Tout savoir sur : Broadcom officialise son offre de rachat de Qualcomm
Hier, nous avons relayé une fuite en provenance de Wall Street : le groupe Broadcom (ex Avago) allait formaliser une offre de rachat de Qualcomm. Une acquisition gigantesque qui, si elle s’effectuait, pourrait être la plus importante de l’histoire des nouvelles technologies. Hier soir, Hock Tan, président et PDG de Broadcom, a émis officiellement sa lettre d’intention pour proposer le rachat de toutes les actions de Qualcomm. Voilà une opération qui, si elle était entérinée, changerait considérablement le marché des composants informatiques.
Survalorisation de 28 %
Saisissant donc l’opportunité offerte par la position de faiblesse de Qualcomm, Broadcom propose de racheter ce dernier au prix que les rumeurs indiquaient : 70 dollars. Soit une valorisation de 130 milliards de dollars pour l’ensemble de Qualcomm.
Cela correspondrait à une survalorisation de 28 % par rapport au cours de bourse de Qualcomm après la clôture du New York Stock Exchange le 2 novembre dernier. Ce pourcentage monterait à 33 % par rapport à la valeur de l’action moyenne sur les 30 derniers jours.
Troisième fondeur au niveau mondial
Le montant de cette transaction serait en grande partie financé en cash (60 dollars par action), le solde étant payé en action Broadcom. En outre, cette proposition de rachat ne dépendrait pas de l’issue favorable (ou non) du rachat de NXP par Qualcomm en cours de discussion (les termes de ce rachat sont actuellement examinés par les autorités de régulation).
Si cette acquisition venait à se faire, le groupe Broadcom / Qualcomm / NXP génèrerait un chiffre d’affaires de 51 milliards de dollars et un résultat d’exploitation de 23 milliards de dollars. Ce qui positionnerait cet ensemble au troisième rang mondial des concepteurs de chipsets, après Samsung et Intel.
Même activité, produits différents
Pour justifier ce rachat, Broadcom explique que les catalogues des deux entreprises sont très complémentaires (d’autant plus que Broadcom a abandonné en 2014 les chipsets pour plate-forme ARM), notamment sur la partie modem, WiFi pour Broadcom et GSM pour Qualcomm. En outre, Broadcom souhaite domicilier à nouveau sa maison-mère aux États-Unis, ce qui n’est plus le cas depuis le rachat de l’ancien Broadcom par Avago (qui a pris le nom de sa filiale depuis). Ce détail touchera surement les régulateurs américains...
Mais ce ne sont pas les régulateurs qui mettront logiquement le plus de bâtons dans les roues de Broadcom : c’est Qualcomm. Car le fondeur de San Diego a toujours estimé que la valeur boursière de son action était largement sous-évaluée. Il faut dire que le cours actuel de Qualcomm a Wall Street, qui tournait autour de 55 dollars avant l’annonce de l’intention de rachat, est très inférieur à celui de 2016, quand il dépassait les 70 dollars (soit le prix d’achat proposé par Broadcom).
En position de faiblesse
Cette baisse est essentiellement due aux enquêtes des autorités de régulation européennes, américaines, coréennes et chinoises qui ont ébranlé la confiance des investisseurs. Elle est également due à la bataille financière avec Apple et la perte prochaine de ce client qui représentait 20 % de l’activité modem il y a un an. Qualcomm, estimant donc que ce cours est largement inférieur à la normale, devrait rejeter cette proposition, même s'il existe un risque que les problèmes judiciaires et réglementaires ne se règlent pas dans l'immédiat.