Tout savoir sur : Qualcomm / Broadcom : Paul Jacobs est en pleine campagne électorale
La saga Broadcom / Qualcomm continue. Surtout la semaine où le monde de la téléphonie mobile attirait tous les regards à l’occasion de sa messe annuelle, le Mobile World Congress de Barcelone. Ces derniers jours, Qualcomm a publié deux communiqués de presse à propos des négociations que le fondeur de San Diego a entamées avec Broadcom pour un éventuel rapprochement amiable des deux entreprises. Et à trois jours de la réunion annuelle des actionnaires durant laquelle le conseil d’administration de la société sera élu, le message ressemble beaucoup à un argumentaire de Paul Jacobs, président dudit conseil, et Steve Mollenkopf, PDG, pour leur réélection.
Une seconde réunion le 23 février
Dans ces deux communiqués de presse, Qualcomm nous apprend qu’une seconde réunion a eu lieu entre les deux entreprises. Elle s’est déroulée le 23 février dernier, quelques jours après la proposition révisée de Broadcom à 79 dollars par action (réaction à l’augmentation du prix d’achat de NXP par Qualcomm). Cette réunion a été l’occasion de parler du prix proposé pour le rachat, mais aussi les conditions générales de la fusion. Des conditions qui concernent notamment la position dominante qu’obtiendrait la fusion des deux groupes sur certains marchés et les divisions dont il faudrait se séparer (d’un côté ou d’un autre) pour éviter qu’un organisme réglementaire ne retoque l’accord.
Vous trouverez cela peut-être curieux, mais les communiqués de presse de Qualcomm n’évoquent que très peu la dimension financière. Ils en parlent, rappelant que les deux dernières propositions, 82 dollars et 79 dollars par action, ne reflètent pas, selon le fondeur, la véritable valeur du groupe. Ce qui est en partie vrai, dans la mesure où le ce montant a été calculé sur le cours de bourse le plus bas de la firme ces six derniers mois. Cependant, Paul Jacobs et Steve Mollenkopf s’attachent à détacher les négociations du prix. Pourquoi ? Parce que le vrai message n’est pas destiné à Broadcom, mais aux actionnaires.
Tactique électorale
Si le premier communiqué de presse présente la lettre de Qualcomm à Broadcom sur les différentes propositions, financières ou non, faites pour « faciliter un accord entre les deux entreprises », le deuxième communiqué de presse est un appel aux actionnaires à voter « blanc » (pour Qualcomm) et non « bleu » (pour Broadcom) lors de la réunion annuelle qui se tiendra dans quelques jours. Contrairement aux déclarations de Hock Tan, cette réunion ne sera pas repoussée à plus tard, même si les deux groupes auraient bien besoin d’un délai supplémentaire pour s’accorder avant cet événement. S’y présenter ensemble, plutôt que l’un contre l’autre aurait été plus évident.
Et puisque les deux groupes n’iront pas la main dans la main, il est important que chaque parti puisse avancer ses arguments en amont du vote. Et nous en revenons à nos communiqués de presse : à l’évidence, Qualcomm essaie de minimiser la dimension financière des négociations et de mettre l’accent sur l’incertitude qui pèse sur cette opération. Car les actionnaires, eux, n’y voient que la valorisation de leur investissement. Si le prix est suffisant, ils voteront donc pour Broadcom. Or, s’ils sont convaincus que la direction actuelle est en mesure de leur apporter une meilleure plus-value et s’ils doutent que Broadcom obtienne des avis réglementaires positifs, ils pourraient faire basculer le vote. Et une fois que Paul Jacobs et Steve Mollenkopf seront réélus, il sera plus difficile pour Hock Tan de négocier.