Huawei touche enfin au but avec le P8 : offrir un flagship moins cher que la concurrence mais (presque) aussi performant. Toutefois, moins cher ne veut pas forcément dire abordable. Le P8 frôle tout de même la barre des 500 ?. Il est également 50 ? plus cher que le P7 à son lancement. Mais le constructeur a aussi prévu une réponse à ceux qui verraient cette hausse d'un mauvais oeil : le P8 Lite.
Lancé à 249 ?, le P8 Lite est tout simplement moitié moins cher que le P8. Une différence importante mais pas franchement difficile à expliquer. Huawei a opéré d'importants changements, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur : plus de métal, écran plus petit et moins bien défini, chipset moins rapide, mémoire réduite. Reste évidemment à savoir à quel point ces sacrifices affectent l'expérience utilisateur.
Avant de le découvrir, voici un rappel des principales caractéristiques techniques du Huawei P8 Lite afin de mieux le situer vis à vis du P8 testé la semaine dernière :
- Android 5.0 Lollipop + EmotionUI 3.1
- écran IPS HD 720p de 5 pouces avec protection Gorilla Glass 3
- processeur octa-core Kirin 620 cadencé à 1,2 GHz
- GPU Mali-450 MP4
- 2 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne + microSD
- connectivités 4G (Cat. 4) / Wi-Fi b/g/n / NFC / Bluetooth 4.1 / GPS
- appareil photo principal avec capteur BSI 13 mégapixels
- appareil photo secondaire de 5 mégapixels
- batterie 2200 mAh
- dimensions : 143 x 70,6 x 7x7 mm
- poids : 131 grammes
Le design reste, mais pas le métal
Le P8 Lite reprend logiquement le design du P8. D'ailleurs, de loin et séparé de son grand frère, on pourrait facilement le confondre avec lui mais il suffit de les placer côte à côte pour faire la différence. De face, les bordures blanches (ou noir pour le modèle noir, bien sûr) en haut et en bas sont plus hautes. L'agencement des composants est également différent sur la première. Le haut-parleur est toujours au centre mais les capteurs de luminosité/proximité et la webcam, de part et d'autre, sont plus excentrés. La signature du constructeur revient par ailleurs en bas, comme sur l'Ascend P7. Les bordures à gauche et à droite de l'écran sont également plus larges. Au final, le P8 Lite est à peine plus compact que le P8 malgré son écran plus petit.
Il est par ailleurs plus épais. 1,3 mm, ce n'est pas rien. Même si, en partant de 6,4 mm, le résultat est tout à fait acceptable, la différence se voit. Elle est de plus soulignée par une superposition de couches visibles sur les tranches. Deux fines bandes de plastique blanches prennent le cadre doré (ou argenté, pour le modèle noir) en sandiwch. Il est, lui aussi, fait de plastique. Fini le métal. Un effet brossé est là pour le rappeler mais la couleur est plus terne, mois brillante. Bref, cela ne trompera personne. La distribution des boutons et connectiques est en revanche respectée : deux grilles de haut-parleur autour du microUSB en bas, prise jack en haut et boutons du volume et d'alimentation à droite avec les deux tiroirs accueillant, au choix, une carte microSIM et une carte microSD ou une carte SIM et une carte nanoSIM.
Retournez le smartphone et c'est là que la différence entre P8 et P8 Lite est la plus flagrante. Pas de métal ici non plus mais du plastique, à nouveau brossé et blanc. Huawei a donc préféré ne pas assortir les tranches et l'arrière, couverts par des pièces différentes, alors que cela s'imposait avec la construction unibody du P8. Enfin, presque unibody puisque l'appareil photo y est intégré dans un compartiment séparé, en haut, que nous retrouvons bien ici aussi. Le logo du constructeur et les marquages sont apposés sur le reste de la face arrière.
Au final, le P8 Lite n'est pas désagréable à regarder ni à manipuler mais il n'offre pas les mêmes sensations que le P8 de par l'absence de métal et son profil plus épais. Nous sommes clairement sur du milieu de gamme même si l'ensemble est bien assemblé. Il a toutefois l'avantage d'être plus facile à utiliser à une main grâce à ses dimensions légèrement réduites combinées au plastique qui glisse bien moins que le métal.
Régime très efficace pour l'écran... trop peut-être ?
Une fois allumé, nous ne pouvons nous empêcher d'être un peu déçus par l'écran que nous avions jugé tout bonnement excellent sur le P8. La différence de taille, 5 pouces contre 5,2 pouces, ne compense pas la perte de définition qui passe de 1920 x 1080 pixels à 1280 x 720 pixels. L'affichage est donc bien moins fin : 290 pixels par pouce environ, contre 420. Cela se remarque immédiatement sur les petits caractères, plus difficiles à lire. Le P8 Lite est ainsi moins adapté pour surfer sur le web même si les images restent agréables à l'oeil.
La technologie d'affichage n'est pas la même non plus. Nous avons affaire ici à de l'IPS classique, sur lequel les couleurs apparaissent avec moins d'éclat que sur l'IPS Neo. En outre, les noirs sont moins profonds et cela ne s'arrange pas pour peu que vous regardiez un peu l'écran de travers. Les couleurs se dégradent alors rapidement, sans doute aussi à cause de la luminosité un peu faiblarde. Malgré cela, l'écran du P8 Lite n'est pas mauvais. Il nous rappelle simplement que nous avons quitté la catégorie premium pour celle du milieu de gamme.
EmotionUI n'a pas échappé à la cure de minceur !
Nous y retrouvons évidemment Android, livré dans sa version Lollipop et agrémenté d'EmotionUI 3.1. C'est donc à priori la même combinaison que sur le P8. Pourtant, l'interface n'est pas tout à fait la même. Cela se remarque dès l'écran de verrouillage, où la bibliothèque d'images a disparu pour ne laisser qu'une image à définir en fond ainsi que les raccourcis habituels : mémo vocal, calculatrice, lampe torche, appareil photo. S'ajoutent au bilan des pertes Knuckle Touch pour les captures d'écran, les zones tactiles supplémentaires autour de l'écran ou encore la Sensibilisation au discours pour lancer un jeu de son et lumière à distance afin de retrouver le smartphone lorsqu'il est égaré dans une pièce.
Nous y retrouvons en revanche tout le reste : l'écran d'accueil avec toutes les applications installées, le centre de notifications avec réglages rapides sur fond fumé, le gestionnaire de multitâche très aéré avec infos mémoire, le système de thèmes, le menu flottant ou encore la possibilité d'associer des applications à des lettres à dessiner sur l'écran éteint pour un accès rapide après le déverrouillage. Même chose du côté des applications, où nous retrouvons notamment le gestionnaire de téléphone très pratique pour gérer, entre autres, la mémoire et la batterie. En somme, EmotionUI est une surcouche plaisante et assez bien fichue même si elle demande un petit temps d'adaptation.
Il est évidemment possible de compléter la suite logicielle avec le Play Store. 16 Go sont mis à disposition, avec la possibilité d'ajouter une carte mémoire. Nous avons toutefois rencontré quelques difficultés à installer certaines applications, comme AnTuTu et Basemark OS, sans réellement savoir pourquoi. Nous suspectons notre modèle de test de tourner sur un firmware provisoire. Même les informations système sont erronées (versions d'Android et d'EmotionUI mal identifiées, fiche technique non correspondante). Espérons du moins.
Loin derrière le P8 au niveau des performances brutes
Nous n'avons par ailleurs pas rencontré de ralentissements gênants lors de la navigation dans les menus. Les applications se lancent également rapidement. Nous n'en attendions pas moins du Kirin 620 qui remplace le Kirin 930 du P8 et que nous connaissons depuis le Honor 4X. Il inclut pour rappel un SoC octa-core Cortex-A53 cadencé à 1,2 GHz, un GPU Mali-450 et se trouve ici associé à 2 Go de RAM. Une configuration somme toute modeste mais suffisante pour la plupart des usages, multimédia compris.
Comme indiqué plus haut, nous ne sommes pas parvenus à installer tous les benchmarks. Nous passerons donc directement à la pratique, en revoyant les plus curieux vers notre test du Honor 4X pour découvrir comment se positionne le Kirin 620 face à la compétition. Sachez qu'il s'en sort en tout cas assez bien en lecture audio et vidéo, malgré l'absence de certains codecs et un lecteur incapable d'afficher les sous-titres. Nous avons en revanche apprécié la possibilité de pouvoir réduire ce dernier pour poursuivre une autre tâche en fond.
C'est principalement en jeu que le P8 Lite pêche alors que le P8 s'en sortait, lui, plutôt bien. Notez toutefois que nous n'avons eu aucun mal à lancer Dead Trigger 2 ici alors que le Honor 4X chipotait. Nous avons même pu accéder au profil graphique le plus haut même s'il est préférable d'en rester au moyen pour éviter les ralentissements. Nous avons également lancé une partie de Modern Combat 5. Aucun ralentissement ici mais des graphismes grossiers puisque le niveau de détail est réglé automatiquement en fonction de la plateforme. Ca veut tout dire...
Le Kirin 620 n'est donc pas la meilleure des plateformes pour le jeu mais il suffira pour des parties occasionnelles alors qu'il devrait s'en sortir dans les autres domaines et permettre de profiter de l'écran confortable du P8 Lite. Petite déception avec le haut-parleur toutefois. S'il est plutôt puissant, l'unique sortie, malgré la présence de deux grilles, se trouve souvent bloquée derrière la main.
Même allégé, le P8 reste un bon appareil photo d'appoint
C'est finalement en photo que la perte semble être la moins importante sur le papier. En effet, si la webcam passe de 8 à 5 mégapixels, l'appareil photo principal conserve une résolution de 13 mégapixels. Il y a toutefois d'autres différences à noter. Le capteur RGBW a visiblement été remplacé par un capteur RGB traditionnel, le flash a perdu une LED et la section light painting a disparu de l'application dédiée pour ne laisser que les modes de prise de vue classiques (HDR, panorama, mise au point universelle, etc) et les quelques réglages manuel (ISO, blance des blancs, exposition, etc). Dommage.
La fiche technique était donc trompeuse mais le P8 Lite parvient malgré tout à livrer des clichés de qualité lorsque les conditions sont bonnes. C'est-à-dire à la lumière du jour ou sous un éclairage artificiel conséquent. Les clichés sont alors détaillés, principalement au premier plan, et profitent d'une bonne restitution des couleurs. L'exposition automatique est également assez efficace. Malheureusement, nous ne retrouvons plus les clichés lumineux qui nous avaient plus avec le P8 lorsque ces conditions ne sont plus réunies, même si les résultats restent corrects à ce niveau de prix avec, notamment, un bruit bien contrôlé.
La parenté avec le P8 n'apporte pas que du bon
Avec le P8 Lite, Huawei offre une alternative moins coûteuse à son flagship mais ne parvient pas à maintenir ses bonnes performances dans tous les domaines. L'affichage et le jeu sont sans doute ceux qui pâtissent le plus mais des pertes sont également à signaler en photo ainsi que dans l'interface utilisateur, toujours plaisante mais dépourvue des fonctionnalités les plus pratiques.
P8 mis à part, le P8 Lite n'en demeure pas moins une proposition intéressante au vu de son prix grâce à des performances globales satisfaisantes et une connectivité complète. Dans la catégorie des smartphones 5" et moins, rares sont les plateformes aussi équilibrées à moins de 250 ? même si, pour 50 ? de plus, l'Honor 6 représente un bien meilleur rapport qualité-prix.