« Libérons Android ! Libérons Android ! »C’est presque le poing levé avec une cocarde au coeur que Kirt McMaster, le patron et cofondateur de Cyanogen (à droite sur la photo, posant à côté du moins sulfureux cofondateur Steve Kondik), s’est exprimé à une conférence high-tech organisée la semaine dernière à San Francisco par la publication en ligne The Information. Lors de cet événement, il s’est présenté comme le patron d’une entreprise qui lutte pour que le système d’exploitation Android soit libéré de Google.
Un Android sans Google, c'est possible ?
Non pas pour qu’il en prenne le contrôle, mais pour qu’Android tombe dans le domaine libre, où tout un chacun serait en mesure d’en faire ce qu’il souhaite. La théorie de Kirt McMaster est simple : il est anormal que le coeur d’Android, même dans sa version open source (appelée AOSP), soit développé par Google, puis partagé par l’entreprise. Il souhaite être l’artisan d’une version d’Android véritablement libre, afin que tout un chacun ne soit pas juste présent pour agrémenter, mais pour interagir totalement avec le système. Le patron de Cyanogen explique qu’aucun développeur tiers ne serait en mesure de créer une alternative à Google Now dans les conditions actuelles. Nous serions tentés d’évoquer Blinkfeed. Mais la solution de HTC est bien pâle vis-à-vis de l’assistant personnel de Google.
Ce que Kirt McMaster reproche surtout à Google est la main-mise sur le système grâce à un chantage que la Google Play Suite personnifie. En effet, tout un chacun est en mesure de faire ce qu’il souhaite avec Android, mais les conditions pour bénéficier de la fameuse boutique applicative, la caverne d’Ali Baba de l’application pour mobile, sont très strictes. Le développeur souhaite donc offrir une alternative sans Google. Ce que proposent déjà les Nokia X et les Amazon Fire. Mais le premier devrait clairement disparaître. Et la seconde est le parfait exemple de tous les efforts nécessaires (5 ans de développement et beaucoup d’argent dépensé) pour offrir une alternative viable, mais pas tout à fait aussi fournie et interactive.
Cyaogen promet une plate-forme Android déliée de Google avec sa boutique dédiée dans les 18 prochains mois. Encore faut-il que les développeurs tiers et les constructeurs suivent. Sans oublier l'argent qu'il faut pour implanter des mises à jour de sécurité, des nouvelles fonctionnalités et assurer la compatibilité avec les nouveaux composants matériels. Bref, il faut beaucoup plus d'argent que les quelques dizaines de millions de dollars que Cyanogen a reçu en capital risque ces dernières années.
Pas de bras, pas de chocolat !
Derrière la démagogie, c’est un jeu dangereux auquel joue Kirt McMaster. Car si d’un côté le créateur de CyanogenMod, porté par l’intérêt des bidouilleurs pour sa ROM customisée, joue les indépendantistes radicaux, il sait aussi que son entreprise a remporté des contrats avec OnePlus et Micromax uniquement sur la base d’un OS doté de la fameuse suite applicative de Google. Et les constructeurs savent que les consommateurs choisissent les smartphones Android pour une seule raison : la présence de leurs applications favorites sur une boutique sécurisée, le Play Store. Le patron de Cyanogen ne risque-t-il pas de perdre ses précieux alliés financiers en s’attirant les foudres de Google ?