Le patron de Sharp doit certainement avoir quelques difficultés à trouver le sommeil en ce moment. Sa gamme de smartphones ne se porte pas très bien. Sa famille de téléviseurs non plus. Apple, son plus gros client dans la fabrication d’écrans de petite taille, lui a commandé 10 % de dalles en moins (privilégiant LG Display et Japan Display). Et son dernier bilan semestriel montre que l’entreprise a réalisé une perte d’exploitation (avant impôts et amortissement) de 215 millions de dollars. La dette de l’entreprise se monterait à 4,4 milliards de dollars. De quoi faire tourner quelques têtes.
Technologie IGZO, basée sur de l'IPS
Un rachat par Foxconn envisageable ?
Depuis quelques mois, des murmures circulent dans l’archipel nippon sur les possibilités offertes à Sharp pour se redresser. L’une d’entre elles serait la création d’une filiale Sharp Display, laquelle serait alors en mesure d’accueillir des investisseurs financiers. Une autre solution serait de trouver un repreneur pour l’ensemble des actifs du groupe. Selon le Wall Street Journal, cette seconde solution pourrait même être celle à envisager le plus. Foxconn, le manufacturier taïwanais géant qui réalise entre autres les iPhone d’Apple, aurait fait une offre de rachat pour l’ensemble du consortium.
Le quotidien financier américain, citant des sources proches du dossier, indique que le montant proposé serait de 5,3 milliards de dollars, soit légèrement au-dessus du montant de la dette de l’entreprise. Le Wall Street Journal ne précise pas si ce montant inclut le remboursement de la dette ou non. Cependant, que la dette soit comprise ou non, le montant du rachat de Sharp ne serait pas énorme non plus.
Et si Sharp jouait la carte de la préférence nationale ?
Notez qu’un autre enchérisseur participerait aux négociations : le fonds de capital-risque japonais qui contrôle d’ores et déjà Japan Display. Dès l’année dernière, nous indiquions dans nos colonnes que la fusion entre Japan Display et Sharp Display serait certainement un bon moyen de concurrencer les industriels coréens (LG, Samsung) et taïwanais (Innolux, AU Optronics). L’offre de ce fonds ne s’élèverait cependant qu’à 2,5 milliards de dollars.
En l’état actuel, Sharp est condamné à devoir s’allier avec une autre entreprise pour amorcer sa migration vers de nouvelles technologies d’écran. Malgré le fait que l’IGZO soit une très belle proposition, les constructeurs de téléphones abandonnent l’IPS et migreront vers l’OLED. Apple devrait le faire dans les deux à trois ans. Japan Display, AU Optronics, LG Display et Samsung Display s’y préparent ardemment. De même chez Foxconn qui semble travailler sur le sujet avec Innolux (sa filiale minoritaire). Seul Sharp semble clouer, peut-être par manque de ressources, aux cristaux liquides. Un partenariat devrait donc lui redonner de l’aisance pour transformer tout ou partie de ses usines. Reste à savoir lequel.