Samsung, Apple, Nokia, Sony, Nvidia, Intel, LG… le CES 2012 a t-il changé la face de la téléphonie mobile ?

Le CES de Las Vegas, le plus grand salon mondial de l'électronique, a fermé ses portes. Les annonces en matière de smartphones et de tablettes ont été peu nombreuse. Et même si c'est la déception qui prédomine pour les amateurs de téléphonie mobile, il s'est tout de même dégagé quelques tendances de fond intéressantes. Avec un peu de recul, voici notre bilan du salon.

La Rédac LesMobiles - publié le 17/01/2012 à 19h35

Avant toute chose, commençons par une précision : ce panorama du CES 212 ne se veut pas exhaustif. Il a pour seul but de revenir sur les événements marquants qui ont rythmé la semaine du plus grand salon mondial de l'électronique. Ce salon est à l'image du vin. Il y a bien quelques indicateurs en amonts, mais tant que vous n'y avez pas goûté, impossible de savoir si c'est un bon cru ou pas.

Nous nous concentrons ici sur les annonces qui ont un rapport avec la téléphonie mobile en général, et les smartphones et tablettes en particulier. De ce point de vue, le CES 2012 aura été un cru assez fade. Pas complètement dénué d'intérêt, mais il fallait vraiment creuser pour trouver des tendances de fond qui peuvent impacter l'ensemble de l'année 2012. À l'heure de dresser le bilan, il apparait clairement que les constructeurs de mobiles et de tablettes en ont gardé sous la semelle pour le Mobile World Congress qui va ouvrir ses portes dans quelques semaines à Barcelone, à partir de la fin du mois de février.

Asus sur tous les fronts des tablettes

Alors qu'elle était annoncée, l'invasion des tablettes n'a as eu lieu. Bien sûr, il y a quelques annonces intéressantes, mais ce CES était pressenti pour être celui où toutes les marques allaient présenter de nouveaux modèles. Mais à part un ou deux modèles d'envergure, ça a été le calme le plus plat. Ce qui n'est généralement pas de bonne augure pour le reste de l'année. De ce point de vue, seul Asus a tiré son épingle du jeu avec son annonce fracassante de la MeMo 370T. Il s'agit d'une tablette de 7 pouces qui va embarquer un processeur surpuissant Nvidia Tegra 3, et qui va surtout être proposée à 249 dollars. Un tarif très agressif qui nous parait salutaire à l'heure où l'iPad d'Apple continue de dominer de manière insolente le marché des tablettes. La MeMo 370T va coûter deux fois moins cher que la tablette d'Apple, et ce malgré une dotation matérielle très haut de gamme. Notamment pour son chipset Tegra 3 qui n'a pas d'égale en termes de puissance à l'heure actuelle. L'iPad 3 devrait selon toute vraisemblance lui aussi être équipé d'un chipset Apple A6 quad-cores. Ce qui le placerait plus ou moins sur un pied d'égalité avec la MeMo 370T en termes de performances techniques. C'est là que le prix devrait faire la différence. Asus est le premier grand constructeur à oser descendre aussi bas. Il fait d'une pierre trois coups. D'abord il se différencie d'Apple de par le form factor et le prix de sa petite tablette. Ensuite, il vient braconner sur les terres du Kindle Fire, la seule tablette Android qui semble vraiment populaire. Enfin, il laisse moins de marge de manoeuvre aux tablettes des constructeurs chinois. On s'attendait d'ailleurs à ce que ces derniers annoncent une flopée de tablettes embarquant des processeurs double coeur ou quadruple coeur bon marché, mais il n'en a rien été. Asus a poussé plus loin son avantage en étoffant sa gamme Transfomers d'un nouveau modèle Prime qui propose un écran d'une résolution Full HD. Il sera en concurrence frontale avec la tablette Acer Iconia Tab A710 qui disposera elle aussi d'un écran d'une telle résolution.



Pour ce qui est des autres constructeurs de renom, aucun d'entre eux n'a annoncé une véritable nouvelle tablette. Samsung et Toshiba se contentant par exemple de faire la promotion de modèles déjà présentés par le passé. Il y a bien eu quelques présentations étonnantes comme la Razer, une tablette sous Windows 8 flanquée de deux joysticks et qui se destine aux joueurs. Pour expliquer cette relative apathie, on peut aussi penser que Microsoft a mis son véto aux démonstrations de tablettes sous Windows 8. Nul doute que nos constructeurs préparent activement l'arrivée de tablettes qui tournent avec ce système d'exploitation. Certains le voient d'ailleurs comme le seul concurrent sérieux à Apple et son iPad.

Rien de neuf pour le mariage Microsoft / Nokia

Et puisqu'on en est à parler de Microsoft, sachez qu'il n'y a pas eu non plus d'annonce majeure chez le géant du logiciel. L'éditeur joue à n'en pas douter une carte maitresse avec Windows 8. Il a annoncé bien avant le CES que ce système d'exploitation serait le premier à être compatible avec les instructions ARM, et plus seulement x86 d'Intel. C'est une véritable révolution, mais l'unité promise risque d'être décevante si elle met trop de temps à se faire. L'utilisateur lambda ne veut pas avoir à se demander quelles applications seront compatibles avec quoi. Il veut juste que cela fonctionne. Or, les architectures ARM et x86 sont totalement différentes, ce qui implique que les développeurs se retroussent les manches pour développer deux versions de leur programme à chaque fois. Cela n'arrivera pas du jour au lendemain et on peut penser que peu de programmes seront disponibles simultanément en dehors de ceux qui nous viennent des grands éditeurs. Et c'est là que le bât pourrait blesser pour les futures tablettes sous Windows 8.

Il a aussi été question d'un rachat de Nokia par Microsoft quelques jours avant le CES. Cette rumeur lancée par le très bien informé Eldar Murtazin n'a en tout cas pas été validée pendant le CES 2012. Mais qu'elle soit vraie ou pas, il est clair que ce mouvement ne serait guère étonnant de la part de Microsoft, voire même complètement logique. Même si toutes les entreprises High-Tech s'en défendent vigoureusement, le modèle idéal actuel est celui d'Apple. Avec une part de marché très faible pour ce qui est des volumes de smartphones écoulés, la firme à la pomme arrive à générer plus de 50% des revenus de la téléphonie mobile. Une réussite insolente qui suscite forcément des convoitises. Souvenez-vous, Google a racheté Motorola il y a quelques mois. Le deal n'est pas encore tout à fait scellé, mais c'est tout comme. Google jure que cette acquisition n'a pour seul but que de protéger Android grâce aux brevets de Motorola. La vérité, c'est qu'en procédant ainsi, le géant du Web devient à la fois éditeur et constructeur? comme Apple. Même cas pour Microsoft qui maitriserait la chaîne de bout en bout s'il rachetait la branche smartphone de Nokia.

C'est la tendance lourde qui se dégage des mois écoulés. Et elle est plutôt inquiétante pour les constructeurs non concernés par ces rachats. Les déclarations de bonnes intentions ont plu lorsque Motorola a été racheté par Google ou que le partenariat entre Nokia et Microsoft. Mais la vérité est que rien n'empêchera à l'avenir ces deux éditeurs de privilégier leur propre constructeur d'une manière ou d'une autre.

Mais nous n'en sommes pas encore là. Nokia et Microsoft avait bien des stands séparés. Sur celui du Finlandais, on pouvait découvrir sa gamme de smartphones Windows Phone, et plus particulièrement le Lumia 900 lancé pendant ce CES. Nous vous proposons une prise en main de ce produit ici. Le constructeur n'a rien annoncé quant à sa disponibilité en Europe, mais il se murmure déjà que l'exclusivité d'AT&T est temporaire et que le Lumia 900 arrivera chez d'autres opérateurs durant le troisième trimestre, dans une version possiblement remaniée avec un capteur de 12 mégapixels.

Nokia Lumia 900 CES 2012 Nokia lumia 800


Samsung mettrait-il discrètement la pression sur Google ?

La conférence de presse de Samsung a été particulièrement ennuyeuse pour qui ne s'intéresse qu'à la mobilité. Le constructeur coréen n'a en effet annoncé qu'un smartphone et une tablette : le Galaxy Note et la Galaxy Tab 7.7. Soit deux modèles déjà présentés à l'IFA de Berlin? fin août 2011. Il a aussi annoncé Samsung AdHub, un service de régie publicitaire qui va permettre aux annonceurs de diffuser de la publicité sur tous les appareils de Samsung. Le constructeur coréen n'est pas le premier à faire une telle tentative et d'autres comme Nokia s'y sont cassés les dents avant lui. Toutefois, en prenant un peu de recul, on se dit que cette annonce pourrait être nettement moins anodine qu'elle n'en a l'air. Surtout à la lumière d'une autre annonce, celle du remplacement du système d'exploitation Bada par Tizen, un OS Linux développé en collaboration avec Intel. Ces deux actions Samsung nous poussent à nous demander si le constructeur coréen ne serait pas en train de mettre « gentiment » mais fermement la pression sur son partenaire Google. Nous vous avons expliqué un peu plus haut que les rapprochements entre certains constructeurs et les éditeurs de systèmes d'exploitation pourraient ne pas être sans conséquences pour les constructeurs qui ne font pas partie de ces deals. Les grands gagnants pourraient donc être Nokia et Motorola. Il est difficile d'imaginer qu'une compagnie de l'envergure de Samsung reste les bras croisés en attendant de voir ce qui va se passer. Avec Samsung AdHub, il peut potentiellement prendre Google à la gorge car n'oublions pas que la firme de Mountain View ne vit que par la pub, qu'elle distille notamment dans tous ses appareils mobiles. Or Samsung écoule plus de la moitié des smartphones Android. Il pourrait donc sérieusement égratigner les revenus de Google avec son Samsung AdHub. Et même si la menace de Tizen n'est pas immédiate, dans un marché qui connait des mutations aussi soudaines que celui de la téléphonie mobile, qui sait ce qui peut se passer si demain Intel et Samsung décide de vraiment pousser ce nouveau système d'exploitation ? Bref, ces deux annonces nous apparaissent comme autant de moyens de pression de Samsung sur Google.

Et les autres ?

Du côté des autres grands constructeurs, seul Sony Ericsson a tiré son épingle du jeu, annonçant deux smartphones : le Xperia S et le Xperia Ion. Seul le premier cité va connaître les joies d'une commercialisation internationale alors que le second se cantonnera au marché nord-américain.

sony ericsson xperia S prise en main ces 2012 Las Vegas


Dans les deux cas, il s'agit de smartphones Android prometteurs, à la fiche technique séduisante. Nous avons réussi à manipuler le Xperia S assez longtemps pour vous en proposer une prise en main. LG s'est montré très discret, n'annonçons des appareils que pour les États-Unis. Même chose pour HTC qui a laissé l'opérateur AT&T présenter le Titan II. Il s'agit du même smartphone que le Titan sous Windows Phone sorti voilà quelques mois, mais qui embarque en plus un capteur de 16 mégapixels.

En marge de ces géants de la téléphonie mobile, Huawei a su attirer la lumière sur lui avec des annonces qui ont fait mouche. Notamment celle des smartphones P1 et P1S. Il s'agit de mobiles Android à la fiche technique légèrement supérieures à celle du Galaxy S2, mais qui se paient le luxe d'être encore plus fins. Le seul « hic » étant que ces deux produits ne devraient pointer le bout de leurs antennes qu'en fin d'année. Là encore, nous les avons assez manipulé pour nous fendre d'une première impression.

huawei s1p smartphone android 4.0 ics


La bataille des fondeurs

Nous attendions aussi beaucoup de ce CES pour ce qui est des annonces des fondeurs, c'est-à-dire des fabricants de chipsets et de processeurs. Et là encore, nous sommes restés sur notre faim. En fait, il n'y a pas vraiment eu de match. Nvidia a attiré à lui toute l'attention médiatique avec les différentes annonces gravitants autour de son chipset Tegra 3. Entre le premier prototype d'un smartphone quadruple coeur chez Fujitsu, la tablette MeMo 370T évoquée plus haut dans cet article, les annonces des constructeurs auto qui intègrent ce chipset dans certains de leurs véhicules et les démos impressionnantes sur le stand du fondeur, tous les indicateurs étaient au vert.

On espérait voir des constructeurs annoncer les premiers smartphones ou des premières tablettes avec la plateforme quadruple coeurs de Qualcomm, mais il n'en a rien été. Ce dernier est le leader sur le segment mobile depuis des années, et il est en train de laisser un boulevard à son concurrent. Il y a en effet déjà un produit quad-core sous Tegra 3 de disponible commercialement (l'Asus Transformer Prime). Et une dizaine d'autres ont été annoncés au CES. Si Qualcomm et ses partenaires ne nous inondent pas d'annonces au Mobile World Congress de Barcelone, il est possible que le fondeur de San Diego n'assiste qu'en simple spectateur à la bataille des quadruple coeurs qui se tiendra alors entre Nvidia, Apple et Samsung.

Intel a aussi fait un come-back dans la téléphonie mobile. Ou du moins il a essayé. Après le flop retentissant du LG GW990, annoncé il y a un an pendant le CES 2011, puis abandonné en cours de route, la société qui écrase tout sur son passage dans le monde des ordinateurs n'a plus le droit à l'erreur sur le segment des mobiles et des tablettes. Intel présentait des prototypes avec le constructeur Lenovo. Il a aussi annoncé des partenariat avec LG et Motorola. Tout ce beau monde s'est engagé à sortir des appareils dans le courant de l'année. Mais à l'heure où le marketing est roi, sortir une plateforme dotée d'un seul processeur quand les autres proposent majoritairement des double-coeurs, et que les quadruple-coeurs vont aussi déferler, cela semble être un pari risqué. Surtout pour un nouvel entrant, aussi prestigieux soit-il.

Les absents ont toujours tort? sauf quand ils s'appellent Apple

Enfin, finissons par Apple. La firme à la pomme a comme toujours brillé par son absence. Ce qui n'était pas vraiment une surprise puisque cela fait plusieurs années qu'elle s'est retirée des grands salons internationaux. Mais l'iPhone et l'iPad ont été certainement le smartphone et la tablette les mieux représentés dans les allées du CES. Il y avait en effet un grand nombre d'accessoiristes et de développeurs d'applications présents pour ce salon. Et la plupart proposaient des produits sur les appareils mobiles d'Apple.

Étant donné le peu d'annonces significatives faites durant cette édition du CES, il y a fort à parier que de nombreuses sociétés d'envergure vont emboiter le pas à la Pomme. Microsoft a d'ores et déjà annoncé que cette édition 2012 était la dernière à laquelle il allait prendre part. C'est un véritable coup dur pour le CES car Microsoft est l'un de ses partenaires historiques, et un soutien de poids. Le problème pour ce salon, c'est qu'il est victime de son gigantisme et de son succès. Il devient difficile pour les grandes marques de démarquer leurs nouveaux produits dans la cacophonie des annonces. Et il existe une attente très forte des médias, qui obligent ces mêmes marques à caler leur agenda sur cet événement pour être capable de proposer à tout prix quelque chose capable de retenir l'attention.

Dans ce contexte, ce sont les petits exposants qui tirent leur épingle du jeu. Car comme tous les journalistes, nous n'avons cessé d'arpenter les dizaines de kilomètres d'allées, à la recherche du produit, de l'accessoire ou du service que les autres médias n'auraient pas encore découvert. Pas sûr que cela soit du goût des grands fabricants qui paient des millions pour leurs stands.

En conclusion, il ne nous reste plus qu'à vous donner rendez-vous pour le Mobile World Congress (MWC) qui va ouvrir ses portes fin février à Barcelone. Vu le peu d'annonces concernant la téléphonie mobile au CES, il y a fort à parier que l'édition 2012 du MWC va être très riche.

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