La gamme Galaxy Note a toujours régné quasiment sans partage sur le segment des phablettes. Alors que certains constructeurs proposaient des expériences presque équivalentes avec des matériaux plus nobles (HTC One Max, Xperia Z Ultra, etc.), l'offre de Samsung, alors représentée par le Note 3, tenait bon son rôle de leader. Mais cette année, alors que Sony et HTC n'ont pas montré de velléité à venir chercher le Note 4, un autre concurrent s'est décidé. Et pas n'importe lequel : Apple.
Avec l'iPhone 6 Plus, et malgré une sévère campagne de dénigrement suite au Bendgate, la firme de Cupertino parvient à créer la surprise, notamment au niveau commercial, alors que sa phablette est clairement hors de prix. Y a-t-il de quoi faire trembler le géant coréen ? Pourquoi pas ? Car, même si le Galaxy Note 4 compte sur de nombreuses qualités, les consommateurs attirés par les écrans supérieurs à 5 pouces ne seront plus obligés de se tourner vers Android. Ils auront le choix. Un choix qui n'est pas toujours favorable à Samsung, référence aux résultats catastrophiques du Coréen.
Une fiche technique presque irréprochable
Cependant, Samsung n'est pas le leader des smartphones à grand écran pour rien. Car le Galaxy Note n'est pas simplement une phablette. C'est une expérience complète avec un smartphone puissant, un stylet tactile malicieux et l'interface TouchWiz qui vient habiller Android. Nous reviendrons sur chacun de ces éléments. Commençons d'abord par la plate-forme technique :
- Écran Super Amoled QHD de 5,7 pouces pour une résolution de 515 pixels par pouce
- Protection Gorilla Glass 3 de Corning
- Chipset Snapdragon 805 de Qualcomm composé de 4 coeurs Krait 450 cadencés à 2,7 GHZ et d'un GPU Adreno 420 cadencé à 600 MHz
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne extensible par microSD
- Batterie 3220 mAh amovible
- Appareil photo principal de 16 mégapixels avec stabilisateur optique et optique ouvrant à f/2.4
- Webcam 3,7 mégapixels à l'avant avec optique grand-angle (90°) ouvrant à f/1.9
- Compatible LTE catégorie 6, WiFi ac mimo, Bluetooth 4.1, NFC, infrarouge, GPS
- Baromètre, accéléromètre, boussole numérique, lecteur d'empreinte, cardiofréquencemètre, capteur UV
- Stylet S-Pen de 15 grammes avec 2048 niveaux de pression
- Android 4.4.4 avec surcouche TouchWiz
- Épaisseur : 8,5 mm
- Poids : 176 grammes
Dans cette fiche technique, nous n'avons évidemment pas grand-chose à dire. Sans jouer la démesure d'un capteur 41 mégapixels, en choisissant d'offrir un emplacement pour carte mémoire pour éviter d'augmenter la mémoire interne, Samsung fait ici des choix intelligents. Censés, même. Bien sûr, les tatillons trouveront toujours à redire sur la webcam un peu chiche, surtout pour les amateurs de selfies. Maisl là encore, moins de démesure ne fait pas de mal, surtout sur une gamme Galaxy Note plutôt habituée à l'exagération et l'exubérance.
Un grand Galaxy Alpha
Reprenant naturellement quelques acquis du Galaxy Note 3 et du Galaxy S5, le Galaxy Note 4 est physiquement comparable à un Galaxy Alpha qui aurait beaucoup grandi. La répartition des éléments sur la dalle avant, la coque arrière ou les tranches est quasiment identique, à deux petites différences près, toutes deux situés à l'arrière du mobile. D'abord le haut-parleur revient dans le coin en bas à gauche, et non plus sur la tranche inférieure. Ensuite, le cardiofréquencemètre et le flash sont sur le côté du capteur photo. Sur ce dernier point, le Galaxy Note 4 rappelle beaucoup le Galaxy Note 3 (et non sur le premier, car le haut-parleur était aussi sur la tranche...).
Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun que cette nouvelle phablette partage avec son prédécesseur. Nous retrouvons naturellement le lecteur d'empreinte digitale sous la partie inférieure de l?écran et le bouton « home », S-Pen dans un logement dans la tranche inférieure, ainsi que ce revêtement en faux cuir (ici nervuré et non plus lisse) qui caractérise la gamme Note. La coque est évidemment détachable pour accéder au port SIM, microSD et à la batterie amovible. Vous noterez que, contrairement au Galaxy S5, le Note 4 ne propose pas de coque étanche. Il parviendra sans doute à survivre à quelques éclaboussures, mais certainement pas à un petit bain (nous avouons ne pas avoir tenté l'expérience...).
Vous remarquerez en revanche la disparition du port microUSB 3.0 du Galaxy Note 3, du Galaxy Round et du Galaxy S5. Une interface qui ne fait pas l'unanimité chez les usagers et un composant plus cher à l'achat. Cela paraît cependant dommage, car les temps de charge sont moins longs en USB 3.0 (ce qui n'est pas anodin sur une batterie de 3220 mAh) et les taux de transfert largement meilleurs. De plus, le microUSB 3.0 est rétrocompatible avec le microUSB 2.0. Nous ne voyons là qu'une volonté de faire quelques économies.
De très belles tranches en métal
Dernier élément notable de ce nouveau Note 4 : les tranches. Nous avons adoré celles du Galaxy Alpha, superbement dessinées et intégrées à l'ensemble du smartphone. Nous regrettions même que le même genre de matériaux n'ait pas été apporté à l'ensemble du châssis. Nous avons ici le même sentiment. Les tranches métalliques sont superbes.
La découpe en biseau des angles offre une prise en main agréable. La finition mate sur les parties rectilignes, et brillante sur les parties rondes, offre un look moderne et premium à l'ensemble. Enfin, nous apprécions que les tranches métalliques viennent protéger la dalle tactile qui ne dépasse ainsi pas du cadre. Le Note 4 est bien fini, même s'il y a effectivement un petit jeu entre les tranches et l?écran (de quoi faire passer un post-it).
Cependant, cela ne gêne en rien la prise en main du smartphone. Massif évidemment, mais pas autant que la taille de son écran pourrait le suggérer, le Galaxy Note 4 tient très bien en main. La disposition des boutons est typique d'une phablette pour une manipulation à une main. L'accès au stylet est optimisé pour les droitiers (étant gaucher, je tiens le mobile de la main droite pour écrire de la main droite et l'arrondi du pouce vient gêner l'accès au stylet qui n'est accessible que si je change la prise en main).
Un écran QHD qui vaut le coup d'oeil
L?écran est évidemment l'une des forces de ce smartphone. Très grand. Très lumineux. Très détaillé grâce à la résolution supérieure à 500 pixels par pouce (contre 380 pixels par pouce pour une dalle Full HD de même taille). Et bien plus respectueux de la colorimétrie depuis la nouvelle version de la technologie Amoled, tout en conservant les taux de contraste qui la caractérisent.
Le Note 4 s'appuie donc sur une superbe dalle tactile aux angles de vision très ouverts pour une visibilité maximale. Et, évidemment, elle réagit parfaitement aux sollicitations. Le verre de protection Corning est toujours aussi agréable et glisse sous les doigts. Une fluidité qui se ressent évidemment aussi grâce à la puissance du système. Mais nous y reviendrons.
La même surcouche que sur le Galaxy Alpha, S-Pen en plus
Car il est temps d'explorer le système d'exploitation et les logiciels proposés par Samsung. Le Note 4 s'appuie sur Android KitKat 4.4.4, habillé comme toujours de TouchWiz. Et plus précisément la même version que nous avons découverte avec le Galaxy Alpha. Les widgets sont les mêmes (mais adaptés à un écran plus grand d'un pouce de diagonal), ainsi que l'architecture graphique.
Nous retrouvons aussi, comme par hasard, la suite Samsung en première page du menu applications et la suite Google en seconde page. C'est de bonne guerre. Toujours opéré par Flipboard, Magazine UX, qui se trouve sur le panneau de gauche de l?écran d'accueil, a légèrement évolué, mais reste globalement très proche.
Ecran d'accueil, multi-tâche et Magazine UX
Deux points sont à noter dans l'interface TouchWiz du Note 4. D'abord, en réalisant un appui long sur la touche retour, vous accédez au menu des applications multifenêtres. Et leur nombre est assez impressionnant. Ensuite, si vous sortez le S-Pen de son emplacement, le Galaxy Note le détectera automatiquement et vous le signalera. Il déclenchera automatiquement Air Command (par défaut, mais vous pouvez demander à ouvrir Action Memo) pour accéder aux fonctions spécifiques de S-Pen (Action Memo, Capture, Image Clip et Selection Intelligente).
Accès à la fonction multi-fenêtre
Notez aussi qu'un widget propose d'accéder à Action Memo. Le stylet permet de réveiller le smartphone si vous le sortez de son emplacement, ce qui n'est pas le cas s'il en est déjà sorti. Toutefois, il est possible d'accéder à Action Memo depuis l?écran de verrouillage. Pratique.
Air Command, Action Memo sur écran de vérouillage, et S-Note
Le plein d'applications... et de liens commerciaux
Côté applications, c'est toujours aussi riche, même si Samsung a tendance désormais à laisser l'usager aller faire son marché sur Galaxy Apps, sa boutique applicative maison. Deux widgets invitent ce dernier à profiter d'une sélection d'indispensables (tous gratuits) et de promotions exclusives. Il faut bien trouver d'autres leviers de croissance quand les marges sont réduites... Samsung n?hésite évidemment pas à surcharger le système d'applications. Impossible de toutes les présenter.
Pour les besoins de ce test, nous avons préféré nous focaliser sur des applications liées à S-Pen. Pour son stylet, le fabricant propose S-Note, un outil de prise de note très pratique (visuel plus haut), Scrapbook, qui rassemble plusieurs types de média pour en faire des collages, Pen.Up (ci-dessous), une impressionnante communauté de dessinateurs qui postent des oeuvres réalisées avec S-Pen. Notez aussi la présence assez légitime d'Evernote, aux côtés de WhatsApp, Facebook, Instagram et Dropbox (quelques Go de stockage offerts avec le Note 4).
Météo, Smart Remote et Pen.UP
Des performances de très haute volée
L'ensemble tourne donc bien. Pour le Snapdragon 805, même la surcouche qui habille Android n'est pas une difficulté. Il faut dire, la puissance de ce chipset n'est plus à prouver. Nous avons naturellement effectué quelques tests techniques pour des besoins de comparaison avec les autres plates-formes testées dans nos colonnes.
Le Note 4 atteint le score de 47 964 points sur AnTuTu, soit légèrement en dessous de l'iPhone 6 (sous A8), mais légèrement au-dessus du Galaxy Alpha (sous Exynos 7 Octa) et du OnePlus One (sous Snapdragon 801). Il devance un peu plus le Xperia Z3 et plus encore le G3 de LG. Coté 3DMark, là encore un excellent score puisque le smartphone dépasse les 20 000 points, ce qui est plutôt rare. Le OnePlus frôlait les 20 000 points sans dépasser cette barre symbolique.
Parfait pour jouer et regarder des films (ou presque)
Une telle puissance sous le capot, nous n'avons même pas essayé de lancer Dead Trigger 2 dans sa configuration par défaut. Nous avons directement activé la configuration la plus exigeante. Nous n'avons évidemment pas été déçus : tous les effets, toutes les structures et tous les détails étaient bien présents dans le jeu. C'est avec un tel écran, très grand et bien défini que nous voyons tous les défauts du jeu. Cela n'a pas que des avantages d'avoir un grand écran très bien défini...
Côté vidéo, nous sommes en présence du même lecteur multimédia que sur le Galaxy Alpha. Cela veut dire qu'il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c'est que le lecteur multimédia est capable de lire tous les formats de fichiers vidéo, du MP4 au MKV, en 720p ou en 1080p. Il serait même en mesure de lire de la 4K si vous en aviez (en réalisant des prises de vue en Ultra HD par exemple, puisque le Note 4 est compatible). Ce lecteur est également capable de décoder les sous-titres encapsulés dans les formats MKV. Une très bonne nouvelle.
La mauvaise, en revanche, ce sont évidemment les quelques codecs audio qui ne sont pas pris en charge. Si le MP3 est un format obligatoire, l?AC3, qui est pourtant assez répandu ne l'est pas. Attention aussi aux doigts qui traînent au dos de l'appareil et qui pourrait obstruer le haut-parleur.
Enfin un stabilisateur optique pour la photo
Enfin, côté photo, nous sommes face à un appareil qui est fait pour la mobilité, mais pas forcément pour réaliser des oeuvres d'art. Le capteur 16 mégapixels réalise des photos un peu ternes, mais lumineuses et toujours d'une grande netteté grâce à un stabilisateur optique. Pour l'occasion, nous avons pris la photo ci-dessous dans des conditions de lumière plutôt faible, en fin d'après-midi. Le capteur a d'emblée augmenté la sensibilité, ce qui a tendance à flouter la photo si l'utilisateur bouge un tant soit peu. Et là, rien. En soirée, le stabilisateur optique souffre grandement, car l'appareil photo ne semble pas capter assez de lumière pour réaliser rapidement son cliché. La photo est nette, mais avec du grain.
Photo prise avec le Galaxy Note 4
L'application photo fait la part belle aux modes automatiques. Le mode automatique intelligent s'adapte logiquement à la scène (nuit, paysage, portrait, macro), vous laissant l'accès à quelques réglages (qualité des photos, mode HDR, flash). Il y a quelques modes intéressants préinstallés et d'autres sont à télécharger. Tous ces modes, à rapprocher de ceux proposés par l'application photo des Xperia de Sony, sont de bonnes idées, mais leurs usages sont tellement limités qu'ils deviennent accessoires, voire gadget.
Un très bon smartphone... pour un Samsung ?
En conclusion, le Galaxy Note 4 est un très bon smartphone Samsung. Et si nous ôtons tous les éléments qui sont liés au goût de chacun (interface, design, matériaux), le Note 4 est clairement l'une des meilleures phablettes. Sur les performances pures, elle est au-dessus de la mêlée grâce à un Snapdragon 805 puissant et une batterie généreuse.
Il y aura toujours des détracteurs pour appuyer là où ça fait mal. Bien sûr que Samsung alourdit considérablement l'expérience TouchWiz avec l'ensemble des applications préinstallées et impossibles à supprimer (ce qui pourrait changer prochainement). Bien sûr, TouchWiz est aussi une interface fouillis où se multiplie les widgets marketing et les raccourcis commerciaux. Bien sûr la coque en plastique, même si l'imitation cuir est bien fichue, est indigne d'un smartphone vendu aujourd?hui à un prix supérieur à 700 euros. Mais le Note 4, comme l?Alpha, quelques mois plus tôt, montre de la part du géant coréen des signes de changements évidents... mais qui ne seront peut-être pas suffisants.
OnePlus One à gauche, Galaxy Note 4 à droite
Le roi règnera-t-il encore longtemps ? Pas si sûr...
Car la concurrence est rude. À commencer par l'iPhone 6 Plus que nous avons eu l'occasion d'essayer durant le test de la version classique. Et il est évident qu?Apple frappe très fort avec cette première phablette. Mais ce n'est pas le seul adversaire. En Chine, des modèles moins chers et aussi performants attirent les regards. Comparé au OnePlus One, le Note 4 révèle une construction légèrement meilleure, un ratio taille-écran plus élevé, une résolution plus fine, sans oublier S-Pen qui apporte une nouvelle dimension à certains usages.
Mais cela vaut-il le surcoût ? En version 64 Go, le One est vendu 299 euros. En version 32 Go, le Note 4 est proposé à 749 euros sur le site officiel de Samsung. Vous pourriez même vous acheter deux One et des écouteurs JBL en prime au lieu d'un Note 4. Une comparaison que nous pourrions faire aussi pour l'iPhone. Mais ce dernier dégage une aura tellement forte que la question du prix ne se pose pas. Il faut donc croire que Samsung n'arrive plus à dégager autant de charme.