À deux reprises au mois de juin, nous avons évoqué dans nos colonnes un projet chez BlackBerry visant à créer un smartphone sous Android. Ce projet aurait même déjà son petit nom de code géographique : Prague. Bien sûr, BlackBerry nie l’existence d’un tel projet, mais n’exclue pas entièrement cette possibilité. Voilà qui entretient les rumeurs et les supputations, même au coeur du microcosme des actionnaires de BlackBerry. À l’occasion de la présentation des résultats trimestriels de l’entreprise, l’un d’entre eux aurait posé franchement la question à John Chen, son capitaine. Ce dernier aurait simplement répondu que cela sera une possibilité quand Android sera aussi sécurisé que l’OS sur lequel fonctionnent tous ces terminaux actuellement.
Le futur Passport pourrait être sous Android... si ce dernier devient aussi sécurisé que BB OS
Android, oui, quand il sera sécurisé
Cette petite histoire est racontée par John Chen lui-même qui a répondu à quelques questions sur la chaîne américaine CNBC, toujours pour commenter les résultats de l’entreprise. Il y rappelle que l’expérience BlackBerry est construite sur un ensemble de briques qui aujourd’hui sont indissociables : un terminal pour travailler, un serveur d’entreprise pour gérer les flux de données et une solution de sécurité qui protège les informations sensibles.
Et, aujourd’hui, selon John Chen, Android n’apporte pas ce niveau d’expertise. Et ce malgré les relations que l’entreprise entretient avec Samsung autour de Knox. Certaines rumeurs parlent même d’un partenariat entre les deux firmes autour de la création commune d’un terminal.
Un patron réaliste
John Chen fait ici preuve d’un certain réalisme. Il sait que le fonds de commerce de son entreprise est de vendre des solutions sécurisées aux organismes privés ou publics. Il sait aussi que l’avenir de BlackBerry s’appuiera majoritairement sur la vente de solutions et non de terminaux, même s’il aimerait rendre son activité smartphone rentable. En revanche, il est conscient que BlackBerry OS souffre d’un manque évident de popularité, notamment auprès des usagers et des développeurs. L’écosystème s’est effondré avec l’avènement d’Android.
Aujourd’hui, BlackBerry représente moins de 1 % du parc installé mondial (1,5 % aux États-Unis). Passer sous Android serait un atout indéniable pour retrouver de la rentabilité. Il ne peut cependant renier l’importance de la sécurité des données. D’où cette réponse qui sonne presque comme un appel du pied à Google.
Pour ce premier trimestre fiscal, clos au 30 mai dernier, BlackBerry a généré un chiffre d’affaires de 658 millions de dollars, dont 40 % en hardware, 38 % en services et 21 % en logiciels. L’entreprise a perdu 28 millions de dollars. La société a commercialisé 1,1 million de smartphones en un trimestre pour un panier moyen de 240 dollars, ce qui indique que le Passport n’a pas été le modèle le plus plébiscité de la gamme.