La consommation de musique en ligne s’est clairement déportée en quelques années du téléchargement vers le streaming. L’émergence et la montée en puissance de services comme Pandora, Deezer, Rdio, Google Play Music Unlimited, Beats Music et bien sûr Spotify, ont chahuté les majors du disque, toujours réfractaires aux usages numériques où leurs gains ne sont pas clairement définis (contrairement aux téléchargements). Mais elles savent aussi que, sans leur catalogue, ces mêmes services seraient considérablement amputés d’une partie de leur intérêt. Un poids que les majors usent largement lors des négociations récurrentes.
Universal Music tente d'imposer des limites à Spotify
Selon le Financial Times citant une source interne chez Universal Music, la major est entrée en négociation avec Spotify pour le renouvellement des licences d’exploitation du plus gros catalogue musical au monde. Seulement, les négociations ne tournent cette année plus exclusivement sur le prix, mais également sur les modalités d’accès aux contenus. Selon la source anonyme, Universal souhaiterait que Spotify revoie sa politique sur les utilisateurs gratuits et limite le volume de chansons accessibles par ces derniers. Aujourd’hui, un utilisateur gratuit est en mesure d’écouter toute la musique qu’il souhaite depuis un mobile (en mode aléatoire uniquement) et un PC, et uniquement en mode online (pas de synchronisation locale).
Évidemment, Universal Music souhaite qu’une partie des usagers gratuits, poussés par ces nouvelles limitations, souscrivent à une offre payante, bien plus rémunératrice pour la major. Mais la source du quotidien économique explique que cette politique serait tout aussi profitable pour Spotify, même si, en apparence, quelques usagers tourneraient le dos au service de streaming en partant chez les concurrents, notamment YouTube qui devrait également lancer une offre musicale.
Entre le marteau et l'enclume
Chez Spotify, la perte d’Universal serait catastrophique. Mais limiter l’accès gratuit lui ferait également perdre de nombreux usagers, même si certains utilisateurs gratuits (une minorité bien sûr) opteraient effectivement pour une offre payante. Ce qui aurait alors un impact sur les revenus publicitaires : les abonnements supplémentaires contrebalanceraient-ils vraiment la baisse des revenus publicitaires ? Rien n’est moins sûr.
En outre, la concurrence est actuellement très dure. Et les premiers signes en provenance d’Apple montrent que la formule illimitée de la nouvelle version de Beats Music, qui sera totalement intégrée à l’écosystème de la Pomme (iOS et Mac OS), pourrait être commercialisée moins cher que le prix habituel (10 dollars par mois environ). Attendu à la WWDC de juin prochain, Beats Music par Apple pourrait être proposé à 8 dollars. Une baisse considérable qui aura aussi un impact sur les concurrents, et notamment sur Spotify, le plus important d’entre eux.
Baisse du prix des concurrents. Nouvelles limitations pour ses propres usagers. Spotify risque gros lors de ses négociations. Seulement, Universal Music ne semble pas être conscient qu’en mettant des bâtons dans les roues de Spotify, il risque aussi de voir disparaître l’un de ses plus gros contributeurs en termes de chiffre d’affaires. Reste à savoir si ces arguments parviendront à faire pencher la balance en faveur du service de streaming. Ce qui est loin d’être gagné.