Tout savoir sur : Qualcomm contre Apple : les deux firmes parviennent à un accord
Paul Jacobs, ancien PDG de Qualcomm, avait finalement raison. Il affirmait en 2017 que le conflit avec Apple, qui dure tout de même depuis deux ans, trouverait une résolution autour d’une table des négociations et non devant les tribunaux. Il expliquait alors que le problème était plus commercial que légal. C’était donc une histoire de gros sous. Il y a quelques mois, Steve Mollenkopf, son remplaçant, a réitéré cette opinion. Et il expliquait même qu’un retour des relations commerciales entre les deux sociétés ne serait pas impossible.
Apple à nouveau client de Qualcomm
Et c’est vrai. Aujourd’hui, Apple et Qualcomm ont publié un communiqué de presse laconique confirmant que les deux entreprises ont abandonné toutes les plaintes déposées l’une contre l’autre. Et ce partout dans le monde. Sans entrer dans les détails financiers, le communiqué explique que l’une des conditions de l’accord est le paiement à Qualcomm par Apple d’une somme d’argent. Il n’est pas précisé s’il s’agit d’un arriéré d’impayé ou s’il s’agit d’un dédommagement pour utilisation non autorisée de brevets. Quelle que soit la raison, c’est une belle victoire pour Qualcomm.
En outre, les deux entreprises ont signé un nouvel accord commercial en deux volets. Un premier sur l’utilisation des brevets de Qualcomm pendant une durée initiale de 6 ans à partir du 1er avril 2019, extensible pendant deux ans. Donc à renégocier au maximum le 31 mars 2027. Un second volet sur la fourniture à Apple par Qualcomm de composants. Et il s’agira certainement notamment de modems (mais d’autres puces pour d’autres connexions sans fil sont, à notre avis, concernées). Ce qui pourrait vouloir dire une intégration d’un modem 5G Qualcomm dès cette année dans les iPhone. Sinon l’année prochaine.
Un conflit complexe
Ce n’était pourtant pas gagné. Pour deux raisons. D’abord, Qualcomm a remporté quelques victoires importantes ces derniers mois auprès de certains tribunaux, en Chine, en Allemagne ou encore aux États-Unis, estimant que la firme de Cupertino violait certains brevets de Qualcomm. L’iPhone X était alors visé par plusieurs interdictions de vente qu’Apple a, pour certaines, contournées grâce à une mise à jour de son système d’exploitation.
Ensuite, Apple a durement travaillé avec Intel pour que le fondeur parvienne à sortir un modem 5G, lequel aurait dû équiper les nouveaux iPhone en 2020 (selon les prédictions des analystes financiers comme le célèbre Ming Chi Kuo). Aujourd’hui, Intel est le seul fournisseur en modem 4G des modèles d’iPhone de 2017 et 2018 (8, 8 Plus, X, XR, XS et XS Max). Cette position a été gagnée après qu’Intel ait profité du conflit entre Qualcomm et Apple.
La faute à Intel ?
Alors, pour quelles raisons Apple a-t-elle décidé d’enterrer la hache de guerre ? Selon nous, la principale raison est la 5G. Dans les conditions précédentes, Apple ne sera certainement pas en mesure d’apporter un iPhone 5G cette année, alors que la concurrence le fait déjà aujourd’hui. Ensuite, parce que l’inclusion de la 5G dans les iPhone de 2020 était menacée par Intel. Et cela s’est justement confirmé aujourd’hui.
Il y a quelques jours, nous rapportions dans nos colonnes que Huawei était prêt à fournir des Balong 5000 à Apple pour l’iPhone. Il s’avère que ce partenariat commercial était l’une des options envisagées par Apple (malgré l’impopularité de Huawei dans le gouvernement américain) parce qu’Intel avait des difficultés à développer un modem 5G, selon certaines fuites citées par la presse américaine. Cette information a d’ailleurs été confirmée par Intel qui a annoncé aujourd’hui (et ce n’est pas un hasard) l’abandon de ce projet pourtant bien avancé.
Une 5G qui doit arriver coûte que coûte
Sans fournisseur potentiel pour ses futurs iPhone, Apple a donc cherché une solution. Parallèlement, la situation de la firme est précaire. Elle a vu les chiffres de vente des iPhone baisser non seulement en volume, mais aussi en valeur. Il est en outre fort probable que les études de marché (chez IDC ou Counterpoint) confirment qu’Apple n’est plus en seconde position au niveau mondial, mais en troisième, derrière Huawei. Et si Apple n’intègre pas au plus tard en 2020 la connectivité 5G dans ses terminaux haut de gamme, les ventes seraient encore plus dures. Ce qui explique cette soudaine conclusion.