Le test du One M9 de HTC était prévu dans nos colonnes il y a quelques semaines déjà. Mais le smartphone rencontrant quelques difficultés, notamment avec son Snapdragon 810, monstre de puissance difficile à canaliser, le fabricant taïwanais a réalisé une mise à jour du firmware qui a changé la configuration du composant. Résultat : le mobile aurait perdu en chaleur l?équivalent d'une dizaine de degrés ressentis sur la coque. Une excellente nouvelle, mais qui, nous l'avons craint, devrait avoir un impact sur l'expérience générale. Une seconde crainte qui venait s'ajouter à une première sur l?évolution peu marquée entre le M8 et le M9. Nous avons reçu, avec un peu de retard, mais un firmware corrigé, un exemplaire du flagship.
Une double très bonne surprise
Et, autant vous le dire tout de suite, nous avons été surpris à deux reprises. D'abord, il y a un gouffre entre le M8 et le M9. En conservant un design similaire à la gamme One, HTC a introduit quelques retouches premium qui rendent le smartphone encore plus séduisant. Et le Snapdragon 810 est effectivement le monstre de puissance que nous espérions, même si nous continuons à penser, après ces quelques jours avec le mobile, que des coeurs customisés auraient procuré une meilleure expérience encore. Seconde surprise : le HTC One M9 ne chauffe pas plus que le Snapdragon 801 du One M8. Et si limitation au niveau du chipset il y a, cela ne se ressent pas au quotidien. Deux bonnes nouvelles qui viennent s'ajouter à une fiche technique de premier ordre :
- dimensions : 144,6 x 69,7 x 9,6 mm
- poids : 157 grammes
- coque monobloc en aluminium brossé
- écran Super LCD3 Full HD de 5 pouces d'une résolution de 441 pixels par pouce et protégé par un verre renforcé Gorilla Glass 4
- rapport entre écran et taille du mobile : 68,4 %
- chipset Qualcomm Snapdragon 810 octo-core doté de 4 coeurs Cortex-A57 cadencés à 2 GHz, 4 coeurs Cortex-A53 cadencés à 1,5 GHz et un GPU Adreno 430
- 3 Go de RAM LPDDR4
- 32 Go de stockage interne (extensible par microSDXC)
- batterie 2840 mAh non amovible
- capteur photo rétroéclairé de 20,7 mégapixels signé Toshiba, lentille 27,8 mm ouvrant à f/2.2 et protégé par du saphir synthétique, flash true-tone, compatible 4K en vidéo (mode ralenti 120 images par seconde en 720p)
- webcam rétroéclairée UltraPixels de 4 mégapixels à l'avant, objectif ouvrant à f/2.0 compatible 1080p en vidéo
- compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.1, NFC, DLNA, MHL 3.0, infrarouge et GPS Glonass
- chipset compatible Dolby Audio
- double haut-parleur en façade Boomsound compatible 5.1
- Android 5.0.2 Lollipop avec surcouche Sense 7.0
La fiche technique du One M9 est presque parfaite. Certains trouveront à redire sur la batterie qui semble être un peu juste. Ce qui théoriquement est vrai. Mais grâce aux deux modes d?économie d?énergie, la différence avec les smartphones livrés avec une batterie de 3000 mAh n'est pas si flagrante à l'usage. D'autres trouveront que HTC ne fait pas l'effort d'améliorer l?écran du smartphone, lequel repose sur la même dalle Super LCD 3 Full HD de 5 pouces. Oui, l'image est moins sublimée que sur un G3 par exemple, mais le grain de l'image (résolution de 440 pixels par pouce) est indétectable à l'oeil nu et HTC a choisi une dalle Gorilla 4 (et non 3) pour la protéger. Enfin, d'autres encore reprocheraient que HTC n'ait pas intégré un capteur biométrique pour débloquer le mobile. C'est également vrai. Maintenant, cela n'est pas gênant non plus, même si cela s'avère pratique dans quelques occasions.
Un design perfectionné dans les détails
L'absence de capteur biométrique est peut-être le signe le plus flagrant d'un immobilisme apparent dans le design et la construction des flagships de HTC. Cependant, il n'en est rien. Le M9 est différent du M8 qui était lui-même différent du M7. Le langage visuel de HTC est clairement toujours le même. Vous retrouvez un châssis monobloc métallique, mais ce dernier est légèrement plus petit, de deux millimètres en hauteur et 1 millimètre en largeur. Vous retrouvez aussi les emblématiques haut-parleurs Boomsound en façade. Les capteurs à l'avant et la webcam sont toujours à droite de l?écouteur téléphonique. Comme sur le M8, la surface tactile sous l?écran du M7 a disparu, les touches de navigation sont intégrées à l'interface.
L?écran est toujours entouré de bordures finalement assez larges vis-à-vis de certains concurrents, notamment LG. À l'arrière, HTC continue de séparer la coque métallique en plusieurs parties (certainement pour loger des composants comme le micro secondaire ou les antennes). Contrairement au M8, le capteur photo est carré et non plus rond. Et le Duo Camera, une innovation intéressante, mais certainement mal comprise, a disparu.
Sur les tranches, deux petits changements. D'abord, le bouton de mise en marche a été déporté sur la tranche de droite, sous le contrôle de volume. Vierge de tout élément, la tranche supérieure est désormais dédiée au port infrarouge. Pour le reste, tout est assez classique : microUSB et jack 3,5 mm en bas, trappe microSDXC à gauche, et emplacement microSIM à droite (avec le volume et la mise en marche). Vous remarquerez que les tranches sont bicolores. La partie métallique du châssis ne couvre qu'une moitié (contrairement au M8 où le métal montait jusqu?à l?écran). La seconde moitié est protégée par un cadre qui nous semble être en plastique.
Un smartphone plus agréable à manipuler
La prise en main du One M9 est presque identique à celle du One M8, que nous trouvions déjà très bonne. D'abord du fait des matériaux de la coque et des boutons physiques. Ensuite du fait de la construction de l'ensemble. Enfin du fait des lignes et des courbes du design. Tout cela participe clairement à une impression premium très forte. Vis-à-vis du M8, la ressemblance en main est frappante. Un peu trop peut-être. Mais le smartphone est indéniablement séduisant. Avec cette petite différence qui change presque tout : la mise en marche accessible avec le pouce sans avoir besoin de changer le mobile de position.
Si les quelques petits détails physiques du châssis montrent la légère évolution entre le M8 et le M9, ce n'est en revanche pas le cas de l?écran. Difficile cependant de regretter le retour de cette dalle Super LCD Full HD. Elle est très bonne, même si les légers problèmes de luminosité n'ont pas été réglés (il faut pousser un peu plus la luminosité pour y voir en toutes situations). Les couleurs sont toujours un peu froides. Les angles de vision pas optimaux. Mais le contraste est bon, comme le piqué. La dalle Gorilla 4, aussi agréable au toucher que la précédente version, promet d?être plus solide. Nous avouons ne pas avoir réalisé ce test...
Les fondamentaux conservés dans Sense
Une fois l?écran allumé, nous arrivons dans la quasi dernière version d'Android, à savoir Lollipop 5.0.2 (la 5.1 est depuis sortie). L'interface est habillée par l?habituelle surcouche Sense, ici en version 7.0. Comme chaque année, HTC réserve la primeur de sa nouvelle version de Sense à son flagship annuel. Et c'est encore le cas ici. Quelques bonnes surprises sont à noter de la part de cette interface. D'abord, la transparence du widget météo (le premier que vous verrez en allumant le mobile, donc c'est important) n'est plus exclusive à l?écran de verrouillage, mais aussi à l?écran d'accueil.
Accueil, Blinkfeed et menu applications.
Ensuite, sur l?écran d'accueil toujours, a été ajouté un excellent widget appelé Sense Home. Son but : offrir de façon contextuelle un ensemble de raccourcis. Que vous soyez à votre domicile, à votre travail ou dans la rue, le mobile présentera des icônes différentes. Le changement de la sélection est par défaut automatique et dépendant du GPS. Mais vous pouvez changer le réglage manuellement. La sélection préréglée est également modifiable, naturellement. Grâce à cette astuce, toutes les applications de la suite Google Play sont présentes. Notez la disparition du navigateur Web de Vanilla au profit de Chrome.
Etapes de paramétrage de Sense Home
Vous trouverez dans cette sélection (plutôt pertinente soit dit en passant) deux dossiers. Le premier y présente automatiquement les dernières applications téléchargées sur le Play Store et le second regroupe des suggestions, parfois à valeur marketing. Dommage que celle-ci ne prenne pas en compte les applications déjà sur l'appareil.
Une profusion d'applications customisées
Si la couleur du thème général de Sense a légèrement évolué vers le bleu dans cette 7e mouture (après le vert de Sense 6), la disposition des écrans est toujours la même. Blinkfeed à gauche de l?écran d'accueil, menu application au centre des raccourcis en pied de bureau et menu paramètre toujours découpé en sous-rubriques cohérentes. Les ajouts de Lollipop concernent principalement la zone de notifications et de paramétrage rapide.
HTC Club, HTC Cloudex et HTC Retouche Photo
Côté application, Sense compte comme toujours de nombreux ajouts provenant de HTC ou de ses partenaires. Nous y retrouvons bien sûr HTC Galerie, HTC Camera, HTC Zoe (qui fonctionne enfin !), HTC Scribe, HTC Club (pour accéder à des informations et des réductions sur les produits et services associés au M9), HTC Retouche Photo, HTC Dot View (si vous avez une coque compatible), HTC Backup ou encore HTC Cloudex. Ce dernier est l'une des dernières applications de HTC qui synchronise les albums photo stockés sur différents services en ligne (Google Drive, Dropbox, Facebool et Flikr) avec celui contenu sur le M9. Une fois la synchronisation réalisée, HTC Galerie les affiche tous.
HTC Scribe, HTC Zoe et Peel Smart Remote
Un gestionnaire de thème, comme aiment les Asiatiques
HTC préembarque également dans le smartphone Twitter, Facebook, Skype, Polaris Office 5 et Peel Smart Remote pour tirer parti de la connexion infrarouge (et transformer le M9 en télécommande de luxe). Vous retrouvez également tous les modes habituels, comme le Mode Enfant, le Mode Voiture et le fameux sélecteur de thème, également une nouveauté de Sense 7.0. Grâce à ce dernier, il est possible de changer presque intégralement et en quelques secondes l'interface utilisateur du mobile (à l'exception des menus), ainsi que quelques applications systèmes (et même HTC Dot View). Il existe des thèmes clés-en-main ou en morceaux (fonds d?écran, packs d'icônes, polices, sons). L'outil offre également la possibilité de créer un thème à partir des éléments présents dans votre mobile.
Gestionnaire de thèmes
Snapdragon 810 : même bridé, il assure !
HTC Sense 7.0 est très complet, mais en même temps assez simple et bigrement efficace. Sense n'exagère pas sur les applications additionnelles (même si nous pourrions nous passer de certaines d'entre elles, comme Polaris). Grâce à cela, le système reste fluide, en toute circonstance. Oui, il y a quelques imperfections dans certains cas. Mais est-ce vraiment dû à Sense, ou à certaines applications ? Difficile de juger. D'autant que l'ensemble est soutenu par un Snapdragon 810 particulièrement puissant qui offre des performances rarement vues à la rédaction.
AnTuTu, 3DMark et Basemark OS II
C'est même du jamais vu sur un smartphone avec AnTuTu puisque le M9 pulvérise la barre des 50 000 et s'offre même le luxe de dépasser celle des 55 000 points. Aucun autre mobile n'y est parvenu. Bien sûr, l'octo-core de Qualcomm n'est pas le seul élément à l'origine de ce score. La mémoire LPDDR4 y est également pour beaucoup. Ajoutons également à cela l?écran qui n'est que Full HD. Un Quad HD aurait ralenti le test. Rappelons que notre dernier record sur smartphone était de 49 722 points, et c?était le Nexus 6. La Nexus 9, avec son Tegra K1, est encore la seule à faire mieux : 57 908 points. Mais c'est une tablette... Sur Basemark OS II, le M9 conforte sa bonne tenue avec 1360 points.
AnTuTu Video
Une température qui reste dans la norme
Côté graphisme, là encore, le flagship de HTC dépasse tous les autres avec 23 732 points sur 3DMark. Le précédent record, toujours le Nexus 6, atteignait 23 062 points. C'est bien sûr un excellent score qui ne se reflète pas toujours à l'usage, comme nous le verrons. Dernier test, celui d'AnTuTu Video : le M9 atteint 422 points. Un score honnête, mais sans plus. C'est l'un des points faibles du smartphone, le lecteur multimédia est capable de lire des fichiers 4K, mais bute sur des codecs assez courants. Le meilleur dans cet exercice reste Meizu.
GFXBench, tests high level à gauche et low-level à droite.
Nous avons évidemment effectué le test GFXBench, celui qui a tant fait parler de lui la semaine dernière. Un test long et rigoureux qui a fait surchauffer le mobile à plusieurs reprises entre le Mobile World Congress et le début de cette semaine. La mise à jour du firmware est clairement efficace : le mobile a légèrement chauffé, mais pas plus qu'un Snapdragon 801. Une très bonne nouvelle. Nous n'avons cependant pas poussé le vice jusqu?à réaliser 10 fois le test de suite...
Encore perfectible en multimédia
Avec une telle puissance, nous nous attendions clairement à un usage multimédia de grande qualité. D'abord, avec Dead Trigger 2, l'expérience a été vraiment bonne, sauf au chargement avec quelques petits frottements. Mais rien de bien méchant. Nous avons par ailleurs été étonnés de constater que le jeu positionne automatiquement les graphismes en qualité intermédiaire et non optimale. Rassurez-vous, même avec la meilleure qualité, le jeu est aussi bon. Cependant, il est surprenant de constater ce choix.
En vidéo, nous sommes à la fois charmés par l?écran Full HD et les haut-parleurs Boomsound que nous trouvons toujours idéaux pour regarder un film. Encore faut-il que le film soit lu par Galerie. Et quand bien même il est lisible, toutes les options sonores et visuelles ne sont pas proposées, comme les sous-titres par exemple. Le smartphone est également incompatible avec quelques codecs audio. Ce qui explique le score mitigé sur AnTuTu Video. Encore une fois, ruez-vous sur un bon lecteur vidéo avant d?être frustré.
Une petite déception en photo
En photo, même chose : c'est un peu décevant. Nous nous attendions, avec l'arrivée d'un capteur 20 mégapixels, à un résultat avec du piqué et des détails. Nous savions qu'il ne serait jamais aussi lumineux et contrasté que l?UltraPixel. Et nous n'attendions pas cela. Malheureusement, le résultat est terne et le capteur ne parvient que rarement à offrir de lui-même des clichés équilibrés, sans brûlure dans le ciel ou sous-exposition en contrebas. Les deux clichés que vous retrouvez ci-dessous ont été pris à deux moments différents de la journée (début et fin d'après-midi). Pour les paysages, l?UltraPixel est, paradoxalement meilleur.
Photos prises avec le HTC One M9
L'interface photo du M9 reprend quasiment celle du M8. Aux options présentées à l?écran du M8 s'ajoute un accès direct au mode vidéo. Les options sont cependant les mêmes. Les modes de prise de vue préembarqués comprennent l'autoportrait, le panorama et le mode normal. Il est possible de télécharger d'autres modes (comme sur les Xperia Zx), comme le bokeh, la double capture (les deux APN prennent en même temps une photo) ou la simulation de photomaton.
Sans dout le meilleur des HTC One...
Au final, le One M9 est une belle évolution du M8. Bien sûr, les bases sont identiques et assurent un niveau qualitatif. Mais c'est dans tous les petits détails que se concentrent les vrais atouts de ce mobile vis-à-vis de son prédécesseur. Ce n'est pas dans son appareil photo mal optimisé. Ce n'est pas dans son écran, strictement identique à celui de l'année dernière. Ce n'est pas non plus dans Blinkfeed ou Zoe, même si nous sommes ravis de voir que ce dernier fonctionne enfin.
C'est en revanche sur toutes les petites astuces ajoutées à Sense, notamment le sélecteur de thème et le Widget Sense Home. C'est aussi dans l?équilibre de la plate-forme : pas de Quad HD pour ne pas bousculer le Snapdragon 810. Cela n'a pas suffi, compte tenu des articles publiés ces dernières semaines, mais grâce à une mise à jour, le problème semble résolu.
... mais aussi le plus cher !
Vient naturellement la question du prix. 750 euros hors subvention. Soit une cinquantaine d'euros de plus que le M8. Certes, quelques évolutions dans la fiche technique justifient une montée du prix. Et clairement, une fois en main, la valeur du mobile se ressent. Mais cet argument vaut-il toujours face à la concurrence ? L'iPhone 6 démarre à 709 euros. Le Xperia Z3 à 679 euros. Le Galaxy Note 4 est à 699 euros. Le Nexus 6 à 649 euros. Et le Galaxy S6 arrivera à 709 euros (comme l'iPhone 6).
À 750 euros, HTC espère montrer un visage de conquérant capable de se confronter aux leaders mondiaux. Mais est-ce vraiment de l'iPhone 6 dont il doit se méfier ? Car la proposition de Samsung, avec le S6, a également séduit lors du Mobile World Congress. Réponse, dans nos colonnes, la semaine prochaine.