Les réseaux sociaux ont donné naissance aux selfies et, par extension, aux selfie-phones qui vont avec. Si les constructeurs chinois étaient évidemment les premiers à s'emparer du phénomène, d'autres ont rapidement suivi. HTC, Microsoft, Asus ou encore Sony. C'est avec le Xperia C3 que le Nippon a débuté sur ce segment du marché. C'était en 2014. Un an plus tard, il revient avec une suite logiquement baptisée Xperia C4.
Disponible depuis le début du mois de juin à 349 ?, le nouveau selfie-phone de Sony apporte un équipement un peu plus robuste et en adéquation avec ce positionnement mais c'est loin d'être la seule amélioration apportée. A vrai dire, c'est peut-être même la moins importante. C'est simple, tous les composants du Xperia C3 ont été remplacés : écran, chipset, mémoire, appareils photo, batterie...
Le prix plus élevé semble donc justifié mais, avant de le vérifier, voici tout de même un rappel des principales caractéristiques techniques du Xperia C4 :
- Android 5.0 Lollipop + XperiaUI
- écran IPS Full HD de 5,5 pouces avec moteur mobile Bravia Engine 2
- chipset octa-core 64-bit MT6752 cadencé à 1,7 GHz
- GPU ARM Mali760 MP2 cadencé à 700 MHz
- 2 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne (+ microSD jusqu'à 128 Go)
- appareil photo 13 mégapixels capteur Exmor RS et enregistrement HD 1080p
- webcam 5 mégapixels avec capteur Exmor R et flash LED
- connectivités 4G Cat4 / Wi-Fi / NFC / Bluetooth 4.1
- double-SIM (optionnel)
- batterie 2600 mAh
- dimensions : 150,3 x 77,4 x 7,9 mm
- poids : 147 grammes
Une phablette qui s'assume, peut-être un peu trop
Sony travaille depuis plusieurs années à uniformiser son catalogue. Les changements apportés dans la série Z se retrouvent ensuite dans les gammes inférieures. Et c'est le cas ici. Le Xperia C4 reprend la forme du Xperia Z3, avec ses tranches arrondies, même si les matériaux ne sont pas les mêmes. Le métal a cédé sa place à un plastique légèrement scintillant et rigide pour conserver un aspect assez proche, tant à la vue qu'au toucher. Exit aussi la plaque de verre trempé au dos, remplacée cette fois par du plastique avec finition mat blanc, noir ou vert selon le coloris choisi. L'avantage : vous ne serez pas embêtés par les traces de doigts. Il semblerait en revanche que notre modèle blanc ait pris la teinte du jeans après quelques heures en poche...
Malgré les éléments empreintés au dernier haut de gamme de Sony, le Xperia C4 ne trompera personne. Il manque clairement de finesse. Peu aidé par son format, il présente de plus de larges bordures autour de l'écran alors que les tranches arrondies le grossissent encore un peu plus. Sans oublier la disposition des différents éléments à l'avant, similaire à celle observée sur le Xperia E4. L'écran n'est pas tout à fait centré dans la hauteur. Plus proche du bas, il laisse alors une énorme bordure en haut. Largement de quoi caser la large webcam cerclée d'argent et son flash, en plus du haut-parleur, des capteurs de luminosité/proximité et de l'inscription Sony.
Même le profil du Xperia C4 semble manquer de finesse alors qu'il ne mesure que 7,9 mm d'épaisseur. Là aussi, c'est avant tout un effet d'optique dû à la superposition de couches : le cadre blanc de la vitre, l'armature argentée et une partie du capot, inamovible comme le rappelle la large trappe placée sur la partie haute de la tranche droite. Elle donne accès à deux emplacements SIM et un troisième pour une carte mémoire. Les boutons se partagent l'espace restant, en-dessous donc : alimentation, volume puis appareil photo. Comme souvent chez Sony, le port microUSB est à gauche plutôt qu'en bas. Pas de trappe ici, puisque le smartphone n'est pas étanche. Dommage. La prise casque est en haut.
En retournant le smartphone, nous retrouvons évidemment l'appareil photo (secondaire, alors ?) et son flash en haut. Notez l'emplacement inhabituel, entre le centre et le coin, sans doute pour laisser la place au module avant. Au milieu se trouve une nouvelle inscription Sony puis, en bas, l'inscription Xperia avec, à sa gauche, une petite grille de haut-parleur pas forcément très bien placée (sonnerie étouffée lorsque le smartphone est posé à plat). Le capot est légèrement arrondi dans le prolongement du cadre argenté et permet d'obtenir une prise en main agréable. L'assemblage est plutôt propre. Reste à savoir comment le plastique des tranches résiste aux chocs. Il se déformera sans doute plus facilement que du métal.
L'un des meilleurs écrans dans cette gamme de prix
A l'allumage, nous avons la bonne surprise de découvrir un grand et bel écran. Eh oui car, si les derniers haut de gamme de Sony s'en sortent désormais assez bien dans ce domaine, ce n'est pas toujours le cas des modèles moins huppés. Il faut dire que le Nippon n'y déploie pas tout son savoir-faire. Pas de Triluminos ici, mais une dalle IPS plutôt classique avec, tout de même, le moteur Bravia en option. Les paramètres renferment également un « Mode très vif » mais nous avons en fait été satisfaits du rendu sans avoir à activer l'une ou l'autre de ces technologies d'amélioration de l'image.
La diagonale de 5,5 pouces combinée à la définition Full HD assurent un grand confort visuel. L'affichage est suffisamment fin (420 pixels par pouce) pour profiter de tout type de contenu, que ce soit le texte d'une page web ou des photos et vidéos pour lesquelles vous pourrez aussi compter sur des couleurs chaleureuses et des angles de vision bien ouverts. Technologie IPS oblige, mais la luminosité plutôt correcte aide sans doute aussi.
Android Lollipop avec Xperia UI
Il y a aussi une autre bonne surprise à l'allumage. C'est que nous retrouvons Android dans sa dernière version, à savoir Lollipop, facilement reconnaissable derrière la surcouche de Sony qui l'enveloppe joliment sans dénaturer le travail de Google. L'écran de verrouillage intègre ainsi le nouveau système de notifications. Le bureau reste entièrement personnalisable à l'aide de widgets et de raccourcis, avec des thèmes en prime. Le Nippon conserve même les boutons de navigation de Lollipop. Le panneau de notifications intègre désormais une fenêtre déroulante pour les réglages rapides, personnalisables, ainsi qu'un gestionnaire de comptes utilisateurs. Quant aux applications ouvertes (multitâche), elles sont désormais présentées sous forme de cartes avec, toujours, l'astucieux système de micro-applis.
Comme souvent sur phablettes, Sony a également ajouté quelques options pour faciliter l'utilisation à une main. Elles sont activables depuis les Paramètres et permettent de réduire le clavier numérique pour les appels ou le code PIN ainsi que le curseur pour refuser/accepter les appels en plus d'associer un double-clic au bouton Accueil pour déployer le panneau de notifications sans risquer une entorse du pouce. C'est également dans ce menu que vous trouverez l'interface simplifiée si vous n'êtes pas à l'aise avec toutes les fonctions d'Android ou encore l'excellent mode STAMINA et même Ultra STAMINA pour prolonger la durée de vie de la batterie de 2600 mAh intégrée.
Plutôt légère sur les fonctionnalités, la surcouche de Sony l'est en revanche beaucoup moins pour les applications. Le constructeur en ajoute déjà une douzaine de son propre catalogue, dont certaines ne seront pas forcément utiles à tout le monde, comme Playstation si vous n'avez pas la console éponyme. Retenons tout de même sa suite multimédia complète, Socialife, pratique avec son Widget pour suivre l'actualité, ou encore Movie Creator pour la réalisation rapide de clips à partir des prises stockées dans l'appareil. S'ajoutent encore à cela quelques applications empruntées à droite et à gauche : Facebook, AVG Protection ou encore Office Suite. Heureusement que 16 Go de stockage ont été prévus ! Il n'en reste déjà plus que 8 pour l'utilisateur. Notez que certaines applications préinstallées peuvent être supprimées, mais pas toutes.
Bien armé pour le multimédia
Du côté des performances, le Xperia C4 ne déçoit pas non plus. Tout d'abord, il parvient à faire tourner Android sans accros. Les applications se lancent et chargent assez rapidement également. C'est même la grosse surprise sur AnTuTu, qui délivre un score de 46 000 points. La dernière fois que nous avons croisé le MT6752, c'était sur le M1 Note de Meizu et il peinait à dépasser les 40000 points. C'est en revanche une contreperformance sur 3Dmark. Le benchmark des gamers donne ici à peine plus de 6000 points contre 10000 pour le smartphone chinois.
Notez que la configuration est exactement la même : CPU octa-core Cortex-A53 1,7 GHz, GPU Mali-T760 et 2 Go de RAM. La différence s'explique sans doute par le profil haute performance disponible chez Meizu. Il ne s'agit toutefois que de benchmarks beaucoup d'autres facteurs peuvent entrer en jeu à l'exécution des tests. Mieux vaut donc se fier au comportement réel et, pour ce qui est du jeu, notre impression a été plutôt bonne malgré l'absence de l'option graphique la plus élevée sur Dead Trigger 2.
Le jeu a très bien tourné au niveau moyen et quelque chose nous dit que le résultat aurait été le même au niveau supérieur puisque Modern Combat 5 a également tourné sans problème avec des graphismes relativement fins. Le chipset de Mediatek semble ici délivrer une expérience de jeu plus fluide que le Snapdragon 615 de Qualcomm. Cela ne suffit malheureusement pas à faire du Xperia C4 une bonne plateforme de jeu. Il faudra notamment éviter les FPS. La dalle tactile répond mal aux mouvements légers. Il devient alors difficile de viser avec précision. Dommage puisque l'affichage est de qualité.
Il sera en revanche possible d'en profiter pleinement en lecture vidéo, domaine dans lequel le MT6752 s'en sort également très bien, épaulé ici par un lecteur natif assez bien fichu et prenant notamment en charge les sous-titres. Les codecs vidéos les plus populaires sont décodés jusqu'en HD 1080p. Le bilan est un peu moins positif en audio, que ce soit pour la bibliothèque de codecs pris en charge ou le haut-parleur qui manque un peu de puissance, son emplacement, à l'arrière, n'aidant évidemment pas.
Appareil photo : c'est toujours ceux qui parlent le plus qui en font le moins...
Il est désormais temps de passer à la photo, ce qui devrait être l'un des domaines de prédilection du Xperia C4 avec son capteur Exmor RS de 13 mégapixels accompagné d'un flash LED à l'arrière et, surtout, son capteur Exmor R de 5 mégapixels, également accompagné d'un flash LED, à l'avant. La prise en main est en tout cas bonne grâce au déclencheur sur la tranche et l'application dédiée de Sony, assez bien fichu et surtout bourré de modes avec, en plus, la possibilité d'en télécharger d'autres.
Les utilisateurs les plus exigeants y trouveront un mode manuel avec réglages ISO et correction de l'exposition et de la balance des blancs. Les autres, des modes automatiques, des effets artistiques mais aussi des effets un peu plus drôles, comme le maquillage. Sans oublier la réalité augmentée, pour ajouter des éléments improbables dans le cadre, un décor complet ou des masques en autoportrait. De quoi s'amuser un peu. Mais qu'en est-il de la qualité ?
Malheureusement, nous devons bien avouer avoir été un peu déçus. Principalement par le capteur frontal dont nous attendions évidemment beaucoup compte tenu du positionnement du smartphone. Finalement, il est tout juste correct. S'il ne s'en sort pas trop mal lorsque l'éclairage est bon, il perd rapidement pied dans les autres situations et, si le flash parvient à ramener un peu de détails, ce sont alors les couleurs qui pâtissent. Amusant donc, mais pas forcément probant. D'autres seront plus à même de satisfaire les amateurs de selfies, sans même que ce soit leur « spécialité ».
De l'autre côté, le bilan n'est pas beaucoup plus positif. Lui aussi a bien du mal avec la luminosité. Vous repasserez souvent en mode manuel pour corriger l'exposition et/ou la balance des blancs. Les clichés manquent également un peu de piqué et, surtout, de détails. C'est principalement vrai dans les zones sombres. Autant dire presque partout, en cas de sousexposition. Et c'est assez fréquent. Dommage. Une mise à jour pourrait sans doute atténuer ces problèmes mais, en l'état, ce n'est pas vraiment ça. Sony nous avait habitués à bien mieux, parfois sur des smartphones moins onéreux.
A choisir pour autre chose que les selfies
Disons le tout de suite, le Xperia C4 n'est pas le meilleur choix si vous attendez des selfies d'exception. Certes, il ne s'en sort pas trop mal, mais il est loin d'exceller dans ce domaine. Le Desire EYE de HTC reste loin devant. Il fera cependant une bonne phablette si vous souhaitez vous divertir grâce à son écran de qualité et ses performances plus que convenables en multimédia, même si vous trouverez peut-être mieux, ou au moins autant, ailleurs et pour moins cher.
Nous pensons principalement à l'Idol 3 d'Alcatel OneTouch, lequel offre des prestations très similaires grâce à sa webcam 8 mégapixels et son Snapdragon 615 dans un emballage plus soigné, pour 100 ? de moins. Le M1 Note de Meizu évoqué au cours du test se présente comme une autre alternative intéressante, à condition d'être chez Bouygues Telecom (pour la 4G).