Depuis un an et demi, nous avons la dent dure contre Samsung. Il faut dire que le Galaxy S5 n'a pas su nous convaincre, faisant preuve d'un certain immobilisme vis-à-vis du S4, mais aussi vis-à-vis de la concurrence. Que reprochait-on alors à Samsung ? Des design immuables. Des châssis en plastique. Des plates-formes techniques assez classiques. Et une impression globale laissant entendre que Samsung faisait la sourde oreille vis-à-vis du marché et des concurrents.
À la sortie du Galaxy S5, Samsung se croyait encore omnipotent, capable de créer des segments de marché et d'imposer sa vision. Or, la Chine est passée par là. 2014 a vu l'arrivée au niveau mondial de prétendants qui comptaient attaquer ce géant coréen dont les pieds (nous ne l'apprendrons qu'après) étaient faits d'argile. Et le géant a chuté.
Le Projet Zero pour tout remettre à plat
Un an plus tard, c'est une vraie révolution qui a été présentée par Samsung. Project Zero était le nom de code du Galaxy S6. Un nom de code symbolique, car Samsung souhaitait repartir de zéro pour créer un smarpthone résolument nouveau, notamment à l'extérieur. Et plus encore dans sa déclinaison S6 Edge que nous vous présentons ici. Écran incurvé, châssis en métal, protection en verre renforcé. À l'intérieur, les composants sont finalement assez fidèles au positionnement de Samsung. Voyez plutôt la fiche technique :
- dimensions : 142,1 x 70,1 x 7 mm
- poids : 132 grammes
- Protection en verre renforcé Gorilla 4 de Corning
- écran incurvé Super Amoled Quad HD de 5,1 pouces d'une résolution de 577 pixels par pouce
- rapport entre écran et taille du mobile : 71,7 %
- chipset Samsung Exynos 7 Octa 7420 composé de 4 coeurs Cortex-A57 cadencés à 2,1 GHz, 4 coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,5 GHz et un GPU ARM Mali T-760-MP8 cadencé à 772 MHz
- 3 Go de RAM LPDDR4
- 32 ou 64 Go de stockage interne au format UFS 2.0 (non extensible)
- batterie 2600 mAh non amovible
- Coque compatible recharge sans fil Qi et paiement mobile LoopPay
- capteur photo 16 mégapixels, objectif ouvrant à f/1.9, flash LED simple, stabilisateur optique, balance des blancs par infrarouge, compatible 4K en vidéo (mode ralenti 120 images par seconde en 720p)
- webcam 5 mégapixels à l'avant, objectif ouvrant à f/1.9, compatible 1080p en vidéo
- capteur infrarouge logé dans le bouton central et cardiofréquencemètre à l'arrière
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.1, NFC, MHL 3.0, ANT+, infrarouge et GPS Glonass
- Android 5.0.2 Lollipop avec surcouche Touchwiz
Incroyable fiche technique, même si, une fois encore, nous sommes étonnés de ne pas retrouver plus de RAM sur une plate-forme compatible 64-bit. Un seul point nous a un peu déçus dans cet ensemble très haut de gamme : la batterie de 2600 mAh. Même si celle-ci se recharge plus vite, elle se décharge aussi plus vite, malgré la présence d'un chipset gravé en 14 nm qui devrait être, logiquement, moins gourmand. Seulement, le chipset n'est pas le seul à consommer de l?énergie : l?écran QHD aussi. Voilà qui n'est pas simple.
Un design qui marque une vraie rupture
Le Galaxy S6 Edge se distingue de tous les autres smartphones Samsung de par son aspect extérieur. Si le S6 conserve quelques-unes des caractéristiques physiques de la lignée Galaxy S, le S6 Edge les balaie totalement. C'est un vrai beau nouveau téléphone. Que ce soit à l'avant, à l'arrière, sur les côtés (surtout sur les côtés), le smartphone est très différent. En le prenant en main, nous avons vraiment l'impression que Samsung a souhaité adresser un message à tous ces détracteurs en confirmant sa capacité d'innovation.
À l'avant se trouve la belle dalle QHD de 5,1 pouces incurvée sur les deux côtés. Malgré cette courbure, le S6 Edge affiche des bordures assez larges autour de l?écran. Nous retrouvons le logo, l?écouteur et les capteurs environnementaux au-dessus, ainsi que les touches habituelles en dessous. Samsung n'a pas adapté les logos de son flagship aux nouvelles spécifications graphiques de Lollipop. Le constructeur n'en fait qu?à sa tête. Le bouton cache évidemment le lecteur d'empreinte (compatible PayPal).
C'est de dos que le smartphone est vraiment différent : l'arrière n'est plus dans un plastique imitant un autre matériau, mais en verre minéral Gorilla 4. Le capteur photo, carré, ressort de la dalle. C'est certainement à cause de ce détail que le mobile n'est pas étanche (dommage). Il est accompagné par le flash et le cardiofréquencemètre. Le capteur infrarouge de ce dernier sert désormais à faire la balance des blancs. Nous verrons en fin de test quelle est l'incidence de ce choix.
Sur les tranches, le smartphone affiche une très belle protection métallique qui suit les courbures de l?écran. Ce design est clairement encore plus réussi que celui du Galaxy Alpha, lequel était certainement, avec celui du Note Edge, le plus inspiré de Samsung en 2014. À gauche, vous retrouvez le contrôle du volume. À droite le bouton de mise en marche. En bas le jack 3,5 mm, le port microUSB et le haut-parleur. En haut, le port infrarouge et la trappe pour la nano-SIM.
Une prise en main qualitative, mais fuyante
En main, le smartphone apporte une vraie sensation qualitative. Il n'y a aucun doute que le flagship 2015 de Samsung est un excellent cru. Enfin diront même certains. La construction du smartphone est solide et la prise en main est assez naturelle, même si nous avons désormais un peu plus l?habitude de trouver les contrôles du volume à droite, avec la mise en veille. La proéminence du capteur photo ne gêne pas. Au contraire : elle stabilise le mobile qui a tendance à glisser facilement, avec les deux plaques de verre minéral. C'est certainement son plus gros défaut. Les traces de doigts sont également un point faible.
Si le smartphone glisse entre les doigts, c'est évidemment à cause du Gorilla 4 de Corning. Un matériau qui apporte une vraie fluidité à l'ensemble du système. Il est très agréable au toucher. C'est le parfait compagnon pour un écran qui lui-même dépasse l'entendement. Écran QHD de 5,1 pouces. Une résolution de 577 points par pouce, du jamais vu dans un smartphone commercial. Évidemment, le détail de chacun de ces pixels est impossible à voir à l'oeil nu. Le grain de cet écran est impressionnant. Le contraste, les angles de vision et la luminosité aussi. Sans parler de la colorimétrie saturée de l?Amoled. Lui trouver des défauts serait presque offensant.
Lollipop s'adapte à Touchwiz, et non le contraire
Une fois l?écran allumé, nous prenons contact pour la première fois avec une version de Lollipop habillée de Touchwiz. Première rencontre relativement sobre, puisque Samsung a conservé la quasi-totalité de l'expérience Touchwiz, y ajoutant simplement quelques éléments d'Android 5.0, comme les nouvelles notifications, le Material Design et la gestion multicompte. Samsung en a également profité pour faire quelques mises à jour des applications systèmes, comme celle de l?APN, l?horloge, le lecteur vidéo ou le baladeur musical.
L'interface de Touchwiz adaptée à Lollipop
L'un des principaux changements est la prise en charge de l?écran incurvé. Comme sur le Note Edge, le côté de l?écran offre une interactivité supplémentaire. Elle est cependant moins aboutie. Exit le menu Edge additionnel, le côté de l?écran (un seul est interactif à la fois, pour les gauchers et les droitiers) propose un accès à un petit menu complémentaire appelé EtiquEdge. Renseignez-y vos contacts favoris, vous pourrez y obtenir des raccourcis pour les appeler ou envoyer un message. Il sert aussi à regrouper les notifications qui concernent le même contact.
Accès à Etiquedge et paramétrage
Quelques applications additionnelles. Et vraiment utiles !
Au-delà de ce changement, vous retrouverez facilement vos marques dans ce nouveau Touchwiz. L?écran Briefing est à droite. Sur l?écran d'accueil se trouvent le widget météo (avec un petit effet ombré fort sympathique), la recherche Google et le widget commercial pour découvrir les « indispensables Galaxy » et les « offres Galaxy ». Le Play Store et le Galaxy Apps sont séparés par l'icône de l'appareil photo, comme s'il s'agissait d'un médiateur ou d'un arbitre sportif. En glissant sur le côté, le bureau de droite propose deux dossiers pour deux partenariats commerciaux : le premier avec Facebook (Instagram, Facebook Messenger et WhatsApp), le second avec Microsoft (Skype, OneNote et OneDrive). Notez que 100 Go de stockage sur OneDrive sont offerts pendant deux ans avec un S6 et un S6 Edge.
Nouvelle horloge, nouveau menu paramétrage et thèmes
Outre ces deux accords, Samsung installe moins d'applications qu'auparavant. Le menu des applications ne compte toujours que deux panneaux (certainement un peu grâce à l'usage des dossiers). Parmi les applications maison, vous retrouvez S Voice (assistant vocal), S Health (partenaire sportif), S Planner (agenda intelligent) et Smart Manager (outil de contrôle des ressources). Notez également la présence de Peel Smart Remote que nous avons également apprécié sur le One M9 pour contrôler votre Box, votre téléviseur ou votre décodeur numérique.
Smart Manager et Peel Smart. A droite, la désactivation d'application préinstallée
Une vraie Porsche, dehors comme dedans
L'ensemble est plus fluide, plus simple et, assez logiquement, plus accessible. Touchwiz se simplifie avec le temps, et Samsung a compris qu'il est inutile de surcharger son interface (sauf s'il souhaite décourager ses usagers). Confirmant les clichés parus sur Internet, il est possible de désactiver les applications préinstallées, mais pas de les supprimer pour gagner de la place. Dommage.
Au coeur de cette très bonne impression se trouve l?Exynos 7 Octa 7420, évolution du 7410 du Galaxy Note 4. Un chipset qui est non seulement plus rapide (+10 % en fréquence), mais aussi plus fin (gravure en 14 nm FinFET) et mieux équipé au niveau du GPU (un octo-core et non plus un hexa-core). De fait, il est beaucoup plus puissant que son prédécesseur. Une puissance qui nous a même surpris : il dépasse le Snapdragon 801, le Snapdragon 810 et même le Tegra K1 au niveau des coeurs applicatifs.
Commençons par AnTuTu. Sur ce banc de test, le smartphone atteint le score assez incroyable de 61 270 points, dépassant les 58 000 points du Tegra K1 (Nexus 9) et les 55 000 points du Snapdragon 810 (One M9). Pour rappel le Note Edge, le MX4 et le Nexus 6 frôlaient les 50 000 points. Sur les tests impliquant plus particulièrement les coeurs applicatifs, le smartphone est clairement leader : 1788 points sur Basemark OS II, alors que le Snapdragon 810 atteint 1360 points. La différence est indéniable.
Moins surprenant sur les tests graphiques
Sur les tests plus graphiques, le Mali T-760 octo-core parvient à faire un score honorable, face à une concurrence déjà plus redoutable de la part de nVidia et Qualcomm dont il s'agit d'une spécialité. Sur 3DMark, le S6 Edge atteint 21 958 points. C'est moins que le Nexus 6 (23 062 points), le One M9 (23 732 points) et la Nexus 9 (26 227 points). Une fois encore, les GPU d'ARM sont certainement très économiques pour leurs performances, mais ils n'atteignent pas encore le niveau de qualité des concurrents, à gamme égale.
Enfin, sur AnTuTu Video, Samsung s'en sort une fois encore très bien avec un score de 573 points, parvenant presque à égaler le tenant du titre, le MX4 Pro et ses 577 points. Le benchmark note que, s'il lit correctement toutes les vidéos, c'est sur l'audio que cela pêche. Côté autonomie, le mobile tient bien toute la journée, mais guère plus. Ne lui en demandez pas trop non plus si vous êtes un gamer.
Le S6 Edge n'est ni une console, ni un lecteur vidéo...
Avec une telle puissance, nous nous mettons en selle pour aller tuer quelques zombies dans Dead Trigger 2. La première impression est très bonne : le jeu est très fluide, même avec les graphismes en qualité maximale (attention, ils ne le sont pas par défaut, ce qui est étonnant). La seconde impression est nettement moins bonne. D'abord, une partie des icônes sont occultées par la courbure de l?écran, contrairement au Galaxy Note Edge. Ensuite, le haut-parleur mono est particulièrement mal placé. De plus, le smartphone glisse quand même un peu. Le S6 Edge n'est donc pas une si bonne console de jeu...
En vidéo, même constat sur la courbure de l?écran pour les films au format 16/9e. Préférez les films en 21/9e, comme au cinéma. Sinon, vous aurez une petite surprise. Et le haut-parleur n'est pas optimal. Adoptez un casque audio. Enfin, comme signalé par AnTuTu Video, si le smartphone décode très bien les vidéos, il ne dispose pas de certains codecs audios courant pour aller avec. De fait, il n'y a pas le son. C'est dommage, car le lecteur vidéo est plutôt bon et affiche même les sous-titres des MKV.
... mais un excellent APN d'appoint
Enfin, la photo est une véritable surprise. Nous sommes souvent étonnés de la qualité des clichés des smartphones haut de gamme de Samsung. Donc, nous devrions être habitués. Mais le S6 Edge, et certainement son cousin germain aussi, propose des prises de vue d'une excellente qualité sans même avoir besoin de bidouiller les réglages manuels. Les couleurs sont belles et respectueuses. Le grain est fin. La luminosité est équilibrée. C'est d'ailleurs ce dernier point qui nous a le plus frappé. Souvenez-vous, en début de test, nous indiquions que le pointeur infrarouge du cardiofréquencemètre servirait aussi à gérer la balance des blancs et à régler la luminosité. Il paraît ici évident que c'est le cas. Le rendu est vraiment beau.
Photo prise avec le Galaxy S6 Edge
L'interface photo a également évolué. Si vous trouvez toujours sur la gauche les réglages rapides (effets, HDR, flash, retardateur) et à droite l'accès à la webcam et au mode vidéo, vous trouvez également le bouton « mode ». Ce bouton sert à accéder aux autres modes de capture, comme le mode pro (avec contrôle sur la balance des blancs, la focale, la sensibilité ISO, la colorimétrie, etc.), mais aussi le mode Focus Selectif pour les effets bokeh, le mode ralenti, le mode accéléré ou encore le panorama. D'autres sont toujours téléchargeables depuis Samsung Apps.
Interface photo de Touchwiz sur le Galaxy S6 Edge
Un renouveau qui fait du bien. Encore faut-il y mettre le prix
En conclusion, le Galaxy S6 Edge est loin d?être parfait. Il n'est pas le meilleur lecteur vidéo. Il n'est pas non plus le meilleur pour jouer (rassurez-vous, Candy Crush fonctionne bien). Mais il est le candidat parfait pour l'usager qui a les mêmes besoins que la plupart des consommateurs : de la téléphonie, de l'accès à Internet, des dizaines d'applications, notamment les réseaux sociaux, et de la photo. Sur tout cela, le Galaxy S6 Edge est clairement aujourd?hui le meilleur smartphone sous Android. Bien sûr, certains auront à redire sur l'interface. Mais cela relève des goûts de chacun. Et Touchwiz dispose d'un sélecteur de thème.
Reste une question évidemment épineuse. Vaut-il son pesant de nougat ? À 859 euros en version 32 Go et à 959 euros en version 64 Go, il a évidemment intérêt à être le meilleur. Car il est simplement le plus cher de sa catégorie, celle des smartphones grand public de moins de 5,5 pouces. Il n'en existe aujourd?hui pas de plus cher chez votre opérateur ou sur l?étal de votre magasin préféré. Notre avis : oui il vaut son prix. La qualité de la construction. Les matériaux premium. La belle interface. Les performances de haute volée. L'excellent APN. De même que l'iPhone 6 Plus vaut également les 800 euros demandés. Reste à savoir dans quel camp vous souhaitez aller.