Yahoo, vous connaissez évidemment la marque et l’entreprise, mais certainement moins l’ensemble de ses services. D’autant que vous êtes, quasiment tous, utilisateur d’au moins l’un d’entre eux (notamment Yahoo Meteo, préinstallé sur tous les iPhone depuis 2007). Mais l'entreprise n'arrive pas à redevenir la marque qu'elle était il y a 15 ans, notamment parce qu'elle a pris avec beaucoup de retard le virage de la mobilité.
Il y a quelques jours, nous évoquions le lancement de la nouvelle version de Yahoo Messenger, une application plus moderne qui rattrape partiellement son retard sur la concurrence la plus directe. Nous notions alors à la fin de l’article que l’avenir de Yahoo pourrait se jouer dans les quelques semaines ou mois à venir. Le conseil d’administration réfléchissait en effet à la manière de sortir d’une situation complexe dont la conséquence était une sous-évaluation financière.
Yahoo Messenger
La paradoxe financier de Yahoo
En effet, aujourd’hui Yahoo est une structure dont les revenus émanent de deux sources principales : la publicité sur les services grand public et sa participation de 15 % dans le capital d’Alibaba, le géant chinois du commerce électronique. Selon les analystes financiers, la valeur actuelle du groupe Yahoo est moins élevée que celle de ses principaux actifs : ses participations dans Alibaba et Yahoo Japan, ainsi que son trésor de guerre, 5,5 milliards de dollars. Ce qui veut dire que le coeur de métier de Yahoo (search marketing, affichage publicitaire, affiliation, etc.), lequel génère 4 milliards de dollars par an, ne vaut rien.
Le conseil d’administration souhaitait donc changer la structure : en vendant sa participation dans Alibaba afin d’obtenir une valorisation sur ses activités et non ses actifs. Or, vendre une telle participation, c’est faire un cadeau de Noël avant l’heure aux impôts. Et compte tenu des besoins de Yahoo pour redevenir un groupe qui compte face à Microsoft, Apple ou Google, ce n’était pas une solution possible.
Yahoo devient... Yahoo ?
Aujourd’hui, le groupe a annoncé sa décision. Au lieu de vendre ou d’externaliser sa part dans le capital de l’e-commerçant chinois, Yahoo fera l’inverse en créant une seconde entreprise qui reprendra l’ensemble des activités historiques de la firme. En résulteront donc deux sociétés distinctes et cotées séparément à la bourse new-yorkaise. La première sera l’ancien Yahoo et se transformera en gestionnaire de patrimoine avec comme seul actif ses actions Alibaba. Peut-être en aura-t-elle d’autres avec le temps. La seconde sera le nouveau Yahoo avec tout le reste : le moteur de recherche, les serveurs publicitaires, les applications mobiles, etc.
Séparé d’Alibaba, Yahoo nouvelle formule serait théoriquement capable de réinvestir normalement, car sa valorisation nouvelle serait basée sur son activité commerciale et non une spéculation. Mais il y a deux risques. D’abord, Yahoo pourrait ne pas être capable de redresser la barre et perdre sa seule manne financière stable. Ensuite, les analystes financiers pourraient ne pas voir le nouveau Yahoo aussi profitable qu’elle ne l’est réellement, fragilisant l’entreprise. Dans les deux cas, Yahoo serait plus agile et plus réactif vis-à-vis du marché. Mais l’entreprise serait aussi plus facile à ingérer, entièrement ou partiellement, pour qui y mettrait le prix.