L?histoire du Galaxy Alpha est très intéressante. Quand Samsung a lancé la gamme Note, personne n'y croyait. Finalement l'entreprise a réussi un pari : créer le segment des phablettes sur lequel il règne sans partage (reste à savoir quel sera l'impact du lancement de l'iPhone 6 Plus sur les ventes de Note 4). Ce succès a amené Samsung à une certaine arrogance.
Quand les usagers réclamaient des smartphones au châssis premium, le constructeur coréen, devenu leader mondial, proposait le Galaxy S4, tout en plastique. Mais les ventes étaient au rendez-vous. Et quand les usagers ont réitéré leurs demandes, Samsung a dévoilé le Note 3, puis le S5, encore en plastique. Et quand les consommateurs ont commencé à acheter des produits chinois, le Coréen a subitement changé son fusil d?épaule avec Galaxy Alpha, lequel se destinait à répondre mot pour mot à l'iPhone 6.
Un smartphone en trompe l'oeil
Mais attention aux faux semblants. Car le Galaxy Alpha est un smartphone en trompe l'oeil. Oui il a du style. Oui il est léger et fin. Oui du métal l?habille... partiellement. Mais oui, Samsung garde son amour pour le polycarbonate. Comme le Canada Dry qui imitait bien l'alcool sans en détenir une seule goutte, le Galaxy Alpha ne nous offre pas l'ivresse promise par le discours marketing. Même si, avouons-le, c'est un très bon smartphone dont voici les détails de la fiche technique.
- Ecran Super Amoled 720p de 4,7 pouces pour une résolution de 312 pixels par pouce
- Chipset Exynos 5 Octa octo-core composé de 4 coeurs Cortex A-15 cadencés à 1,8 GHz et quatre coeurs Cortex-A7 cadencés à 1,3 GHz
- Processeur graphique ARM Mali T628 MP6 cadencé 600 MHz
- 2 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne non extensible
- Batterie 1860 mAh
- Capteur photo 12 mégapixels compatible 4K en enregistrement, mode ralenti 120 images par seconde en 720p
- Webcam 2,1 mégapixels
- Compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.0, GPS, NFC, ANT+
- Capteur d'empreinte digitale et cardiofréquencemètre
- Android KitKat 4.4.4 avec surcouche TouchWiz
- Épaisseur : 6,7 mm
- Poids : 115 grammes
Le Galaxy Alpha dispose du cardiofréquencemètre du Galaxy S5
Quatre petites remarques sur cette fiche technique séduisante. D'abord, nous trouvons ici un espace de stockage interne qui n'est pas extensible, ce qui est loin d?être pratique à l'usage. Si vous avez une carte mémoire en provenance d'un autre mobile, vous pouvez la ranger soigneusement. Ensuite le capteur photo est capable de filmer en 4K, ce qui est non seulement pas très utile, mais également pas tout à fait en ligne avec l'espace de stockage offert. Puis, la puissance de la batterie, inférieure à 2000 mAh, nous paraît un peu faible. Enfin, la résolution de l?écran est standard. Le premier HTC One faisait mieux avec la même taille d?écran.
Un design plus bling-bling qu'élégant
Faisons le tour du propriétaire. Visuellement, le Galaxy Alpha est très élégant, même si, de face, le smartphone ressemble beaucoup, mais vraiment beaucoup à tout autre smartphone Samsung. Le bouton « home », situé au centre d'un pavé tactile sous l?écran, cache une partie du lecteur d'empreinte digitale. Les différents capteurs (proximité, luminosité, webcam) sont toujours autour d'un haut-parleur souligné par la marque du géant coréen. Derrière la dalle de protection, nous retrouvons un motif stroboscopique très bling-bling dans sa version or. La version argentée devrait être un peu moins tape-à-l'oeil.
À l'arrière, même topo. Un capteur photo carré avec, à sa gauche, le flash et le cardiofréquencemètre. L'utilité de ce dernier reste toujours à démontrer au quotidien... Le smartphone est habillé d'une coque amovible en polycarbonate dont le motif en petites croix rappelle les pointillés du Galaxy S5. En retirant la coque d'un coup sec, vous apercevez la batterie et l'emplacement nano-SIM. Vous remarquerez que le haut-parleur mono principal n'est pas à sa place habituelle. Et pour cause, il a été déplacé.
Un contour aluminium simplement superbe
Il se trouve maintenant sur la tranche inférieure du smartphone, à droite du port microUSB. À gauche de ce dernier a été positionné le micro principal. À l'opposé, se trouvent le micro pour la réduction de bruit active, ainsi que le porte jack 3,5 mm. Sur le côté gauche les touches du volume. Sur le côté droit, le bouton de verrouillage. Les bordures du mobile sont très sobres et tranchent vraiment avec le côté ostentatoire des motifs à l'avant et à l'arrière.
Et pourtant, ce contour en aluminium, rattaché au châssis interne également en aluminium, est assurément l?élément le plus qualitatif de ce smartphone. Les coins ronds et polis. Les bords biseautés de la taille des boutons matériels. Ce contour est vraiment superbe.
Il ne pèse pratiquement rien dans la main
Et cela se ressent totalement lors de la prise en main de ce smartphone. Le contour est très agréable à tenir, mais se trouve diamétralement opposé à l'impression de fragilité du smartphone, due à la finesse et au poids du mobile. Nous aurions presque préféré qu'il pèse une dizaine de grammes de plus. Les boutons sont bien positionnés, faciles à atteindre d'une seule main. Vous remarquerez qu'aujourd?hui, pratiquement plus aucun smartphone n'intègre un bouton sur la tranche supérieure, un héritage des phablettes.
La tranche en aluminium vient protéger la dalle tactile
L?écran est autant superbe que décevant. Bon point, la technologie Amoled est toujours très agréable à regarder, avec ses angles ouverts, son contraste marqué et sa colorimétrie toujours aussi abondante. Mais la définition de la dalle, notamment sur des écrans fixes comme une photo, un texte ou une page Web est clairement en dessous des exigences pour un produit premium.
Il y a un an et demi, HTC sortait son One avec écran 4,7 pouces Full HD, soit une résolution de 469 pixels par pouce. Aujourd?hui, le Galaxy Alpha, avec 312 pixels par pouce est au même niveau qu'un Lumia 730, un Moto X 1ere génération ou un Wiko Wax. Il est clair qu?à ce niveau de prix, nous attendons mieux.
Le verre de protection glisse parfaitement bien sous les doigts. Le système est d'ailleurs fluide tout au long de la navigation. Et cela est autant dû à la qualité de la dalle tactile qu?à la plate-forme technique qui soutient Android Kitkat ici habillé par TouchWiz, mais nous reviendrons sur l?Exynos d'ici quelques lignes. Parlons tout d'abord de TouchWiz qui n'est pas sans surprise.
Un Touchwiz version « premium »
Pour le Galaxy Alpha, Samsung a développé une version légèrement différente de son interface que celle rencontrée il y a quelques jours sur le Galaxy S5 Mini. Le widget météo, qui accueille l'utilisateur sur le premier écran, en est la preuve : il est totalement transparent et non plus couvert d'un aplat rectangulaire. C'est très élégant. Comme avec le Nexus Launcher de Google ou Sense de HTC, cette version de Touchwiz propose Magazine UX (déjà croisé sur les tablettes Galaxy Tab Pro) sur le bureau le plus à gauche (en lieu et place de Google Now ou BlinkFeed). Il s'agit d'un agrégateur d'articles thématique basé sur la technologie de Flipboard. Il est assez pratique.
Ecran d'accueil et écran Magazine UX
Vous remarquerez également que le mobile, lors de l?étape initiale de configuration, vous demande votre compte Dropbox. Cela sert à synchroniser vos photos directement depuis Galerie, et non plus en installant l'application dédiée. C'est pratique. Vous trouverez des petites retouches dans d'autres recoins de Touchwiz, comme S Voice par exemple. L'iconographie reste cependant la même. Il faudra attendre Android L pour voir des changements plus importants dans la charte graphique.
Le plein de fonctions utiles et innovantes
Pour le reste, nous sommes en terrain connu. Touchwiz est l'une des sourcouches les plus lourdes, mais aussi les plus complètes. À chaque test d'un mobile Samsung, nous redécouvrons certaines fonctions innovantes. Sur le Galaxy Alpha, nous avons choisi de vous faire (re)découvrir Fenêtres multiples, Boite à outils et Air View. Le premier propose de partager l?écran pour ouvrir deux applications en même temps. Le second est un widget toujours accessible au-dessus des applications (et des jeux) pour accéder à un panel de 5 raccourcis personnalisables.
Boîte à outils, Fenêtres multiples et Air View sur l'application Galerie
Le dernier propose de prévisualiser de façon intelligente certains éléments sans avoir à les ouvrir. Cela fonctionne avec les photos dans Galerie, les rendez-vous dans S Planner, les contacts dans l'application téléphone ou le défilement dans le lecteur vidéo. Ça ne marche pas dans les applications qui n'ont pas été développées par Samsung, évidemment.
Une interface fluide et une plate-forme haut de gamme
Toujours très complète, l'interface Touchwiz semble cependant moins présente que dans le Galaxy S5. Il y a toujours trois widgets qui vous invitent à activer S Health et Geo News et à télécharger « les indispensables Galaxy » pour vous faire amener par la main vers Samsung Apps. Mais heureusement, tout cela est moins lourd. De même, le menu application est allégé. S'y trouvent désormais les applications systèmes de Touchwiz en première page et les applications Google à la suite. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard...
Menu des applications : premier écran à gauche et second écran à droite
Plus légère, plus réactive, cette bonne impression est aussi due à la bonne plate-forme technique qui anime le smartphone. Nous avons vu qu'il s'agit d'un chipset Exynos 5430, premier octo-core gravé en 20 nm chez Samsung. Le Galaxy Alpha est le premier à en bénéficier. Le Meizy MX4 Pro devrait être le second. Et ce sont tous les deux des monstres de puissance. Ici, l?Exynos est accompagné de 2 Go de mémoire, ce qui apporte de l'oxygène à ce chipset exigeant. Pour preuve, sur AnTuTu, il atteint le score mirobolant de 47 779 points (non, il n'y a pas un 7 en trop !), loin devant le S5 et ses 42 437 points.
Un régal pour les jeux 3D et les films Full HD
Une telle puissance, cela se ressent immédiatement en jeu vidéo. Nous n'avons même pas tenté de lancer Dead Trigger 2 avec les graphismes par défaut. Nous sommes directement passés aux graphismes optimaux. Et nous n'avons pas été déçus puisque le jeu tourne à merveille, sans l'ombre d'un ralentissement. Trop facile, naturellement. Nous avons également essayé avec Modern Combat 5 et le constat est le même.
Une petite remarque concernant le placement du haut-parleur : au dos de l'appareil, il est habituellement caché par un doigt quand le mobile est tenu horizontalement. Ici ce n'est pas le cas : son placement actuel est bien meilleur, même si nous préférons les haut-parleurs stéréo de Sony ou HTC.
En vidéo, même résultat. S'il est capable de décoder de l?Ultra HD, le Full HD est presque trop facile pour lui. Dommage que l?écran ne soit pas lui aussi Full HD afin de profiter de l'ensemble des petits détails des films en haute définition. D'autant que le chipset en est largement capable. Comme avec le Galaxy S5 Mini, le lecteur vidéo est l'un des meilleurs en décodage et affichage de sous-titre. Air View est également présent, et c'est très pratique. Il lui manque encore quelques codecs vidéos pour être parfait.
Air View est également disponible sur le lecteur vidéo
Un appareil photo convaincant
En photo, nous avions déjà été surpris la semaine dernière par le capteur 8 mégapixels du S5 Mini. Un bel équilibre sur la balance des blancs. Du contraste. Du piqué. Et une colorimétrie presque entièrement respectée. Bref, le coprocesseur d'images faisait des merveilles. Nous n'avons donc pas été surpris de retrouver les mêmes qualités dans ce 12 mégapixels, même si le ciel gris parisien n'offrait pas la même luminosité que la semaine passée. Nous trouvons en revanche qu'elle offre un peu plus de bruit dans les parties plus sombres, la scène étant moins baignée de lumière.
Photo prise avec le Galaxy Alpha
L'application est strictement la même que celle du Galaxy S5 et du Galaxy S5 Mini, avec les modes automatiques qu'il est possible d'enrichir avec des modules téléchargeables, l'accès à quelques réglages avancés via un panneau personnalisable, etc. Nous ne reviendrons donc pas dessus dans le détail. Les outils d?édition sont également identiques.
Un concurrent pour l'iPhone 6 qui ne se donne pas les moyens de l'être
En conclusion, le Galaxy Alpha est clairement un bon smartphone. Il est même techniquement bien meilleur que le Galaxy S5 et se rapproche certainement du Galaxy Note 4, même si cela doit se vérifier lors de la sortie prochaine de la phablette. Avec ce mobile, Samsung a visiblement fait un véritable effort dans le design du produit.
Mais, malgré les paillettes (coque dorée, Touchwiz remanié, contour en aluminium), le Galaxy Alpha n'atteint pas le rang « premium » tel que le constructeur le définit lui-même dans ses réclames publicitaires. Une coque en plastique amovible pour un produit à plus de 600 euros : ce n'est ni le positionnement de HTC, ni celui de Sony, ni celui d'Apple. Ni celui des acheteurs qui mettent ce prix dans un mobile.
Un concurrent, même dans les défauts les plus anodins
Et pourtant, c'est bien Apple qui inspire ce smartphone. Même taille d?écran, même prix de départ (à quelques dizaines d'euros près), même coloris (doré, argenté), même positionnement premium, le Galaxy Alpha est évidemment un concurrent direct de l'iPhone 6. À la différence près qu'il n'arrive pas au même niveau d'exigence. Un peu en dessous au niveau de la résolution d?écran. Un peu en dessous au niveau du design (notamment sur les matériaux de la coque et la déco bling-bling). Pire, il adopte même certains de ces travers, comme une batterie sous-dimensionnée, une webcam sans relief et un volume de stockage interne limité compte tenu du prix du ticket d'entrée.
Le Galaxy Alpha compte naturellement sur l'ensemble des atouts de Samsung, comme l'abondance d'applications, de widgets et de capteurs. Des atouts qui plairont aux adeptes. Mais son attitude ostentatoire, même m'as-tu-vu, rappelle davantage celui du bijou fantaisie que de la pièce de joaillerie.