Tout savoir sur : Le saphir est un matériau solide... mais il a ses limites !
Apple a vu son image légèrement détériorée au fil des semaines qui ont suivi le placement de son fournisseur en saphir synthétique, GT Advanced Technologies, sous la protection de la loi américaine sur les faillites. Car l’histoire lui donnait le mauvais rôle. Celui de l’entreprise qui a été trop exigeante envers ses sous-traitants, au point de refuser d’utiliser le matériau pour équiper ses iPhone 6. Mais au fur et à mesure des épisodes de cette longue saga qui a démarré quand Apple a officiellement présenté ses smartphones de 2014, le portrait du grand méchant loup s’est adouci. Et un nouvel article paru dans le Wall Street Journal hier semble le confirmer.
Celui-ci apporte quelques éléments complémentaires à l’histoire que nous connaissons déjà. Tout d’abord, nous y apprenons que l’accord passé entre GT Advanced et Apple a été signé le 31 octobre 2013, alors que la production de masse du saphir n’a véritablement commencé qu’à l’été 2014. Cela montre que GT a eu un problème. Même plusieurs problèmes, comme nous le verrons. Comment GT Advanced a obtenu le contrat avec Apple ? En faisant une promesse.
Une promesse fumeuse dès le départ
La grande difficulté avec la firme de Cupertino quand il s’agit de l’iPhone, c’est les volumes à produire. Et dans le cas du saphir synthétique, la production d’une « boule » est loin d’être facile, compte tenu de la dureté du matériau. Le temps imparti pour cuire les cristaux est considérable : 30 jours environ. La promesse est donc la suivante : GT Advanced utiliserait des fourneaux qui produiraient des boules deux fois plus grosses (un gros quart de tonne chacun) afin de pallier le problème de vitesse. De plus, chaque cuisson produisant deux fois plus de saphir, cela aurait également une incidence sur les coûts de production. Notez que tous les concurrents de GT ont refusé le contrat notamment pour une question de coût.
Les deux entreprises tombent d’accord. Apple finance à hauteur d’un demi-milliard de dollars GT Advanced technologies qui achète 2036 fours. Il était question qu’un autre demi-milliard de dollars pour racheter l’ensemble. Et concours de circonstance, le 31 octobre, jour de la signature, GT Advanced sort une première boule de saphir, laquelle est craquelée et inutilisable.
La moitié de la production inexploitable
Et ce ne sera pas la dernière, malheureusement. Selon le Wall Street Journal, la moitié des boules étaient défectueuses dès leur sortie du fourneau. Le quotidien appelle ça le Cimetière des boules (illustré par les photos qui accompagnent cet article). Une perte de temps et d’argent, chaque boule coûtant 20 000 dollars. Pour améliorer la qualité et augmenter le rythme, GT Advanced engage du personnel supplémentaire à Mesa. Mais il n’y a pas assez de fourneaux disponibles. Certains employés se tournent les pouces, mais font semblant de bosser. C’est un grand fiasco, qui s’est envenimé dès le départ avec un retard de 3 mois pris initialement sur le calendrier.
Au final, GT Advanced finira par produire des fournées plus petites. 500 boules de 35 centimètres d’épaisseur seront envoyées aux deux sociétés chargées de finaliser le matériau. Évidemment, le volume d'écrans réalisés avec ces petites boules n’étaient pas suffisant pour convaincre Apple de prendre le risque d’intégrer ce verre dans l’iPhone 6. C’est un écran proche du Gorilla Glass 3 qui sera choisi à la dernière minute. Notez que GT Advanced Technologies, qui n’a pas été très claire dès le départ, a déposé son dossier de faillite 20 minutes avant le début de la conférence d’Apple.