Avec les jeunes pour cible principale, il est étonnant que le très dynamique Wiko ait attendu si longtemps pour lancer un selfie-phone. Après tout, c'est eux qui ont lancé la mode des selfies et qui la font vivre aujourd'hui encore, avec le soutien de constructeurs déjà très nombreux, comme HTC et son Desire EYE sorti fin 2014. Wiko se joint finalement à l'effort avec le Selfy 4G, désormais disponible pour 199 ?. Espérons alors que l'attente en valait la peine.
Selfie-phone assumé, le Selfy 4G brille évidemment par son équipement photo avancé. C'est même l'un des meilleurs dans cette gamme de prix mais cela a également amené Wiko à faire quelques sacrifices à côté. Pas d'écran Full HD, ni de chipset surpuissant. La mémoire est un peu chiche également mais on ne peut pas tout avoir, et voici précisément ce que vous aurez avec ce Selfy 4G :
- Android 5.1 Lollipop
- Ecran AMOLED HD de 4,8 pouces
- Chipset quad-core MT6735P cadencé à 1 GHz
- GPU Mali-T720
- 1 Go de RAM
- 8 Go de mémoire interne (+ microSD jusqu'à 64 Go)
- connectivités 4G Cat.4 / Wi-Fi b/g/n / Bluetooth 4.0 / GPS
- appareil photo principal de 8 mégapixels avec autofocus et flash LED compatible 720p en vidéo
- appareil photo frontal de 8 mégapixels avec Selfie Flash, également compatible 720p en vidéo
- batterie 2300 mAh
- dimensions : 141 x 68,4 x 7,70 mm
- poids : 116 grammes
Voilà donc une fiche technique pour le moins déséquilibrée. Wiko a joué le jeu jusqu'au bout. Reste à savoir si ces quelques sacrifices sont réellement préjudiciables pour l'expérience Android ou, à défaut, si les performances en photo sont au moins suffisamment bonnes pour les faire oublier. C'est évidemment ce que nous allons tenter de découvrir, mais commençons par l'habituel tour du propriétaire.
Les designers de Wiko ne devaient pas être très inspirés
Le Selfy 4G est un smartphone plutôt passe-partout. Les coloris ne sont pas aussi nombreux et vifs que ce à quoi nous avons l'habitude chez Wiko. Notre modèle est noir. Il existe également en blanc, menthe ou rubis, l'option la plus flashy. La forme n'est pas très originale non plus mais l'ergonomie compense. Le smartphone est léger et se manipule facilement grâce à son capot arrondi aux extrémités, ses boutons bien placés et ses dimensions convenables. Il faut dire que Wiko a opté pour un écran relativement petit en comparaison des standards actuels.
La moyenne est plutôt à 5 pouces. Celui du Selfy 4G mesure 4,8 pouces. Les bordures latérales sont de plus assez fines. On ne peut en revanche pas en dire autant des autres, mais c'est plutôt compréhensible. Celle du haut accueille, de gauche à droite, une LED de notification, la webcam 8 mégapixels, le haut-parleur, le capteur de luminosité et le flash. Celle du bas assure un effet de symétrie, même si elle n'accueille aucun bouton. Le tout, protégé derrière une vitre délimitée par un cadre en plastique brillant.
Inutile de craindre les traces de doigts, ce dernier ne couvre qu'une partie infime des tranches avant de passer le relais au capot en plastique mat (et imitation cuir au dos), avec les boutons intercalés entre les deux. Il y en a deux à droite, un noir pour l'alimentation et un plus voyant et travaillé pour la photo en-dessous. Nous sommes surpris de trouver ce dernier, dans le bon sens. Notons également la présence d'une petite encoche pour faciliter le retrait du capot sur le même côté, alors que les commandes du volume sont à l'opposé.
Continuons le tour avec les connectiques. La prise jack et le port microUSB ont été rassemblés sur la tranche inférieure, à côté d'un petit micro. Quant à l'emplacement microSD et à l'emplacement microSIM, ils sont évidemment cachés sous le capot puisque, comme indiqué plus haut, il est possible de le retirer. C'est d'ailleurs assez facile alors qu'il a l'air de bien tenir en place. Aucun jeu à signaler sur le tour. L'ouverture de l'appareil photo est en revanche un peu plus large que le composant, en haut à gauche. Le haut-parleur est centré en bas.
Nous répétons assez souvent que ce n'est pas l'emplacement idéal pour le haut-parleur, surtout lorsque le capot n'est pas complètement bombé, mais Wiko a tout de même pensé à ajouter deux petites « béquilles » pour permettre au son de s'échapper lorsqu'il est posé à plat. Le Selfy 4G est donc plutôt bien construit, à défaut de pouvoir concourir pour un prix de beauté.
Miroir, miroir? Qui est le plus beau sur ce bel écran AMOLED ?
Revenons un peu plus en détails sur son écran. Il mesure donc 4,8 pouces. La définition atteint 1280 x 720 pixels pour une résolution légèrement supérieure à 300 pixels par pouce, la fameuse limite au-delà de laquelle l'oeil humain n'est plus censé distinguer les pixels sur une distance de 30 cm. Et c'est vrai. L'affichage paraît suffisamment fin, même si la différence avec le Full HD se ressent. Les couleurs profondes et les larges angles de vision offerts par la technologie AMOLED complètent ce joli tableau, que vous n'aurez aucun mal à observer même en plein soleil grâce à une luminosité modérée mais « maîtrisée », comme s'en vante d'ailleurs Wiko. Pourquoi pas, puisque c'est vrai. Difficile de trouver à redire donc. C'est un bon écran, ni trop grand ni trop petit et plutôt bien calibré, pour se promener dans Android 5.1 Lollipop.
De l?Android enrichi avec astuce
L'OS de Google est donc livrée dans sa dernière version et, comme toujours désormais, avec une légère surcouche. Elle ne change pas beaucoup l'interface mais supprime tout de même le menu des applications, qu'il faudra donc répartir, avec les widgets, sur les différents panneaux qui composent le bureau. Wiko permet d'en ajouter jusqu'à 12 pour compenser. Sans oublier qu'il est aussi possible de les ranger dans des dossiers pour gagner de la place. Ce ne devrait donc pas être un problème. Le reste est conservé : écran de verrouillage avec notifications, centre de notifications avec réglages rapides et multitâche avec présentation en cartes. Sans oublier Google Now en glissant du bas vers le haut de l'écran.
Wiko ajoute en revanche des fonctionnalités bienvenues, comme des gestes pour sortir le smartphone de veille et quelques applications bien sûr. Rien de superflus toutefois. Elles incluent principalement des outils de maintenance (mise à jour, sauvegarde, gestion de la mémoire) et un clavier un peu plus complet que celui de Google, dont nous retrouvons évidemment les applications habituelles : Maps, Chrome, Drive, Youtube, Hangouts, Photo et la suite Play avec, notamment, le Play Store pour en télécharger de nouvelles. 3,5 Go de mémoire restent disponibles en interne, une fois la partition du système écartée, et il est, pour rappel, possible d'ajouter une carte microSD jusqu'à 64 Go.
Le multimédia, c'est pas sa tasse de thé !
Nous n'avons pas rencontré de ralentissements particulièrement gênants lors de la navigation alors que les applications se lancent plutôt rapidement, même s'il y a parfois un peu d'attente pour le chargement des contenus. Ce n'est pas franchement étonnant compte tenu du chipset que l'on trouve au coeur du Selfy 4G. C'est un MT6735P de MediaTek, variante 4G « worldmode » et beaucoup moins rapide du MT6732. Nous retrouvons les quatre coeurs Cortex-A53 pour le CPU, mais cadencés ici à 1 GHz contre 1,5 normalement, alors que le Mali-T760 est remplacé par un plus modeste Mali-T720 pour la partie graphique.
Wiko s'est, de plus, montré peu généreux sur la RAM, limitée à 1 Go. C'est un peu léger et cela pénalise inévitablement le smartphone face à d'autres que l'on pourrait trouver au même prix, sous MT6732 voire MT6752 ou Snapdragon 410 voire 615 (Archos 50 Diamond). C'est évidemment surtout le cas en multimédia, comme pouvaient le laisser présager les benchmarks.
En lecture vidéo, les premiers signes de faiblesse apparaissent au décodage de certains fichiers 720p comme le MKV. Pour d'autres, la limite monte au 1080p mais il est tout de même dommage de ne pas pouvoir profiter pleinement du bel écran du Selfy 4G avec tous. Notez au passage que l'installation d'un lecteur tiers est toujours préférable, ne serait-ce que pour les sous-titres.
En jeu, il faudra malheureusement se contenter des titres peu gourmands, voire en 2D tout simplement. Nos essais sur Modern Combat 5 et Dead Trigger 2 n'ont pas été très concluants, avec de nombreux ralentissements. Et le mode Booster de Wiko ne suffira pas ici à sauver les meubles. Dommage. On peut toujours se raccrocher à l'écoute musicale, passable grâce à un haut-parleur pas forcément très puissant mais ayant au moins le mérite de produire un son clair.
La photo relève le niveau
Le Selfy 4G se rattrappe heureusement en photo, domaine dans lequel nous l'attendions au tournant. Forcément, quand on s'appelle Selfy et qu'on annonce un duo d'appareils photo de 8 mégapixels avec Flash... Et nous sommes ravis de découvrir que Wiko ne s'est pas arrêté là. L'ajout d'un déclencheur physique sur la tranche est une bonne surprise, même si nous l'aurions préféré avec un cran à mi-course pour la mise au point (d'autant qu'elle ne se déclenche pas non plus automatiquement avant la prise), alors que de nouveaux réglages et modes de vue viennent compléter l'application dédiée.
La plupart sont évidemment liés à la prise d'autoportraits, avec la caméra avant ou arrière. Vous trouverez notamment de quoi vous faire un petit ravalement de façade artificiel : peau adouci, visage aminci ou yeux de biches. L'idée du selfirama est sympa aussi, bien que ce ne soit pas toujours facile à exécuter. Il est également possible de déclencher l'appareil au dos d'un geste de la main pour plus de commodité. C'est sûr. Nous aurions préféré un bon mode manuel mais ça ne colle pas vraiment avec le positionnement. Et force est de reconnaître que le Selfy fait très bien ce qu'il doit faire.
Nous avons en effet été agréablement surpris par la qualité des autoportraits obtenus. Malgré l'absence d'autofocus, les visages sont généralement capturés en détails. Bien plus que les objets d'ailleurs comme vous le verrez ci-dessous. Un effet, peut-être, de la technologie de reconnaissance des visages. Les couleurs sont de plus bien reproduites. Le tout, sans nécessiter de cadre particulièrement lumineux même si le bruit s'invite rapidement à la fête. Sinon, il reste le flash qui, à défaut d'éclairer de manière homogène, n'altère pas trop les couleurs.
Photos prises avec l'appareil photo frontal du Wiko Selfy 4G
Accessoirement, l'appareil photo arrière s'en sort également plutot bien en produisant des clichés lumineux et détaillés, malgré un petit grain presque toujours présent à l'agrandissement. Rien de réellement gênant toutefois. Rappelons au passage que les deux capteurs ne sont compatibles que 720p en vidéo, sans doute une limitation technique due au chipset?
Photo prise avec l'appareil photo dorsal du Wiko Selfy 4G
Bon en photo, mais il en oublie parfois trop le reste
Premier selfie-phone signé Wiko, le Selfy 4G remplit très bien sa fonction avec ses appareils photo performants et sa connectivité complète pour partager les prises obtenues. Sans oublier son bel écran pour le visionnage. Dommage en revanche que le reste ait un peu été négligé, notamment le manque de puissance et de mémoire, qui gâchent un peu l'expérience Android. Les amateurs de selfies seront quant à eux ravis.