Alors que le MX4 (testé ici dans nos colonnes) venait à peine d?être annoncé et n?était pas encore officiellement distribué en France, Meizu officialisait en Chine le MX4 Pro. Une version plus aboutie, plus premium, avec chipset Exynos, lecteur d'empreintes digitales et affichage QHD. Mais une version également plus onéreuse : 419 / 479 euros pour le MX4 Pro (en version 16 et 32 Go) contre 299 / 349 euros pour le MX4 (toujours en version 16 et 32 Go). Un renouvellement donc très étonnant de la part de Meizu qui n'a jamais caché ses ambitions internationales. Mais qui n?était certainement pas totalement satisfait par la première mouture.
Il est vrai que les différents benchmarks apparus sur Internet laissaient entendre que le MX4 Pro était largement capable d'aller chercher la concurrence internationale de haut niveau. Nous pensons naturellement au Galaxy Note 4. Nous pensons également aux différents mobiles QHD coréens. Nous pensons à Apple et son iPhone 6 Plus. Un smartphone plein de promesses, mais qui doit, s'il veut vraiment convaincre, dépasser sa propension à ne pas s'adapter aux marchés dans lesquels le mobile est commercialisé. Car sur nos deux tests précédents, les MX3 et MX4 n?étaient pas entièrement localisés. Pire, certaines applications étaient utilisables uniquement par une audience chinoise. Et les néophytes du mandarin ? Niet.
Une fiche technique premium
Le MX4 Pro fait-il mieux ? Autant être honnête, non. Mais nous attendons naturellement la mise à jour vers Lollipop de FlymeOS pour nous prononcer. En attendant, comme vous le constaterez dans la partie dédiée à l?OS, vous devrez oublier certains outils de la ROM de Meizu et vous concentrer sur ceux présents sur le Play Store. Mais avant de brosser FlymeOS, passons en revue la fiche technique du mobile :
- Dimension : 150,1 x 77 x 9 mm
- Ratio écran / taille du mobile : 73,7 %
- Châssis en aluminium aéronautique
- Écran IPS de 5,5 pouces signé Japan Display avec définition équivalente au QHD sur format 16/10e (1536 x 2560 pixels)
- Résolution : 546 pixels par pouce
- Verre de protection Gorilla 3 de Corning
- Chipset Samsung Exynos 5 Octa 5430 composé de quatre coeurs Cortex-A7 cadencés à 1,5 GHz, de quatre coeurs Cortex-A15 cadencés à 2 GHz et d'un GPU ARM Mali T628
- 3 Go de mémoire vive LPDDR3
- 16 ou 32 Go de stockage interne non extensible
- Batterie fournie par Sony et Samsung de 3350 mAh, non amovible
- Capteur photo Sony Exmor RS IMX220 20,7 mégapixels compatible QHD en vidéo
- Webcam Omnivision OV5693 5 mégapixels compatible 1080p en vidéo
- Bouton « MTouch » en façade protégé par un verre en saphir et cerclé d'acier et disposant d'un lecteur d'empreintes digitales
- Compatible 4G catégorie 4, WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.0, GPS, NFC, infrarouge
- Décodeur hi-fi ESS et amplificateur Texas Instrument
- Système d'exploitation : FlymeOS 4.0 basé sur Android 4.4.4 KitKat
- Poids : 158 grammes
Que retenir de cette fiche technique ? Comparée à celle du MX4, vous remarquez que le chipset, même s'il est composé de huit coeurs semblables, est légèrement moins rapide. En outre, le GPU nous semble meilleur dans le MT6595 que l?Exynos 5430. Et la connexion LTE est potentiellement moins rapide. Le MX4 Pro gagne toutefois 1 Go de RAM, une batterie 10 % plus généreuse, une meilleure webcam et bien sûr un écran QHD légèrement plus grand. Il conserve le même capteur photo Sony. C'est toutefois l'un des meilleurs sur le marché actuellement.
Un design toujours plus inspiré par la Corée
Si nous trouvions avec le MX4 que le design était inspiré par Samsung (châssis métallique et dos amovible en plastique), la ressemblance est ici encore plus flagrante, à cause du bouton matériel cerclé d'acier inoxydable qui vient désormais remplacé la touche tactile ronde qui soulignait jusqu'ici les écrans de Meizu. Sa disparition n'est pas un mal en soi. D'abord parce que le lecteur d'empreintes digitales apporte une solution supplémentaire de blocage du mobile. Ensuite parce que ce dernier joue un double rôle : bouton cliquable et surface tactile. La première fonction est paramétrable, tandis que la seconde ramène par défaut vers le bureau.
Pour le reste, il est difficile de faire la différence entre le MX4 et MX4 Pro. Et ce ne sont pas les quelques millimètres gagnés en hauteur, en largeur et en épaisseur par le second qui nous aident. Car visuellement, le design est le même. De même pour la disposition des boutons. Vous retrouvez donc à l'avant une grande dalle tactile surmontée de l?écouteur téléphonique et de la webcam à droite. Au dos, une plaque en polycarbonate amovible, derrière laquelle se trouve le capteur NFC et la batterie amovible, le capteur photo et son flash true-tone. Les tranches sont toujours habillées par une protection en aluminium. Vous y retrouvez le volume à gauche, le micro, le haut-parleur et le port microUSB en bas, et le port jack 3,5 mm, le micro secondaire et le bouton de mise en route en haut.
Une construction premium
La prise en main de ce smartphone est toujours aussi bonne. Comme le MX4, le MX4 Pro propose une construction premium, malgré la présence d'un élément amovible en plastique, détail moins qualitatif chez Samsung. Le double usage du bouton en façade n'est pas facile à maîtriser dès le début. Un peu d'entrainement s'avère nécessaire pour éviter d'appuyer jusqu'au « clic » matériel. La dalle de protection Gorilla 3 est toujours agréable au toucher. L?écran glisse bien et la réactivité est très bonne.
L?écran justement est l'une des forces du smartphone. Il s'agit ici d'une dalle Japan Display QHD. Lumineuse, avec des angles de vision bien ouverts, elle offre de belles couleurs, même si le thème par défaut de FlymeOS pastel ne lui rend pas forcément honneur. Seul petit point faible : elle manque un peu de contraste. Les noirs manquent un peu de profondeur. Cependant, en lecture sur le Web, le MX4 Pro est vraiment incroyable : inutile de zoomer pour lire les petits caractères. Vraiment un très bon écran.
Un système d'exploitation trilingue
Une fois le smartphone allumé, nous arrivons dans l'environnement FlymeOS. Nous attendions Meizu sur l'amélioration de la localisation du système. Et nous sommes évidemment déçus de voir qu'aucun changement n'a été fait. Que ce soit App Center, Personnalisation (gestion des thèmes) ou encore les éléments liés au compte Flyme. Pire, certains éléments du menu de paramétrage sont en anglais ou tronqués. Encore une fois, FlymeOS, comme EmotionUI de Huawei, est une ROM qui offre une prise en main d'Android très différente des habitudes. Et nous louons naturellement cet effort. Mais nous pensons que Meizu gagnerait à parfaire la localisation de son produit. Heureusement, si l?AppCenter est inutilisable par un consommateur français, le mobile dispose du Play Store...
Compte Flyme, AppCenter et Personnalisation en chinois
Des menus en anglais et tronqués
De nombreuses bonnes idées sont à dénicher dans FlymeOS. À commencer par SmartTouch, une touche tactile virtuelle qui se place sous le pouce droit. Grâce à elle, inutile de vous contorsionner pour naviguer dans le système. Ou encore Gesture Wakeup qui vous propose de sortir le mobile de veille en tapotant deux fois sur l?écran (comme chez LG) ou en dessinant une forme précise pour ouvrir une application prédéfinie. Toujours sur l'accessibilité, le mobile dispose d'un clavier Android standard, mais également de deux claviers avancés et personnalisables : TouchPalX et Flesky.
Claviers Flesky (à gauche et au centre) et TouchPalX (à droite)
De très bonnes idées d'accessibilités et de sécurité
Pour le reste vous retrouvez le FlymeOS que nous apprécions depuis le MX3. La belle interface sans menu application. Le menu paramètre tout en noir et blanc. Le panneau de configuration rapide plus que complet. L'application de sécurité avec gestion des autorisations. Vous remarquerez que très peu d'applications Google sont présentes sur Flyme, notamment celles liées aux contenus en ligne (Play Films, Play Musique, YouTube, etc.). La barre de recherche Google n'est même pas préinstallée sur l?écran d'accueil. Bien sûr, Meizu n'est pas certifié Google, mais préinstalle sa boutique. C'est déjà ça.
Interface FlymeOS
Des performances comparables au MX4
Dans une situation où le système n'est pas surchargé par des applications en tous genres, FlymeOS est une ROM légère et réactive. Mieux, le MX4 Pro est très performant. Les fuites qui ont précédé la sortie du smartphone montraient des scores particulièrement hauts. En effectuant nos propres benchmarks, nous avons obtenu des résultats plus que satisfaisants, mais moins ébouriffants que ceux annoncés : 48 169 points sur AnTuTu quand le chipset utilise toutes ses capacités. En mode normal, le mobile atteint 39 748 points. Et en mode économique, 25 948 points. Nous remarquons qu'en mode économie d?énergie, le smartphone baisse la fréquence des CPU et du GPU. En mode normal, le GPU fonctionne normalement.
AnTuTu dans les trois réglages de performances
Faisons quelques comparaisons. Le MX4 Pro est moins bon que MX4 qui atteint les 49 900 points, alors qu'il dispose de 50 % de RAM en plus. La définition de l?écran est certainement en cause ici. Il se fait également dépasser par le Galaxy Note Edge (49 046 points) et le Nexus 6 de Motorola (49 722 points). Il est en revanche juste au-dessus du OnePlus One (47 599 points) et du Galaxy Alpha (47 779 points). Rappelons que le One est pourvu d'un Snapdragon 801 plus de première jeunesse et que le Galaxy Alpha fonctionne sur le même chipset que le MX4 Pro, avec 1 Go de RAM en moins.
Réglages de performances et 3DMark
Du côté graphisme, c'est également mitigé. Sur 3D Mark, le MX4 Pro atteint 17 490 points, soit un score un peu décevant vis-à-vis des performances des coeurs applicatifs. Il dépasse certes le MX4 (15 967 points), mais reste derrière tous les autres modèles de ce comparatif : Galaxy Note Edge (19 414 points), OnePlus One (20 574 points) et Nexus 6 (23 062 points). Seul score très étonnant et particulièrement bon, celui sur AnTuTu Video : le MX4 Pro atteint les 577 points, le meilleur score depuis que nous avons intégré ce benchmark dans nos tests.
AnTuTu Video
Une très bonne plate-forme multimédia
Ces bonnes performances, nous les retrouvons en partie en jeu vidéo. Avec Dead Trigger 2, le smartphone se comporte très bien. Nous avons été surpris de constater que l'application ne considère pas le MX4 Pro comme un modèle premium en optant, par défaut, pour les performances graphiques intermédiaires. Il était cependant possible de sélectionner les meilleures sans avoir à souffrir de ralentissements gênants. Notez que la position du haut-parleur est ici très bien trouvée. Le MX4 Pro est une assez bonne console portable.
En vidéo, le MX4 Pro profite évidemment de son bel écran. Il est l'un des rares à savoir décoder des vidéos Ultra HD, ce qui l'amène à avoir cet excellent score sur AnTuTu Video. Dans les faits, le MX4 Pro offre un lecteur multimédia par défaut particulièrement capable. Il a été en mesure de décoder tous nos fichiers de test, le son y compris (AC3 et DTS supporté). Il a même affiché les sous-titres des flux MKV. Dans cet usage, un affichage QHD n'apporte pratiquement rien face à une dalle Full HD, même à 5,5 pouces de diagonale. C'est sur le Web et en photo qu'une telle résolution a un intérêt.
Des photos de qualité
Et justement, en photo, le smartphone offre des clichés particulièrement bons. Le capteur Sony réalise des photographies avec du contraste, du détail, du piqué et une très bonne gestion de la luminosité. Rares sont les fois où le bleu du ciel parisien hivernal aura été aussi prononcé, sans que la rue en contrebas soit plongée dans le noir le plus total. L'autofocus n'est pas tout à fait aussi rapide que sur le Xperia Z3, mais reste tout à fait fonctionnel. Si l'IMX 220 est évidemment la principale cause de ce bon rendu, n'oublions pas non plus le coprocesseur d'image Samsung intégré à l?Exynos 5430.
L'interface photo reste similaire à celle du MX4. Et c'est tant mieux. Car le passage aux réglages manuels saura ravir les photographes en herbe, notamment le réglage manuel de la mise au point pour réaliser des effets bokeh qui rendront vos amis jaloux. La balance des blancs, la sensibilité, l'ouverture : autant d?éléments qui sont réglables selon vos goûts. Bien sûr, l'interface dispose aussi de modes scènes qui prennent tous ses paramètres en charge automatiquement.
Excellent, mais pas plus que le MX4, finalement...
Le MX4 Pro nous laisse une impression mitigée. Malgré des qualités évidentes dans la construction et la plate-forme, le passage au QHD n'a pas ici que des avantages, malgré l'augmentation de la RAM et le choix d'un chipset Exynos pour supporter cette ambition technologique. Cela se ressent dans les performances pures du mobile. Et cela se ressent aussi dans certains usages multimédias. Si certains smartphones parviennent à conserver une fluidité à toute épreuve avec un écran QHD (comme les Note 4/Edge), ce n'est ici pas tout à fait le cas. Si le MX4 Pro est techniquement excellent, il ne l'est pas suffisamment pour justifier l?écart de prix avec le MX4, plus de 100 euros moins chers à capacité de stockage égale.
De plus, nous sommes déçus de l'immobilisme de Meizu et de ses partenaires distributeurs quant à la traduction de l'interface et des services de FlymeOS. Aucun effort n'a été fait depuis l'automne dernier, quand nous avons réalisé le test du MX4. Et déjà, nous éprouvions ce sentiment depuis le test du MX3, qui date d'il y a pratiquement un an. Nous allons même jusqu?à dire qu'il s'agit d'une position ambigüe qu'il serait bon de clarifier. Prenons l'exemple de l?App Center. Si c'est un élément central de l'expérience Meizu, la boutique doit être capable d'accueillir des consommateurs internationaux. Si cela n'est pas possible, le fabricant devrait prendre la décision de l'enlever pour ne conserver que le Play Store. Car en l?état, il n'apporte rien à l'utilisateur français. Pire, ce dernier a certainement l'impression de ne pas profiter pleinement de son smartphone. Et c'est évidemment contreproductif.