C’est l’information importante de ce début de semaine : le gouvernement des États-Unis a décidé jeudi dernier de placer Huawei sur la liste noire des entreprises présentant un risque pour la sécurité nationale (ici un risque d’espionnage pour le compte de la Chine). Cela veut dire que des restrictions seront imposées par l’administration du président Donald Trump quant aux relations commerciales entre Huawei et les entreprises américaines. Notamment celles qui développent des technologies hardwares et softwares.
Plus de Google Play pour Huawei ?
Selon deux articles publiés par deux agences de presse, plusieurs grands noms de l’écosystème technologique américain ont d’ores et déjà pris des dispositions pour se mettre en conformité vis-à-vis de cette décision. Le premier de ces noms est Google, à en croire Reuters. La firme de Mountain View aurait pris la décision de ne plus fournir de licence d’exploitation à Huawei pour toutes les applications de la Play Suite, notamment Play, Search, Chrome, etc. Les patchs de sécurité et les mises à jour sont concernées.
Certains smartphones de Huawei, comme le Y7 (2019) ci-dessus, fonctionnent avec Snapdragon.
Tous les logiciels sous licence open source, notamment Android AOSP, ne sont pas inclus dans cette restriction. Cependant, Huawei n’aurait plus accès en avance, comme tous les autres grands fabricants, aux versions beta du système d’exploitation. Ce qui ralentirait considérablement le développement des mises à jour de EMUI de la base installée.
Seul point positif : la décision n’est pas rétroactive. Dans un message adressé sur Twitter, Google confirme que les terminaux actuellement en circulation auront toujours accès aux services Google, notamment au Play Store et au système de protection de Play Protect. Cela devrait également être le cas pour tous les terminaux déjà en magasin ou en cours d’acheminement (ceux qui ont été produits avant la décision du gouvernement américain). Dans une déclaration officielle, Huawei confirme également qu'elle assurera le service après-vente et la maintenance de tous ses terminaux.
Plus de Snapdragon ou de modem Broadcom non plus
Selon Bloomberg, d’autres firmes auraient pris la décision de suspendre « jusqu’à nouvel ordre » toute relation commerciale avec Huawei. Parmi elles, Qualcomm, Broadcom, Xilinx ou encore Intel. Chipsets applicatifs, modems, processeurs pour serveur, composant de connectivité : voici ce qu’elles fournissent à Huawei. Selon l'agence de presse américaine, Huawei aurait prévu cette situation depuis plus d’un an, ayant acheté assez de composants par avance pour continuer son activité pendant une durée de trois mois.
Trois mois, c’est beaucoup. Mais en même temps très peu, notamment dans une situation aussi complexe que celle-ci. Rappelons que la négociation entre la Chine et les États-Unis sur le devenir de ZTE a pris beaucoup de temps. Et la véhémence des États-Unis à l’encontre de ZTE était largement moins poussée qu’à l’encontre de Huawei dont le nom est souvent associé au terme d’espionnage dans les déclarations officielles de la Maison-Blanche depuis plus d’un an.
L'avenir de Huawei remis en question
Les analystes interrogés par Bloomberg et Reuters ne sont pas sûrs que Huawei pourrait survivre sans les technologies américaines citées précédemment, car ces technologies sont nécessaires au moins pour vendre des terminaux en Europe (son deuxième marché après la Chine). Et même si elle survit, sa croissance vertigineuse ces 18 derniers mois serait considérablement freinée.
Le lendemain de l’intégration de Huawei dans la liste noire du gouvernement américain, le département du commerce américain a émis une note expliquant que les restrictions pourraient être allégées afin de minimiser l’impact technologique (interruption d’activité de certains équipements réseau opérés par ou pour Huawei) et financier (baisse des revenus chez les fournisseurs de Huawei). Dès ce matin, les valeurs technologiques liées à Huawei étaient en baisse dans les bourses asiatiques. Signe que les investisseurs ont déjà une crainte vis-à-vis de l’impact de ces restrictions commerciales.