Sur le papier, Apple Pay est une très bonne idée. Mais elle rencontre quelques difficultés à s’établir, non pas auprès des consommateurs, qui ont la curiosité d’ouvrir l’application et parfois même d’enregistrer leur carte bancaire, mais avec les partenaires naturels du système. Aux États-Unis, il s’agit des réseaux de distribution qui refusent de mettre à jour leur terminal de paiement pour être en mesure d’accepter Apple Pay. En Chine, comme en Europe (au Royaume-Uni notamment), le problème serait encore plus profond.
Aucun accord en vue avec un partenaire chinois
Un article du groupe de presse économique chinois Caixin (l’équivalent de Bloomberg) indique qu’Apple n’a pas réussi à signer un seul accord avec un organisme financier local. La publication cite des sources internes aussi bien chez les émetteurs de cartes de crédit que chez les banques. Voilà qui expliquerait pourquoi Apple Pay était absent de la mise à jour 8.3 d’iOS pour les iPhone et les iPad commercialisés dans l’Empire du Milieu. Selon Caixin, les négociations avec UnionPay, le principal émetteur local de cartes, engagées depuis novembre, n’ont pas été conclues à temps. Pire, il semble que les discussions soient dans l’impasse.
En outre, Apple n’aurait abouti avec aucune banque chinoise non plus. L’organe de presse indique que la firme de Cupertino serait entrée en contact avec les huit plus importantes et qu’aucune n’aurait donné suite. Le problème : la commission d’Apple sur les paiements. Aux États-Unis, cette dernière équivaut à 7,5 % de la commission bancaire sur chaque paiement effectué (soit 0,15 % du montant de la facture payée par le client), pourcentage auquel s’ajoute une somme forfaitaire de 0,5 cent. Évidemment, ces taux ont certainement été révisés pour le marché chinois. Malgré cela, aucune banque n’aurait donné son accord. Le problème serait similaire au Royaume-Uni où le lancement a été reporté au second semestre 2015.
Un problème qui n'est pas simplement financier
Si Apple est parvenu en novembre dernier à conclure un accord avec UnionPay pour prendre en charge les paiements sur l’App Store et iTunes, le géant américain n’aurait pas réussi à étendre cette collaboration au-delà. Comme l’indiquait le magazine Fortune fin octobre, un accord dans l’Empire du Milieu est loin d’être signé entre Apple et une entreprise bancaire chinoise, pour des raisons politiques, industrielles et sociétales, les Chinois n’étant pas culturellement des utilisateurs quotidiens de la carte de crédit. Le fait que Jack Ma, le célèbre patron d’Alibaba, ait également lancé son système de paiement sur mobile, appelé AliPay, n’est certainement pas étranger à cette réticence.
Si l’Europe finira bien par adopter ce système de paiement, même de façon très fragmentée et progressive, comme aux États-Unis, la situation en Chine est bien plus inquiétante. D’abord parce que la Chine est aujourd’hui le second marché pour Apple en volume. Ensuite parce qu’Apple Pay ne relève pas simplement du gadget, mais touche à l’économie et la finance. Enfin, parce que la Chine montre un certain protectionnisme et une préférence nationale. Il ne serait donc pas étonnant qu’un ersatz d’Apple Pay émerge prochainement, chez Xiaomi ou Meizu, partenaire récent d’Alibaba.