Après le Z5 Compact et le Z5 « classique », voici le test complet du Z5 Premium. Troisième itération de la famille Z5, ce smartphone est l'un de ces paradoxes que nous apprécions tant avec Sony : quand la concurrence s?évertuait à offrir du Quad HD dans des écrans dont la taille est comprise entre 5 et 5,7 pouces (Galaxy S6, Galaxy Note 5, LG G4, Nexus 6P, Moto X Style et Moto X Force), Sony a toujours défendu l'idée qu'une résolution supérieure à 400 pixels par pouce (soit du Full HD en 5,5 pouces) était largement suffisante pour des usages grand public.
La plus haute résolution dans un smartphone
Puis, il y a eu le Xperia Z4v, un partenariat avec Verizon finalement abandonné, mais qui a certainement effrité la conviction de Sony. Et en septembre, Sony a présenté le Xperia Z5 Premium, premier smartphone Ultra HD. 3840 x 2160 pixels. Soit une résolution supérieure à 800 pixels par pouce (avec une dalle LCD fournie naturellement par Japan Display). Comment justifier cela ? Simplement en expliquant qu'en photo et en vidéo, une telle résolution peut avoir une utilité. Cela pourrait sembler disproportionné : un écran follement fin pour quelques vidéos capturés en 4K. Heureusement, l?écran n'est pas « toujours » Ultra HD. Il baisse automatiquement sa résolution, redevenant une phablette Full HD plus classique. Vraiment plus classique ? C'est ce que nous allons découvrir tout au long de ce test qui démarre, comme toujours, par la fiche technique :
- dimensions : 154,4 x 75,8 x 7,8 mm
- poids : 180 grammes
- ratio écran / taille : 70,4 %
- châssis étanche certifié IP68
- écran Triluminos Ultra HD de 5,5 pouces (résolution de 806 pixels par pouce)
- chipset Snapdragon 810 de Qualcomm avec quatre coeurs Cortex-A57 cadencés à 2 GHz et quatre coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,55 GHz.
- GPU Adreno 430
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
- batterie de 3430 mAh (non amovible) compatible Quick Charge 2.0
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac MiMo, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), NFC, ANT+, DLNA, MHL, radio FM
- chipset audio ClearAudio+, double haut-parleur frontal stéréo
- lecteur d'empreinte digitale
- dual-SIM (nano-SIM)
- capteur photo Exmor RS 23 mégapixels avec LED, autofocus hybride, objectif G grand-angles 24 mm, compatibilité 4K en vidéo
- webcam Exmor R 5,1 mégapixels, objectif grand-angle 25 mm, compatible 1080p en vidéo
- Android 5.1.1 avec interface Xperia UI
Cette fiche technique ressemble évidemment beaucoup à celle du Xperia Z5 testé dans nos colonnes au mois d'octobre. Que ce soit la plate-forme technique, les deux capteurs photo et l'ensemble des compatibilités sans fil et réseaux. Nous sommes face à l'une des configurations les plus complètes du marché. Les deux seules différences entre le Z5 et le Z5 Premium concernent la taille de l?écran (et donc du châssis) et la capacité de la batterie. Ces deux détails ont une incidence sur les dimensions du produit et sur son poids.
Entre le Xperia Z5 et le Xperia Z Ultra
Pour le reste, le Z5 Premium s'apparente visuellement à un grand Xperia Z5. Il reprend les détails ergonomiques du nouveau design Omnibalance (toujours certifié IP68 lui conférant la capacité de prendre des bains jusqu?à 1,5 mètre de profondeur pendant une demi-heure), à savoir des lignes moins rondes et un travail effectué plus précisément sur les bordures que les générations précédentes. Du verre à l'avant et à l'arrière. Du métal pour protéger les tranches. Des coins en polycarbonate, pour assurer l'isolation entre les éléments métalliques. Un port micro USB et un port jack 3,5 mm isolés (donc submersibles). Une trappe unique pour les cartes SIM et la carte mémoire.
Le châssis compte toujours trois boutons matériels à droite, dont le déclencheur photo mécanique. Nous retrouvons aussi le contrôle du volume exagérément bas vis-à-vis des doigts de la main droite. Nous avions regretté qu'il soit aussi bas dans le Z5 et le Z5 Compact. Et nous réitérons notre avis dans le Z5 Premium. D'autant que ce n'est pas la place qui manque sur cette tranche. Nous retrouvons enfin, et surtout, le bouton d'allumage allongé, et non plus rond, qui cache le lecteur d'empreinte digitale. Les deux haut-parleurs frontaux sont toujours placés dans les bordures haute et basse de la dalle de Gorilla Glass.
Un format phablette classique ?
Le Xperia Z5 Premium, comme le Z5 (et un peu plus que le Z5 Compact), est un produit visuellement qualitatif, notamment pour ceux qui aiment les designs sobres, élégant et droit. De par sa taille, le Xperia Z5 Premium est un produit unique dans le catalogue de la marque : pas vraiment un Z5, pas vraiment un Z Ultra, le XPeria Z5 est au milieu des deux, un concurrent évident à toute l'engeance des produits avec un écran de 5,5 pouces, notamment l'iPhone 6S Plus. Une fois en main, le mobile se manipule d'ailleurs comme une phablette.
Ce qui n'est pas toujours à son avantage, notamment vis-à-vis du choix de l'emplacement du contrôle du volume. En revanche, placer le lecteur d'empreinte dans le bouton d'alimentation qui allume et débloque le mobile d'une seule pression est une excellente idée. Peut-être même meilleure que la solution d'Apple et Samsung.
L?écran LCD du Xperia Z5 Premium est assurément l'une de ses forces, en tout premier lieu parce qu'il est capable d'afficher nativement des contenus 4K sans que le chipset ait besoin de les retailler (ce qui, mine de rien, monopolise des ressources). Entre Quad HD et Ultra HD, nous n'avons honnêtement pas réussi à faire la différence. En revanche, nous avons pu observer que les qualités de cet écran sont similaires à celles du Xperia Z5 : luminosité, piqué, ouverture des angles de vision, lisibilité, contraste, colorimétrie. Et c'est certainement le plus important à l'usage, puisque la définition 4K n'est pas active à chaque instant. Notez que la dalle de verre Gorilla Glass est toujours très qualitative sous les doigts, offrant une bonne réactivité à l'ensemble.
Une interface en sursis
Côté interface, nous retrouvons naturellement celle du Xperia Z5. Il faudra évidemment attendre la migration de la gamme Z5 vers Marshmallow pour profiter d'une version allégée du Xperia UI. Une version qui se rapprochera plus de l'ergonomie Vanilla d'Android et où la majorité des applications natives pourront être désinstallées par l'utilisateur. En attendant, nous retrouvons une interface qui reste très chargée au lancement du téléphone. Nous l'avons largement brossé lors de notre test du Z5. Nous ne reviendrons pas dessus en détail (d'autant qu'elle est vouée à disparaître dans quelques semaines).
Interface et application météo
Nous retrouvons également une partie de la suite logicielle de Sony (What?s New, Lifelog, Playstation, Partyshare, Track ID, Xperia Lounge, etc.), encore une fois complétée de quelques accords commerciaux (Gameloft, AVG, Kobo, Amazon, File Commander, OfficeSuite). Quelques-uns des réseaux sociaux usuels sont également présents. La ROM Sony pèse environ 10 Go.
Nous avons remarqué, en réalisant les captures ci-contre de What?s New (le portail de recommandation de jeux et d'application qui sert également à télécharger les mises à jour des applications Sony), que le géant japonais a signé un partenariat commercial avec Deezer pour offrir 15 jours d'accès premium. Rappelons que Sony a signé avec Spotify un accord mondial (pour créer PlayStation Music) et que ce dernier est préinstallé dans le mobile. À quoi peut donc bien servir ce partenariat avec Deezer ?
What's New
What?s New prend d'ailleurs une importance considérable dans le marketing des produits multimédia du groupe : vous y retrouvez des jeux PlayStation Store à acheter sur les consoles de la marque, des playlists Spotify, des thèmes associés à des films à succès et des jeux vidéo exclusifs à la PS4 (LittleBigPlanet, Until Dawn). Il sera intéressant de voir si Sony persiste dans cette voie dans sa prochaine interface.
Un soin particulier apporté à l'énergie
L'expérience offerte par ce Xperia Z5 Premium est excellente, naturellement. Après nos tests relativement concluants du Xperia Z5 et du Xperia Z5 Compact, nous n'avons pas été déçus par celle du modèle le plus haut de gamme de la famille. Et même si la ROM pèse 10 Go, ce qui est particulièrement lourd, l'interface réagit très bien, quelle que soit la tâche à effectuer. Nous avons constaté que l'autonomie est relativement bonne : la 4K ne grève donc pas sur l'autonomie. D'autant que Sony a multiplié les modes économie d?énergie pour les cas de figure où vous auriez laissé le chargeur chez vous : un mode Stamina, un mode Ultra Stamina et un mode batterie faible. De plus, il est possible de savoir quelles sont les applications en arrière-plan qui consomment inutilement de l?énergie. C'est presque trop.
Gestion de l'autonomie
Nous avons effectué naturellement quelques tests concernant les risques liés à la surchauffe du Snapdragon. Comme nous le pensions, il n'y en a pas. Rappelons que le Xperia Z5 Premium, outre les protections réalisées pour le Z5, dispose de caloducs spécifiques censés disperser mieux encore la chaleur. Et force est de constater qu'après 15 minutes d'enregistrement en 4K, le chipset chauffe, certes, mais très raisonnablement.
Avertissement en 4K, CPU-Z lors de la capture et poids du système sur le stockage
De très bonnes performances, comme les autres Z5
Passons aux résultats des benchmarks. Comme vous le savez, AnTuTu Benchmark a modifié ses algorithmes de calcul. Il n'est donc plus possible de comparer les anciens tests avec les nouveaux tests. Nous ferons donc, dans un premier temps, des comparaisons avec les modèles spécifiés dans le classement AnTuTu. Comme avec le OnePlus 2 et le Xperia Z5, ce n'est qu'après de nombreux essais que nous avons réussi à obtenir de réelles bonnes performances du Snapdragon 810 : 83 391 points sur AnTuTu v6, le plaçant donc devant le Galaxy S6 Edge, mais derrière le Galaxy Note 5. L'une des différences entre le Note 5 et le Z5 Premium est la quantité de RAM et une meilleure gestion du multicore.
Les autres benchmarks offrent des résultats relativement en ligne avec ceux du Z5 : 1774 points sur Basemark OS II, 27 818 points sur Ice Storm Unlimited, 2182 points sur Slingshot ES 3.0 et 1185 points sur Slingshot ES 3.1. Le Xperia Z5 Premium est donc une plate-forme très qualitative, comme le montrent ses résultats, dans la lignée des autres Z5. Ce qui n'est pas étonnant : quand l?écran n'affiche que du Full HD, la plate-forme technique est strictement la même que celle du Z5 classique.
En voilà une excellente plate-forme multimédia !
À l'usage, le Z5 Premium est véritablement plaisant. Rien ne lui résiste vraiment. Du jeu vidéo ? Bien sûr, et même avec la PlayStation 4 en Remote Play tant qu?à faire. Nous avons lancé Dead Trigger 2 sur cette plate-forme, toujours en changeant le paramètre des effets visuels, lequel est par défaut sur moyen, même sur le Xperia Z5 Premium. En activant les meilleurs graphismes, le jeu n'en est que plus beau et ne perd jamais en fluidité. Comme sur le Z5, nous avons réellement vu une différence avec d'autres plates-formes, même sous Snapdragon 810. Une bonne intégration peut vraiment tout changer.
De la vidéo ensuite ? Naturellement. Et 4K en plus ! L?écran, superbe, et les deux haut-parleurs frontaux, toujours clairs et puissants, offrent une expérience cinéma de très bonne qualité. Nous passerons outre le détail des codecs manquants qui tardent à arriver (s'ils arriveront un jour), puisqu'il est toujours possible de pallier ce problème en installant un lecteur vidéo compatible. Cependant, le lecteur par défaut fait bien son travail, mieux que la moyenne de la concurrence. Nous sommes juste un peu surpris que, pour un mobile qui se veut être le meilleur en vidéo, il faille ici aller chercher une alternative sur le Play Store.
Une suite dédiée à la photo renouvelée
Passons à la photo. Comme vous pouvez le voir sur les captures d?écran ci-dessous, les applications liées à la photographie, Album et Camera, ont légèrement évolué. Camera tout d'abord dispose maintenant d'une prise en main plus proche d'un Meizu ou d'un iPhone : il faut glisser sur les côtés pour changer de mode. Les modes disponibles par défaut sont le mode intelligent, le mode manuel, le mode vidéo (Full HD) et l'accès aux modules supplémentaires. C'est ici que vous retrouverez le mode 4K, la réalité augmentée, les effets créatifs, etc. Dans le mode manuel, vous avez accès à trois réglages : le mode scène (macro, paysage, bokeh, HDR, nuit, etc.), la balance des blancs et la correction d'exposition. Comme auparavant, l'application est plutôt chiche de ce point de vue : pas de contrôle sur l'ouverture, la longueur focale, les ISO, etc.
Nouvelle application photo
Seconde application, Album, qui inclut désormais PlayMemories, ainsi que des filtres intelligents automatiques (détection des visages, lieux géographiques, etc.). Album intègre également les serveurs locaux (DLNA) et les réseaux sociaux (Facebook, Google Photos et Flikr). Et si vous souhaitez améliorer la photo, vous avez plusieurs applications préinstallées pour cela : l?éditeur intégré d'Album, Google Photos (logique) et Sony Sketch (appelé en français Dessin). Sketch est d'ailleurs une application intéressante si vous avez l?âme d'un artiste...
Album (à gauche et au centre) et Sketch (à droite)
De belles photos, même sans stabilisateur optique
Le résultat est intéressant, comme toujours chez Sony. Les conditions météorologiques étaient, le matin de notre test, étonnamment bonnes pour un mois de décembre. D'autant que, quelques heures plus tard, il tombait des cordes. Et nous n'avons pas été tendres avec le Xperia Z5, avec une scène fade et brumeuse qui ne mettait pas en exergue les qualités du capteur Exmor RS 23 mégapixels.
Photo prise avec le Sony Xperia Z5 Premium
Dans la photo ci-dessus, réalisée en mode intelligent, sans réglage manuel, vous découvrez donc un panorama équilibré et lumineux, avec de belles couleurs dans le ciel et sur les bâtiments. Le ciel est légèrement surexposé, notamment à gauche. L'absence de stabilisateur optique amène quelques flous incongrus sur les côtés. C'est certainement le seul vrai défaut ici, même si le piqué reste satisfaisant. Rappelez-vous également que l'appareil photo est réglé, par défaut, sur 8 mégapixels. N?hésitez pas à le passer à 20 mégapixels (16/9) ou 23 mégapixels (4/3) pour plus de détails.
La meilleure phablette de Sony
Avec le Xperia Z5 Premium, Sony signe certainement sa meilleure phablette. Plus épaisse et moins large que le Xperia Z Ultra. D'une toute autre gamme que les C4, C5 Ultra, T2 Ultra et autre T3. Clairement ambitieuse dans sa proposition et techniquement capable de l'assumer. Aucune vraie fausse note dans l'ergonomie et les performances (outre le placement des boutons de volume vraiment trop bas et l'absence d'un vrai stabilisateur optique). Bref, c'est un excellent cru avec lequel nous avons pris beaucoup de plaisir. Certes, le mobile n'est pas très abordable, c'est vrai : 799 euros. Soit pratiquement le prix de l'iPhone 6S. Cependant, ce positionnement est légitime, notamment quand il est comparé à la concurrence (Apple et Samsung notamment).
Nous nous posons cependant une question vis-à-vis de ce produit : quelle peut bien être l'utilité de la 4K. Car, nous avons filmé en 4K et nous avons apprécié le grain de l'image. Mais nous aurions été tout autant en mesure de l'apprécier avec un afficheur moins bien défini. D'autant que les usages vidéos profitent souvent aux écrans de moins bonne qualité, contrairement aux images fixes. Si la 4K est superflue, à quoi bon le faire ? Prouver que c'est possible ? Faire mieux que tout le monde ?
La 4K vaut-elle vraiment le coût ?
Selon Sony, il s'agit de préparer l'avenir. Celui de la diffusion de la VOD en 4K. Celui de la réalité virtuelle et augmentée (comme le Gear VR de Samsung). Mais ne sera-t-il pas toujours temps de s'y intéresser dans 2, 3 ou 5 ans ? Pour nous si. Donc le surcoût de cet écran 4K était-il vraiment nécessaire, dans un contexte économique de très forte concurrence (où Sony est toujours en difficulté) ? Nous ne sommes pas sûrs.