, mais aussi ses défauts.
Second problème, le brouillard permanent sur les photos. Vous vous doutez, nous avons choisi ici la meilleure photo de notre série pour illustrer cet article. Et pourtant, il y a comme un halo de lumière qui ternit la scène. Résultat, il n'y a pas de contraste, les couleurs sont délavées et les détails disparaissent au moindre zoom. Cependant, comme nous le signalions avant, il y a du mieux. La scène n'est plus uniformément grise et le capteur parvient à offrir un certain équilibre : pratiquement aucune partie de la photo n'est plongée dans le noir. Le mode HDR pourrait certainement corriger en partie cela.
Photo prise avec le Zopo Speed 8
Bien mieux qu'avant, mais toujours pas à la hauteur
En conclusion, le Speed 8 est indéniablement d'une meilleure qualité que le Speed 7. Quel que soit le détail qui vous tient à coeur, le Speed 8 améliore la proposition de son prédécesseur, soit dans la résolution de l?écran. Choisir un Android nu est une bonne idée. Choisir un capteur Sony de meilleure qualité est une bonne idée. Intégrer un capteur NFC et un lecteur d'empreinte est évidemment une bonne idée. Choisir une grosse batterie est aussi une bonne initiative.
Mais toutes ces bonnes initiatives ont un prix : le mobile est proposé autour des 300 euros (et généralement plutôt au-dessus qu'en dessous), contre un prix inférieur à 200 euros pour le Speed 7. Et à 300 euros, aujourd?hui, le consommateur a le droit d?être un peu plus exigeant sur la qualité des finitions et des composants, sans parler de l'expérience globale. D'autant que sous la barre des 300 euros, le métal fait son apparition, tandis que la qualité des capteurs photo se renforce. Aujourd?hui, à 300 euros, il est possible de s'offrir le OnePlus 2, le ZenFone 2 ZE551ML, le Honor 7, le Meizu MX5 ou encore le Zuk Z1, tous de bons produits.