Depuis bientôt deux ans, les rapports entre Qualcomm et Apple sont froids. Polaires, même. Suite à des enquêtes menées par plusieurs organismes gournementaux, dont la Commission européenne et la FTC (commission fédérale américaine en charge du commerce et de la concurrence), Apple a porté plainte contre son ancien fournisseur pour abus de position dominante et pratiques commerciales abusives, notamment sur les licences d’exploitation des brevets fondamentaux qui sont nécessaires pour qu’un smartphone se connecte à un réseau mobile.
Une affaire trop complexe pour les tribunaux
Une plainte qui n’a été que le premier pas dans une affaire judiciaire de plus en plus complexe. Car Apple a non seulement porté plainte aux États-Unis, mais également en Chine, tandis que le fondeur a répliqué en portant à son tour plainte contre Apple pour facture impayée (sur lesdites licences d’exploitation). Qualcomm affirme également qu’Apple viole six brevets (non liées aux réseaux mobiles) dans tous les iPhone qui ne sont pas équipés de ses composants. Et ce ne sont là que quelques épisodes dans un conflit qui pourrait être digne de la guerre des brevets entre Samsung et Apple (lequel a définitivement été enterré en juin dernier).
En effet, en juin dernier, la bataille entre Qualcomm et Apple portait sur une cinquantaine de plaintes déposées auprès de seize tribunaux différents dans une quinzaine de pays. Cependant, malgré la complexité du problème (notamment les enjeux économiques et financiers qui dépassent maintenant largement celui d’une simple facture impayée), les dirigeants de Qualcomm réaffirment que le problème se règlera autour d’une table de négociation, comme cela a été le cas entre Apple et Samsung.
Une résolution en bonne voie...
Paul Jacobs, ancien PDG de Qualcomm, l’a dit une première fois en octobre 2017, à une époque où la société qu’il dirige était en proie à une OPA moitié amicale, moitié hostile de Broadcom. Un avis partagé une première fois en juin dernier par certains analystes financiers qui se sont exprimés auprès de Bloomberg, mais aussi par Steve Mollenkopf, l’actuel PDG du fondeur.Ce dernier a accordé une interview à la chaîne américaine CNBC. Lors de l’émission matinale « Mad Money », le présentateur-journaliste Jim Cramer, a demandé à l’intéressé s’il y aurait dans un avenir proche un iPhone muni d’un modem 5G.
Il n’a évidemment pas évoqué le planning d’adoption de la technologie 5G chez Apple lors de cette interview. En revanche, il a expliqué qu’une résolution du conflit serait très proche. Les discussions auraient été fructueuses durant la seconde partie de l’année 2018. Elles continueront en début d’année prochaine avec de vraies pistes de négociations. Et il finit avec un petit message en direction d’Apple, en affirmant qu’il aimerait bien, lui aussi, voir un jour un iPhone 5G muni d’un modem Qualcomm.
... mais pas encore signé
Que faut-il comprendre ? D’abord, la table des négociations sera certainement l’endroit où les deux entreprises se serreront les mains. Pas dans un tribunal. Encore moins dans seize. Et c’est déjà ce que les analystes financiers pensaient il y a six mois. Les deux entreprises veulent régler le problème entre elles, sans étaler le linge sale. Ensuite, compte tenu de ses récentes difficultés commerciales, Apple est plus enclin à écouter les arguments d’un Qualcomm qui, à l’opposé, tire parti de l’arrivée de la 5G avec son Snapdragon X50. Enfin, il faut comprendre que la résolution avance. Mais que ce n'est pas encore signé.
Mais il y aura bien résolution. Peut-être en 2019. Sinon en 2020. D’ici là, Apple continuera d’utiliser des modems 4G (car elle n’a jamais été la première à intégrer une nouvelle génération de réseau mobile, que ce soit la 3G ou la 4G). Et elle aura peut-être même développé son propre modem. Et qui sait : Qualcomm pourrait peut-être même s’en occuper…