Depuis l’arrivée d’Apple Music il y a bientôt un an, le marché de la musique en streaming a fortement évolué. Et dans le bon sens. Car de nouveaux utilisateurs ont opté pour les abonnements premium des principaux services actuellement disponibles dans le monde. Bien que les acteurs historiques, Spotify notamment, ont vu un certain pourcentage de leurs clients partir chez Apple, l’entreprise suédoise a également profité de l’appel d’air créé par la firme de Cupertino pour renforcer sa base payante. Selon les derniers chiffres officiels, elle compte 30 millions d’abonnés, contre 13 millions chez Apple, pour un chiffre d’affaires qui atteint les 2 milliards de dollars.
Le contenant et le contenu
Cependant, les dirigeants de Spotify savent pertinemment que cela ne suffira pas à freiner la croissance exponentielle d’Apple Music qui pourrait atteindre la barre des 20 millions d’abonnés avant la fin de l’année 2016. Et même si l’avance est encore confortable et que le marché est encore en forte croissance, la place de leader de Spotify est chaque jour un peu plus en danger. Voilà pourquoi le service de streaming se dote de nouveaux leviers. Sa nouvelle offre familiale en est une. Mais l’aspect commercial ne doit pas être le seul angle d’attaque dans une stratégie plus globale : le contenu doit aussi être travaillé. Voilà pourquoi Spotify a eu la bonne idée de recruter Troy Carter, information confirmée par l’intéressé sur les réseaux sociaux et par le service musical à nos confrères de TechCrunch.
Troy Carter, crédit photo : TechCrunch
Pour ceux qui ne connaissent pas Troy Carter, il s’agit d’un agent artistique connu pour avoir pris en charge la carrière de Lady Gaga. Il est également à la tête d’une société de production et de gestion d’artistes avec laquelle il a réalisé quelques investissements dans quelques start-ups, comme Uber, Dropbox, Lyft ou encore... Spotify. Le monde est décidément très petit. Il s’agit donc d’une personnalité intéressante, comparable à Jimmy Iovine et Jay Z. Le rapprochement n’est d’ailleurs pas fortuit puisque Troy Carter aura le même objectif que Jay Z chez Tidal et Jimmy Iovine chez Apple Music : signer des accords d’exploitation exclusive.
Le Jimmy Iovine de Spotify ?
Car l’une des forces d’Apple Music est son contenu. Il y a d’abord eu U2 qui a offert son album à tous les propriétaires d’un compte iTunes il y a deux ans. Il y a eu ensuite Taylor Swift, qui a confié son album phare à Apple et participe même désormais à l’élaboration de ses campagnes publicitaires. Grâce à de tels accords, signés de main de maître par Jimmy Iovine, la firme de Cupertino attire les fans et les soude à son service. De même chez Tidal : Jay Z joue de ses relations (Beyoncé, Rihanna, Kanye West) pour offrir des contenus exclusifs (même temporairement) grâce auxquels il se différencie d’Apple Music, Spotify ou Pandora.
Avec Troy Carter, Spotify espère donc s’offrir quelques perles rares pour convaincre les usagers de choisir son service, et non celui de la concurrence. Reste à savoir si les dirigeants de la start-up suédoise limiteront l’accès à ces exclusivités aux seuls abonnés payants, l’un des points d’achoppement avec les artistes, comme Adele et Taylor Swift qui ont refusé de voir leurs contenus diffusés sur Spotify si les auditeurs gratuits y avaient accès.