Durant les deux premiers trimestres de l’année 2016, Apple a vu son chiffre d’affaires et le nombre de smartphones vendus baisser. Et selon les prévisions officielles, cela sera également le cas au troisième trimestre, malgré l’arrivée des deux nouveaux iPhone, numérotés 7 et présentés plus tôt dans la semaine. Le succès commercial de ces terminaux déterminera évidemment la baisse du chiffre d’affaires de la firme. Et parmi les indices qui permettent aux analystes d’établir une tendance se trouve le traditionnel chiffre de ventes sur le premier week-end de commercialisation.
Un indicateur qui n'est plus pertinent ?
Or, justement, Apple a décidé de ne pas publier ce chiffre à partir de cette année. Dans un communiqué de presse relayé par le média américain CNBC, la firme de Cupertino indique que, compte tenu du nombre toujours croissant de distributeurs, d’opérateurs et de points de vente à fournir au lancement (28 pays couverts cette année dès le week-end prochain, une première pour Apple), les ventes d’iPhone ne dépendent plus des précommandes ou des ventes effectives, mais de la livraison du mobile aux boutiques et aux partenaires. Livraison tellement importante que les stocks d’iPhone produits seront distribués. Ce qui fausserait l’interprétation réelle du chiffre qu’Apple serait en mesure d’apporter.
Il est vrai que ce sont des centaines de milliers de points de vente, répartis sur une petite trentaine de pays (Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chine, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Hong Kong, Irlande, Italie, Japon, Luxembourg, Mexique, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège, Portugal, Porto Rico, Singapour, Espagne, Suède, Suisse, Taïwan, Émirats Arabes Unis, Royaume-Uni, États-Unis) qui seront en mesure de vendre l’iPhone le 16 septembre. Et une autre salve de trente pays arriveront le 23 septembre. L’Inde sera ouverte le 7 octobre. Cela complique évidemment la récupération des données et la compilation. Mais c’est loin d’être impossible pour une entreprise comme Apple.
Trop compliqué à mettre en place ?
Et c’est ce qui nous fait légèrement douter de cette explication. Car la coïncidence est frappante : c’est justement l’année où les chiffres sont mauvais (et risquent de l’être à nouveau) qu’Apple ne sera pas capable de fournir une information qui sert, à l’évidence de pièce maitresse pour tous les analystes financiers de Wall Street. Plus encore, si la raison peut apparaître comme légitime cette année, pourquoi le serait-elle déjà l’année prochaine ? Et surtout, pourquoi Apple refuserait-elle de mettre en place, d’ici septembre 2017, les outils nécessaires à réaliser ce reporting ?
Traditionnellement, Apple dévoile les chiffres de vente de ses nouveaux iPhone sur le premier week-end de commercialisation. Traditionnellement, les chiffres sont meilleurs d’une année sur l’autre, même en 2015 avec l’iPhone 6S et l’iPhone 6S Plus (13 millions d'exemplaires), alors qu’Apple avait battu des records historiques avec l’iPhone 6 et l’iPhone 6 Plus (10 millions d'exemplaires). La raison est très simple : en 2014, la Chine, premier marché mondial des smartphones, ne faisait pas partie des pays présents au lancement. En 2015, il l’était. Et cela a été suffisant pour contrebalancer des ventes plutôt bonnes, mais pas exceptionnelles, dans les autres pays.
Un signe qui ne trompe pas
L’absence de chiffre cette année laisse planer un doute sur la stratégie de l’entreprise. Car personne ne doutait jusqu’à très récemment encore de la capacité d’Apple à générer toujours plus de croissance, même si personne n’était dupe qu’un jour la firme atteindrait un plafond infranchissable. Il y a un an, les premiers rapports laissant entendre que les volumes vendus baisseraient ont émergé. Et l’estimation est devenue réalité. Et Apple devient plus opaque. Et ce n’est pas très bon signe.