Tout savoir sur : BlackBerry va-t-il bientôt abandonner BlackBerry World ?
John Chen, patron de BlackBerry depuis novembre dernier, est pragmatique. Connu pour ses stratégies sans demi-mesure pour redresser une entreprise, il a fixé un cap pour sortir la firme canadienne du miasme dans lequel il l’a trouvée. Renforcement des architectures pour les entreprises. Externalisation d’une partie du développement produit (notamment sur l’entrée de gamme). Déploiement de BBM sur toutes les plates-formes concurrentes. Et retour du clavier physique si cher aux fans de la première heure. Et renforcement de la compatibilité de BB 10 avec Android.
L'Appstore d'Amazon bientôt dans un BlackBerry
Amazon App Store arrivera avec BlackBerry 10.3
Mais il faut bien que cette compatibilité serve à quelque chose. Selon Reuters, BlackBerry aurait signé un accord avec Amazon pour intégrer l’App Store de ce dernier dans tous les BlackBerry fonctionnant avec la 10e itération de son OS. Les utilisateurs de BlackBerry pourront ainsi acheter des applications, mais également des services, auprès d’Amazon, presque comme s’il s’agissait d’un Kindle Fire (ou d’un Fire Phone...). La boutique applicative d’Amazon compte actuellement 240 000 produits, dont Groupon, Netflix, Pinterest, Candy Crush Saga ou Minecraft. Bien sûr, il y aura quelques doublons avec le BlackBerry World, mais c’est un moindre mal. Arrivée prévue d’Amazon App Store dans BlackBerry cet automne, à l’occasion de la mise à jour BlackBerry OS 10.3.
John Chen le disait lui-même lors de la conférence organisée en début de mois par Re/code : BlackBerry n’a plus les moyens de séduire les développeurs, car la base installée de smartphones continue de fondre et a dépassé un seuil en dessous duquel les créateurs d’applications craignent pour le retour sur investissement. Intégrer l’App Store d’Amazon est donc un bon moyen de mutualiser les bases installées, d’autant que la clientèle des BlackBerry et des Kindle Fire ne semble pas si proche.
Tout le monde y gagne... sauf l'App World
Coup de maître, ce partenariat est un accord « Win-Win-Win-Win » comme disent les Anglo-saxons : pour Amazon (qui va réaliser du chiffre d’affaires sans rien faire tout en gagnant un argument auprès des développeurs), pour les créateurs d’applications (dont l’audience potentielle va croître d’un coup), pour les usagers de BlackBerry (qui vont voir arriver un quart de million d’applications, une révolution) et pour le fabricant lui-même (qui va bénéficier d’un partage des revenus, regagner en attractivité et se débarrasser de la gestion des développeurs).
Mais une dernière question se pose : que va devenir le BlackBerry World ? La boutique du constructeur est antidatée et vide. Plus personne ne souhaite développer sur cette plate-forme et BlackBerry n’a certainement plus de temps à perdre à draguer les développeurs. L’accord avec Amazon semble être un tournant pour cette boutique qui pourrait parfaitement se contenter de gérer les mises à jour système et le déploiement des solutions pour les entreprises. Ou même disparaître totalement.