Avec le Galaxy S5, Samsung a reçu beaucoup d'avis négatifs vis-à-vis du design de son porte-étendard annuel. Pourquoi aller proposer une coque en plastique dans un mobile « premium » ? Cardiofréquencemètre, capteur UV, lecteur biométrique, le smartphone n?était pas dénué d'intérêt. Mais comment justifier ce choix face à HTC, Sony, Apple, Motorola ou même quelques constructeurs chinois en pleine croissance ? Difficile, très difficile. Les chiffres de la firme coréenne sur l'année 2014 ont d'ailleurs été éloquents. Samsung recule en volume, en valeur, en part de marché. Bref, partout. Il faut donc un électrochoc.
Premier signe de cette révolution, le Galaxy Alpha, qui servira de base haut de gamme à une famille encore à naître : les Galaxy Ax, dont ce A5 est l'un des premiers représentants. Nous avons publié en octobre dernier le test de l?Alpha avec un bilan très encourageant. En est-il de même avec le A5 ? Autant être clair, la réponse est non. Pourquoi ? Parce qu'il y a encore un fossé entre les attentes, la réponse et la condition économique. Le smartphone est proposé nu à 399 euros, alors que le Galaxy Alpha se négocie aujourd?hui autour de 420 euros (479 euros sur la boutique officielle Samsung). Rappelons tout d'abord les détails de la fiche technique :
- Dimensions : 139,3 mm x 69,7 mm x 6,7 mm
- Châssis en aluminium
- Ratio taille/ écran : 71 %
- Écran Super Amoled 720p de 5 pouces (résolution de 294 points par pouce)
- Chipset Qualcomm Snapdragon 410 quad-core 64-bit Cortex-A53 cadencé à 1,2 GHz avec GPU Adreno 306
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Batterie 2300 mAh (non amovible)
- Compatible LTE catégorie 4, WiFi n dual-band, Bluetooth 4.0, GPS Glonass, ANT+, NFC
- Capteur photo 13 mégapixels compatible Full HD en vidéo
- Webcam 5 mégapixels
- Poids : 123 grammes
- Android 4.4.4 KitKat avec Touchwiz
Juste pour un petit rappel, le mobile coûte donc 400 euros. À ce prix, nous n'avons ni écran Full HD, ni chipset puissant, ni dalle de protection renforcée, mais une batterie finalement assez limitée. Deux atouts en revanche : 2 Go de mémoire vive, ce qui devrait s'avérer suffisant pour assurer une mise à jour vers Lollipop, et un capteur 13 mégapixels plutôt performant, que nous verrons dans la partie dédiée à la photo. Sans oublier évidemment le châssis de qualité...
Un design moins inspiré que sur le Galaxy Alpha
Le design est le mot d'ordre de cette gamme Ax. Comme le Galaxy Alpha, le Galaxy présente un châssis qui fait la part belle au métal. Si les tranches sont clairement recouvertes de métal, nous avons aussi quelques doutes sur la partie dorsale de la coque. Le site Internet de Samsung, ainsi que l'ensemble de nos confrères semblent attester qu'il s'agit d'une pièce d'aluminium, les sensations sont particulièrement proches du plastique une fois le mobile sous les doigts. Évidemment, l'effet nacré de notre modèle de test n'aide absolument pas à trancher, dans un sens ou dans l'autre. Cependant, nous en tirons une conclusion : même quand Samsung veut bien faire, il n'y arrive pas, telle une fatalité.
Il y a quelques différences entre le Galaxy Alpha et le Galaxy A5. Les lignes sont ici plus droites et moins recherchées. Nous préférons clairement les choix morphologiques de l?Alpha, autant dans les courbes et les creux dans les coins que dans le placement de certains éléments, comme le haut-parleur. Ici, tout est plus classique. Un peu froid d'ailleurs. Et ce n'est pas qu'une conséquence de l'intégration de l'aluminium. À l'avant, vous retrouvez une grande dalle de 5 pouces surplombée des habituels capteurs de Samsung à droite de l?écouteur téléphonique. Sous l?écran, une surface tactile avec deux touches de navigation et le bouton central ovale, ici aussi une signature coréenne. Pas de lecteur d'empreinte ici en revanche.
À l'arrière, l'appareil photo reste carré, mais le capteur biométrique cède sa place à un flash traditionnel. À droite, l'ouverture pour le haut-parleur. Les tranches sont également très classiques avec le contrôle du volume à gauche, la mise en marche à droite, avec les deux trappes pour la microSD et la carte SIM, et les ports jack 3,5 mm et microUSB sur la tranche inférieure. À l'opposé, rien (sauf un micro pour la réduction active de bruit ambiant). Vous remarquerez enfin que les tranches métalliques recouvrent bien les bords de l?écran pour le protéger (autant que faire se peut) en cas de chute.
Une prise en main solide et agréable
La prise en main du smartphone ressemble beaucoup à celle du Galaxy Alpha, de par le poids voisin (8 grammes de différence) et les matériaux qui sont sensiblement les mêmes. Quand bien même le dos de chaque mobile n'est pas composé de la même manière, les sensations sont finalement assez proches. Et c'est peut-être cela le plus perturbant entre la promesse et le rendu final. Car, dans l'absolu, le Galaxy A5 est agréable à prendre en main. La construction est bonne, très qualitative. Enfin, même si la dalle qui protège l?écran n'est pas un verre Gorilla de Corning, la glisse est agréable.
L?écran justement est autant un atout qu'un point faible. La dalle Super Amoled est fidèle à elle-même : radieuse. Elle est lumineuse, claire, colorée, peut-être un peu surchargée au niveau colorimétrique. Le contraste est bon. Les angles bien ouverts. Il ne lui manquerait plus qu'un peu de résolution supplémentaire pour que la dalle soit parfaite. En effet, les pixels se voient à l'oeil nu. Et c'est vraiment dommage, car cela n'est pas en décalage vis-à-vis du positionnement des Galaxy Ax qui se veulent être beaux à regarder. Nous préférons le choix fait pour le Galaxy Alpha (4,7 pouces 720p) ou le Galaxy A7 (5,5 pouces Full HD). Surtout pour le prix demandé.
Touchwiz encore allégé, encore simplifié
À l'allumage, le mobile révèle Android 4.4.4 KitKat avec la surcouche TouchWiz. Comme c?était déjà le cas avec les derniers smartphones Samsung testés dans nos colonnes, cette interface se veut moins ostentatoire dans ses services alternatifs. Samsung pousse moins à l'adoption de ses propres outils ou de ses applications. Le menu d'application, surchargé dans le Galaxy S5 et le Galaxy Alpha (pourtant déjà plus léger que le S5), est ici composé de deux panneaux seulement (il y en avait trois auparavant). De même, le bureau se voit amputé d'un volet, oubliant ainsi les widgets publicitaires pour S Health et Geo News. Magazine UX est évidemment toujours de la partie. Et à l'usage, ce flipboard cobrandé est loin d?être désagréable.
Cet effort de simplification ne touche heureusement pas toutes les bonnes idées de Touhwiz. Mode simplifié (pour afficher uniquement les fonctions principales et les contacts préférés), mode privé (pour protéger les informations personnelles), mode blocage (pour limiter le nombre de notifications), mode Ultra Eco, gestuelles avancées, etc. Même S Voice est présent. Pour y accéder, appuyer deux fois sur le bouton « home » (un appui long vous amène à Google Now, attention...).
S Voice, gestionnaire de la RAM et les indispensable Galaxy Apps
Côté applications préchargées, le Galaxy A5 reste assez simple. Samsung propose bien sûr une sélection de ses services (Galaxy Apps, S Planner, Studio, S Voice, etc.) et ses remplaçants des outils système (lecteur musical, application photo, galerie, météo, etc.), mais n'oublie pas l'ensemble des applications Google Play Suite (Chrome, Gmail, Play Store, YouTube, Maps, Drive, etc.). Les applications tierces sont rares : Dropbox et Flipboard. Ce sont deux partenariats commerciaux : le premier offre quelques Go de données aux possesseurs d'un smartphone Samsung et le second soutient techniquement Magazine UX. Les autres partenaires sont relégués dans la sélection des indispensables Samsung.
Accueil de Galaxy Apps, Studio et S Planner
Des performances loin d'être premium
À l'usage, le Galaxy A5 est très correct. Dans un usage basé sur les applications de communication et Internet, il se débrouille parfaitement. C'est dans un usage multimédia que nous avons quelques reproches à faire. Aucun miracle à attendre du Snapdragon 410 qui, au fil du temps, se révèle assez moyen. Et plus encore quand il est intégré à un smartphone Samsung. Sur AnTuTu, le smartphone atteint 21 364 points, soit un score dans la moyenne des autres plates-formes doté du même chipset, à la différence près que le A5 dispose de 2 Go de mémoire vive, deux fois plus que les autres. Le Pop2 d'Alcatel OneTouch est par exemple légèrement au-dessus. L?Aquaris E5 4G de bq, est légèrement en dessous. Rappelons qu'un Tegra 4i du Wax 4G et du Highway 4G dépasse les 25 000 points et s'approche parfois des 30 000 points. Et cette comparaison est importante.
Côté 3DMark, c'est la déception : 2625 points, loin des 4600 points du Pop2 et des 4900 points de l?Aquaris E5 4G. Et que dire des scores au-delà des 10 000 points pour les plates-formes Wiko sous Tegra 4i. Selon nous, le problème vient certainement de la surcouche Touchwiz qui tend à alourdir le système. Mais nous n'avons évidemment aucune certitude. Enfin, AnTuTu Video accorde 420 points au Galaxy A5, soit un assez bon score. Le mobile ne décode pas les formats 2K, c'est normal. Mais il parvient à afficher un grand nombre de formats Full HD avec le son. La majorité des constructeurs (HTC, Honor, etc.) font moins bien.
Une plate-forme multimédia déséquilibrée
Nous avons évidemment voulu vérifier ces mauvais chiffres avec notre jeu étalon, Dead Trigger 2. Nous avons naturellement subi les quelques ralentissements en début de partie. Rien de bien étonnant. Mais également quelques-uns en plein coeur de l'action. Et là, c'est plus compliqué. Et tout cela sans que les graphismes soient réglés sur la meilleure qualité. Bien au contraire : Dead Trigger 2 s'est placé de lui-même sur la qualité visuelle la moins élevée. Nous avons évidemment forcé les graphismes les plus fins, et les ralentissements ont été sensiblement les mêmes. Le Galaxy A5 n'est pas un smartphone pour jouer...
En vidéo, le lecteur vidéo de Samsung est comme toujours une très bonne surprise. Le nombre de codecs n'est pas plus élevé que les autres, notamment en audio, mais il parvient à afficher des sous-titres, là où les autres ont généralement quelques difficultés. Une application donc très intéressante. L?écran révèle ici toutes ses qualités : de la couleur, du contraste, de la lumière. Ici, la faible résolution n'est finalement plus un problème. Enfin, le haut-parleur, pas très puissant, n'est pas trop mal placé (même si être au dos de l'appareil n'est jamais idéal) : il n'est quasiment jamais caché par un doigt quand il est tenu en mode paysage.
Photo : enfin un très bon point !
En photo, Samsung parvient comme toujours à tirer son épingle du jeu. D'abord avec une application maison capable d'offrir de nombreux services et des réglages manuels intéressants : exposition, sensibilité, balance des blancs et mode de mesure de l'autofocus. Samsung a également décidé de ne pas surcharger de modes inutiles son APN : automatique, panorama, nuit et selfie. Si vous en désirez d'autres, il suffit d'en télécharger.
Le résultat est très bon. Le capteur 13 mégapixels parvient à gérer convenablement les différences de luminosité sur une scène. Même si les couleurs sont un peu ternes (un vrai contraste vis-à-vis de l'interface surchargée), les images sont détaillées et contrastées. Le ciel parisien hivernal est très bien dessiné tandis que l'avenue de l?Opéra n'est pas assombrie. Même s'il y a du grain sur les coins, ce qui est inévitable, le résultat en contentera plus d'un (d'autant que les réglages sont en mesure de l'améliorer).
Photo prise avec le Samsung Galaxy A5
Le smartphone Mon Cherie ?
Même si nous finissons ce test sur une note positive, la conclusion de ce test ne l'est pas. Le Galaxy A5 est comparable à un chocolat. À l'extérieur, l'enrobage est plutôt plaisant, assez bien dessiné avec une construction premium (même si la coque à l'arrière ne donne pas l'impression d?être métallique). Et à l'intérieur, il y a une surprise. Et malheureusement, elle n'est pas toujours très bonne. La plate-forme, qui parvient à faire une contre-performance dans les tests graphiques, est assez solide pour contenter la majorité des utilisateurs, mais inutile de remercier le Snapdragon 410 pour la légèreté du système d'exploitation. C'est l'oeuvre de Kitkat et des 2 Go de RAM. Qu'en sera-t-il quand Samsung proposera sa mise à jour sous Lollipop ? Une mise à jour, qui sera nativement compatible 64-bit (une bonne nouvelle), mais alourdie par Touchwiz (une moins bonne nouvelle)...
Trop cher ou trop léger ? Les deux !
Durant ce test, nous avons comparé le A5 avec plusieurs smartphones, car le prix est aussi un argument en défaveur du A5, lequel est vendu 399 euros. En face, nous avons donc un Galaxy Alpha, beaucoup plus puissant et adaptable, à 479 euros. Nous avons aussi le Pop2, un mobile 4G dont les résultats sur les bancs de tests sont comparables, à 109 euros. Aïe. Nous avons le Wax de Wiko, avec son Tegra 4i, vendu sous la barre des 200 euros. Enfin, toujours chez Wiko, il y a le Highway 4G, vendu 300 euros. Sans parler des Honor 6, Meizu MX4 ou... OnePlus One.
Toutes ses propositions offrent un meilleur rapport performance prix. Tandis que côté design, le Highway 4G et le Galaxy Alpha offrent des prestations équivalentes, voire meilleures. Pour nous, il n'y a pas photo : le Galaxy A5 est trop cher pour ce qu'il propose. Si vous souhaitez adopter un smartphone classe et performant, tournez-vous vers le Highway 4G. Et si vous avez un budget un peu plus étoffé et que vous aimez Touchwiz, optez pour le Galaxy Alpha.