Un smartphone n'est plus qu'un simple produit électronique que nous achetons et que nous consommons. C'est l?élément central d'une expérience complète qui combine le matériel, le système d'exploitation, les applications et les services, le tout à un prix en corrélation avec la concurrence. Les plus grandes marques de téléphonie mobile parviennent à équilibrer cette équation complexe, à réagir aux besoins et parfois même à devancer la demande des usagers. Apple. Samsung. Sony. Motorola. HTC. LG. Voilà quelques noms. Ce ne sont pas les seuls aujourd?hui, même en France.
Mais vous remarquerez que plus vous descendez en gamme et plus rares sont les acteurs à offrir une expérience différente des autres. Presque impossible de faire la différence entre une capture d?écran d'un Wiko et d'un Mobiwire, d'un Haier et d'un Kazam. Et ce n'est pas la simple implémentation d'un fond d?écran qui change vraiment cette impression (même si les fonds d?écran de Wiko sont particulièrement recherchés depuis les séries Hell et Heaven). Sur ce constat, le jeune Quentin Lin, 26 ans, a créé sa marque Vitamin et son entreprise DuneTek. Un design qui ressemble beaucoup à ce que font les OEM chinois, mais une interface avec une vraie valeur ajoutée.
Nous explorerons lors de ce test VitaOS, la ROM Android customisée du Vitamin A. Mais commençons tout d'abord par le côté hardware du produit. Et notamment les spécifications techniques :
- Dimensions : 143 x 72 x 8,45 mm
- Écran IPS 720p de 5 pouces pour une résolution de 294 pixels par pouce environ
- Chipset MediaTek MT6732 doté de quatre coeurs Cortex-A53 cadencé à 1,5 GHz et d'un GPU Mali T760-MP2 cadencé à 500 MHz
- 1 Go de mémoire vive
- 8 Go de stockage interne extensible par microSD
- Batterie 2270 mAh non amovible
- Capteur photo 13 mégapixels
- Webcam 5 mégapixels
- Dual SIM, compatible 4G catégorie 4
- WiFi n, Bluetooth 4.1, GPS
- Système d'exploitation : VitaOS basé sur Android 4.4.4
- Poids : 161,3 grammes
Pour un smartphone 4G sous la barre des 200 euros, le Vitamin A se débrouille plutôt bien. Face au Xperia E4g, officialisé ce matin. Le mobile de la start-up française propose une meilleure résolution pour l?écran, alors que la plate-forme est strictement la même. Si le Vitamin A ne dispose pas d'un capteur NFC, son capteur photo semble être de meilleure qualité. Bref, la copie est loin d?être ridicule, bien au contraire.
Un design sans vraie saveur
Vis-à-vis du Xperia E4, le design du Vitamin A est en revanche moins travaillé, malgré certainement de bonnes intentions, comme avec le cerclage argenté (et plastique) autour de l?écran qui lui donne un petit air d'iPhone 3G/3GS. Mais les détails physionomiques marquants manquent cruellement dans ce smartphone, alors que nous cherchons aujourd?hui des signes extérieurs de différenciation.
Nous retrouvons donc ici un smartphone classique pour l'entrée de gamme. Des bordures assez larges autour de la dalle IPS. Une surface tactile à l'avant pour les boutons de navigation Android. Une coque en plastique amovible pour accéder aux trois emplacements disponibles (deux pour les cartes SIM et un dernier pour la carte microSD). Deux boutons matériels pour allumer le mobile et régler le volume. Un capteur photo carré protubérant à l'arrière avec un flash et une grille pour un haut-parleur. Cela manque clairement de caractère. Ou au moins de l'ambition de plaire, au-delà des arguments prix et interface utilisateur.
Une prise en main assez qualitative
En main, le mobile donne une impression de lourdeur. La construction est globalement bonne, même si quelques craquements laissent entendre le contraire. Si l?écran ne fait « que » 5 pouces, une dimension assez classique aujourd?hui, l?épaisseur du Vitamin A rend la prise en main un peu plus délicate qu'avec d'autres modèles concurrents, comme le Soshphone 4G, par exemple. La dalle tactile glisse relativement bien. Sur l'exemplaire prêté par DuneTek pour les besoins de ce test, une petite bulle d'air est apparue dans le coin supérieur gauche. Ne vous inquiétez pas : ce terminal est un prototype qui a depuis été amélioré.
L?écran du Vitamin A est un des points forts du smartphone. Il est grand. Il dispose d'une définition HD. Même si certains modèles concurrents font de même, ce n'est pas systématique dans cette gamme de prix. Lumineux, des angles de vision bien ouverts, une bonne réactivité, l?écran n'est pas dénué de quelques petits défauts : des pixels qui se voient à l'oeil nu, un contraste assez faible et des couleurs un peu fades, un effet accentué par le thème de VitaOS qui s'appuie sur des couleurs pastel.
VitaOS : le système d'exploitation participatif
Justement, venons-en à VitaOS. Le Vitamin A s'appuie sur une ROM customisée d'Android 4.4.4 KitKat (et non pas simplement sur une surcouche). L?équipe de développement de DuneTek a réalisé ici un travail très correct, autant sur l'optimisation du système que sur l'ajout des fonctions à valeur ajoutée. Si l'apparence des éléments importants d'Android « stock » n'a pas été touchée (zone de notification et de paramétrage rapide, menu application, accès au multitâche, menu paramètre), VitaOS présente cependant quelques retouches.
Bureau avec VitaBouton à gauche, menu application à droite
À commencer par le thème de VitaOS, très marqué par le Material Design. Cependant, vous remarquerez aussi que l'interface retouche certaines icônes des applications courantes. Nous n'avons par exemple pas reconnu immédiatement celle du jeu Dead Trigger 2. Autre modification, Vitamin a ajouté une zone d'accès rapide aux contacts favoris en glissant de bas en haut sur le bureau.
Quelques idées originales, d'autres moins...
Vous remarquerez également un ersatz de HTC Blinkfeed ou de Magazine UX si vous vous déplacez vers la gauche depuis l?écran d'accueil. Cet outil s'appelle VitaNews. C'est la nouveauté la plus visible de VitaOS. Vous accédez à un flux d'informations en provenance des réseaux sociaux (aujourd?hui Twitter essentiellement) et des grandes rubriques de l'actualité (source Yahoo News). VitaNews présente aussi la météo et l?heure. Deux widgets en un.
VitaNews, gallerie et accès aux raccourcis contact
Sur l?écran d'accueil de VitaOS, vous noterez la présence de très peu d'icônes et de widgets. Vitamin a souhaité jouer la simplicité et cela fonctionne bien. En revanche, nous trouvons le choix des icônes préinstallées sur le bureau très partisan : s'y trouvent toutes les applications customisées, l'application téléphone, les paramètres et Chrome. Mais pas l'appareil photo, alors que c'est un usage commun, ni les applications de Google. La présence de Chrome sur le bureau provoque d'ailleurs deux remarques.
Un choix sur les applications préinstallées confus
La première est la présence d'une partie seulement de la Google Play Suite. Heureusement, Play Store est présent, ainsi que Gmail, Maps, Play Musique et donc Chrome. Mais où sont les autres : Play Jeux, Play Films, Play Kiosque, Play Livres, Drive, Google Photos, YouTube, Google Plus et Hangouts ? Vous pouvez aller chercher ses applications sur le Play Store (puisqu'il est préinstallé), mais c'est quand même bien curieux.
Moonshine : la pépite du Vitamin A ?
La seconde remarque concerne les applications Android « stock » préinstallées et celles qui ne le sont pas. Vous remarquez sur certains modèles concurrents et certifiés Google qu'un navigateur Webkit est proposé en parallèle de Chrome. Ici non. À l'inverse, le Vitamin A est pourvu de deux clients mail : Gmail et E-Mail. Les deux offrent les mêmes services, Gmail étant compatible avec les autres systèmes de messagerie, comme Outlook.com (Hotmail) et Yahoo Mail...
Des atouts différenciants
Évoquons maintenant les différents ajouts de VitaOS. D'abord VitaBouton qui se présente comme un widget repositionnable et toujours visible qui offre une poignée de raccourcis supplémentaires. VitaMessage est un client de messagerie qui offre la possibilité de répondre depuis un pop-up sur l?écran d'accueil sans ouvrir l'application de messagerie et d'annuler l'envoi d'un SMS pendant un laps de temps paramétrable. VitaSafe est un coffre fort numérique où placer des applications et des contenus qui seront accessibles uniquement par le propriétaire du mobile.
VitaMessage, VitaSafe et VitaForum
VitaForum, pour les plus curieux, est un accès direct aux forums de discussion pour participer à la vie de VitaOS et des prochains mobiles Vitamin. Enfin, notez la présence de Moonshine, un gestionnaire de thème avec plusieurs fonctions : sélection d'un lanceur d'applications (comme Nova, Aviate, Next, Holo, etc.), application d'un fond d?écran et personnalisation des icônes, si celles qui sont imposées par VitaOS ne vous conviennent pas. Un véritable couteau suisse de la customisation.
Une plate-forme très fluide...
L'ensemble du système se révèle assez fluide, malgré une configuration assez classique : quad-core MediaTek cadencés à 1,5 GHz, 1 Go de mémoire vive et écran 720p. Cependant les performances du smartphone sont au-dessus de la mêlée, preuve que Vitamin a bien optimisé son système d'exploitation. Avec 30 737 points sur AnTuTu, il passe facilement au dessus des Snapdragon 400 et 410, ainsi que du Tegra 4i. Cela explique en partie la fluidité de l'interface. Une excellente nouvelle donc pour tous les clients de MediaTek.
En revanche, comme nous nous y attendions, le GPU Mali d'ARM ne brille pas côté graphisme. Il obtient 4956 points sur IceStorm Extreme, le benchmark de 3DMark. Cela correspond à la moitié du score d'un Tegra 4i. Et cela dépasse très légèremement la plate-forme Snapdragon 410 (Adreno 306). Vous ne devriez donc pas attendre d?éblouissantes performances en jeu et en vidéo. Sur AnTuTu Video, qui teste la compatibilité du système avec les principaux codecs audio et vidéo en 720p, Full HD, 2K et 4K, le Vitamin A obtient 382 points. Là encore un score honorable, sans pour autant être surprenant.
... mais encore un peu juste en mutimédia
Cela se ressent d'ailleurs en jeu. Depuis une récente mise à jour de Dead Trigger, le jeu refuse catégoriquement d'activer la meilleure qualité graphique pour les petites configurations. Et le Vitamin A est considéré comme tel. Nous avons donc essayé le jeu avec les graphismes minimums et médiums. L'expérience est plutôt honnête, même si des ralentissements sont présents tout au long de la partie. Nous ressentons en revanche une moins grande difficulté du système à faire tourner le jeu en 3D.
En vidéo, le lecteur intégré est celui d'Android « stock » avec ses avantages et ses inconvénients. Même si le benchmark AnTuTu relève une prédisposition assez bonne à lire des vidéos, même en 1080p, le lecteur par défaut est assez limité. Notez l'intégration de VitaMessage pour partager des vidéos réalisées à partir de l'appareil photo. Le haut-parleur intégré n'est, quant à lui, pas très bon.
Lecteur par défaut incompatible avec les sous-titres
Un appareil-photo capable de bonnes choses
En photo, nous avons été agréablement surpris. D'abord, il est assez rare de voir un smartphone vendu à moins de 200 euros avec un capteur 13 mégapixels. Ensuite, les résultats sont assez bons, si vous laissez le temps au capteur de bien régler la luminosité. Car si vous déclenchez la prise de vue trop vite, il aura tendance à rater la photo avec des zones trop sombres ou trop lumineuses. Les clichés offerts par le Vitamin A sont contrastés, détaillés, mais manquent certainement d?énergie au niveau des couleurs.
Photo prise avec le Vitamin A
L'icône de l'application photo est quant à elle trompeuse. Si vous pensiez avoir Google Camera préinstallé, détrompez-vous. Il s'agit de l'application Android « stock », avec ses avantages et ses défauts. Elle reste cependant assez complète et fonctionnelle.
Un premier smartphone très encourageant
En conclusion, le Vitamin A est un appareil qui recèle quelques bonnes surprises et une interface qui offre effectivement une expérience nouvelle. Pas autant customisée que chez Meizu, Infinix ou Huawei, l'interface de VitaOS se rapproche davantage de CyanogenMod dans le OnePlus One. Avec de belles idées, qui ne pourront que s'enrichir avec le temps, VitaOS est sans conteste le point fort de ce smartphone, servi par une plate-forme judicieuse et réactive, même si elle n'est pas dénuée de défauts, notamment pour les amateurs de jeu vidéo.
S'il est vrai que le prix du Vitamin A est peut-être un peu surélevé vis-à-vis du hardware, cette première version est encourageante. Nous avons hâte de découvrir quels seront les nouveaux services de VitaOS imaginés par les contributeurs et implantés dans les prochains mois dans le système d'exploitation. Nous espérons aussi que les ventes de ce premier mobile seront suffisantes pour permettre à DuneTek d'offrir fin 2015, un smartphone plus étonnant encore. Voire même peut-être la surprise de l'année...