Yota Devices fait un peu figure d'extraterrestre dans le paysage de la téléphonie mobile. Alors que la plupart des constructeurs se sont rejoints dans une course à la puissance, aux mégapixels ou désormais à la finesse, lui fait bande à part et mise sur un second écran au dos. Un concept audacieux qu'il porte à bout de bras depuis 2012. Pas facile pour un petit constructeur russe de se faire une place sur la scène internationale mais la persévérance paie. Après une année passée à rencontrer opérateurs et revendeurs du monde entier, il parvient finalement à commercialiser son Yotaphone hors de Russie et, preuve que les ventes ont été satisfaisantes, il revient même avec une suite en 2014.
Le YotaPhone 2 a été présenté pour la première fois au mois de février mais ce n'est qu'au mois de décembre qu'il a finalement été mis en vente. Neuf mois durant lesquels la fiche technique a pris un petit coup de vieux. Pas de quoi inquiéter le constructeur toutefois. Il maintient le prix à 699 ?. Il est vrai que l'intérêt du smartphone est ailleurs mais voici tout de même ce que vous y trouverez sur le plan purement matériel :
- Android 4.4 Kitkat
- un écran Super AMOLED de 5" pour une définition de 1920 x 1080 pixels
- un écran à encre électronique de 4,7" pour une définition de 960 x 540 pixels
- un processeur quad-core Snapdragon 800 cadencé à 2,2 GHz
- un GPU Adreno 330
- 2 Go de RAM
- 32 Go de mémoire interne
- un APN principal de 8 mégapixels
- une webcam de 2,1 mégapixels
- des connectivités 4G cat.4 / Wi-Fi / NFC / Bluetooth 4.0 / GPS
- une batterie de 2500 mAh
- dimensions : 144,9 x 69,4 x 8,95 mm
- poids : 145 grammes
Pas besoin de coques interchangeables pour personnaliser l'arrière !
Posé sur le dos, le YotaPhone 2 ne paie pas de mine. Sobriété et simplicité apparaîssent comme les mots d'ordre. L'avant est entièrement couvert par une vitre qui protège un écran perdu entre des bordures noires et relativement fines sur les côtés mais larges en haut et en bas, où elles se terminent en un confortable arrondi. De cette silhouette sombre et élancée ne ressortent finalement que le haut-parleur et la webcam en haut et entre lesquels ont été discrètement intégrés les capteurs de luminosité et proximité.
Pas plus de suprise sur les tranches. Elles sont, elles aussi, arrondies pour le confort et épurées au maximum. Les deux grilles de haut-parleur qui entourent la prise microUSB en bas ne sont ni très hautes ni très larges. La prise jack est en haut. Rien à signaler à gauche. Nous retrouvons donc le bouton d'alimentation à droite, sous celui du volume qui fait également office de tiroir pour la carte nanoSIM. Et oui car, vous vous en doutez, le capot n'est pas amovible puisqu'il contient le second écran.
Il est un peu plus petit que celui en façade afin de laisser la place à l'appareil photo et son flash au-dessus ainsi qu'une petite signature en-dessous et n'affiche pas de couleurs. Il est en revanche toujours allumé et permet ainsi de personnaliser l'arrière du mobile avec l'un des papier-peints au choix ou n'importe quelle photo. Ce n'est évidemment pas sa seule utilité mais nous y reviendrons un peu plus tard. Terminons ce tour du propriétaire en disant que l'ensemble est en plastique mais très bien assemblé et semble solide en main et repassons à l'avant.
L'écran avant est tout de même la star
C'est évidemment là que vous passerez le plus de temps et ferez le plus de choses. Yota a donc opté pour une belle dalle AMOLED de 5". Elle affiche une définition de 1920 x 1080 pixels pour une résolution confortable de 440 pixels par pouce. Vous pourrez pleinement profiter de vos photos, jeux et vidéos ainsi que du navigateur internet.
Les couleurs et les contrastes sont un peu moins agressifs que ce à quoi nous sommes habitués avec de l'AMOLED mais nous retrouvons bien des noirs profonds et c'est sans doute le plus important. La luminosité est bonne. Les angles de vision sont ouverts. La vitre glisse bien. C'est un plaisir d'y retrouver Android.
Peu de travail sur Android...
La version installée n'est évidemment pas la dernière, mais 4.4.3 KitKat. Yota n'y applique pas réellement de surcouche. Nous sommes donc en terrain connu. Ecran de verrouillage avec raccourcis vers l'appareil photo. Bureau à panneaux multiples pour l'affichage de raccourcis et Widgets. Centre de notifications agrémenté de réglages rapides. Et un menu Applications.
Toutes celles que l'on y trouve au démarrage sont également installées sur le bureau. Elles incluent évidemment la suite de Google au grand complet, ainsi que quelques ajouts : YotaRSS pour suivre l'actualité, Yota Reader pour la lecture, un didacticiel, quelques jeux et YotaHub. Cette dernière permet de personnaliser l'écran secondaire et son interface spécifique.
...mais une interface spécialement développée pour l'écran arrière !
Celle-ci se compose de YotaCover et YotaPanel. Le premier est un écran de veille, avec papier peint au choix et affichage des notifications. Le second regroupe jusqu'à quatre panneaux composés de widgets. Plusieurs combinaisons sont proposées mais il est également possible de les composer soi-même en choisissant le nombre de widgets et le type : batterie, calendrier, météo, contacts, SMS, e-reader, lecteur audio, lanceur d'applications, jeux...
Le plus malin est évidemment de choisir des Widgets informatifs puisque l'écran secondaire est allumé en permanence, sans pour autant consommer beaucoup d'énergie bien sûr puisqu'il utilise de l'encre électronique. Vous pouvez ainsi poser le smartphone et garder un oeil sur ce qui vous intéresse même lorsqu'il est verrouillé. Pour déverrouiller cet écran, il suffit d'utiliser le même bouton que pour l'écran principal. Le smartphone détermine automatiquement sur lequel agir en fonction de son orientation.
L'interface est plutôt simple. La barre de navigation en bas de l'écran inclut un bouton central pour basculer entre YotaCover et YotaPanel. Une fois dans ce dernier, deux flèches l'encerclent et permettent de faire défiler les panneaux. Il est également possible de les faire défiler en balayant l'écran de gauche à droite. Lancez une application et un nouveau bouton apparaît pour en sortir et revenir à l'accueil. Balayez de bas en haut depuis le bord inférieur et vous retrouvez Google Now comme sur Android, ainsi que deux boutons.
Des écrans connectés
Le premier active Yota Mirror et permet de retrouver l'interface Android à l'arrière, ce qui n'a franchement d'intérêt que lorsque l'autonomie approche de la fin ou lorsque l'écran principal devient peu lisible en plein soleil car, même s'il est possible de lancer n'importe quelle application, l'absence de couleur et le manque de réactivité de l'écran ne font pas franchement honneur à l'OS de Google. Le second permet de faire une capture d'écran et c'est sans doute notre fonctionnalité préférée car ces deux commandes sont également accessibles à l'avant.
Imaginez que vous deviez vous rendre quelque part. Vous êtes dans la rue. Perdu. Vous sortez donc Google Maps pour chercher l'itinéraire, et ensuite ? Soit vous gardez la carte à l'écran, soit vous basculez entre vos applications pour vous occuper en marchant. Ce n'est pas toujours pratique et puis il y a toujours le risque que ce taquin de Google Maps ait perdu la destination à la reprise. Même problème lorsque le smartphone se met en veille. Sans oublier la panne de batterie qui tombe toujours mal.
Là, aucun problème. YotaSnap. La capture d'écran s'affiche automatiquement à l'arrière et y reste. Vous pouvez faire ce que vous voulez à l'avant. Vous n'aurez qu'à pivoter le poignet pour retrouver la carte. Et ce n'est qu'un exemple. Nous aurions aussi pu prendre celui des courses, lorsque vous avez le smartphone en vue mais plus aucun doigt disponible pour le sortir de veille et afficher la précieuse liste. Ces dans des situations banales comme celles-là que peut aussi servir le YotaPhone. Ce n'est pas qu'une liseuse, c'est presque une imprimante de poche.
De la lecture aux jeux-vidéo, il saura vous divertir !
Evidemment, c'est aussi un smartphone et il ne s'en sort pas si mal en tant que tel. Le Snapdragon 800 est peut-être un peu daté aujourd'hui mais il suffit amplement à faire tourner Android sans encombre, ainsi que tous les jeux du Play Store. Et, puisqu'il est livré avec 2 Go de RAM et 32 Go de mémoire interne, il y a de quoi faire même si certains regretteront tout de même l'absence de slot microSD.
Le YotaPhone 2 fera également un bon baladeur numérique avec son bel écran et son puissant haut-parleur. Quelques codecs audio manquent à l'appel mais la plupart des formats vidéo sont décodés. Preuve en est, AnTuTu Video Tester lui donne un score de 410 points. Le Galaxy Note 4 Edge ne tape pas beaucoup plus haut.
Décevant en photo
Il ne faudra en revanche pas trop compter sur l'appareil photo. Yota s'est contenté ici d'un capteur principal de 8 mégapixels accompagné d'un flash LED et de l'application de Google. Non. Pas celle qui est incluse avec Android mais celle que l'on trouve sur le Play Store sous le nom de Google Camera. Son apparence épurée n'est pas déplaisante. Le problème, c'est qu'elle l'est tout autant sur le plan des fonctionnalités avec quatre modes automatiques et presque aucun réglage manuel. Nous avons en revanche apprécié de pouvoir utiliser l'écran arrière comme viseur pour les selfies. Il affiche autrement un appareil photo.
A la sortie, les clichés ne sont pas mauvais mais loin de ce que proposent les autres constructeurs sur leurs smartphones haut de gamme. Le piqué laisse un peu à désirer et la gestion de la lumière n'est pas toujours bonne, comme sur l'exemple ci-dessous où la rue est bien éclairée mais le ciel totalement surexposé. Soulignons également une légère distorsion dans les coins mais le niveau de détails et la colorimétrie sauvent l'ensemble.
Photo prise avec le YotaPhone 2
Un deuxième écran utile mais pas indispensable
A l'heure du bilan, nous sommes un peu partagés. L'idée du second écran est bonne. Il peut servir à personnaliser l'arrière du smartphone, à avoir toujours ses notifications et certaines informations en vue, à lire sans se détruire les yeux ou encore se rendre utile dans quelques situations de la vie quotidienne. Ce ne sont toutefois que des petites bricoles qui, même accumulées, ne suffisent peut-être pas à justifier le prix réclamé par Yota.
A 699 ?, le YotaPhone 2 est plus cher que la plupart des flagships d'autres constructeurs et, si son second écran lui permet d'en faire un peu plus que les autres, il s'en sort aussi un peu moins bien sur les fonctions classiques à cause de son équipement un peu daté, processeur et appareil photo en tête.