Rajeev Suri est certainement plus libre aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été depuis son arrivée à la tête du Nokia nouvelle formule post-Microsoft. Il a vendu Here Maps. Il a réutilisé l’argent de cette vente pour consolider le rachat d’Alcatel-Lucent. Et il a repris en fin d’année dernière la liberté d’usage de sa marque « Nokia » pour un usage grand public en téléphonie. Comprenez que rien ne l’empêche aujourd’hui de sortir un smartphone Nokia sous Android, Ubuntu, Sailfish ou même... Windows 10 Mobile. Ce qui serait un sacré retour en arrière. L’homme est donc libre, même de redevenir une marque de téléphone, d’autant que les consommateurs l’estiment toujours autant (notamment en Finlande).
Prendre son temps
Cependant, Rajeev Suri prendra son temps. Car, finalement, rien ne presse vraiment. À l’occasion d’une interview accordée à nos confrères de Re/code, le patron de Nokia est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à racheter Alcatel-Lucent, mais aussi sur sa stratégie vis-à-vis de son retour dans les poches des consommateurs. Et il confirme que rien ne presse vraiment. « Il n’y a aucune raison d’être pressé », ajoute-t-il. Ce qui est vrai : aujourd’hui, sa société se porte plutôt bien (les contrats 5G se portent bien et son portefeuille de brevets rapporte de l’argent). Il n’a donc pas besoin de forcer la cadence.
Il faut dire que Nokia ne redeviendra pas Nokia. Il n'y aura pas d’usine à rentabiliser. Pas de service après-vente à développer. Pas de stock à gérer. Pas de consommateurs à accompagner. Nokia délèguera tout ce qu’il peut, se réservant la tâche la plus amusante : développer des produits, qui pourraient ressembler à ce Nokia C1. Car Nokia veut être impliqué dans la conception des futurs mobiles marqués de son nom : « le produit devra offrir ce pour quoi Nokia était connu », affirme-t-il. Le design. Les composants. Mais aussi le partenaire qui fabriquera, livrera et assurera le service après-vente. Tout cela sera important. Autant prendre donc le temps de choisir.
Du temps aussi pour écrire une vraie stratégie ?
D’autant que la téléphonie n’est pas un but en soi. Au contraire, cela ne pourrait même pas faire partie de la stratégie de Rajeev Suri. La réalité virtuelle, les tablettes, l’Internet des objets connectés : voilà des sujets qui l’intéressent tout autant, et sur lesquels Nokia Technologies aurait son mot à dire. Reste donc à attendre que le patron de Nokia soit prêt à dévoiler sa stratégie.