ZUK, encore une nouvelle marque ? Oui et non, puisque c'est en réalité Lenovo qui se cache derrière. Voilà qui est déjà plus familier. Beaucoup connaissent Lenovo même s'ils ne l'associent pas forcément à la téléphonie mobile. Ce n'est pourtant pas nouveau. Le groupe est tombé dedans presque en même temps que dans l'informatique. La différence, c'est que la seconde activité a connu un développement plus rapide grâce à de bons investissements (dont la branche PC d?IBM) alors que la première commence tout juste à s?étendre hors de Chine grâce à Motorola, racheté en 2014, et ZUK, créé l'année suivante.
Il s'agit donc bien d'une filiale de Lenovo ou plus exactement une « Lenovo Company » comme vous pourrez le lire sur la boîte du Z1, son premier smartphone qu'il est désormais possible de trouver autour de 300 ? dans de nombreuses boutiques françaises avec, tout de même, la particularité de n?être proposé qu'en ligne. Une stratégie qui rappelle évidemment celle d'Honor chez Huawei et dont l'intérêt est de limiter les dépenses pour afficher des tarifs toujours plus agressifs.
Nous avons déjà évoqué celui de ce Zuk Z1 mais à quoi a-t-on droit en échange ? Voici un petit rappel de sa fiche technique :
- Cyanogen OS 12.1 (basé sur Android 5.1 Lollipop)
- écran IPS Full HD de 5,5 pouces
- chipset Snapdragon 801 avec CPU quad-core KRAIT cadencé à 2,5 GHz et GPU Adreno 330
- 3 Go de RAM
- 64 Go de mémoire interne
- connectivité 4G / Wi-Fi / Bluetooth / GPS
- fonction double SIM
- appareil photo 13 mégapixels avec capteur Sony (IMX214) et OIS
- webcam 5 mégapixels
- lecteur d'empreinte digitale
- batterie 4100 mAh
- dimensions : 155,7 x 77,3 x 8,9 mm
- poids : 175 grammes
Le choix du Snapdragon 801 peut surprendre pour un smartphone lancé en fin d'année 2015 (le chipset datant de 2014) mais son efficacité n'est plus à prouver et le Z1 n'entend pas rivaliser avec les flagships de Samsung ou Sony. Son terrain de jeu, c'est plutôt le segment premium abordable où s'affrontent déjà Honor, Meizu et OnePlus. Il a d'ailleurs de nombreux points communs avec le One du dernier.
Le positionnement tarifaire est le même, tout comme l'OS alors que l'équipement n'en est pas loin, avec une batterie plus généreuse et un lecteur d'empreinte en plus mais une puce NFC en moins. Un bon point de départ mais fait-il aussi bien à l'arrivée ?
Un design intrigant, mais pas désagréable
Entamons ce test avec l'emballage, qui ne nous fait plus penser au OnePlus One mais plutôt au MX4 Pro de Meizu. ZUK n'a peut-être pas le don de l'innovation mais on peut au moins lui reconnaître la capacité de bien choisir les modèles dont il s'inspire. C'est déjà une bonne chose. Et la reproduction est plutôt réussie même si nous aurions préféré que ZUK n'aille pas jusqu?à reprendre le capot en plastique. D'autant qu'il n'a pas vraiment de sens, figé au milieu du cadre métallique. Si encore il était amovible comme chez Meizu? mais il ne l'est pas ici. Pas d'accès à la batterie donc, et les cartes nanoSIM s'insèrent dans un tiroir demandant un petit outil à l'ouverture. Ce capot n'a donc en plus rien de pratique. Nous aurions préféré un châssis unibody en métal à ce compte là, même si nous n'en sommes finalement pas si loin au niveau des sensations avec notre version grise. Le capot est lisse est suffisamment bien monté pour que l'on ne sente pas la jonction avec le cadre. La version blanche est en revanche plus glossy.
L'impression reste donc bonne en main, appuyé par un poids élevé mais finalement bien réparti, mais le regard est vite attiré par les larges bordures laissées autour de l?écran à l'avant. Celle du haut passe encore compte tenu des éléments qu'elle intègre (capteurs de luminosité/proximité, haut-parleur et webcam) mais celles de gauche et droite ne sont pas en ligne avec le positionnement et celle du bas nous laisse franchement perplexes. Evidemment, il fallait qu'elle soit suffisamment large pour y caser le bouton mécanique qui cache le lecteur d'empreinte mais on pourrait ici en superposer deux sans problème. Il y a même plus d'espace en-dessous qu'au-dessus de l'écran, qui n'est donc pas tout à fait centré sur la hauteur. Un défaut esthétique plus qu'ergonomique puisque cela ne gêne pas vraiment l'utilisation.
Certes, un espace mieux optimisé aurait sans doute permis de raboter quelques millimètres mais rien de plus et cela ne change pas grand-chose avec un écran de 5,5 pouces au milieu. Le Z1 dépasserait peut-être moins de la poche mais il nécessiterait toujours la deuxième main pour la plupart des actions, comme n'importe quelle phablette. Il faut donc vous y faire si c'est ce que vous voulez et la composition intelligente des tranches aide au moins à trouver ses marques. Les boutons tombent sous le pouce à droite, la prise casque (en haut) permet de glisser le smartphone à l'endroit dans la poche et le port USB-C (en bas) ne le déséquilibre pas si vous appelez pendant la charge. Petit moins pour la sortie du haut-parleur en revanche puisqu'elle côtoie le port USB-C et se trouve souvent bloquée par l'index en paysage?
Pour regarder des vidéos ou jouer, il vaut encore mieux l'avoir au dos. Ce dernier est donc ici réservé à l'appareil photo qui dépasse mais très peu puisqu'il a été intelligemment placé au centre pour profiter du point le plus haut du capot bombé. Un dernier détail qui permet au Z1 d'offrir une prise en main très agréable au final. Au point d'oublier les quelques défauts évoqués plus tôt ? Nous serions tentés de dire oui mais, si vous n?êtes pas convaincus, vous le serez peut-être davantage par un autre de ses atouts : l?écran.
L?écran est de bonne facture
Inutile de tourner autour du pot. L?écran du Z1 est bon. Il aurait sans doute été meilleur encore avec une définition QHD mais la Full HD rend déjà très bien malgré la diagonale de 5,5 pouces. Aucun pixel disgracieux à l?horizon. Vous pourrez surfer sans crainte et profiter pleinement de vos photos et vidéos avec des contrastes élevés et une bonne luminosité en prime. En outre, les angles de vision sont assez large. Une belle dalle IPS donc, et réactive qui plus est. Que demander de plus ? Il y a même des options permettant d'adapter l'affichage en fonction de la luminosité ambiante et du moment de la journée (couleurs plus chaudes avant le coucher par exemple). Sans doute l'une des particularités de CyanogenOS.
CyanogenOS, ou l'art d'enrichir Android sans le dénaturer
En effet, ZUK a décidé de ne pas offrir de l?Android pure avec le Z1, ni même de l?Android avec surcouche mais d'opter pour la version modifiée par Cyanogen, Cyanogen OS ici en version 12.1, qui n'est en réalité pas si différente de l'original au premier abord. Tous les éléments d'Android sont là : l?écran de verrouillage, le bureau à rallonge, les widgets, le menu des applications, le centre de notifications, le gestionnaire de multitâche? La différence est généralement à chercher du côté des options, plus nombreuses, même si cela va un peu plus loin pour le menu des applications puisqu'il est totalement transformé. La grille est remplacée par une liste où les applications sont classées par ordre alphabétique avec la possibilité de passer rapidement d'une lettre à l'autre comme dans le répertoire. Une bonne initiative. On s'y retrouve plus facilement et c'est évidemment un gain de temps.
Parmi les options intéressantes, nous avons trouvé celles de l'affichage déjà évoquées avec l?écran, la possibilité de masquer le contenu des notifications personnelles sur l?écran de verrouillage ou encore les différents profils de performances pour économiser la batterie. Sans oublier l'utilisation du lecteur d'empreinte aujoutée aux moyens de déverrouiller l?écran. Le paramétrage est un peu long mais les empreintes sont ensuite reconnues rapidement. Et ce ne sont que les options ajoutées au menu des Paramètres. Les applications système sont également enrichies, à l'image de la Galerie ou du navigateur internet, et deux applications sont ajoutées pour pousser la personnalisation un peu plus loin : Thèmes pour modifier l?habillage et AudioFX pour le traitement audio (égaliseurs, basses, virtualiseur). On y retrouve autrement la suite de Google et... c'est tout.
Pas d'applications superflues qui grignotent la mémoire interne. D'un autre côté, ce n'est pas la place qui manque puisque le Z1 est livré avec 64 Go de mémoire interne. Il en reste 52 pour l'utilisateur. Il y a donc de quoi s'amuser sur le Play Store mais rappelons tout de même qu'il est impossible d'ajouter une carte mémoire...
Le Snapdragon 801 vieillit, mais plutôt bien
Bourré de bonnes idées, Cyanogen OS est un système très plaisant et il est évidemment d'autant plus appréciable lorsqu'il tourne comme un charme comme c'est le cas sur le Z1 de ZUK. Nous n'en attendions évidemment pas moins du Snapdragon 801 qui, malgré son âge, parvient toujours à délivrer des performances décentes avec ses coeurs KRAIT cadencés à 2,5 GHz et son Adreno 330. Les 3 Go de RAM aident évidemment aussi. Les scores des benchmarks que vous trouverez plus bas parlent d'ailleurs d'eux-mêmes : près de 60000 points sur AnTuTu, 1300 sur Basemark OS II et 20000 sur 3DMark. C'est simple. Rien ne lui résiste, à commencer par l?OS donc mais ce n'est évidemment que le début.
Envie d'une petite partie de Dead Trigger 2 ? Très bien ! Et n?hésitez pas à passer sur le profil graphique le plus élevé pour profiter de la meilleure expérience bien sûr. Soulignons toutefois que nous avons tout de même rencontré un problème de compatibilité avec Angry Birds Go!, étrange? Espérons que ce soit un cas isolé. Le Z1 lira évidemment aussi des fichiers vidéos jusqu'en 1080p sans sourciller. Le lecteur natif a même décodé des formats qui demandent habituellement obligatoirement d'en télécharger un autre. Il faudra malheureusement tout de même en passer par là si vous souhaitez des options avancées ou simplement lire des sous-titres.
Inutile de dire que l?écran du Z1 saura se faire apprécier. Quant à l'audio, la qualité et la puissance sont satisfaisantes aussi bien avec le haut-parleur qu'avec un casque, avec l'avantage de pouvoir profiter des différents égaliseurs d'AudioFX dans le second cas. Bref, le Z1 a pratiquement tout du lecteur multimédia idéal. Difficile de trouver à redire. C'est donc presque un sans faute pour l'instant, mais il reste encore la photo.
Petit déception en photo
C'est certainement la partie la plus délicate. D'autant que, là aussi, le Z1 repose sur un composant qui n'est plus tout jeune puisque ZUK a opté pour le capteur IMX214 de 13 mégapixels de Sony à l'arrière. Une bonne base, mais il y a deux ans. Il a depuis équipé une floppé d'appareils milieu de gamme avec des résultats parfois décevants mais revenons-en au Z1 qui nous intéresse ici et sur lequel le capteur est servi avec un flash double LED, un système de stabilisation optique et l'application photo de Cyanogen.
Ce n'est pas la meilleure application photo mais elle fait le job avec quelques réglages (ISO, exposition, balance des blancs), plusieurs modes scènes et effets ainsi qu'une bonne réactivité. La mise au point est plutôt rapide, tout comme le déclenchement en règle générale. C'est déjà ça, mais venons-en plutôt aux résultats.
Nous devons malheureusement avouer avoir été un peu déçus, même si tout n'est pas à jeter. La luminosité est généralement bien équilibrée et les couleurs sont plutôt fidèles. C'est à l'agrandissement que les choses se gâtent car le niveau de détails n'est pas toujours très bon et les contours, assez peu marqués. En conséquence, les petits éléments se confondent assez rapidement, comme les tuiles du toit central dans notre photo d'exemple. nous l'avons également remarqué avec les feuilles et autres petites branches que l'on trouve sur les arbres.
Ce n'est pas gênant si les clichés sont exploités tels quels mais la qualité est un peu limite pour la retouche et, surtout, assez loin derrière ce que peuvent offrir les véritables haut de gamme de 2015. L?écart est d'autant plus frappant en basse luminosité où le niveau de détails baisse encore alors que le capteur peine à ramener un semblant de luminosité et délivre des images souvent très sombres.
Il sait aussi téléphoner !
Finissons ce test par un petit mot sur la fonction téléphone mobile. Le ZUK Z1 s'est toujours plutôt bien comporté en trouvant rapidement du réseau tout en offrant systématiquement la vitesse la plus élevée possible, à savoir la 4G dans son cas. Aucun problème d?écoute ni d'audition particulier à signaler non plus. Quant à la batterie de 4100 mAh, elle parvient à offrir une autonomie confortable. Il aura fallu une journée complète pour en venir à bout en enchaînant jeux, photos, benchmarks et lecture vidéo. Vous ne devriez donc avoir aucun mal à doubler ce temps avec une utilisation plus raisonnable, ce qui n'est pas mal du tout. Rappelons au passage que la batterie se recharge via un port USB-C mais que le câble fourni se termine par un USB-A. Pas de problèmes de compatibilité avec les équipements actuels, donc.
Une belle entrée en matière pour ZUK
Au bout du compte, ce ZUK Z1 cumule plutôt les bons points. Malgré sa taille et des choix curieux concernant son design, il reste agréable à manipuler et se démarque de la plupart des smartphones de son rang, et notamment le OnePlus One, par son autonomie confortable et la présence d'un lecteur d'empreinte efficace. Le Snapdragon 801 prouve une fois encore qu'il en a dans le ventre et les 64 Go compensent l'absence de slot microSD. Nos seuls regrets vont à l'appareil photo, même s'il offre des clichés corrects, et l'absence de NFC mais, à ce prix, ce sont de bien minces sacrifices. ZUK fait une belle entrée en matière.