Officialisé en octobre dernier, le Galaxy Grand Prime de Samsung, qualifié de smartphone spécialisé « selfie » avec son capteur 5 mégapixels à l'avant, est enfin disponible en France. Parmi toutes les plates-formes sous Snapdragon 410 de Samsung, le Grand Prime fait, théoriquement, parmi du « ventre mou » de l'offre 4G à moins de 200 euros. Son prix le place d'ailleurs face à de nombreux concurrents, tous sortis ces 12 derniers mois.
En effet, au prix de 199 euros sur la boutique officielle (et ce n'est pas la moins chère), montant auquel vous pouvez déduire 50 euros en appliquant une ODR, le Grand Prime est un concurrent légitime des récents bq Aquaris 4G et Huawei Ascend G620S, mais aussi du Soshphone 4G. Bref, le Grand Prime va devoir batailler ferme face aux concurrents. S'appuyant sur la même plate-forme technique que le Galaxy A5, il en est presque, ergonomiquement, une copie grossière. Il en conserve même certains défauts, notamment sur les performances, comme nous verrons. Voici d'abord la fiche technique :
- Dimensions : 144,8 x 72,1 x 8,6 mm, ratio écran-taille de 66 %
- Écran TFT 5 pouces d'une définition 540 x 960 pour une résolution de 220 pixels par pouce
- Chipset Qualcomm Snapdragon 410 (quad-core Cortex-A53 cadencé à 1,2 GHz et GPU Adreno 306)
- 1 Go de mémoire vive
- 8 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Batterie 2600 mAh (amovible)
- Compatible WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS Glonass, LTE catégorie 4, NFC
- Capteur photo 8 mégapixels compatible 1080p en vidéo
- Webcam 5 mégapixels
- Android 4.4.4 KitKat avec surcouche TouchWiz
- Poids : 156 grammes
Si nous sommes un peu déçus de la résolution de l?écran (nous aurions préféré une résolution autour des 250 pixels par pouce comme sur le Galaxy A5), n'oublions pas qu'il s'agit d'un modèle entrée de gamme. Nous sommes en revanche surpris de la puissance de batterie. 2600 mAh : ce n'est pas si courant sous la barre des 200 euros, notamment chez les marques A. Notez aussi la présence du NFC.
Tous les codes de la gamme Galaxy
Ce Galaxy Grand Prime n'est donc pas une mauvaise surprise. Même côté design, Samsung a déjà proposé bien pire. Reprenant grossièrement les lignes de la récente gamme A (notamment le A5 qu'il singe clairement), le smartphone se veut très rectangulaire. Tous les codes de la marque sont évidemment présents. Le logo en haut, sous l?écouteur téléphonique. Le bouton « home » en bas, bien aplati et entouré de deux touches tactiles pour le multitâche et le retour en arrière.
À l'arrière aussi, c'est très classique pour Samsung : la coque plastique détachable (grâce à une encoche sur le côté droit) où le logo est placé sous le capteur photo carré et cerclé de métal (comme le bouton « home »). Ce dernier est flaqué d'un flash et d'une grille de haut-parleur. La coque se détache assez facilement pour laisser apparaître les emplacements pour la carte SIM et la carte mémoire.
Sur les tranches, le châssis est évidemment en plastique et entoure convenablement la dalle tactile. À gauche se trouvent les contrôles du volume. À droite, avec l'encoche pour déclipser la coque, vous retrouvez le bouton de mise en marche. En bas, le port microUSB et le micro téléphonique. À leur opposé, le port jack 3,5 mm. Apparemment, il n'y a pas de micro secondaire pour la réduction de bruit active.
Une prise en main ferme
La prise en main du smartphone est ferme, car le mobile est assez épais et finalement assez lourd selon les standards actuels, même pour un modèle 5 pouces. Les boutons sont bien positionnés et reprennent l'ergonomie assez classique héritée des phablettes avec le volume à l'opposé de la mise en marche. Sous les doigts, la dalle glisse plutôt bien, même si elle n'est pas protégée par un verre Corning, contrairement au A5.
L?écran aurait dû être l'un des points faibles du smartphone de par sa définition et donc sa résolution. Et c'est vrai : les pixels se voient à l'oeil nu, ce qui a une incidence sur l'affichage des lettres et des mots. C'est handicapant, surtout sur Internet. En revanche, malgré l'absence d'un rétro éclairage Super Amoled, la dalle est très lumineuse et offre des couleurs vives. Les angles de vision sont bien ouverts et les contrastes suffisamment profonds pour ne pas délaver l'image.
L'interface TouchWiz la plus épurée
Le système d'exploitation est ici un Android 4.4.4 KitKat habillé de la surcouche TouchWiz. Aucune révolution dans cette version de l'interface de Samsung, hormis une très bonne surprise : un seul écran d'accueil accessible au lancement du smartphone. Sur cet écran d'accueil, un dossier avec les applications Google, le PlayStore et les applications courantes (contacts, téléphone, messages, Internet, eMail et appareil photo). Un widget météo et une fenêtre de recherche Google. Voilà tout.
Pas de widgets publicitaires. Pas d'icônes disgracieuses. Pas de partenaires marketing. Samsung n'a même pas inclus sa boutique applicative maison dans cet écran. Il faut se rendre dans le menu des applications pour retrouver Samsung Apps, seul avec S Planner et le lecteur vidéo maison. Et même en ouvrant la boutique, le smartphone ne télécharge pas automatiquement une panoplie de logiciels non désirés. Enfin ! Avec 1 Go de mémoire vive et 8 Go de stockage interne, Samsung montre enfin une vraie lucidité vis-à-vis de ses configurations entrée de gamme : surcharger l'interface ne lui rend pas service. Nous sommes encore loin d'Android Vanilla, mais Samsung en a fait du chemin depuis le S5.
Une surcouche allégée, sans la fluidité qui va avec
L'interface s'en retrouve donc allégée. Et c'est une excellente nouvelle. Cela n'a cependant aucune incidence sur les performances du smartphone. Dans un usage quotidien, TouchWiz est plutôt fluide, même quand les animations système sont activées (comme l'ouverture d'un dossier ou les transitions entre les panneaux du bureau). Cependant, une fois sollicité, le smartphone ne suit plus.
Cela se vérifie une fois les différents benchmarks appliqués. Sur AnTuTu, le smartphone atteint 20 917 points, soit légèrement en dessous du Galaxy A5 et de l?Alcatel OneTouch Pop 2, et au-dessus de l?Aquaris E5 4G de bq et du Huawei Ascend G620S. Sur 3DMark, le smartphone atteint 2644 points, soit deux fois moins bien que l'ensemble des concurrents avec le même chipset, sauf l?Ascend G620S qui obtient le même score. Même le Galaxy A5 obtient mieux, avec un écran 720p et le même volume de mémoire vive... Incompréhensible.
Pire, alors que Samsung se distingue généralement en lecture audiovisuelle, le Galaxy Grand Prime obtient seulement 262 points à AnTuTu Video Test, contre 420 points pour l?A5 et 492 points pour le Galaxy Note Edge. La Nexus 9 atteint 359 points. Le Honor 3C, qui n'est pas extraordinaire sur ce point, obtient 309 points. Bref, le Galaxy Grand Prime, malgré son écran de 5 pouces est théoriquement une mauvaise plate-forme multimédia.
Pas tout à fait un smartphone pour jouer...
Dans la réalité, le smartphone n'est pas fait pour jouer. Notre jeu étalon, Dead Trigger 2 de Madfingers, a même refusé d'appliquer les graphismes à leur meilleur niveau, ce qui ne nous était jamais arrivé. Le jeu parvient à se lancer avec les graphismes au plus bas niveau (sans les effets pyrotechniques ni hydrauliques et des zombies plus cubiques qu?humains), mais les ralentissements sont assez réguliers. Notez cependant que la définition de l?écran est tellement basse que certains mots de l'interface sont illisibles.
Le lecteur vidéo de Samsung se révèle une fois encore une assez bonne surprise, puisqu'il est capable de décoder du 1080p au format MKV et d'afficher les sous-titres qui sont inclus dedans. Si certains formats vidéo et audio ne sont pas décodés (comme le montre AnTuTu Video Tester), même parmi les plus rudimentaires, et si aucune option réseau n'est incluse, cette application est assez bonne pour commencer à regarder quelques fichiers sans en passer par VLC ou MXPlayer. Même si la résolution de l?écran est moyenne, ce n'est finalement pas un si grand problème ici. Le son du haut-parleur est moyen.
Une belle surprise en photo
Si le jeu n'est pas un point fort, la photo est clairement sont point fort. L'interface photo n'a pas évolué d'un iota entre le Galaxy A5 et le Galaxy Grand Prime : inutile donc de brosser à nouveau ses options, lesquelles restent classiques, mais fonctionnelles. Ici encore, Samsung a pris la décision de réduire le nombre de fonctions pour garder l'essentiel et donner le choix à chacun d'enrichir l'expérience comme il le souhaite.
La qualité des clichés est surprenante pour ce smartphone, notamment face à des concurrents aussi bien lotis, voire même mieux. Même si le résultat manque clairement de contraste et de piqué, la luminosité est très bien gérée et les photos sont détaillées. Nous arrivons à distinguer les détails dans la rue, alors que le ciel n'est pas surexposé. En revanche, ce n'est pas toujours très facile d'obtenir un cliché net, car l'autofocus n'est pas rapide. Il hésite souvent sur le détail où faire sa mise au point, même quand vous indiquez où il doit la faire. Quelques souvenirs manqués en perspective.
Un mobile fonctionnel, mais concurrencé
Le Galaxy Grand Prime n'est pas un smartphone inintéressant. Quelques bonnes idées (légèreté de l'interface, capteur photo de bonne facture, construction solide), mais aussi des défauts handicapants (résolution de l?écran, ralentissement de la plate-forme), notamment pour un prix toujours un peu plus haut que la majorité des concurrents sous Snapdragon 410.
Sans évoquer les ODR, les négociations commerciales de certains distributeurs et les offres opérateurs, pour une comparaison la plus simple possible, nous n'allons évoquer ici que les prix publics conseillés. Le Grand Prime est offert à 199 euros, ce que nous trouvons trop élevé. Le G620S, dont les performances techniques sont similaires, mais avec un meilleur écran, est proposé à 150 euros. N'oublions pas que le Pop2 d'Alcatel OneTouch, avec son écran 4,5 pouces, mais la même plate-forme, est commercialisé à 109 euros.
La marque Samsung ne justifie plus le surcoût
Une fois encore, Samsung est taxé ici d?être plus cher. Le Galaxy A5 est proposé dans la boutique Samsung à 399 euros. Ce que nous trouvions lors de son test, hors de prix, même vis-à-vis des prestations ergonomiques (châssis en aluminium, verre Corning Gorilla 3, APN 13 mégapixels, écran HD). Et nous continuons à penser que le positionnement prix du Coréen est au-dessus des conditions de marché. Il faudra donc faire un effort supplémentaire pour convaincre. Soit au niveau technique pour le même prix. Soit au niveau du prix. Car une ODR de 50 euros ne nous paraît pas suffisante.