Jusqu'ici, la gamme Highway de Wiko nous avait globalement plus. Le premier Highway était ambitieux, avec son quad-core MediaTek. Le Highway Signs tentait d'offrir un compromis entre prix et performance. Le Highway 4G s'est avéré être l'une des meilleures plates-formes de jeux de l?été dernier. Et, marketing oblige, la marque basée à Marseille se devait de réitérer avec deux nouveaux membres de la collection : le Star et le Pure. Des deux le Pure est le premier à arriver en magasin. Et donc en test dans nos colonnes.
Seulement, pour cette nouvelle incarnation, Wiko a viré de cap. Inutile de chercher ici une plate-forme robuste, puisque la configuration est celle d'un smartphone entrée de gamme actuel. Dommage, celui-ci est vendu à 299 euros. Quel élément peut donc justifier un tel positionnement ? Le design. Car le Highway Pure, un clone du Canvas Sliver 5 de Micromax (qui a copié qui, nous ne ferons aucun commentaire sur ce point), est un mobile extrêmement fin, comme vous le verrez dans la partie de ce test dédié au design et dans la fiche technique qui suit :
- dimension : 141,9 x 68,1 x 5,1
- poids : 98 grammes
- écran Amoled 720p de 4,8 pouces pour une résolution de 306 pixels par pouce
- verre renforcé Gorilla 3 de Corning
- ratio écran / dimension : 65,7 %
- chipset Qualcomm Snapdragon 410 avec quad-core Cortex-A53 cadencé à 1,2 GHz et GPU Adreno 306
- 2 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne (non extensible)
- batterie 2000 mAh
- capteur photo 8 mégapixels compatible Full HD en vidéo (à 30 images par seconde)
- webcam 5 mégapixels compatible 720p en vidéo (toujours à 30 images par seconde)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, Radio FM et A-GPS
- un seul port carte SIM (au format nano-SIM)
- Android 4.4.4 KitKat avec surcouche Wiko
Dans cette fiche technique, vous remarquerez donc que le Highway Pure est donc très proche du récent Wiko Ridge 4G : même définition d?écran, même chipset, même RAM, même ROM, même version d'Android. En revanche, les capteurs photo sont ici moins bons. Alors que le prix est 50 % plus élevé. Et cela pourquoi ?
Taille de guêpe et poids plume
Pour justifier de flirter avec les 300 euros (le prix d'un OnePlus One, quand même...), Wiko offre un châssis exemplaire qui nous rappelle naturellement celui du Oppo R5 testé dans nos colonnes il y a pratiquement deux mois. Nous retrouvons donc un mobile très fin où le capteur photo ne dépasse pas du châssis arrière. Ce qui est évidemment une remarque performance d'ingénierie. Le smartphone est également d'une extraordinaire légèreté. Quelle différence entre ce mobile et un Motorola, un LG ou un HTC. Ici, le smartphone est rectiligne et non bombé pour épouser les courbes de la paume de la main. Cela a évidemment une incidence sur la prise en main, comme nous le verrons.
À l'avant, vous retrouvez donc une belle dalle tactile protégée par un verre Gorilla 3 de Corning. Nous nous attendions à ce que la large bordure sous l?écran intègre des touches tactiles pour la navigation dans Android, mais ce n'est pas le cas. Ces touches sont intégrées à l'interface de KitKat. Dommage que cette bordure soit aussi large, même si cela est certainement une conséquence de la finesse du produit. À l'arrière, vous retrouvez une belle dalle de verre avec, en haut à gauche, le capteur photo et son flash, et en bas au centre, sous la marque CE, la grille du haut-parleur mono.
Pour consolider l'ensemble, le châssis et le contour sont faits de métal, que ce soit la partie grise, façon aluminium brossé, ou la partie noire mate. Sur ces tranches serties de métal, les connectiques sont toutes présentes, même le connecteur jack 3,5 mm absent du Oppo R5. Vous retrouvez à gauche le contrôle du volume et à droite le bouton de mise en marche à côté du tiroir pour loger une nano-SIM (pas de double emplacement). Vous noterez que cet emplacement est strictement à l'opposé de celui du Oppo, mais toujours dans un coin...
Une prise en main mal assurée
Pour ceux qui apprécient les prises en main ferme et ergonomique, ne vous tournez pas vers ce smartphone, car vous seriez extrêmement déçus. La construction du mobile est cependant très bonne et les finitions sont belles. Mais la présence de deux plaques de verre minéral rend la préhension plus glissante qu'avec des smartphones plus épais, plus lourd ou moins rectiligne. Petite note avant l?été : si vous transpirez, le téléphone ne restera pas dans votre main, mais il conservera vos traces de doigts...
L?écran est l'une des forces de ce smartphone. Pour deux raisons : d'abord parce que le rétroéclairage est Amoled. Cela veut dire que la dalle est très lumineuse, que les angles sont très ouverts et que le contraste est bon. Dans les paramètres d'Android, vous trouverez également une option pour saturer plus ou moins la colorimétrie. Ceux qui aiment le rouge très (trop) vif des dalles Amoled de Samsung seront ravis de retrouver ici un effet presque identique. Et ceux qui détestent pourront baisser la saturation. La seconde raison est la présence de la dalle de verre Gorilla 3 de Corning. Elle assure une protection au smartphone, tout en préservant une glisse parfaite au bout des doigts. Et le Highway Pure ne fait pas exception.
Une surcouche aux antipodes du design du mobile
Une fois le mobile allumé, vous êtes face à Android 4.4.4 KitKat habillé de la surcouche encore toute récente de Wiko. Visiblement, Wiko n'a toujours pas pris le temps d'adapter son interface à Lollipop : à quelques mois de la sortie d'Android M, il serait peut-être temps de faire quelque chose. D'autant que ce ne sont pas les mises à jour qui manquent : depuis la réception de l'unité de test à la rédaction, nous en avons installé deux. Wiko travaille donc à l'amélioration, la correction et l'optimisation de sa surcouche. Comme celle-ci est toute récente, nous opterons pour une position bienveillante et encourageante.
Interface Wiko avec clavier Touchpal X
D'autant que cette surcouche, typiquement «chinoise», n'est pas désagréable. Vous l'avez découverte lors de notre test du Wiko Ridge 4G. Elle apparaît ici globalement dans la même version (outre les quelques correctifs apparus depuis). Vous remarquerez de gros changements autant en terme graphique qu'ergonomique. Les icônes des applications d'Android Vanilla ont toutes changé (mais les applications derrière sont restées les mêmes) et rivalisent de circularité. Comme de nombreuses surcouches chinoises, celle de Wiko élimine le menu application et installe tous les logiciels sur les écrans d'accueil. Wiko a également modifié l'allure du menu paramètres, mais n'a modifié ni le multitâche, ni la zone de notification, ni l'outil de personnalisation de l'interface.
Parmi les applications supplémentaires offertes ici, nous retrouvons le gestionnaire de fichiers, lui aussi visuellement plus coloré, Touchpal X, le clavier glissant également offert dans certains mobiles de ZTE ou de Meizu, par exemple, ainsi que Clean Master. Ce dernier est un outil d'optimisation qui sert à éliminer les fichiers temporaires qui prennent souvent trop de place. Il indique également la RAM et l'espace de stockage occupés. Une application qui serait bien pratique si elle n'avait pas autant tendance à faire sa propre publicité. Une fois celle-ci ouverte, il vous invitera à cliquer sur quelques liens commerciaux pour télécharger d'autres produits, comme un lanceur d'application (qui occulte la surcouche de Wiko...), un antivirus, un outil de backup et même... des jeux. Un mélange des genres pas très heureux.
Application Clean Master et quelques exemples de sollicitations marketing
Une plate-forme technique trop serrée
La surcouche de Wiko est légère. Et KitKat est certainement l'une des versions les plus fluides d'Android. À l'usage, le smartphone se révèle donc plutôt fluide, malgré une fiche technique qui n'est, à première vue, pas avantageuse, notamment vis-à-vis du prix de vente. Nous avons évidemment fait passer au Pure la batterie de tests habituelle et les résultats ne sont pas très encourageants et montrent que Wiko a eu du nez d'employer 2 Go de RAM et Android KitKat. D'abord, sur AnTuTu, le mobile frôle les 21000 points. Sur 3DMark Ice Storm Unlimited, il atteint 4400 points. Sur Basemark OS II, il dépasse les 600 points. Et enfin, sur AnTuTu Video, il parvient à 240 points.
Quelques points de comparaison pour situer le mobile face à une concurrence plus ergonomique que technique. Face au Oppo R5 et son Snapdragon 615, vendus une centaine d'euros de plus, le Pure est évidemment moins performant, quel que soit la plate-forme. Face au Galaxy A5, négocié 50 euros de plus dans toutes les bonnes crémeries, il parvient aux mêmes scores (ce qui est logique, ils sont techniquement pratiquement jumeaux). Face au M4 Aqua de Sony, vendu au même prix (même en version 16 Go) et également sur Snapdragon 615, il est moins performant. Bref, la comparaison n'est pas toujours à son bénéfice.
Le multimédia, ce n'est pas son fort
Plus encore que l?Oppo R5, le Highway Pure n'est pas un mobile pour les gamers, les durs, les vrais ! D'une part parce que sa plate-forme technique n'est plus de première jeunesse. D'autre part parce que le design du smartphone n'est pas idéal pour une bonne prise en main. Cependant, sur Dead Trigger 2, le Pure n'a pas démérité. Il n?était bien sûr pas aussi à l'aise que les smartphones que nous avons cités précédemment, comme le M4 Aqua. Les aficionados de Candy Crush n'auront aucun problème à s'adonner à leur vice sucré.
Côté vidéo, le faible score obtenu par le mobile sur AnTuTu Video nous a mis la puce à l'oreille : le Pure n'est pas, sorti de son emballage, un bon lecteur vidéo. Pourtant il a de bonnes qualités : un bel écran Amoled bien lumineux avec une définition loin d?être ridicule, même si elle ne dépasse pas la sensibilité de l'oeil humain (324 pixels par pouce). Cependant, la plate-forme, qui s'appuie sur l'exécrable lecteur vidéo d'Android Vanilla ne décode pas les formats de fichier usuels, notamment le MKV que vous rencontrez certainement régulièrement sur Internet. De fait, il vous faudra obligatoirement en passer par la case Google Play pour télécharger un lecteur de rechange intégrant ces codecs.
Trop de bruit en photo
Passons à la photo. L'interface photo du Highway Pure est la même que celle du Ridge 4G. Nous ne ferons donc pas de nouveaux commentaires à son sujet. D'autant que les possibilités offertes en terme de réglage (balance des blancs, sensibilité, saturation, contraste, correction de l'exposition) ne sont pas aussi étendues que chez Samsung ou Sony. Vous remarquerez cependant la présence d'un mode antiscintillement pour prendre des photos d'un écran. Cette option permet d?éviter les effets d'ombre que vous constatez parfois en faisant un cliché d'une télévision par exemple. Cette option permet d'amoindrir ou d?éliminer cette ombre.
Le résultat est assez intéressant, car la luminosité globale est assez bonne (même s'il y a quelques imperfections). Comme vous pouvez le constater ci-dessous, la scène est globalement éclairée, sans l?être trop. Les nuages du ciel parisien en ce début d?été sont bien dessinés. La rue est lumineuse. Peut-être même trop, car le bruit s'installe rapidement sur les clichés qui perdent rapidement en qualité si vous souhaitez zoomer. Beaucoup de grain donc, et peu de piqué. Il est possible que ce résultat soit dû non pas au capteur photo, mais au processeur d'image utilisé ici. Quand de nombreux smartphones n'ont justement pas cette capacité à équilibrer la lumière d'une scène, le Pure aurait pu faire la différence. Dommage.
Photo prise avec le Wiko Highway Pure
Trop cher, même parmi les mobiles design
Au final, le Highway Pure de Wiko adopte le même positionnement que l?Oppo R5 et la famille Galaxy Ax de Samsung : un mobile qui mise davantage sur ses atours, avec des lignes pures (d'où le nom certainement) et des matériaux premium, que sur ses performances techniques. Ce qui a des avantages, comme un attrait visuel incontestable, mais aussi des défauts. Parmi les plus importants, nous avons constaté des lacunes dans la majorité des usages multimédias, lesquels font aujourd?hui partie du quotidien des utilisateurs. Il est évident que certaines concessions doivent être faites pour créer ce téléphone, car il n'est pas possible d'insérer autant de composants dans un châssis de 5,1 mm d?épaisseur que dans une coque de 7 mm d?épaisseur.
Nous sommes naturellement tentés de rappeler que des smartphones Full HD sous Snapdragon 615 existent sous la barre des 200 euros, comme le 50 Diamond d'Archos. Nous aimerions aussi rappeler l'existence du OnePlus One, vendu au même prix que ce Wiko, pour un design moins léché, mais des performances largement meilleures. Nous sommes obligés de mentionner le M4 Aqua, vendu au même prix que le Pure, disposant d'une attractivité similaire (sans l?épaisseur certes), et largement plus capable. Et nous n'oublions pas le R5 d?Oppo, vendu un peu plus cher, proposant un châssis encore plus fin (si nous mettons de côté le capteur photo protubérant) et disposant d'une fiche technique égale à celle du Sony. Bref, ce mobile n'est pas le meilleur dans sa catégorie. Il n'est pas le pire non plus. Reste à savoir si vous accepterez de faire autant de concessions pour un beau mobile.