Tout savoir sur : Qualcomm rejette l’offre de rachat de Broadcom
Hock Tan doit certainement être un peu déçu. Hier, le patron de Broadcom a vu son offre de rachat rejeté de Qualcomm par le conseil d’administration de cette dernière. Ce n’est clairement pas une surprise, puisque des fuites, en provenance de l’agence de presse Reuters et relayées par la très grande majorité des médias américains et économiques mondiaux, annonçaient déjà la décision prise par le fondeur de San Diego. Nous n’attendions plus que le communiqué de presse pour faire de même. Le document a été publié hier soir.
Non, à l'unanimité
Dans ce communiqué, nous apprenons que c’est à l’unanimité que le conseil d’administration de Qualcomm a décidé de conseiller à l’ensemble de ses actionnaires de rejeter l’offre de rachat de Broadcom, laquelle s’élève à 70 dollars par action (60 dollars en monétaire et 10 dollars en action Broadcom) pour l’ensemble des actions de la société. Paul Jacobs, président de Qualcomm, estime que l’offre de Broadcom n’est pas représentative de la valeur de société compte tenu de sa position sur le marché des objets connectés, des véhicules autonomes et de la mobilité (smartphones et tablettes).
Elle sous-évalue considérablement également, selon lui, le potentiel de croissance du groupe. Steve Mollenkopf, PDG du fondeur, ajoute que le conseil d’administration estime être en mesure d’apporter davantage à ses actionnaires en restant autonome qu’en s’associant avec le groupe de Hock Tan. Les porte-parole de Qualcomm confortent leur position en terminant par rappeler l’incertitude qui planerait sur une telle opération dans la mesure où les autorités de régulation devront donner leur aval à la création d’un tel géant qui se positionnerait de facto en troisième position mondiale, derrière Intel et Samsung.
Trop opportuniste a tué l'opportunité
Il est évident que la proposition de Broadcom est un coup opportuniste. Car elle profite de la faiblesse du cours de l’action de Qualcomm suite aux différends de la société avec les autorités réglementaires aux États-Unis, en Chine, en Corée et en Europe. Différends qui ont conduit, directement ou indirectement, au conflit avec Apple et qui mènera à la perte de tout ou partie du chiffre d’affaires que la firme de Cupertino génère chaque année avec les modems qu’elle utilise dans les iPhone. Et c’est la peur d’une issue très défavorable pour Qualcomm que Broadcom a usée pour monter sa proposition financière.
Quelle pourrait être la suite de cette histoire ? Même s'il faut attendre le vote des actionnaires lors d'une assemblée générale, leur décision ira logiquement dans le sens des recommandations du conseil d'administration. Dans ce cas, les options de Hock Tan ne sont pas nombreuses s’il souhaite persévérer dans ce projet. La première est l’augmentation de son offre d’achat. Selon certains analystes financiers interrogés par Bloomberg, certains pourraient s’assoir à la table des négociations si le montant atteint 80 dollars par action. Ce qui monterait le coût de l’opération à 150 milliards de dollars environ. C’était déjà, à 130 millions de dollars, la plus grosse OPA de l’histoire. Elle le devient encore plus.
Vers l'OPA hostile ?
Seconde option : l’OPA hostile, procédure qui vise à racheter toutes les actions d’une société qui sont sur le marché jusqu'à un seuil suffisant pour avoir un droit de vote suffisant pour forcer la vente des actions restantes. Si les premiers titres étaient achetés au cours actuel (c’est-à-dire autour des 60 dollars), leur prix d’achat augmentera fortement à mesure qu'ils se raréfieront en Bourse (d’autant qu’il y aura de la spéculation). Il y aura donc mécaniquement une hausse du prix d’achat global à anticiper. Le tout est de savoir quelle stratégie coûtera le moins cher à Broadcom. Et surtout, si le jeu en vaut vraiment la chandelle.