Dès les premières rumeurs à son sujet, il y a plus de huit mois, le Xperia Z3+, connu aussi sous le nom de Xperia Z4, a clairement fait l'objet de dénigrement. Bien sûr, il est proche de son prédécesseur. D'où ce revirement de dénomination entre la sortie japonaise et la sortie internationale. Bien sûr, il intègre un chipset à l?humeur chaleureuse dont il faut prendre soin lors de l'intégration. Un traitement curatif, et non préventif, appliqué par Sony après la commercialisation du smartphone, et non avant. Des fautes, il y en a eu de la part de Sony, à n'en pas douter. Mais le résultat, qui fait aujourd?hui l'objet de ce test est loin d?être désagréable.
Avant de commencer à regarder le produit sous toutes les coutures, rappelons la fiche technique de ce smartphone :
- dimensions : 146 x 72 x 6,9 mm
- poids : 144 grammes
- design unibody étanche (certifié IP68)
- ratio écran / taille : 70,9 %
- écran IPS Full HD de 5,2 pouces pour une résolution de 424 pixels par pouce
- chipset Qualcomm Snapdragon 810 octo-core
- GPU Qalcomm Adreno 405
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extensible par microSDXC)
- Batterie 2930 mAh non amovible compatible Quick Charge 2.0
- capteur photo Exmor RS 20,7 mégapixels rétroéclairé avec flash LED. Compatible jusqu'au 4K en vidéo
- webcam frontale Exmor 5,1 mégapixels, objectif grand-angle
- compatible WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.1, GPS, NFC, DLNA, FM, ANT+ et LTE catégorie 6
- chipset audio optimisé Sony ClearAudio+
- système d'exploitation Android 5.0 Lollipop avec surcouche Xperia UI
Vous noterez d'abord que le Z3+ est légèrement plus fin et plus léger que le Z3. Sa plate-forme est naturellement plus récente (offrant notamment le support du 64-bit et une connectivité LTE catégorie 6), mais il ne voit pas sa RAM passer à 4 Go, ce qui est bien dommage. Son capteur photo principal reste un modèle 20,7 mégapixels, mais sa webcam passe de 2 à 5 mégapixels. La batterie est curieusement un peu moins puissante, mais le mode Stamina a été amélioré. Pour le reste, nous sommes en terrain connu.
Aussi proche du Xperia Z2 que du Xperia Z3
D'aspect extérieur, le Xperia Z3+ ne mérite pas forcément son nom : Z3 «+». Il y a en effet plus de différence entre le Z3+ et le Z3, qu'entre le Z3 et le Z2, ou entre le Z2 et le Z1. Oui, il y a un air de famille, c'est évident. Depuis le Xperia Z, présenté en début d'année 2013, tous les smartphones haut de gamme (et une bonne partie du milieu de gamme) s'appuient sur un châssis très proche appelé Omnibalance. De fait, ils adoptent le même langage visuel. À bien comparer, le Xperia Z3+ est plus proche du Z2 que du Z3. Il en reprend par exemple la disposition de l?écouteur et du haut-parleur en façade, caché dans les bordures entre la dalle tactile et la tranche métallique. Il en reprend la disposition des éléments en façade (webcam et capteurs divers).
Du Xperia Z3, le Z3+ reprend naturellement les tranches métalliques qui nous ont charmés l'automne dernier. Le bouton marche/arrêt reste le même, ainsi que l'emplacement du bouton dédié à la photographie, une initiative qu'il aurait été dommage de perdre. Il conserve aussi, l'héritage du premier Xperia Z, l'emplacement de son capteur photo et de son port NFC. Au dos, vous pouvez voir, derrière la dalle de verre minéral, une plaque métallique irisée assez belle. Nous sommes sur un produit presque minimaliste.
Le plus épuré des designs Omnibalance
Le Z3+ va même encore plus loin en simplifiant le design à l'extrême, en supprimant quelques petits défauts et en améliorant l'essentiel. Tout d'abord, les trappes d'accès ont été divisées par deux : il n'en reste plus qu'une pour un tiroir qui rassemble la carte nanoSIM et la carte microSDXC, à l'image de certains mobiles double SIM dont le deuxième emplacement est à double usage. Ensuite, le port latéral qui sert à placer le Xperia sur un dock a été supprimé. Il faut dire qu'il ne servait pas à grand-chose. Au final, les tranches sont pratiquement vides. Il n'y aura finalement jamais eu aussi peu d?éléments sur les tranches que sur ce Xperia Z3+. Et ça, c'est quelque chose d'unique. Notez que le port jack et le port microUSB sont étanches, même sans cache.
De ce châssis plus simple et plus épuré, dégage une impression de sérénité, à l'opposé de l'image que donne le smartphone dans les médias. La prise en main est naturelle et très agréable, notamment grâce aux matériaux premium et aux lignes du mobile tout en rondeur (une bonne idée du Xperia Z3, avouons-le). Comme tous les Xperia Z, le mobile est assez glissant, compte tenu des deux plaques de verre minéral, sensation accentuée par la simplicité des tranches. Cependant, ses dimensions assurent la prise, ce qui contrebalance. Seul petit regret : les touches de contrôle du volume sont positionnées un peu trop bas pour être accessible avec le pouce de la main droite, nécessitant de changer la position du mobile (ce qui augmente le risque de chute).
Au quotidien, le Quad HD ne manque pas vraiment
L?écran Triluminos du Xperia Z3+ n'est pas Quad HD, mais Full HD. Il reste évidemment superbe, avec de belles couleurs, de beaux contrastes, une excellente luminosité et des angles de vision bien ouverts, que ce soit en position verticale ou horizontale. Évidemment, le grain de l'image pourrait sembler meilleur sur un G4 ou un Galaxy S6, parce que théoriquement ces deux derniers disposent de résolution bien plus importante. Mais, au quotidien, l'absence de QHD n'est pas gênante. Elle est juste frustrante, dans la mesure où Sony vend ses Xperia Zx comme étant des modèles intégrant les meilleures technologies à leur lancement. Ce qui n'est pas le cas avec celui-ci (ni avec le précédent d'ailleurs...).
Une fois le mobile allumé, le Xperia Z3+ propose une version d'Android Lollipop (5.0.2, la version 5.1 étant en cours de déploiement sur les Xperia Z2 et Z3) habillée de l'interface Xperia UI. Cette interface connaît les mêmes symptômes que Touchwiz, même si le résultat est moins problématique dans le cas de Sony : les widgets et les applications commerciales se sont multipliées. Selon une information officielle de Sony, la marque teste actuellement une interface épurée et vidée de la majorité des éléments qui sont souvent indésirés, mais qui pèsent sur le système d'exploitation. Les résultats préliminaires sont encourageants. Espérons que cela ira dans ce sens.
Xperia UI atteint du syndrome Touchwiz
Car en attendant, Android est ici très chargé. Dès l'arrivée sur la page d'accueil du bureau, il n'y a plus aucune place. Les widgets What?s New et Lifelog monopolisent la moitié de l?écran. Au-dessus se trouve la boîte de dialogue pour effectuer une recherche. Et en dessous les applications multimédias de la marque (Musique, Album, Vidéo et PlayStation). L?écran est tellement chargé que Sony a placé le répertoire Google et le Play Store dans les raccourcis permanents, éliminant du coup le navigateur Web...
Le passage a Lollipop a eu des effets positifs comme négatifs sur l'interface Xperia UI. Point positif, l'ergonomie générale de la surcouche ne change pas. le menu de réglage, le menu application, l'interface de personnalisation du bureau, tout cela ne change pas. La zone de notification customisée de Sony devient celle par défaut de Lollipop. Point négatif, l'espace disponible sur l?écran a été optimisé de sorte à couvrir toute la surface. C'est évidemment surchargé. D'autant que les widgets de Sony en ont profité pour grossir. C'est évidemment dommage.
Côté application, le Xperia Z3+ nous rappelle les sombres heures de Touchwiz, avant le grand nettoyage qui a eu lieu tout au long de l'année 2014, depuis le S5 jusqu'au S6, en passant par l?Alpha et le Note 4. Sony a considérablement augmenté le nombre de partenaires commerciaux et a inséré toutes les applications de son propre catalogue. Chez Sony, nous retrouvons donc Socialife, Xperia Care, Xperia Lounge, Lifelog, What?s New, Partyshare, Playstation Network (différent de Playstation), Privilege Plus, Sketch (appelé ici Dessin), Sauvegarde & Restauration (une bonne idée), Smart Connect, Movie Creator et TrackID. Côté partenaires, nous avons Garmin, Amazon, AVG, Gameloft, LinkedIn, Twitter, Facebook, Mobisystems (Officesuite et File Commander), Neoreader, Kobo et Spotify (ce dernier alimentant désormais PlayStation Music).
Non, le Xperia ne chauffe pas (trop) !
Cela fait beaucoup. Et cela a un impact direct sur l'espace de stockage : plus d'une dizaine de gigaoctets sont monopolisés, sur les 32 disponibles. Nous comprenons mieux pourquoi Sony a inséré un lecteur de carte microSD, alors que la concurrence a tendance sur le haut de gamme à les éliminer. Et heureusement, un chipset capable est là pour assurer une certaine fluidité à l'ensemble. Car nous en venons aux tests techniques du Xperia Z3+. En préambule de ces tests, nous devons vous faire un aveu : nous avions extrêmement peur de voir le Xperia Z3+ surchauffer. Tant et si bien que nous avons passé la majorité du temps avec la main collée sur la plaque de verre arrière.
Nous avons relevé deux informations importantes durant nos tests. D'abord, le Xperia Z3+ chauffe, mais pas à l'excès. Nous avons eu une petite frayeur lors de la mise en route initiale du smartphone : le mobile a commencé à chauffer un peu plus que nos habitudes, puis s'est vite calmé. Il faut dire que nous avons réalisé nos tests durant la période caniculaire de la mi-juillet, ce qui n'a évidemment pas aidé. Seconde information, le Snapdragon 810 est, comme chez tout le monde, bridé. Pas de coeur Cortex-A53 propulsé à 2 GHz ici, la vitesse des coeurs est, en moyenne de 1,5 GHz. Il s'agit d'une mesure restrictive qui vise à offrir un produit fonctionnel (et endurant), sans risque de désagrément.
Des scores dans la moyenne du Snapdragon 810
Passons aux résultats. Sur AnTuTu, le Xperia Z3+ a réalisé 53484 points en profil énergétique normal et 52024 points avec le mode stamina activé. Nous avons d'ailleurs appris que le mode Stamina a plus d'incidence sur le chipset graphique que sur les coeurs applicatifs. Les informations relevées sur AnTuTu montrent même que même les coeurs Cortex-A53 sont bridés à 633 MHz (contre 1,55 GHz sur le papier). Sur Basemark OS II, le Xperia Z3+ atteint les 1556 points, avec un bon score sur la partie système. Basemark confirme les informations d'AnTuTu : les coeurs Cortex-A57 sont limités à 1,55 Ghz. Sur 3D Mark (Ice Storm Unlimited), le Xperia Z3+ atteint 23 371 points, un score dans la moyenne des Snapdragon 810.
Comparé au One M9 de HTC, le Xperia Z3+ fait moins bien sur AnTuTu et sur 3DMark, alors que les deux mobiles s'appuient sur une configuration identique, preuve que Sony a eu une attitude très conservatrice sur le réglage du Snapdragon 810. Il ne serait pas étonnant que l'interface joue également en faveur de HTC. Sur les trois benchmarks, le Xperia Z3+ dépasse en revanche le G Flex2 de LG.
Un très bon smartphone multimédia, même bridé
Brider le Xperia ne veut pas dire qu'il est inutilisable. Bien au contraire. Cela veut juste dire qu'il ne surchauffera pas quand vous le solliciterez fortement (mais chauffera quand même, soyons francs, comme tous les processeurs, dont le Snapdragon 801). Durant nos tests, le smartphone s'est bien comporté, avec un petit bémol quand il est branché à une source d'alimentation. Seuls deux usages nous ont fait ressentir qu'il serait plus prudent d'arrêter. Le premier est le remote play sur la PlayStation 4 (WiFi, Bluetooth, flux MP4 en streaming, affichage 1080p), peut-être l'application la plus gourmande du cheptel de Sony. Avec Dead Trigger, en revanche, nous avons retrouvé les très bonnes sensations ressenties avec le Xperia Z3, effets visuels compris.
Dead Trigger 2
Remote Play
Le second usage est la vidéo. Vous remarquerez que le chipset monte rapidement en température (mais reste dans une fourchette acceptable), notamment si votre vidéo est en MKV et en 1080p. Le mode Stamina n'est pas d'une grande aide ici, contrairement au jeu vidéo, car le frame rate baisse drastiquement (et empêche les sous-titres de s'afficher). Sinon, le Xperia Z3+ est une excellente plate-forme de visionnage, comme le furent tous ces prédécesseurs. D'abord son écran est excellent. Ensuite son application vidéo native, créée par Sony, est compatible avec tous les formats usuels, avec décodage des sous-titres dans les MKV. Quelques codecs audio restent incompatibles, comme dans la très grande majorité des smartphones.
Une application photo devenue trop riche ?
Enfin, en photo, nous avons ici aussi retrouvé les excellentes performances des capteurs Sony Exmor, des lentilles G et des processeurs d'image Bionz. Les clichés sont équilibrés, colorés et contrastés. Difficile de ne pas être satisfait de ce Xperia Z3+, qui est clairement un appareil photo compact de remplacement en puissance, quelles que soient les conditions de luminosité. D'autant que l'application photo que nous apprécions tant dans les Xperia Zx (et de plus en plus en milieu de gamme) est également de retour. Si nous trouvons dommage que Sony préinstalle une dizaine de modules différents (réduisant encore l'espace de stockage disponible), leur existence montre l'adaptabilité de cette application.
Photo prise avec le Xperia Z3+
En réponse à une vidéo qui a largement été relayée sur Internet (dont dans nos colonnes) mettant en scène le Xperia Z3+ s'arrêtant spontanément après quelques secondes de prises de vue en 4K, nous avons voulu effectuer le test. Et comme nous nous en doutions, la mise à jour du firmware a eu raison du problème. Nous avons filmé en 4K plus de 2 minutes sans surchauffe (mais, comme toujours une montée en température logique). Nous avons cependant hésité à le faire : en activant la prise de vue en 4K, l'application vous informe que ce mode peut faire surchauffer le mobile qui s'arrêtera alors. Nous avons eu une petite goutte de sueur...
Modules de l'application photo
Alerte à l'ouverture du module de captation 4K
Un vrai bon Xperia que les amateurs aimeront
Au final, le Xperia Z3+ est un smartphone élégant, puissant, adaptable et conforme à nos attentes vis-à-vis de la marque. Et tous les fans du Japonais ne devraient pas hésiter à lui accorder leur confiance. Car tous les bruits sur ce smartphone se révèlent autant légitimes qu'exagérés. Oui il ressemble au Z3, mais les changements offrent une vraie amélioration. Oui il chauffe, mais pas suffisamment pour être désagréable en main (même si parfois, ça peut surprendre ou faire peur). Comme HTC, Xiaomi et LG, Sony a bridé le Snapdragon 810 (peut-être même un peu plus que la concurrence). Et le chipset reste dans les limites convenables. Bref, voilà un bon smartphone. Et il mérite que nous le disions.