Nous évoquons régulièrement les aventures, pas toujours très heureuses, de Rovio, le studio finlandais a qui l’on doit notamment Angry Birds. Dépassée par sa propre ambition, enivrée par son succès, l’entreprise s’est éparpillée ces dernières années pour devenir un groupe multimédia : jeu vidéo, bande dessinée, série d’animation, films, parc d’attractions, jouets et merchandising. Les moyens de Rovio ont été éparpillés aux quatre vents, fragilisant évidemment l’activité historique de l’entreprise : créer des jeux et entretenir la communauté qui les soutient. En 2014 et en 2015, l’entreprise a perdu beaucoup d’argent. L’année dernière, son chiffre d’affaires atteignait 142 millions d’euros pour des pertes nettes de 13 millions d’euros. Rovio a même licencié à plusieurs reprises une partie de ses équipes.
Une année 2016 sous un meilleur jour
En 2016, l’histoire devrait logiquement être différente, car tous les efforts consentis précédemment devraient servir à renforcer l’entreprise. D’abord, le film Angry Birds, véritable gouffre financier, débarque enfin au cinéma. Ensuite, la structure de l’entreprise est assainie et le périmètre est réduit. Ce qui devrait amener la société à annoncer des résultats positifs sur ce premier trimestre 2016. Enfin, Rovio va se concentrer sur ce qui a fait son succès : faire des jeux. À l’occasion d’une interview accordée à Gamasutra et dont nous vous conseillons la lecture intégrale, le nouveau directeur en charge des jeux, Wilhelm Taht, explique que l’objectif est de capitaliser sur son portfolio et sur de nouveaux titres pour retrouver une structure solide.
Côté line-up, l’entreprise vient de lancer Battle Bay, un nouveau titre multijoueur pour iOS et Android (encore indisponible sur le marché français) dont le visuel principal accompagne cet article. D’autres titres, développés en interne ou par des studios indépendants partenaires, viendront alimenter le catalogue de l’entreprise. Cependant, ce ne sont pas les nouveautés qui seront le fer de lance de la stratégie 2016 de la société : ce sont ces anciens titres. Car l’idée de Wilhelm Taht est davantage de créer, d’étoffer et d’animer une communauté de joueurs grâce à une politique de contenus additionnels récurrents.
Investir dans les jeux qui ont déjà rencontré le succès
Une stratégie d’autant plus pertinente qu’elle exploite l’une des particularités du Play Store et de l’App Store : la catégorie des jeux mis à jour récemment. Cette catégorie a été développée par Apple et Google dans le but d’offrir un espace de visibilité aux éditeurs qui prendraient la peine d’offrir de nouveaux contenus aux joueurs ayant téléchargé leurs jeux. Rovio s’appuiera donc sur la popularité de certains de ses titres, Angry Birds 2 et Angry Birds Friends notamment, pour réacquérir de l’audience et, si possible de l’audience qui paiera des achats intégrés. D’autant que, pour déloger les premiers des classements, s’appuyer sur des jeux à succès, même anciens, ne sera pas de trop.
Rovio, comme Gameloft et bien d’autres éditeurs de jeu sur mobile, adoptera donc le modèle freemium exclusivement afin de maximiser l’audience et la communauté de ses joueurs. Augmenter l’audience permettra d’améliorer deux sources de revenus d’un seul coup : la publicité (notamment sous forme de vidéos opt-in) et les achats intégrés. Et, petit bonus, cela va également contrecarrer le piratage qui gangrène le jeu premium sur smartphone. Reste évidemment à savoir si cela fonctionnera. Réponse dans quelques mois.