Tout savoir sur : Qualcomm / Broadcom : le président américain dit « non » !
Comme nous le pensions, ce n’est pas l’argent, mais le législateur qui aura le dernier mot dans la saga qui se joue depuis quelques mois entre Qualcomm et Broadcom. Mais nous ne pensions pas que le blocage viendrait aussi tôt. Et nous ne pensions pas que la Maison-Blanche s’en mêle directement. D’ailleurs, nous ne sommes pas les seuls : les commentateurs américains, comme ceux de CNBC, sont eux aussi assez étonnés : jamais aucun président des États-Unis n’a jamais demandé aux parties engagées dans une fusion de stopper les négociations en cours.
La Maison-Blanche s'en mêle
Et pourtant, c’est bien ce que Donald Trump a fait : dans une lettre adressée aux deux sociétés, le président américain ordonne (c’est le mot utilisé officiellement) aux deux sociétés d’arrêter leurs négociations en vue d’un rapprochement. Il indique que le rachat, direct ou indirect, de Qualcomm par Broadcom sera interdit, de même que les négociations en direct auprès des actionnaires, pour éviter tout risque d’OPA. Voilà qui clôt définitivement le débat.
Il oblige également Hock Tan, patron de Broadcom, à retirer ses candidats à l’élection du conseil d’administration de Qualcomm. Ce dernier doit même refuser d’éventuels candidats en provenance de Broadcom. Les deux parties devront apporter aux instances compétences (dont le CFIUS) des preuves que les négociations sont abandonnées. Rappelons que le CFIUS, comité américain en charge des investissements étrangers aux États-Unis, a annoncé début mars, l’ouverture d’une enquête sur les négociations, invoquant les mêmes risques pour la sécurité nationale. Enquête qui a provoqué le report de l’assemblée générale des actionnaires de Qualcomm.
Un risque pour la sécurité nationale
Dans son communiqué, Donald Trump explique sa décision et son implication dans cette affaire pour des raisons de sécurité nationale. D’abord, même si Hock Tan a annoncé le rapatriement de son groupe aux États-Unis lors d’une cérémonie organisée à la Maison-Blanche le 2 novembre dernier, Broadcom est encore aujourd’hui une société régie par la loi singapourienne. Et pas américaine. Ensuite, il estime que le travail de Qualcomm sur territoire américain est trop sensible pour être confié à une entreprise étrangère. Qualcomm mène en effet avec Nokia et les opérateurs télécoms américains le déploiement des réseaux 5G dans le pays.
Voilà donc une fin abrupte pour ce qui s’annonçait comme une fusion historique. Même si cela partait d’un coup opportuniste tirant parti d’une faiblesse boursière de Qualcomm (suite aux amendes pour abus de position dominante et aux affaires judiciaires face à Apple), Hock Tan a certainement perdu ici une occasion qui ne se représentera certainement jamais plus. Nous pensions dès le départ que la probabilité d’une fusion était très mince, voire nulle, et ce même si le conseil d’administration de Qualcomm, après plusieurs refus, a finalement entamé des discussions en vue d’un possible mariage, parce qu’il voyait bien que Broadcom avait les moyens de son ambition (même s’il fallait en passer par une OPA hostile). Des négociations qui n’auront servi à rien.