Tout savoir sur : Nintendo dévoile sa première application mobile : Miitomo
Nintendo a organisé hier une conférence de presse sur les perspectives financières de l'entreprise. Une conférence suivie par la majorité des analystes de la place japonaise, ainsi que des journalistes économiques, dont le correspondant du Wall Street Journal. Durant cette conférence de presse, deux informations étaient attendues : quel sera le premier jeu de Nintendo sur smartphone et à quelle date sera-t-il disponible ? Deux questions auxquelles Tatsumi Kimishima, le nouveau patron de Nintendo (successeur du regretté Satoru Iwata), a apporté une réponse. Mais pas forcément celles que le public de la salle attendait.
Réseau social de Mii
Le premier « jeu » développé par Nintendo et son partenaire DeNA s'appelle Miitomo. Il ne s'agira pas d'un jeu à proprement parlé, mais davantage d'une application de communication entre joueurs basée sur l'utilisation des Mii, les avatars qui représentent les joueurs sur Wii, Wii U et 3DS. Sur le même principe que la connexion Streetpass (avec laquelle les consoles portables de Nintendo communiquent les unes avec les autres, indépendamment et dans la rue, pour échanger des informations), Miitomo sera un lieu de rencontre entre les Mii avec possibilité d?échanger et de communiquer. Shigeru Miyamoto, le « papa de Mario » et directeur créatif de Nintendo, explique que Miitomo sera un véritable accélérateur dans les relations humaines entre joueurs, notamment les plus timides d'entre eux...
L'application sera gratuite au téléchargement, mais inclura des options payantes. Si le PDG de Nintendo n'en dévoile pas plus, il est facile d'imaginer quelles seront ces options. Des stickers pour la messagerie intégrée. Des habits virtuels pour customiser son Mii. Si vous voulez l?habiller en plombier, il faudra donc mettre la main à la poche ! Si les achats intégrés sont une pratique un peu déroutante pour une entreprise comme Nintendo, qui s'adresse quand même au segment le plus jeune de la population de joueurs, c'est le principe même de l'application qui est décevant. Les joueurs attendaient en effet un vrai jeu et non une énième application de messagerie électronique.
Lancement au printemps prochain
Cette première déception est suivie par une seconde. Contrairement à ce que Tatsumi Kimishima a pu indiquer précédemment, la première application de Nintendo et DeNA sur mobile n'apparaîtra pas sur les boutiques applicatives avant la fin de l'année, mais en mars prochain, soit à la fin de l'actuel exercice fiscal de la firme de Kyoto (clôturé fin mars). La raison serait le besoin de Nintendo de communiquer proprement sur Miitomo, ce qui lui serait impossible compte tenu de la période chargée des fêtes de fin d'année.
Cette application sera cependant suivie par quatre autres sur le prochain exercice de Nintendo. Certaines (ou toutes) seront payantes. Elles incluront les célèbres personnages de la firme. Et elles serviront autant à attirer les joueurs mobiles qu?à promouvoir ces produits plus conventionnels (les consoles et les jeux qui vont avec). Une vision très marketing et moins ludique que Satoru Iwata avait déjà exprimée l'année dernière et qui semble avoir survécu avec son successeur. C'est peut-être un peu dommage.
Un nouveau compte pour les gouverner tous
Le lancement de ces applications, conçues par Nintendo, développées et opérées par DeNA, sera accompagné par un nouveau service, également annoncé par Satoru Iwata quelques mois avant sa disparition. Il s'agit d'un compte unique entre les consoles connectées (les actuelles et à la future NX), un navigateur Web et les smartphones. Ce service, qui servira de liens entre les plates-formes, d'identifiant unique pour le paiement des contenus téléchargeables et de lieu de sauvegarde centralisé, s'appellera Nintendo Account.
Difficile d'avoir une idée claire sur la véritable stratégie de Nintendo vis-à-vis de la téléphonie, car le discours de Tatsumi Kimishima jette le doute sur l'implication de l'entreprise dans ce projet et sur ses véritables objectifs. Simple outil promotionnel ou véritable nouvelle plate-forme ludique ? Pour l'instant, il semble que ce soit la première option qui soit privilégiée, alors que la filiale de Nintendo, Pokemon Company, semble bien plus ambitieuse. Dommage, car, selon les analystes financiers interrogés par le Wall Street Journal, chaque jeu mobile pourrait rapporter à Nintendo 2 milliards de yens de chiffre d'affaires, soit 15 millions d'euros.