Les premiers contacts avec le Xperia E1 ont été compliqués. Difficile de faire, à une semaine d'intervalle, le test de l'excellent HTC One (M8) puis celui du Xperia E1. Bien sûr, le premier coûte plus de 700 euros, tandis que le second est vendu 140 euros sur Internet. Il s'avère très économique même avec un forfait bloqué (une trentaine d'euros). Mais nous avions l?habitude de meilleures premières sensations avec un mobile Sony et c'est peut-être cela qui nous a le plus déstabilisé. Cependant, passé ces quelques instants de rire nerveux, les quelques jours passés avec le Xperia E1 n'ont finalement pas été si désagréables.
Un successeur pour le Xperia E
Successeur du Xperia E, sorti l'année dernière, le Xperia E1 est donc le nouvel entrée de gamme de Sony. Avec une fiche technique presque au ras des pâquerettes, il propose une expérience Sony basique, pour ne pas dire incomplète. Même en oubliant l?écran Bravia Engine, le capteur Exmor R et les dalles en verre durci, l?E1 n'arrive pas à nous faire oublier que nous sommes face à un mobile entrée de gamme. Voici les détails techniques :
- Écran 4 pouces LCD doté d'une définition WVGA (800 x 480)
- Chipset Snapdragon 200 MSM 8210 composé de deux coeurs Cortex-A7 cadencés à 1,2 GHz et d'un processeur graphique Adreno 302
- 512 Mo de mémoire vive
- 4 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Batterie 1750 mAh
- Android Jelly Bean version 4.3 avec surcouche Xperia UI
- Capteur photo 3 mégapixels à l'arrière (compatible 720p en vidéo)
- Compatible 3G+, WiFi, Bluetooth 4.0
- processeur audio compatible ClearAudio et xLoud
- Poids : 120 grammes
Par rapport au Xperia E, la copie est nettement meilleure : plus grand écran, meilleure définition, meilleur chipset, meilleure connectivité, meilleure batterie. Mais la mémoire (RAM et stockage) reste identique. De même pour le capteur photo de 3 mégapixels et l'absence de webcam à l'avant. Sony n'est donc pas irréprochable dans son approche de l'entrée de gamme.
Une coque faite de plastique sans finesse
La première prise en main est déstabilisante, car le mobile est entièrement fait d'un plastique qui manque de finesse. Il ressemble presque à un jouet ou un mockup qui orne les vitrines des boutiques spécialisées. Une impression renforcée par la légèreté du produit (120 grammes) vis-à-vis de son aspect un peu grossier.
Le design du E1 se veut être proche du reste de la gamme menée par la série Z. Nous retrouvons donc un bouton d'alimentation rond au milieu de la tranche droite, positionné à côté du contrôle du volume. Nous retrouvons aussi quelques lignes rencontrées sur le Z1 et le Z1 compact, comme les bordures en bichromie.
Pas de capteur visio, mais une touche pour la musique
À l'avant, nous remarquons rapidement l'absence du capteur visio. Pas d'autoportrait avec ce mobile, uniquement des clichés pris au hasard en retournant le smartphone. Justement, en tournant le smartphone, nous y découvrons une coque en plastique avec deux éléments distinctifs : le capteur 3 mégapixels et l'immense grille de haut-parleur. Une grille à la mesure du son qui s'en échappe.
La coque du E1 est amovible. La première fois, nous avons eu peur de casser cette fine plaque de plastique qui ne se déboîte pas si facilement. Sous le capot, un emplacement carte SIM et un autre microSD.
Le mobile étant orienté musique, nous retrouvons sur la tranche supérieure, juste à côté du jack 3,5 mm, le bouton de contrôle dédié. À ne pas confondre dans la poche avec le bouton d'alimentation (comme c'est le cas sur l'iPhone par exemple), cette touche matérielle est reconnaissable par le petit sigle Walkman.
Un petit écran qui frotte contre les doigts
L?écran du mobile est petit vis-à-vis des standards actuels. 4 pouces seulement, quand la moyenne tourne autour des 5 pouces. Sa luminosité est plutôt bonne, même avec le réglage automatique activé, mais ses angles de vision le sont moins. La dalle manque clairement de contraste et les pixels se voient à l'oeil nu.
Ecran d'accueil, de vérouillage et des applications
La sensation de glisse du E1 n'est pas optimale. Le doigt accroche clairement sous le doigt, ce qui occasionne quelques ratés dans la navigation, alors que le système est globalement assez fluide. Encore une fois, l'impression est dégradée, alors que le smartphone est largement en mesure de supporter Android 4.3 affublée de la surcouche Xperia UI.
Mode stamina et gestion des écrans d'accueil
Une surcouche Xperia toujours aussi agréable
Cette dernière reste très agréable, même sur un modèle entrée de gamme. Les applications de Sony (Walkman, Album, Films et Select) sont élégantes, tout comme la customisation des éléments systèmes (menu application, réglages, zone de notification, icônes). Peu d?éléments ont changé vis-à-vis du test du Xperia Z1 Compact. Walkman reste une excellente application audio, Films et Album de bonnes alternatives à Google Photos et Play Films, tandis que Select démontre des difficultés à prouver sa pertinence. PlayMemories, une application amusante pour « sauvegarder » les moments importants de votre vie, a été intégré à Album.
Sony Album, Sony Select et menu de gestion des applications
Des performances bien en dessous du Moto G
Côté performance, nous avons vu mieux. Le Xperia E1 dépasse légèrement les 13 000 points. Ce score le place entre le Galaxy S2 de Samsung et le Moto G de Motorola. Dommage : c?était justement le modèle contre lequel le Sony devrait se mesurer pour prouver qu'il est le meilleur des smartphones sous la barre des 170 euros. Le Moto G frôle même les 17 500 points, soit le score d'un milieu de gamme. Difficile de concurrencer un quad-core avec un dual-core cadencé à la même vitesse et épaulé par moitié moins de RAM.
Selon le rapport d'AnTuTu, le vrai problème du Xperia E1 se situe sur le chipset, et plus particulièrement sur les deux coeurs Cortex-A7. Ce sont eux qui pourraient bloquer l?évolutivité du Xperia E1 et son adaptabilité vis-à-vis de vos besoins, en multimédia notamment.
Une expérience multimédia hétérogène
En revanche, le processeur graphique tient bien la route. Nous avons essayé nos deux jeux témoin et ils fonctionnent, même Dead Trigger 2 pourtant capricieux sur les petites configurations. Certes, cela manque de fluidité, même sur Minigore 2, et quelques ralentissements ont peiné notre progression. Sans oublier l?écran qui manque de glisse sous les doigts, un point perturbant. Mais ils tournent, un exploit à mettre sur le compte de l?Adreno 302.
Dead Trigger 2 de Madfinger
Car sur les applications multimédias ne sollicitant pas le GPU, mais les CPU, le Xperia E1 s'avère décevant. Pratiquement aucun de nos fichiers de test n'est passé correctement. Les formats MKV ne sont pas reconnus, même en 720p. Les formats MP4 fonctionnent en 720p, mais ralentissent considérablement en 1080p. Et seuls les codecs audio standards sont reconnus. L'impression n'est donc pas bonne.
Même l'expérience musicale améliorable
Sur la musique, le mobile se rattrape. Grâce à l'application Walkman et le bouton matériel dédié. Ce dernier s'utilise assez simplement : une pression longue pour lancer l'application Walkman, une courte pour lancer la lecture ou la stopper, deux courtes successives pour passer à la chanson suivante et une courte en agitant le mobile pour enclencher le shuffle. Point négatif : le bouton n'est compatible qu'avec l'application Walkman et non avec d'autres applications audio, comme Spotify.
Notez que le mobile est vendu en open-market à 140 euros avec un casque audio plutôt sympa. Les écouteurs classiques peuvent quant à eux dépanner. Le haut parleur, plus puissant que la moyenne en entrée et milieu de gamme, propose un son d'une bonne qualité (notamment si les options ClearAudio sont activées).
Application Walkman
Le Xperia E1 n'est pas fait pour la photo
Côté photo, pas de surprise. D'une part, l'application associée reste excellente, avec les différents modes et les différents réglages typiques de Sony. Et d'autre part, le capteur 3 mégapixels ne fait pas d?étincelles. Beaucoup de bruit sur les clichés, des zones floues et peu de contraste. Sans parler de quelques soucis sur la gestion de la luminosité et de la sensibilité. Nous sommes loin des résultats habituels des smartphones Sony.
Interface photo Sony sur le Xperia E1
Photo prise avec le Xperia E1
Un mobile qui aurait dû être un concurrent du Moto G
En conclusion, le Xperia E1 est un smartphone entrée de gamme qui ne parvient pas à faire de l'ombre au Moto G, alors que le constructeur japonais dispose en interne de tous les éléments pour réaliser un modèle ergonomiquement qualitatif, techniquement performant et commercialement agressif. Peut-être le choix du Snapdragon 200 dual-core, dicté par une stratégie de prix, est-il malheureux. Certainement qu'un MSM8212 (quad-core Cortex-A7 1,2 GHz) aurait été plus judicieux.
Si la fonction Walkman, optimisée grâce à son bouton matériel, aurait pu être un avantage tactique auprès des jeunes, les commandes déportées des casques mains libres la contrebalancent largement, rendant cette initiative légèrement futile. Reste la surcouche Xperia UI, toujours très agréable.