Tout savoir sur : Project Ara : le smartphone modulaire sera le premier « Google phone »
Comme en 2015, le département des projets spéciaux de Google, ATAP, a dévoilé l’avancement de ses travaux lors d’une conférence intimiste du Google I/O. Pas de Tango cette année naturellement, puisque le projet semble désormais davantage entre les mains de Lenovo que de Google, le géant chinois ayant annoncé qu’il présentera son modèle lors de sa conférence du mois de juin. En revanche, deux autres projets ont été montrés : Jacquard, avec Levi’s, et Ara, le smartphone modulaire dont le concept devient de moins en moins prototypaire et de plus en plus industriel.
De l'évolutivité à l'adaptabilité
Lors de cette présentation, de nombreux commentaires ont été faits quant à la direction prise depuis un an par Google vis-à-vis de la modularité d’Ara. Car certaines concessions ont été visiblement faites. Nous en voulons pour preuve le fait que l’écran, le chipset et la RAM sont désormais des composants intégrés au châssis et non plus des modules qu’il est possible de changer. D’où une légère modification dans la définition de la modularité qui n’est plus un moyen d’offrir de l’évolutivité (ne jamais changer de smartphone, mais changer les composants), mais plutôt de l’adaptabilité (changer les composants pour étoffer l’usage).
Et cela se confirme grâce à une interview accordée à nos confrères de The Verge par l’équipe de développement d’Ara. Il ressort de cette interview un article passionnant sur les différences entre la vision conceptuelle d’un nouveau produit et le réalisme industriel et commercial. Un réalisme qui se concrétise par la plate-forme présentée la semaine dernière dans laquelle certains éléments ne sont pas interchangeables. Deux arguments ont dicté ce choix. D’abord, certaines études montreraient que les consommateurs n’ont qu’une connaissance limitée des composants critiques, notamment le chipset. Offrir la possibilité de le changer n’est donc finalement pas si important.
Ensuite, modulariser le chipset et la RAM reviendrait à augmenter le nombre de composants interchangeables, et donc à obliger les consommateurs à choisir les composants qu’ils souhaitent changer au détriment d’autres, puisque la place disponible sur le châssis n’est pas extensible. Il y en a en effet six : quatre rectangulaires et deux carrés, les derniers étant deux fois plus grands que les premiers (il est d’ailleurs possible de placer un module carré sur deux emplacements rectangulaires). Avec si peu d’emplacements, il est évident que les choix deviennent drastiques.
Le premier smartphone de Google
Lors de cette interview, l’ambition de Google a été confirmée. Il n’y aura pas de partenaire industriel qui apposera sa marque sur un châssis Ara, contrairement à Tango ou Nexus. À l’image du Pixel C, Ara sera un smartphone créé par Google et commercialisé par Google. Les partenaires industriels seront, eux, chargés de créer des modules et d’enrichir l’écosystème. Mais rien de plus. Ara sera donc le premier smartphone « Google » dans sa plus stricte définition.
Côté modules, les fabricants auront le choix des produits et du positionnement, mais devront obligatoirement passer par une phase de validation auprès de la firme de Mountain View. Validation obligatoire pour recevoir un code numérique requis pour que le module soit reconnu par Greybus, la partie logicielle intégrée à Android N qui gère les modules une fois qu’ils sont insérés dans le châssis. Google verrouille ainsi non seulement la partie hardware, software, mais aussi commerciale.
Vers un nouveau standard hardware ?
La liste des partenaires inclut notamment Panasonic, TDK, Wistron, E-Ink, Toshiba, Harman, Samsung, Sony Pictures et quelques entreprises liées à la santé. Google en réalisera également, ainsi que des éléments de customisation visuelle. L’intérêt étant d’attirer le maximum d’industriels possibles, notamment ceux qui n’ont jamais profité de l’émergence de la téléphonie mobile. Une bonne occasion de multiplier les contacts.
Dans un second temps, il y aura aussi des partenaires pour les châssis. Des châssis qui ne se limiteront pas à ressembler à un smartphone, mais pourquoi pas à une tablette (dont un prototype semble déjà en test), un tableau de bord de voiture, un système domotique, etc. Les possibilités sont infinies, à l'image du potentiel commercial que représente cet écosystème de modules qui pourraient devenir dans le futur un nouveau standard hardware. La voilà, la vraie ambition d’Ara...