Tout savoir sur : L’App Store d’Apple est-il monopolistique ?
L’une des grandes différences entre iOS et Android est la philosophie sous-jacente. D’un côté Apple a créé un écosystème homogène, sécurisé, mais fermé (même s’il s’ouvre de plus en plus, comme la compatibilité d’iOS avec les supports de stockage externe). De l’autre Google a développé un système plus ouvert et hétérogène, mais avec plus de risque au niveau de la sécurité. En effet, un utilisateur d’Android peut installer une application sans passer par le Play Store, tandis qu’il est impossible d’installer une application sur un iPhone sans passer par l’App Store (nous n’abordons pas ici le cas complexe du Jailbreak).
Des pratiques scrutées par le législateur américain
En début de semaine, l'agence de presse Reuters a rapporté que deux enquêtes ont été ouvertes par la commission fédérale américaine en charge du commerce (la FTC) et par le département américain de la justice (le DOJ). Ces enquêtes concernent Amazon et Facebook pour la première, Google et Apple pour la seconde. Le but de ces deux enquêtes : déterminer si les pratiques commerciales ne violent pas certaines règles anti-monopolistiques. Pour Apple, cela concerne l’App Store. L’enquête menée par le département de la justice complète celle que mène parallèlement la Commission européenne.
Les développeurs de moins en moins contents
À l’occasion d’une interview accordée cette semaine à la chaine CBS (et relayée par Reuters), Tim Cook a défendu sa position. Il estime normal que le législateur étudie minutieusement le fonctionnement d’Apple, mais il est confiant que le résultat de l’enquête lui sera favorable. Cependant, la justice américaine n’est pas tout à fait d’accord avec ce point de vue. Elle a validé un recours collectif mené par le cabinet d'avocats Hagens Berman pour le compte de plusieurs développeurs vis-à-vis de la « taxe Apple ». Pour rappel, il s’agit d’une commission perçue par la firme américaine pour chaque transaction financière réalisée sur l’App Store (paiement d’une application, achat intégré, abonnements). Cette commission s’élève à 30 % des montants. En outre, pour être présent sur l’App Store, un développeur doit payer 99 dollars par an.
Chez Google, une commission similaire est imposée aux transactions financières réalisées sur le Play Store. Elle est également de 30 % des montants. Cependant, il existe des alternatives pour distribuer des applications Android, comme l’Amazon App Store, l’Opera App Store, le Huawei App Gallery ou le Samsung Galaxy Store. Les développeurs ne sont donc pas obligés de passer par la boutique applicative de Google. C’est ça LA grande différence qui est reprochée à Apple.
Des voix qui s'élèvent de plus en plus
Ce n’est pas la première fois que la taxe Apple est pointée du doigt. Plusieurs grands noms du divertissement ont fait entendre leur mécontentement vis-à-vis de cette pratique jugée anticoncurrentielle. Netflix empêche les utilisateurs d’iOS de contracter un abonnement sur l’App Store ou dans l’application, les obligeant à souscrire directement sur son site. Spotify, en signe de protestation, a augmenté le prix de son abonnement sur l’App Store et engage ses abonnés à passer par son site pour payer moins cher. La firme scandinave a d’ailleurs porté plainte contre Apple, jugeant que la taxe Apple est un frein à la concurrence. Une plainte entendue par la Commission européenne qui a ouvert l’enquête citée précédemment.
Cette affaire contraste évidemment considérablement avec le visage que la firme a montré cette semaine, lors de la WWDC, sa grande conférence internationale dédiée justement aux développeurs. Durant cette conférence, Apple a rappelé avoir reversé 120 milliards de dollars aux développeurs d’applications en 11 d’existence de l’App Store. L'App Store continue d'ailleurs de génerer plus de revenus que le Play Store. Et la boutique applicative a créé un nouvel écosystème économique basé sur les applications. Un écosystème largement copié par la concurrence (Samsung, Google, Palm / HP, BlackBerry, Firefox) et rarement égalé. Reste à savoir si les règles de l’App Store ne devront pas changer avec cette plainte et quelles seront les conséquences d’un tel changement.