Émoi général hier à Wall Street : l'action de la radio thématique Pandora a joué au yo-yo durant la séance de cotation. Une baisse brutale, puis une remontée spectaculaire. Il faut dire que l'entreprise attendait impatiemment le verdict du Copyright Royalty Board (CRB), un organisme public américain qui fixe tous les cinq ans le prix de la redevance des radios (commerciales et non commerciales) outre-Atlantique. Et de ce prix dépend évidemment l'avenir de l'entreprise, laquelle ne négocie pas avec les majors du disque les versements qu'elle doit faire, mais est soumise à une décision fédérale. Certains bruits de couloir indiquaient que le comité aurait pris la décision d'augmenter la redevance des services commerciaux gratuits, mais aussi payants. Ce ne fut finalement pas le cas.
Un tarif en hausse...
Le CRB a en effet choisi de fixer le prix de la redevance à 1,7 dollar les 1000 chansons diffusées auprès d'auditeurs gratuits et à 2,2 dollars les 1000 chansons écoutées par des auditeurs premium. Cela correspond à une augmentation de 21 % du montant de la redevance pour les premières, et à une réduction de 4 % pour les secondes. Pandora ayant négocié d'autres tarifs, il s'avère que l'entreprise verra le prix de sa redevance pour les chansons diffusées auprès de ses consommateurs premium baisser de 12 %.
Dans un communiqué de presse diffusé à la suite de l'annonce, Pandora a indiqué que ce prix lui semblait être une décision juste qui n'entraverait pas le développement de son business. Selon le calcul de l'entreprise, sa redevance moyenne (pondération entre payant et gratuit) s?élèvera désormais à 1,76 dollar toutes les 1000 chansons écoutées, en progression de 15 %.
... mais une décision juste
Compte tenu du déséquilibre impressionnant entre son auditoire gratuit et payant (95 % - 5 %), cette décision est particulièrement intéressante. Bien sûr, le CRB parie sur le fait que Pandora continuera d?être très majoritairement un diffuseur gratuit de musique, financé par la publicité. D'où l'augmentation de 17 % de la valeur de la redevance correspondante. Ce qui fait bondir le montant de la redevance moyenne de Pandora. Seulement, en baissant le tarif premium, le CRB laisse à Pandora le moyen de se développer.
En effet, l'entreprise génère sa marge principalement sur son pass premium (commercialisé 5 dollars par mois environ). En ne ponctionnant pas inconsidérément cette marge, la radio thématique pourra investir pour développer de nouveaux services qui seront de nouveaux arguments pour convertir les auditeurs de ses services gratuits vers son pack premium. Et cela pourrait même lui donner les moyens de s'ouvrir à de nouveaux pays...
Le leader du streaming aux Etats-Unis
Nous connaissons peu Pandora en France, car ce service thématique de streaming audio ne distribue pas son application sur le vieux continent (mais uniquement aux USA, en Australie et en Nouvelle-Zélande). En revanche, outre Atlantique, Pandora est, contrairement aux idées reçues, le premier service de streaming musical, devant Spotify, Amazon Music, Google Play Music et Apple Music. En juin dernier, Pandora annonçait disposer d'une audience dépassant les 79 millions d'utilisateurs. Un chiffre qui a largement baissé durant l?été, à l'occasion du lancement d'Apple Music. Fin octobre, l'entreprise annonçait 78 millions d'auditeurs.
