Au départ, l?histoire paraissait trop belle. Pete Lau, après 15 ans d'ancienneté chez Oppo, présente son premier smartphone dans sa nouvelle société, OnePlus. Un mobile qu'il veut être le meilleur techniquement, mais aussi le meilleur économiquement. La recette est alors simple : un excellent smartphone, des marges très réduites, pas de marketing, un support en ligne, une production au compte-goutte et une équipe réduite. Bref, une start-up en qui nous aimerions avoir confiance, mais pour laquelle nous doutons qu'elle la mérite à 100 %.
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C'est alors sur un coup de tête, après avoir reçu une invitation à acheter le OnePlus, que la rédaction de LesMobiles.com, a cassé sa tirelire. Nous avons acheté le One de OnePlus, en version 64 Go (sinon ce n'est pas drôle) et avons attendu quelques jours avant de recevoir « le précieux » par Chronopost (en provenance de la plate-forme britannique qui gère la logistique européenne). Le test que vous lisez aujourd?hui est donc le résultat de plusieurs semaines de tests. Et autant vous le dire tout de suite : le One est impressionnant.
Une fiche technique presque parfaite
Mais avant de faire le tour du smartphone, passons en revue sa fiche technique :
- Écran LTPS Full HD de 5,5 pouces (401 points par pouce) conçu par Japan Display
- Protection Gorilla Glass 3 de Corning
- Chipset quad-core Snapdragon 801 cadencé à 2,5 GHz
- GPU Adreno 330 cadencé à 578 MHz
- 3 Go de mémoire vive
- 16 ou 64 Go de stockage interne (non extensible)
- Batterie 3100 mAh non amovible
- Capteur photo Sony Exmor RS IMX214 13 mégapixels, lentille à 6 éléments ouvrant à f/2.0, double flash true tone, compatible 4K en vidéo, mode ralenti en 720p à 120 fps
- Webcam 5 mégapixels
- Double haut-parleur sur la tranche inférieure
- Compatible LTE, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.0, NFC
- 8,9 mm d?épaisseur
- Poids : 162 grammes
Des accessoires quasiment absents
Quasiment aucun défaut dans cette fiche technique encore très actuelle, même si les premiers smartphones sous Snapdragon 805 apparaissent depuis cet été. Mais l'intégration de ce dernier ne se justifie pas encore totalement, puisque l'apport majeur de ce chipset, vis-à-vis du Snapdragon 801 est la compatibilité avec la 4G+ (LTE catégorie 6). Pour le reste, la plate-forme est, sur le papier, très équilibrée. Et, comme nous le verrons, ce se confirme à l'usage.
Le câble USB est droit et reprend le rouge du logo OnePlus
Pour commencer le tour du propriétaire, sachez que le smartphone est contenu dans une boîte carrée pas très épaisse. Elle contient simplement le smartphone, un câble USB plat et un outil pour débloquer la trappe de l'emplacement de la carte SIM. Pas de casque offert. Pas de guide de démarrage rapide. Et l'adaptateur secteur est fourni en supplément. Toute la valeur du produit est vraiment concentrée sur le smartphone et non sur les accessoires.
Une texture « peau de pêche »
Justement, explorons le design de ce smartphone. À première vue, Pete Lau est parti de chez Oppo avec quelques designers, car le smartphone ressemble beaucoup aux Find 7 et Find 7a. De face, nous retrouvons une grande dalle où ne se remarquent que l?écouteur téléphonique, la webcam, les capteurs habituels et la diode de notification. L?écran est légèrement surélevé vis-à-vis du châssis et un liseré argenté, qui fait en fait tout le tour, est visible. Une fois allumé, vous remarquez que le One dispose d'un pavé tactile avec les touches de navigation d'Android. Vous avez le choix entre activer cette zone ou la désactiver pour utiliser des boutons intégrés à l'interface.
Une construction assez classique, même sobre
À l'arrière, première vraie bonne surprise : la coque arrière est en plastique, mais recouverte d'une texture « peau de pêche » très agréable au toucher. En haut, vous retrouvez le capteur Sony accompagné du flash true-tone. À droite du capteur se trouve le micro secondaire pour la réduction active de bruit ambiant. En bas, le fameux logo FCC CE pour lequel OnePlus a dû retarder la sortie du One (car l'entreprise l'avait modifié). Sur les tranches, quelques détails à noter. À gauche, le volume et la trappe pour la carte SIM. À droite, le bouton d'alimentation. En haut, le port jack 3,5 mm et un autre micro secondaire pour la réduction de bruit. En bas le port microUSB, les deux grilles des haut-parleurs stéréo et le micro téléphonique.
La trappe du port USB se débloque avec un accessoire similaire à celui des One de HTC
Une prise en main ferme
La prise en main du One rappelle clairement celle du Nexus 5. À la différence près que le Nexus 5 offre un écran de 5 pouces et que le One propose un écran plus grand. En cela, le One est très agréable : nous n'avons pas eu l'impression de tenir une phablette. Le mobile est léger pour sa taille. Et la texture de la coque offre un maintien ferme. Contrairement au Z3, par exemple, ce smartphone ne vous glissera pas entre les doigts.
Imitant la concurrence haut de gamme, l'APN est accompagné par un flash true tone?
En revanche, l?écran glisse à merveille, une caractéristique du verre Gorilla de Corning, tout en répondant à chaque sollicitation. Ce qui ajoute considérablement à l'excellente impression que procure le One. Une fois le mobile sous tension, la qualité de l?écran se révèle digne de la réputation de Japan Display. La dalle LTPS offre tout ce que vous êtes en droit d'attendre d'un écran haut de gamme : du piqué, du contraste, du détail, des couleurs respectées, de la luminosité. Voilà qui fait plaisir.
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Android KitKat ? Non CyanogenMod 11S !
La seconde excellente surprise est l'interface. Quand nous nous imaginions l'interface du One, nous avions en tête celle de CyanogenMod, puisque Cyanogen fournit une ROM personnalisée d'Android KitKat 4.4.4 au smartphone numérotée 11S. Loin d?être aussi confuse que la ROM custom, la surcouche basique proposée par Cyanogen, appelée Trebuchet, reprend les grands principes d'Android stock tout en lui ajoutant une petite saveur exotique et quelques éléments de personnalisation supplémentaire.
Trebuchet est modifiable à loisir grâce aux thèmes
Dans les paramètres et la zone d'accès rapide, de nouvelles options apparaissent
La gestuelle tactile inspirée de la concurrence (Oppo, LG). Les applications système sont toutes retravaillées, notamment Horloge et Galerie. Une zone d'accès aux réglages rapides vraiment adaptable et bien plus complète. L'iconographie est personnalisée avec ce côté carré très « flat design ». Le mobile est certifié Google et propose l'ensemble de la suite Google, Play Store inclus. Voilà pour les plus inquiets.
Les versions CyanogenMod d'Horloge (à gauche) et Galerie (à droite)
Il y a même quelques applications supplémentaires. L'explorateur de fichier, par exemple, qui vous empêche d'aller fureter dans certains coins du système où vous n'avez pas à vous rendre. Screencast qui permet de réaliser des vidéos de son écran.. AudioFX qui propose de calibrer l?égaliseur audio. Ou encore Galerie de Thème grâce auquel vous téléchargez des thèmes, des polices, des fonds d?écran, des packs de son, des animations ou des styles d'icônes qui modifieront entièrement l'interface du smartphone. Certains articles sont gratuits, mais la majorité est payante (compte Cyanogen obligatoire). Le thème installé ici est Hexo de Cyanogen. Plus que de simples lanceurs d'application, les thèmes personnalisent entièrement le mobile, comme une surcouche sans les désagréments.
De gauche à droite : AudioFX, Explorateur de fichiers et Galerie de Thème
Plusieurs modes de performances à choisir
Dans l'ensemble, le smartphone est d'une très bonne fluidité. Mais ses performances sont adaptables, ici aussi. L'un des réglages rapides disponibles rarement proposés et vraiment utiles est l'accès au profil de performance. Trois sont proposés : équilibré, économique et haute performance. Notez que le profil ne change pas dynamiquement. Vous devez le changer manuellement selon vos besoins. Logiquement, si vous ne jouez pas, le laisser sur le profil économique est un bon réflexe, car le mobile gagnera considérablement en autonomie (plusieurs jours sans le recharger). Si vous êtes joueur, passez-le alors sur le profil le plus élevé pour un gain de performance incroyable.
Résultats AnTuTu avec le profil économique et le profil performant
Et c'est la troisième excellente surprise de ce One. Nous avons réalisé plusieurs phases de test pour comparer les différents profils. Nous avons lancé AnTuTu avec le profil économique. Le One atteint 25 597 points. Le rapport confirme le profil : les quatre coeurs du Snapdragon 801 sont cadencés à 1,1 GHz (l?Adreno 330 reste à la même vitesse, ce qui explique l'excellent score en graphisme 3D).
Classement du One sur AnTuTu et résultats de 3DMark
Passons au mode performant. Ici rien à voir, puisque le One atteint les 47 599 points. Un superbe score, meilleur encore que celui du Z3 enregistré la semaine dernière (44 258 points). Comme vous pouvez le voir, tous les scores augmentent (même celui de l'affichage 3D), notamment ceux liés au CPU. Il faut dire que dans ce mode, les quatre coeurs sont cadencés à leur maximum, 2,5 GHz. Cette note est corroborée par 3DMark. Le One atteint sur Ice Storm Unlimited (le benchmark le plus ardu) 20 574 points. Inutile de vous rappeler qu'un mobile qui va au-delà des 20 000 points ne craint absolument rien.
Plus que capable en jeu et en vidéo
C'est évidemment en jeu vidéo que ce smartphone, dans son profil le plus musclé, nous a procuré les meilleures sensations. Évidemment, l'autonomie est bien moindre, mais le One en a visiblement sous le pied. Nous avons joué aux deux jeux testés sur Xperia Z3 : Modern Combat 5 de Gameloft et Dead Trigger 2 de Madfinger. Dans les deux cas, nous avons naturellement réglé les graphismes au maximum. Dead Trigger était clairement trop facile à faire tourner pour le One. Il n'y avait aucun enjeu.
Modern Combat 5 de GameLoft sur le OnePlus One
Sur Modern Combat 5, un jeu plus ambitieux, toute l'expérience de jeu est là : les effets de lumière, les gouttes d'eau, les traces de sang, la fluidité. Et mieux encore : si vous avez une manette type C.T.R.L. de MadCatz, vous avez tout ce qu'il faut pour vous faire quelques parties dignes d'une console HD. Peut-être un léger regret : comme sur iPhone, le placement des haut-parleurs n'est pas optimal pour jouer. Nous préférons la position de HTC et Sony sur ce point.
Pour la vidéo, le One est évidemment capable de prendre en charge tous les fichiers habituellement pris en charge par Android. Le résultat est certes impressionnant, mais cela semble logique. Côté format, le lecteur du One, également retravaillé par Cyanogen, parvient à décoder quelques codecs supplémentaires, face au lecteur basique d'Android stock. En revanche, face à VLC, ce lecteur ne fait naturellement pas le poids. Que ce soit avec le One de OnePlus ou avec tout autre smartphone (hormis les Archos qui profite de l'excellent Archos Video), nous vous le recommandons chaudement.
Lecteur vidéo CyanogenMod
Un peu moins surprenant sur la photo
En photo, nous sommes face à un capteur photo que nous avons déjà rencontré en d'autres occasions. Moins talentueux que l?Exmor qui équipe de Z2 et le Z3, il est du même calibre que le capteur photo du G3 de LG. Également rapide à faire la mise au point, sans parvenir à la même vélocité que le capteur infrarouge, le résultat est bon, mais pas tout à faire à la hauteur des attentes. C'est d'ailleurs la première fois que le One est simplement « bon ». Dans le détail, le capteur gère mal les différences d'exposition. Ce qui l'amène souvent à réaliser des clichés surexposés ou sous-exposés, selon l'endroit où vous choisissez de faire la mise au point. Avec un peu de pratique, vous saurez comment réagit le capteur et obtiendrez de très bons clichés, avec des nuages détaillés dans le beau ciel parisien d'automne et des passants détaillés dans l'avenue de l?Opéra.
Application photo du Oneplus One
Pourtant, l'application photo qui accompagne cet APN propose une multitude d'options et de réglages (pas autant que chez Sony, mais quand même) autant en photo qu'en vidéo. L'application propose même de gérer le zoom avec les boutons volume et le déclencheur avec le bouton de mise en veille. C'est pratique pour les fans des boutons matériels. Notez également la présence d'un mode macro, d'un mode nuit et d'un mode rafale. Sans oublier un nombre incalculable de modes scène. Il y en a pour tous les goûts.
Photo prise avec le Oneplus One
Comment ne pas craquer pour une telle proposition ?
En conclusion, ce OnePlus One mériterait clairement d?être plus facilement accessible dans le commerce. Il est de loin la meilleure affaire à faire actuellement. Car, pour rappel, la version 64 Go du smartphone est proposée à 299 euros (hors frais de port d'une vingtaine d'euros). À ce prix, vous avez un smartphone qui offre l'une des meilleures plates-formes disponibles.
Non, il n'est pas le meilleur en photo. Non il ne propose pas de capteurs biométriques. Non, il n'est pas en métal. Non, il n'est pas QHD. Pour tout cela, vous avez d'autres modèles à 500, 600 ou 700 euros (voire même 1019 euros). En revanche, si vous cherchez un excellent smartphone économique, inutile de chercher plus longtemps : le OnePlus One est clairement le meilleur rapport qualité-prix testé dans nos colonnes jusqu?à présent. Même le Nexus 5, notre chouchou jusqu'en début d'année, est surpassé. Reste à savoir si vous accorderez, comme nous l'avons fait, votre confiance à une marque chinoise, toute jeune, distribuée uniquement sur Internet, avec un support client sous la forme d'un forum participatif.